JEANNE de CHANTAL

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LE XXI AOUT. SAINTE JEANNE  FRANÇOISE FRÉMIOT DE CHANTAL, VEUVE.

 

Bien que la gloire de Marie soit d'au dedans (1), sa beauté paraît aussi dans le vêtement qui l'entoure (2) : vêtement mystérieux, tissé des vertus des Saints qui lui doivent leur justice et leur récompense (3). De même que toute grâce nous vient parla divine Mère, toute gloire au ciel converge vers celle de la Reine des cieux.

Or, entre les âmes bienheureuses, il en est de plus immédiatement rapprochées de la Vierge bénie (4). Prévenues de la tendresse particulière de cette Mère de la grâce, elles laissèrent tout (5) pour courir sur la terre à l'odeur des parfums de l'Epoux qu'elle a donné au monde (6); elles gardent au ciel avec Marie l'intimité plus grande qui fut déjà leur part au temps de l'exil. De là vient qu'à cette heure de son exaltation près du Fils de Dieu (7), le Psalmiste chante aussi les vierges pénétrant avec elle en allégresse dans le temple du Roi (8) ; le couronnement de Notre-Dame est véritablement la toute spéciale solennité de ces filles de Tyr (9), devenues elles mêmes princesses (10) et

 

1. Psalm. XLIV, 14. — 1. Ibid.  10-15. — 3. Apoc. XIX, 8. —  4.  Psalm. XLIV, 15. — 5. Matth. XIX, 27. — 6. Cant. I, 3   7. Psalm. XLIV, 10. — 8. Ibid. 15-16. — 9. Ibid.  13. — 10. Ibid. 10.

 

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reines (1) afin de former son noble cortège et sa royale cour.

Si le diadème de la virginité n'orne pas le front de l'élue proposée aujourd'hui à notre vénération, elle est de celles pourtant qui méritèrent en leur humilité d'entendre un jour le céleste message : Ecoute, ma fille, et vois, et incline l'oreille de ton cœur, et oublie ton peuple et la maison de ton père (2). En réponse, tel fut son bienheureux élan dans les voies de l'amour, qu'on vit des vierges innombrables s'attacher à ses pas pour parvenir plus sûrement à l'Epoux. A elle aussi revient en conséquence une place glorieuse dans le vêtement d'or, aux reflets multiples, dont resplendit en son triomphe la Reine des Saints (3).

Car quelle est la variété signalée par le Psaume dans les broderies et les franges de cette robe de gloire (4), sinon la diversité des nuances que revêt l'or delà divine charité parmi les élus ? C'est afin d'accentuer l'heureux effet provenant de cette diversité dans la lumière des Saints, que l'éternelle Sagesse a multiplié les formes sous lesquelles se présente au monde la vie des conseils. Tel est bien l'enseignement voulu par la sainte Liturgie dans le rapprochement des deux fêtes d'aujourd'hui et d'hier au Cycle sacré. De l'austérité cistercienne au renoncement plus intérieur de la Visitation Sainte-Marie, la distance paraît grande; l'Eglise néanmoins réunit la mémoire de sainte Jeanne de Chantai et de l'Abbé de Clairvaux, en hommage à la bienheureuse Vierge, dans l'Octave fortunée qui consomme sa gloire ; c'est qu'en effet toutes les Règles de perfection s'accordent pour

 

1. Cant. VI, 7. — 2. Psalm. XLIV, 11. — 3. Ibid. 10. — 4. Ibid. 10, 14, 15.

 

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n'être, à l'honneur de Marie, que des variantes de l'unique Règle, celle de l'amour, dont la divine Mère présente en sa vie l'exemplaire premier.

