SYMPHOROSE

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LE MÊME JOUR. Ste SYMPHOROSE ET  SES SEPT FILS, MARTYRS.

 

Pour la deuxième fois le septénaire brille au Cycle en juillet, illuminant les cieux, fécondant la terre. Plus heureuse que Félicité, Symphorose précède dans l'arène les sept fils qu'elle offre au Seigneur. Du trône où déjà il règne, couronné le premier du diadème des martyrs, Gétulius, l'ancien tribun, le père de cette illustre famille, applaudit aux combats où sa race puise une noblesse plus grande que celle du vieux patriciat, où Rome conquiert une éternité plus vraie que celle qu'avaient rêvée pour elle ses héros et ses poètes. Nature à la fois corrompue et brillante, sceptique et superstitieuse, le césar Hadrien, qui dans la circonstance présidait en personne à la défaite des divinités de l'empire, était bien l'image d'une société déséquilibrée que le christianisme pouvait seul redresser par la fermeté de ses dogmes et l'héroïsme de ses martyrs. Le prince du monde (1), dont la rage toujours maladroite avait obtenu du fantasque empereur une sentence à laquelle en d'autres temps il se fût refusé, sentit bientôt la vérité de la fière réplique que le césar s'était attirée en menaçant d'immoler la  femme forte à ses dieux : «  Tes

 

1. Johan. XIV, 3o.

 

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dieux, avait dit Symphorose, ne peuvent me recevoir en sacrifice; mais si tu me fais consumer par les flammes moi et mes fils pour le nom du Christ mon Dieu, c'est alors que je brûlerai bien plus ardemment encore tes démons. » L'exécution de la mère et des fils fut en effet le signal d'une grande paix, dont l'Eglise profita pour étendre considérablement le règne du Seigneur Jésus, seul empire éternel (1). Jérusalem, trompée par un dernier faux messie, venait de perdre jusqu'à son nom; mais l'Eglise recueillait toutes les gloires de la Synagogue qui avait autrefois produit la mère des Machabées.

Le Dieu pour qui mille ans sont comme un jour (2), et qui harmonise les temps sur son Verbe éternel (3), réservait d'autres gloires à ce 18 juillet où le sang du témoignage avait si grandement ennobli la terre. C'est à pareil jour qu'en l'année 1870, le concile œcuménique du Vatican, présidé par l'immortel Pie IX, définissait dans sa Constitution Pastor cet émus la pleine, suprême et immédiate puissance du Pontife romain sur toutes les Eglises, et prononçait aussi l'anathème contre quiconque ne reconnaîtrait pas l'infaillibilité personnelle du même Pontife romain parlant ex cathedra, c'est-à-dire définissant la doctrine comme Pasteur universel en ce qui touche la foi ou les mœurs. Il est à remarquer qu'en ces mêmes jours, au dimanche du milieu de juillet, les Grecs célèbrent la commune mémoire des six premiers conciles généraux de Nicée, Constantinople, Ephèse, Chalcédoine, deuxième et troisième de Constantinople. Nous sommes donc, à cette période du Cycle, en pleines fêtes de lumière;  ici encore le

 

1.  Dan. II, 44.   2. Psalin. LXXXIX, 4. — 3. Heb. XI, 3.

 

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soleil matériel, qui plus que jamais déploie ses splendeurs, n'est que l'image du vrai soleil des âmes. Mais ne l'oublions  point : ici-bas c'est surtout le martyre, acte suprême de la foi, qui mérite et produit  la  lumière. Et de même que, dans ce monde immense des astres qui nous entourent, l'espace  ajouté aux espaces n'empêche  point le rayon parti des limites extrêmes d'arriver à notre œil au moment  précis voulu  par l'éternelle Sagesse : ainsi, dans l'ordre des réalités supérieures de la grâce, le choc qui produit la lumière a son écho, prévu en Dieu, par delà les siècles  accumulés, pour faire briller cette  bienheureuse lumière à l'heure dite.  Ne doutons pas que la Sagesse qui, du trône de son éternité,  se  joue en notre humble terre (1) avec le poids, la mesure et les nombres (2), ne rapproche intimement dans les divines  données de son jeu sublime  les deux 18 juillet de l'année 136 et de l'année  1870. Enfants de lumière (3) exilés pour un temps au pays des ténèbres, estimons à leur prix les rayons qui viennent jusqu'à nous des collines éternelles : ils sont la  grâce  excellente  que  l'apôtre Jacques, frère du Seigneur,  nous montre descendant du grand Dieu qu'il appelle, en tant que source de tout don parfait, le Père des lumières (4) ; ils sont le prix du sang que nos pères ont versé pour défendre, et dégager toujours plus dans son ampleur divine, la parole confiée  par le Verbe à l'Eglise.

