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Oct. ASSOMPTION

 

XIX AOUT. CINQUIÈME  JOUR DANS L'OCTAVE DE L'ASSOMPTION.

 

C'est beaucoup, pour un saint, d'avoir une quantité de grâce suffisante au salut d'un grand nombre ; mais s'il en avait autant qu'il suffirait pour le salut de tous les hommes qui sont au monde, ce serait le comble : et cela a lieu en Jésus-Christ et dans la Bienheureuse Vierge (1). Telle est l'affirmation du prince des théologiens, au sujet de celle que Suarez salue du titre de cause universelle, intimement jointe au Seigneur son Fils (2).

Une autorité plus haute que celle de l'Ecole est venue confirmer sur ce point l'enseignement du Docteur angélique; dans son encyclique Magnœ Dei Matris, le Souverain Pontife Léon XIII a daigné faire siennes les paroles que nous avons citées. « Quand donc nous saluons Marie pleine de grâce, poursuit l'infaillible chef de l'Eglise, nous évoquons le souvenir de sa dignité sublime et de la rédemption du genre humain que Dieu accomplit par son entremise; par là aussi se trouve rappelé le lien divin et perpétuel qui l'associe aux joies et aux douleurs du Christ, à ses opprobres et à ses triomphes, dans le gouvernement

 

1.Thom. Aqu. Opusc. in Salutat. angelicam.— 2. Suarez, in IIIam P. qu. XXXVIII, art. 4, Disputat, XXI, sect, 3.

 

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et l'assistance des hommes en vue de l'éternité (1). »

La divine Mère se montre à nous comme la fontaine de la Genèse (2), arrosant dès l'origine du monde toute la surface de la terre d'où elle sort. C'est ce que dit saint Bernardin de Sienne (3). Et parce qu'il est bon qu'on n'ignore pas la manière de s'exprimer des diverses écoles, ajoutons que l'illustre représentant de l'Ordre séraphique reconnaît en Marie ce qu'il nomme « une sorte de juridiction ou d'autorité sur toute procession temporelle de l'Esprit-Saint (4). » C'est qu'en effet, continue-t-il, « elle est la Mère de Celui dont l'Esprit procède; et, à cause de cela, tous les dons, vertus et grâces de cet Esprit sont administrés par ses mains, distribués à qui elle veut, quand elle veut, comme elle veut et autant qu'elle veut (5). »

Observons toutefois qu'on ne saurait conclure de ces paroles à l'existence pour la Vierge bénie d'un droit de domaine en rigueur de justice sur l'Esprit et ses dons. Ainsi encore faut-il se garder de supposer jamais que Notre-Dame puisse être considérée en quelque manière comme principe de l'Esprit-Saint, pas plus qu'elle ne l'est du Verbe lui-même en tant que Dieu.

La divine Mère est assez grande, pour qu'elle n'ait nul besoin de voir exagérer ses titres. Elle tient tout, il est vrai, de ce Fils dont elle est la première rachetée. Mais dans l'ordre historique de l'accomplissement du salut, les divines prévenances qui l'élurent gratuitement pour Mère du Sauveur ont fait d'elle pourtant « la source de la

 

1. Encyclique du 8 septembre 1892. — 2. Gen. II, 6. — 3. Bernardin. Sen. Pro festivit. V. M. Sermo VI, De Annuntiat. art. 1, c. 2. — 4. Ibid. Sermo V, De Nativit. B. M., cap. 8. — 5. Ibid.

 

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source vive », selon le mot de saint Pierre Damien (1). De plus, pleinement Epouse autant qu'elle était Mère, unie, dans la totalité de ses puissances de nature et de grâce, à toutes les prières, à toutes les souffrances, à toute l'oblation du Fils de l'homme, sa coopératrice véritablement universelle au temps du labeur : comment s'étonner qu'elle garde aux jours de sa gloire la part universelle de l'Epouse, dans la dispensation des biens acquis en commun, quoique diversement, par l'Adam nouveau et la nouvelle Eve ! Encore que Jésus n'y fût point tenu en stricte justice, quel fils croira qu'il y ait manqué ?

Bossuet qu'on ne saurait suspecter d'entraînement, et que pour cette raison nous citons de préférence,  n'argua pas des exigences de sa controverse avec l'hérésie pour ne point suivre en un tel sujet la doctrine des  Saints.  « Dieu, dit-il, ayant  une fois voulu nous donner Jésus-Christ par la sainte Vierge, les dons de Dieu sont sans repentance (2), et cet ordre ne se change plus. Il est et sera toujours véritable, qu'ayant reçu par sa charité le principe universel de la grâce, nous en recevions encore, par son entremise, les diverses applications dans tous les états différents qui composent la vie chrétienne. Sa charité maternelle ayant tant contribué à notre salut dans le mystère de l'Incarnation, qui  est le principe universel de la grâce, elle  y contribuera éternellement dans toutes  les autres opérations, qui n'en sont que des dépendances.