« Ne divisons pas la robe de l'Epouse, dit saint Bernard (1). L'unité, tant au ciel qu'ici-bas, consiste en la charité (2). Que celui qui se glorifie de la Règle n'agisse pas à rencontre, en allant contre l'Evangile (3). Si le royaume de Dieu estait dedans de nous (4), c'est qu’il n'est point dans le manger ou le boire, mais dans la justice, la paix, la joie du Saint-Esprit (5). Critiquer autrui sur l'observance extérieure et négliger de la Règle le côté qui regarde l'âme, c'est écarter le moucheron de la coupe et avaler un chameau (6). Tu brises ton corps par des travaux sans fin, tu mortifies par les austérités tes membres qui sont sur la terre ; et tu fais bien. Mais lorsque tu te permets de juger celui qui ne peine pas autant, lui peut-être se conforme à l'avis de l'Apôtre : empressé davantage pour les dons les meilleurs (7), retenant moins de cet exercice corporel qui est de moindre utilité, il s'adonne plus à la piété qui est utile à tout (8). Qui donc de vous deux garde le mieux la Règle ? Celui sans doute qui s'en trouve meilleur. Or, le meilleur, quel est-il ? le plus humble? ou le plus fatigué ? Apprenez de moi, dit Jésus (9), que je suis doux et humble de cœur (10). »

Parlant de la diversité des familles religieuses, saint François de Sales dit excellemment à son tour : « Toutes les Religions ont un esprit qui leur est général, et chacune en a un qui lui est particulier. Le général est la prétention qu'elles ont

 

1. Bernard. Apologia ad Guillelm. III, 6. — 2. Ibid. IV, 8. — 3. Ibid. V, 11,— 4. Luc. XVII, 21. — 5. Rom. XIV, 17. — 6. Bern. Apolog. VI, 12. — 7. I Cor. XII, 31. — 8 I Tim. IV, 8. — 9. Matth. XI, 29 — 10. Bern. Apolog. VII, 13.

 

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toutes d'aspirer à la perfection delà charité; mais l'esprit particulier, c'est le moyen de parvenir à cette perfection de la charité, c'est-à-dire, à l'union de notre âme avec Dieu, et avec le prochain pour l'amour de Dieu (1). » Venant donc à l'esprit spécial de l'institut qu'il avait fondé de concert avec notre Sainte, l'évêque de Genève déclare que c'est « un esprit d'une profonde humilité envers Dieu, et d'une grande douceur envers le prochain; d'autant qu'ayant moins de rigueur pour le corps, il faut qu'il y ait tant plus de douceur de cœur (2). » Et parce que « celte Congrégation a été érigée en sorte que nulle grande âpreté ne puisse divertir les faibles et infirmes de s'y ranger, pour y vaquer à la perfection du divin amour (3); » il ajoute gracieusement : « Que s'il y avait une sœur qui fût si généreuse et courageuse que de vouloir parvenir à la perfection dans un quart d'heure, faisant plus que la Communauté, je lui conseillerais qu'elle s'humiliât et se soumît à ne vouloir être parfaite que dans trois jours, allant le train des autres (4). Car il faut observer toujours une grande simplicité en toutes choses : marcher simplement, c'est la vraie voie des filles de la Visitation, qui est grandement agréable à Dieu et très assurée (5). »

Avec la douceur et l'humilité pour devise, le pieux évoque était bien inspiré de donner à ses filles, comme armoiries, le divin Cœur où ces suaves vertus ont leur source aimée. On sait combien magnifiquement le ciel justifia ce blason. Le siècle n'était pas encore écoulé, qu'une religieuse de la  Visitation, la Bienheureuse Marguerite-Marie,

 

1. Entretiens spirituels, XIII. — 2. Ibid. — 3. Constitutions de la Visitation, Préambule. — 4. Entretien XIII. — 5. Entretien XIV.

