HYACINTHE

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LE XVI AOUT. SAINT HYACINTHE, CONFESSEUR.

 

Un des plus beaux lis du champ des Prêcheurs vient s'épanouir au pied du trône où s'est assise la Reine des cieux. Hyacinthe représente, au Cycle sacré, la légion d'intrépides missionnaires qui, dans les XIII° et XIV° siècles, s'élancèrent au-devant de la barbarie tartare et musulmane menaçant l'Occident. Des Alpes aux frontières septentrionales de l'empire chinois, des îles de l'Archipel aux terres arctiques, il propagea son Ordre et accrut le royaume de Dieu. Dans les steppes où le schisme de Byzance disputait ses stériles conquêtes à l'idolâtrie des envahisseurs du Nord, on le vit, quarante années durant, semer les prodiges, confondre l'hérésie, dissiper les ténèbres de l'infidélité.

Pas plus qu'au premier apostolat ne devait manquer à celui-ci la consécration du martyre. Que d'admirables épisodes, où les Anges du ciel semblèrent vouloir illuminer de leur sourire les rudes combats de leurs frères de la terre ! Au couvent fondé par Hyacinthe à Sandomir sur la Vistule, quarante-huit Frères Prêcheurs étaient rassemblés sous la conduite du Bienheureux Sadoc ; un jour, le lecteur du Martyrologe, proclamant la fête du lendemain, lit cette formule qui se déroule sous ses yeux en lettres d'or : A SANDOMIR, LE QUATRE DES  NONES DE JUIN, LA PASSION DE QUARANTE-NEUF MARTYRS.  Surpris d'abord, les

 

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Frères ont vite compris l'annonce inusitée : dans l'allégresse de leurs âmes, ils se disposent à cueillir la palme qu'une irruption de Tartares leur procure au jour dit ; c'est au chant du Salve Regina que, réunis au chœur à l'heure fortunée, ils teignent de leur sang le pavé du temple.

Hyacinthe ne terminera pas sous le glaive des bourreaux sa carrière glorieuse. Jean, le disciple bien-aimé, avait dû demeurer ici-bas jusqu'à ce que vint le Seigneur (1); c'est la venue au-devant de lui de la Mère du Seigneur qu'attend notre Saint.

Ni le labeur toutefois, ni les souffrances les plus extrêmes, ni davantage les plus merveilleuses interventions d'en haut ne manquent à sa vie toute céleste. Kiew, la ville sainte des Russies, a résisté cinq ans au zèle de l'apôtre; les Tartares passent sur elle comme la justice du Tout-Puissant. Tout est à sac dans l'indocile cité. L'universelle dévastation atteint les portes du sanctuaire où l'homme de Dieu achève à peine l'auguste Sacrifice. Revêtu comme il l'est des ornements sacrés, il prend d'une main le divin Sacrement, de l'autre la statue de Marie qui lui demande de ne pas la laisser aux barbares ; et sain et sauf avec ses Frères, il traverse les hordes païennes enivrées de carnage, les rues en flammes, le Dnieper enfin, l'ancien Borysthène, dont les flots rapides, affermis sous ses pieds, garderont la trace de ses pas. Trois siècles plus tard, les témoins entendus au procès de canonisation attestèrent, sous la foi du serment, que le prodige persévérait encore; on donnait dans le pays le nom de chemin de saint Hyacinthe à ces vestiges toujours visibles sur les eaux d'une rive à l'autre.

 

1. JOHAN.  XXI, 22.

 

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Cependant le Saint, poursuivant sa retraite miraculeuse jusque dans Cracovie, y déposa au couvent de la Trinité son précieux fardeau. Légère comme un roseau tant qu'il l'avait portée, la statue de Marie reprit son poids naturel, trop considérable pour qu'un seul homme pût l'ébranler. C'est près d'elle qu'après bien d'autres travaux, Hyacinthe reviendra mourir.

Une première fois, au même lieu, dans les débuts de sa vie apostolique, la divine Mère était vers lui descendue : « Aie bon courage et sois joyeux; disait-elle, mon fils Hyacinthe ! Tout ce que tu demanderas en mon nom te sera accordé. » C'était en la Vigile de la glorieuse Assomption qu'avait eu lieu l'ineffable entrevue Le bienheureux y puisa la confiance surhumaine du thaumaturge que nul obstacle n'arrêta jamais ; il en avait surtout gardé le parfum virginal qui embauma toute sa vie, le rayonnement de beauté surnaturelle qui fit de lui l'image de son père Dominique.

Les années ont passé ; centre privilégié des travaux d'Hyacinthe, l'héroïque Pologne est prête désormais à soutenir sous l'égide de Marie son rôle de boulevard de la chrétienté. Au prix de quels sacrifices, c'est ce qu'Hedwige, la contemporaine de notre Saint, la bienheureuse mère du héros de Liegnitza, doit nous dire en octobre (1), En attendant, comme saint Stanislas qui le précéda au labeur (2), c'est à Cracovie, la capitale du noble royaume aux plus beaux temps de ses luttes immortelles, que le fils de Dominique doit son dernier soupir et le trésor de sa dépouille sacrée. Non plus en la vigile, mais au jour même de son triomphe,  le 15 août 1267, dans  l'église  de  la  Très

 

1.  17 octobre. — 2.  7 mai.