« La théologie reconnaît trois opérations principales de la grâce de Jésus-Christ : Dieu nous

 

1. Petr. Dam. Homilia in Nativit. B. V. —  2. Rom. XI, 29.

 

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appelle; Dieu nous justifie; Dieu nous donne la persévérance. La vocation, c'est le premier pas; la justification fait notre progrès ; la persévérance conclut le voyage, et, ce qui ne se trouve pas sur la terre, unit la gloire et le repos, dans la patrie. La charité de Marie est associée à ces trois ouvrages. Marie est la mère des appelés, des justifiés, des persévérants ; sa charité féconde est un instrument général des opérations de la grâce (1). » Noble langage ; témoignage autorisé, cette fois, touchant la tradition de cette Eglise gallicane en cela véritablement glorieuse et sainte, qui, par ses Irénée, ses Bernard, ses Anselme et tant d'autres, a fait de la France le royaume de Marie. Puissent chez nous les maîtres de la doctrine faire valoir l'héritage de leurs grands devanciers, continuer d'approfondir en nos temps l'inépuisable mystère de Marie ; pour qu'un jour, ils méritent d'entendre sortir de ses lèvres bénies la parole des livres de l'éternelle Sagesse : Ceux qui me mettent en lumière auront la vie éternelle (2) !

 

Nous empruntons à l'ancien Processionnal de Sainte-Edith d'Angleterre son beau Répons Quae est ista, en le faisant suivre d'une série gracieuse et rhythmée d'autres Répons que l'Antiphonaire de Sens de 1552 emploie pour le jour de la fête.

 

1. Bossuet, Sermon sur la Dévotion à la sainte Vierge, pour la fête de la Conception, 9 décembre 1669.— 2. Eccli. XXIV, 31.

 

RÉPONS.

 

Quelle est celle-ci qui   a  pénétré  dans les cieux? A sa sortie du monde, le Sauveur est venu au-devant et il l'a introduite dans le sanctuaire de son trône, où retentissent les hymnes et les concerts : * Harmonies angéliques sans fin, ininterrompues, célébrant le Roi éternel.

 

V/. O Vierge ineffablement grande, à qui l'Archange Michel et toute l'armée des Anges rendent honneur, en la voyant s'élever plus haut que lés cieux des cieux!

*  Harmonies  angéliques. Gloire au Père, et au Fils,

et au Saint-Esprit.

* Harmonies angéliques.

 

R/. De saintes prémices sont offertes aujourd'hui par  le  Fils au Père : * C'est la fleur virginale, resplendissante en  sa blancheur de  neige.

 

V/. Ni la chaleur du jour, ni le froid de la nuit ne l'ont desséchée. * C'est la fleur.

 

R/. Au royaume des cieux, par le fruit de la virginité, * Sont réparées les pertes causées par le fruit défendu.

 

V/. La sainte milice se réjouit de voir compléter ses rangs amoindris. * Sont réparées.

 

R/. La première, après la chute, la virginité recouvre le ciel: * Mais d'abord dans le Fils, ensuite dans sa bienheureuse Mère.

 

V/. La céleste milice révère la sainte virginité. * Mais d'abord.

 

R/. La porte de Sion franchit la porte du paradis, * Que la première mère s'était fermée comme au monde entier.

 

V/. Une mère sans tache voit se rouvrir l'entrée du ciel, * Que la première.

 

R/. La Vierge bénie reçoit l'unique récompense qu'elle eût demandée : * De jouir sans fin de la vue du Seigneur.

 

V/. La divine munificence a prévenu, a dépassé ses vœux : * De jouir.

 

R/. La Vierge monte les quinze degrés qui conduisent au palais de la vie * Elle s'élève par delà les sommets qu'occupent les Anges.

 

V/. Après le Fils, la Mère a mérité de l'emporter sur tous. * Elle s'élève.

 

R/. C'est la Vierge à laquelle l'Eglise doit l'Epoux : elle l'engendra de toute beauté, * Homme et Dieu dans une seule personne.

 

V/. C'est elle qu'il place en qualité de Mère avec lui sur le céleste trône. *  Homme et Dieu.

 

R/. Gloire  au  Père, et au Fils,  et au Saint-Esprit.

*  Homme et Dieu.

 

 

Saint Pierre Damien nous donnera cette Hymne de sa composition pour chanter et prier Marie.

 

HYMNE.

 

Comme une aurore brillante, Marie monte aux sommets des cieux ; elle resplendit comme le soleil, elle est belle comme la lune.

Ce jour est celui où la Reine du monde s'élève à son trône glorieux, elle qui fut mère d'un fils dont la naissance précéda l'Etoile du matin.

Son assomption la porte plus haut que les Anges, elle laisse au-dessous d'elle également les Archanges ; une femme dépasse à elle seule tous les mérites des Saints.

Celui qu'elle avait pressé sur son sein, qu'elle avait couché dans la crèche, elle le voit maintenant Roi de toutes choses en la gloire du Père.

Pour nous, ô Vierge des vierges, daignez implorer votre Fils : par vous il entra dans notre partage ; que par vous il nous introduise dans le sien.

Louange soit à vous, Dieu très haut qui naquîtes de la Vierge! honneur aussi soit au Père ineffable et à l'Esprit-Saint ! Amen.

 

 

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