 

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pouvait dire : « Notre adorable Sauveur m'a fait voir la dévotion de son divin Cœur comme un bel arbre qu'il avait destiné de toute éternité pour prendre ses racines au milieu de notre institut. Il veut que les filles de la Visitation distribuent les fruits de cet arbre sacré avec abondance à tous ceux qui désireront d'en manger, sans crainte qu'il leur manque (1). »

« Amour ! amour ! amour ! mes filles, je ne sais plus autre chose. » Ainsi s'écriait, elle aussi, en ses derniers ans, la glorieuse coopératrice de François dans l'établissement de la Visitation Sainte-Marie, Jeanne de Chantal. « Ma Mère, lui dit une sœur, je vais écrire à nos maisons que Votre Charité est en sa vieillesse, et que comme votre parrain saint Jean, vous ne nous parlez plus que d'amour. » A quoi la Sainte repartit : « Ma fille, ne faites point cette comparaison, car il ne faut pas profaner les Saints en les comparant aux chétifs pécheurs; mais vous me ferez plaisir de mander à ces filles-là que si je croyais mon courage, si je suivais mon inclination, et si je ne craignais d'ennuyer nos sœurs, je ne parlerais jamais d'autre chose que de la charité; et je vous assure que je n'ouvre presque jamais la bouche pour parler de choses bonnes, que je n'aie envie de dire : Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur, et ton prochain comme toi-même (2) ».

Paroles bien dignes de celle qui valut à l'Eglise l'admirable Traité de l’Amour de Dieu, composé, dit l'évêque de Genève, à son occasion, prière et sollicitation, pour elle et ses semblables (3). Tout

 

1. Lettre du 17 juin  1689,  à la Mère de  Saumaise. — 2. Mémoires de  la  Mère  de  Chaugy,  III° P., ch.  V.  — 3.  Traité de l'Amour de Dieu, Préface; Mémoires de la M. de Chaugy, III° P. ch. XXIV, XXVI; etc.

 

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d'abord cependant, l'impétuosité de cette âme, exubérante de dévouement et d'énergie, parut peu faite pour être maîtresse en une école où l'héroïsme se traduit dans la suavité simple d'une vie toute cachée en Dieu. C'est à discipliner cette énergie de la femme forte, sans en éteindre l'ardeur, que s'appliqua persévéramment saint François de Sales durant les dix-huit années qu'il en eut la conduite. « Faites tout, lui répète-t-il en mille manières, sans empressement, suavement comme font les Anges; suivez la conduite des mouvements divins, rendez-vous souple à la grâce; Dieu veut que nous soyons comme des petits enfants (1). » Et ici trouve place une page délicieuse de l'aimable Saint, que nous voulons citer encore :

« Si l'on eût demandé au doux enfant Jésus, étant porté entre les bras de sa mère, où il allait ? n'eût-il pas eu raison de répondre : Je ne vais pas, c'est ma mère qui va pour moi. Et qui lui eût demandé : Mais au moins n'allez-vous pas avec votre mère ? n'eût-il pas eu raison de dire : Non, je ne vais nullement, ains seulement par les pas de ma mère, par elle et en elle. Et qui lui eût répliqué : Mais au moins, ô très cher divin enfant vous vous voulez bien laisser portera votre douce mère ? Non fais certes, eût-il pu dire, je ne veux rien de tout cela ; ains, comme ma toute bonne mère marche pour moi, aussi elle veut pour moi ; et, comme je ne marche que par ses pas, aussi je neveux que par son vouloir; et, dès que je me trouve entre ses bras, je n'ai aucune attention ni à vouloir, ni à ne vouloir pas, laissant tout autre soin à ma mère, hormis celui d'être sur son sein,

 

1. Œuvres, passim.

 

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et de me tenir bien attaché à son cou très aimable pour la baiser amoureusement des baisers de ma bouche; et, afin que vous le sachiez, tandis que je suis parmi les délices de ces saintes caresses qui surpassent toute suavité, il m'est avis que ma mère est un arbre de vie, et que je suis en elle comme son fruit, que je suis son propre cœur au milieu de sa poitrine, ou son âme au milieu de son cœur : c'est pourquoi, comme son marcher suffit pour elle et pour moi, sans que je me mêle de faire aucun pas: aussi ne prends-je point garde si elle va vite ou tout bellement, ni si elle va d'un côté ou d'un autre, ni je ne m'enquiers nullement où elle veut aller, me contentant que, comme que ce soit, je suis toujours entre ses bras, joignant ses amiables mamelles, où je me repais comme entre les lis... Théotime (1), nous devons être comme cela, pliables et maniables au bon plaisir divin (2) . »

 

Laissons à l'Eglise le soin de résumer mieux que nous ne saurions faire, la vie de sainte Jeanne Françoise de Chantal.