 

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Sainte Trinité Notre-Dame est redescendue ; les Anges lui font une escorte brillante, les Vierges forment sa cour. « Oh! qui êtes-vous? » s'écrie une sainte âme de la terre, pour qui l'extase a déchiré les voiles de la mortalité. « Je suis, répond Marie, la Mère de la miséricorde ; et celui-ci, qui a sa main dans la mienne, est frère Hyacinthe, mon très dévot fils, que j'emmène aux noces éternelles. » Puis Notre-Dame entonne elle-même de sa douce voix: Je m'en vais aux collines du Liban (1); et Anges et Vierges poursuivant dans un ineffable concert le chant du ciel, le cortège fortuné disparaît vers les sommets resplendissants de la patrie.

 

1. Cant. IV, 6.

 

Lisons la notice que la Liturgie consacre à saint Hyacinthe. On y verra que le passage du Dnieper, dont il est plus haut question, ne fut pas la seule circonstance où il montra son pouvoir sur les flots.

 

Hyacinthe, Polonais, naquit de parents nobles et chrétiens au château de Kamin du diocèse de Breslau. Enfant il étudia les lettres, puis la jurisprudence et les lettres sacrées. Agrégé aux chanoines de Cracovie, il les dépassa tous par l'insigne piété de ses mœurs et sa science. Reçu à Rome dans l'Ordre des Frères Prêcheurs par le fondateur même, saint Dominique, il garda religieusement jusqu'à la fin de sa vie la forme de vie parfaite qu'il en avait apprise. Il conserva la virginité, fit ses délices de la retenue, de la patience, de l'humilité, de l'abstinence, des autres vertus qui sont le patrimoine du vrai religieux.

 

Brûlant d'amour pour Dieu, souvent il passait les nuits entières à prier, à châtier son corps auquel il n'accordait d'autre soulagement que l'appui d'une pierre, d'autre couche que la terre nue. Renvoyé dans sa patrie, il bâtit à Friesach, sur sa route, un important monastère de son Ordre ; un second bientôt s'éleva dans Cracovie, puis quatre autres dans les autres provinces du royaume de Pologne. On ne saurait croire combien il fit de fruit en tous lieux par sa prédication de la parole de Dieu et l'innocence de sa vie. Il ne se passait pas de jour qu'il ne donnât quelque preuve éclatante de cette innocence, de sa foi, de sa piété.

 

Le zèle du Saint pour le salut du prochain fut récompensé par Dieu des plus grands miracles. Un des plus insignes eut lieu, quand il traversa sans bateau  près de  Wisgrade la Vistule débordée, faisant de même passer ses compagnons sur sa chape étendue sur les eaux. Ayant persévéré dans son admirable genre de vie près de quarante années depuis sa profession, il annonça aux Frères le jour de sa mort. Ce fut en la fête de l'Assomption de l'année douze cent cinquante-sept, qu'ayant accompli les Heures canoniales et reçu avec grande dévotion les sacrements de l'Eglise, il rendit l'âme avec ces mots: Entre vos mains, Seigneur, je remets mon esprit. Il continua d'éclater par des miracles après sa mort, et Clément VIII le mit au nombre des Saints.

 

VOTRE privilège fut grand, ô fils de Dominique, associé à Marie de si près que le jour de son triomphe vous vit vous-même entrer dans la gloire! Occupant si belle place dans le cortège qui la conduit aux cieux, dites-nous ses grandeurs, sa beauté, son amour pour les pauvres humains qu'elle voudrait faire tous participer comme vous à son bonheur.

 

Par elle vous fûtes puissant dans la vallée d'exil, en attendant d'être près d'elle bienheureux et glorieux. Longtemps après les Adalbert et les Anschaire, les Cyrille et les Méthodius, vous parcourûtes à nouveau les ingrats sentiers de ce septentrion où renaissent si promptement les épines et les ronces,  où ces peuples que l'Eglise eut déjà tant de peine à délivrer du joug païen, se reprennent sans cesse dans les filets du schisme, dans les pièges de l'hérésie. Sur ce domaine de sa prédilection (1), le prince des ténèbres éprouva de nouvelles défaites, une multitude infinie brisa ses chaînes, et la lumière du salut brilla plus loin qu'aucun de vos prédécesseurs ne l'avait portée. Conquête définitive pour l'Eglise, la Pologne devint son rempart, jusqu'aux jours de trahison qui marquèrent la fin de l'Europe chrétienne.

O Hyacinthe, gardez la foi au cœur des fils du noble peuple, en attendant le jour de la résurrection. Implorez grâce pour les régions du Nord, un instant échauffées au souffle ardent de votre parole. Rien de ce que vous demanderez par Marie ne saurait vous être refusé ; c'est la promesse de cette Mère de la miséricorde.

Maintenez le zèle de l'apostolat dans votre Ordre illustre. Puisse s'y multiplier le nombre de vos frères, trop au-dessous des besoins de nos temps.

Au pouvoir qui vous fut donné sur les flots se rattache celui que la confiance des fidèles, justifiée par tant de prodiges, vous attribue de rappeler à la vie les malheureux noyés. Maintes fois aussi les mères chrétiennes ont éprouvé votre puissance allant jusqu'au miracle, pour amener à la fontaine du salut les fruits de leur sein qu'un enfantement laborieux menaçait de priver du baptême. Montrez à vos dévots clients que la bonté de Dieu est toujours la même, que le crédit de ses élus n'est point amoindri.

 

1. Isai. XIV, 13.

 

 

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