 

On trouvera bien court le récit dédié par la sainte Liturgie à l'immortel combat qui a consacré cette journée.

 

1. Prov. VIII, 31. — 2. Sap. XI, 21. — 3. Eph. V, 8. — 4. Jac. I, 17.

 

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Symphorose de Tibur , épouse du martyr Gétulius, en eut sept fils : Crescent, Julien, Némésius, Primitivus, Justin, Stactéus et Eugène. Ils furent tous arrêtés avec leur mère, sous l'empereur Hadrien, comme faisant profession de la foi chrétienne. Leur piété demeurant invincible au milieu de tourments nombreux et divers, la mère, qui avait été pour ses fils la maîtresse de la foi, fut aussi leur guide au martyre. On la précipita, une grosse pierre au cou, dans le neuve ; son frère Eugène recueillit le corps et l'ensevelit. Le lendemain de ce jour, qui était le quinze des calendes d'août, les sept frères, attachés au poteau, furent tous mis à mort en diverses manières. Crescent eut la gorge percée du fer, Julien la poitrine, Némésius le cœur, Primitivus l'estomac ; Justin fut démembré, Stactéus percé de traits. Eugène coupé en deux depuis la poitrine. Ainsi furent immolées à Dieu huit hosties de très suave odeur. On jeta leurs corps dans une fosse profonde sur la voie Tiburtine, au neuvième mille de Rome ; plus tard, transportés à Rome même, on les déposa dans l'Eglise de Saint-Ange in Piscina.

 

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Epouse, sœur et mère des Martyrs, Symphorose, vos désirs sont comblés : suivie de vos sept enfants, vous rejoignez à la cour du Roi éternel Gétulius votre époux et son frère Amantius, vaillants soldats des armées impériales, plus valeureux athlètes du Christ. Oh ! ce n'est donc point ici que trouve place l'oracle du Seigneur : L'homme aura pour ennemis ceux de sa maison (1) ! C'est qu'ici, en effet, ne s'applique point non plus la sentence : Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n'est point digne de moi; et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n'est point digne de moi (2). Bien au contraire, c'est l'amour du Christ roi qui domine, à ce foyer béni, tous les autres amours : or, loin de les éteindre, il décuple leur force en les dotant de sa propre énergie; loin d'avoir à séparer l'homme de son père et l'enfant de sa mère (3), il consacre divinement la famille et serre ses liens pour l'éternité.

Quelle noblesse, ô héros, vous conférez à la terre ! C'est en de tels jours, que notre race relève sa tête longtemps courbée, et porte un regard plus assuré vers les deux; après des combats comme les vôtres, l'homme ne saurait plus être méprisé des Anges. Accompagnant vos âmes, quel parfum d'holocauste est monté jusqu'au trône de Dieu ! quelle effusion de grâce en est descendue ! Du sillon lumineux tracé par votre martyre ont jailli dans nos temps d'incomparables splendeurs. Aussi est-ce avec une reconnaissante allégresse que nous saluons la réapparition providentielle, au lendemain des grandes assises tenues au Vatican, de la tombe primitive qui reçut vos dépouilles

 

1. Matth. X, 36. — 2. Ibid. 3;. — 3. Ibid. 35.

 

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sacrées à cet autre lendemain qui suivit pour vous le triomphe. Soldats du Christ, gardez en nous vos bienfaits; rendez à trop de chrétiens, qui l'avaient oublié, la persuasion que la foi est le premier des biens pour le juste '.

 

1. Rom. 1, 17.

 

 

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