 

1. «  Un grand serviteur de Dieu m'avertit naguère que l'adresse que j'avais faite de ma parole à Philothée en l'Introduction à la vie dévote avait empêché plusieurs hommes d'en faire leur profit, d'autant qu'ils n'estimaient pas dignes de la lecture d'un homme les avertissements faits pour une femme. J'admirai qu'il se trouvât des hommes qui, pour vouloir paraître hommes, se montrassent en effet si peu hommes... Toutefois, pour imiter en cette occasion le grand Apôtre, qui s'estimait redevable à tous, j’ai changé d'adresse en ce traité, et parle à Théotime. Que si d'aventure il se trouvait des femmes (or cette impertinence serait plus supportable en elles) qui ne voulussent pas lire les enseignements qu'on fait à un homme, je les prie de croire que le Théotime auquel je parle est l'esprit humain qui désire faire progrès en la dilection sainte, esprit qui est également ès femmes comme ès hommes. » Amour de Dieu, Préface.

2. Amour de Dieu, Liv.  IX, ch. XIV.

 

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Jeanne Françoise Frémiot de Chantal naquit à Dijon en Bourgogne de très nobles parents. Dès son jeune âge, elle donna d'éclatantes preuves de sa grande sainteté future. On raconte que, n'ayant pas encore cinq ans, elle réduisit un seigneur calviniste au silence par une argumentation au-dessus de son âge ; et comme il lui offrait un petit présent, elle ne le reçut que pour aussitôt le jeter au feu, en disant : « C'est comme cela que les hérétiques brûleront dans l'enfer, eux qui ne croient pas notre Seigneur quand il parle. » Ayant perdu sa mère, elle se remit à la garde de la sainte Vierge Mère de Dieu, et renvoya une servante qui voulait l'attirer aux mondanités. Ses mœurs n'avaient rien d'un enfant ; elle n'éprouvait qu'horreur pour les délices du siècle; et soupirant après le martyre, elle se donnait tout entière à la religion et à la piété. Mariée par son père au baron de Chantal, on la vit s'exercer à toutes les vertus, et s'employer à affermir dans la loi et les bonnes mœurs ses enfants, ses serviteurs et tous ceux qui étaient sous sa dépendance D'une extrême libéralité pour soulager la misère des pauvres, elle vit plus d'une fois Dieu multiplier ses provisions ; aussi s'était-elle engagée à ne jamais refuser une aumône demandée au nom de Jésus-Christ.

 

Son mari avant été tué dans une chasse, ce lui fut  l'occasion d'embrasser une vie  plus parfaite, et de se lier par  le vœu de continence. La mort de son mari la trouva non seulement soumise, mais victorieuse d'elle-même jusqu'à vouloir  être marraine du fils de son meurtrier, en témoignage public de pardon. Elle réduisit son personnel, sa table et son habillement, consacrant à de pieux  usages ses vêtements de prix. Elle employait à la prière, aux  lectures pieuses, au travail tout le temps qui lui restait des soins domestiques.  Jamais on  ne put l'amener à contracter de secondes noces,   quoique honorables et avantageuses. Pour s'affermir encore plus j dans sa résolution de garder la chasteté, elle renouvela son vœu, et grava sur sa poitrine  avec un fer rouge le très saint nom de Jésus-Christ.  Embrasée d'une charité tous les jours plus ardente, elle se faisait amener les pauvres, les délaissés, les malades, les infirmes atteints des maux les plus  repoussants,  ne se contentant pas de les loger, de les consoler,  de leur donner ses soins, mais nettoyant leurs vêtements sordides et les raccommodant, allant jusqu'à poser ses lèvres sur leurs ulcères dégouttant d'un horrible pus.

 

Instruite de la volonté de Dieu par saint François de Sales, son directeur, elle abandonna avec un invincible courage son père, son beau-père, enfin son fils même, sur le corps duquel elle n'hésita pas de passer en sortant de sa maison, parce qu'il voulait l'arrêter dans sa vocation. Ainsi posa-t-elle les fondements du religieux institut de la Visitation Sainte-Marie. Elle en garda les règles avec la plus entière fidélité, aimant la pauvreté jusqu'à se réjouir de manquer même du nécessaire. L'humilité chrétienne et l'obéissance, toutes les vertus eurent en elle un modèle achevé. Méditant des ascensions toujours plus sublimes en son cœur, elle s'astreignit, par un vœu redoutable, à faire toujours ce qu'elle croirait être le plus parfait. Cependant le saint Ordre de la Visitation s'était, principalement par ses soins, répandu en tous lieux ; sa parole, ses exemples, ses écrits même remplis d'une sagesse divine, étaient pour les sœurs un stimulant à la piété et à la charité; chargée de mérites, et munie des Sacrements de l'Eglise, elle passa au Seigneur, à Moulins, le treizième jour de décembre de l'année mil six cent quarante et un. Saint Vincent de Paul, qui était loin de là, vit son âme portée au ciel et saint François de Sales venant à sa rencontre. Son corps fut porté à Annecy. Les miracles qui l'illustraient déjà de son vivant continuant après sa mort! Benoît XIV la mit au nombre des Bienheureux, et le Souverain Pontife Clément XIII en celui des Saints. Ce fut le Pape Clément XIV qui ordonna que sa fête fût célébrée dans toute l'Eglise le douze des calendes de septembre.

 

 

L'office de Marthe parut d'abord vous être destiné, ô grande Sainte. Prévenant l'heure qui devait sonner pour Vincent de Paul un peu plus tard, François de Sales, votre Père, eut la pensée de faire de vos compagnes les premières filles de la Charité. Ainsi fut donné à votre œuvre le nom béni de Visitation, destiné à placer sous l'égide de Marie vos visites aux pauvres malades trop délaissés. Mais l'affaiblissement progressif des santés modernes avait manifesté, dans les institutions de la sainte Eglise, une lacune plus douloureuse encore, plus pressante à combler : nombre d'âmes, appelées à la part de Marie, en étaient écartées par leur impuissance à porter l'austère vie des grands

 

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Ordres contemplatifs. L'Epoux, dont la bonté daigne s'adapter à tous les âges, fit choix de vous, ô Jeanne, pour subvenir avec son Cœur sacré, sur ce terrain de son amour, aux misères physiques aussi bien que morales du monde vieilli, usé, menaçant ruine.

Renouvelez-nous donc en l'amour de Celui dont la charité vous consuma la première ; dans ses ardeurs, vous parcourûtes les sentiers les plus divers de la vie, et jamais ne vous trahit l'admirable force d'âme que l'Eglise rappelle à Dieu aujourd'hui, pour obtenir par vous le secours nécessaire à notre faiblesse (1). Que le funeste poison de l'esprit janséniste ne revienne plus jamais chez nous glacer les cœurs ; mais, en même temps, nous le savons de vous : l'amour n'est réel qu'autant qu'avec ou sans les macérations, il vit de foi, de générosité, de renoncement, dans l'humilité, la simplicité, la douceur. C'est l'esprit de votre saint institut, l'esprit de votre angélique Père rendu par lui si aimable et si fort : puisse-t-il régner toujours parmi vos filles, maintenir entre leurs maisons l'union suave qui n'a point cessé de réjouir les cieux; puisse le monde s'assainir aux parfums qui s'échappent toujours des retraites silencieuses de la Visitation Sainte-Marie !

 

1. Collecte, Secrète et Postcommunion de la fête.

 

 

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