DIMANCHE IV

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PRÉFACE
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CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
Ier DIMANCHE
LUNDI I
MARDI I
MERCREDI I
JEUDI I
VENDREDI I
SAMEDI I
DIMANCHE II
LUNDI II
MARDI II
MERCREDI II
JEUDI II
VENDREDI II
SAMEDI II
DIMANCHE III
LUNDI III
MARDI III
MERCREDI III
JEUDI III
VENDREDI III
SAMEDI III
DIMANCHE IV
LUNDI IV
MARDI IV
MERCREDI IV
JEUDI IV
VENDREDI IV
SAMEDI IV
PROPRE DES SAINTS

LE QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME.

 

Ce Dimanche, appelé Lœtare, du premier mot de l'Introït de la Messe, est un des plus célèbres de l'année. L'Eglise, en ce jour, suspend les saintes tristesses du Carême ; les chants de la Messe ne parlent que de joie et de consolation ;  l'orgue, muet aux trois Dimanches précédents, t'ait entendre sa voix mélodieuse ;  le diacre reprend la dalmatique, le sous-diacre la tunique : et il est permis de remplacer sur les ornements sacrés la couleur violette par la couleur rose.  Nous avons vu, dans l'Avent, ces mêmes rites pratiques au  troisième  Dimanche appelé  Gaudete. Le  motif de l'Eglise, en exprimant  aujourd'hui l'allégresse dans la sainte  Liturgie, est de féliciter  ses enfants du zèle  avec lequel ils ont  déjà parcouru la moitié de  la sainte carrière, et de stimuler leur ardeur pour en achever le cours. Nous avons parlé, au jeudi précédent,  de  ce  jour central du Carême, jour d'encouragement,  mais  dont  la solennité ecclésiastique devait être transférée au Dimanche suivant, dans la crainte qu'une trop grande liberté ne vint altérer en quelque chose l'esprit du jeune: aujourd'hui rien ne s'oppose a la joie des fidèles. et l'Eglise elle-même les y convie.

La Station, à  Rome, est dans la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem, l'une des sept principales  de la ville sainte. Elevée au ive siècle par Constantin, dans la villa de Sessorius, ce qui l'a fait appeler aussi la basilique  Sessorienne, elle fut enrichie des  plus  précieuses reliques  par sainte Hélène,  qui voulait en faire comme la Jérusalem  de Rome. Elle y fit transporter,  dans cette pensée, une grande quantité de terre prise sur le mont du Calvaire, et déposa dans ce sanctuaire, entre autres monuments de la Passion du Sauveur,  l'inscription qui était placée au-dessus de sa tête pendant qu'il expirait sur la Croix, et qu'on y vénère  encore sous le nom du Titre de la Croix. Le nom de Jérusalem  attaché à cette Basilique, nom qui réveille toutes les espérances du chrétien, puisqu'il rappelle la patrie céleste qui est la véritable Jérusalem dont  nous  sommes encore exilés, a porté dès l'antiquité les souverains Pontifes à la choisir pour la  Station d'aujourd'hui.  Jusqu'à l'époque  du  séjour des Papes à Avignon, c'était dans son enceinte qu'était inaugurée la Rose d'or,  cérémonie qui s'accomplit de nos jours dans le palais où le Pape fait sa résidence.

La bénédiction de la Rose d'or est donc encore un des rites particuliers du quatrième Dimanche de Carême : et c'est ce qui lui a fait donner aussi le nom de Dimanche de la Rose. Les idées gracieuses que réveille cette fleur sont en harmonie avec les sentiments que l'Eglise aujourd'hui veut inspirer à ses enfants, auxquels la joyeuse Pàque va bientôt ouvrir un printemps spirituel, dont celui de la nature n'est qu'une faible image: aussi cette institution remonte-t-elle très-haut dans les siècles. Nous la trouvons déjà établie dès le temps de saint Léon IX; et il nous reste encore un sermon sur la Rose d'or, que le grand Innocent III

 

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prononça en ce jour, dans la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem. Au moyen âge, quand le Pape résidait encore au palais de Latran, après avoir béni la Rose, il partait en cavalcade, la mitre en tête, avec tout le sacré Collège, pour l'Eglise de la Station, tenant cette fleur symbolique à la main. Arrivé à la Basilique, il prononçait un discours sur les mystères que représente la Rose par sa beauté, sa couleur et son parfum. On célébrait ensuite la Messe. Quand elle était terminée, le Pontife revenait dans le même cortège au palais de Latran, toujours en cavalcade, et traversait l'immense plaine qui sépare les deux Basiliques. portant toujours dans sa main la fleur mystérieuse dont l'aspect réjouissait le peuple de Rome. A l'arrivée au seuil du palais, s'il y avait dans le cortège quelque prince, c'était à lui de tenir l'é-trier et d'aider le Pontife à descendre de cheval ; il recevait en récompense de sa filiale courtoisie cette Rose, objet de tant d'honneurs et de tant d'allégresse.

De nos jours, la fonction n'est plus aussi imposante; mais elle a conservé tous ses rites principaux. Le Pape bénit la Rose d'or dans la Salle des parements, il l'oint du Saint-Chrême, et répand dessus une poudre parfumée, selon le rite usité autrefois; et quand le moment de la Messe solennelle est arrivé, il entre dans la chapelle du palais, tenant la fleur mystique entre ses mains. Durant le saint Sacrifice, elle est placée sur l'autel et fixée sur un rosier en or disposé pour la recevoir ; enfin, quand la Messe est terminée, on l'apporte au Pontife, qui sort de la chapelle la tenant encore entre ses mains jusqu'à la Salle des parements. Il est d'usage assez ordinaire que cette Rose soit envoyée par le Pape à quelque prince  ou à quelque princesse

 

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qu'il veut honorer; d'autres fois, c'est une ville ou une Eglise qui obtiennent cette distinction.

Nous  donnerons ici la traduction de la belle prière par laquelle le souverain Pontife bénit la Rose d'or : elle aidera nos lecteurs à mieux pénétrer le mystère de cette cérémonie, qui ajoute tant à la splendeur du quatrième Dimanche de Carême. Voici en quels termes cette bénédiction est conçue : « O Dieu, dont la parole et la puissance ont tout créé, dont la volonté gouverne toutes choses, vous qui êtes la joie et l'allégresse de tous les  fidèles;  nous supplions votre  majesté de vouloir bien bénir et sanctifier cette Rose, si agréable par son aspect et son parfum, que nous devons porter  aujourd'hui dans nos mains,  en igné de joie spirituelle : afin que le  peuple qui ous est consacre, étant arraché au joug de la captivité de Babylone par la grâce de votre Fils unique qui est la gloire et l'allégresse d'Israël, représente d'un cœur sincère les joies de cette Jérusalem supérieure qui est notre mère.  Et comme votre  Eglise, à la vue de ce symbole, a tressaille de bonheur,  pour la gloire de votre  Nom; vous. Seigneur, donnez-lui un contente ment véritable et parfait.  Agréez  la dévotion,  remettez les pèches, augmentez la foi : guérissez ar votre pardon, protégez par votre  miséricorde;  détruisez les  obstacles, accordez tous  les biens:  afin que  cette même  Eglise vous  offre  le fruit des bonnes  œuvres, marchant à l'odeur des parfums de cette Fleur qui. sortie et de la tige de Jessé, est appelée mystiquement la fleur des  champs et le lis des vallées, et  qu'elle  mérite  de goûter une  joie sans fin  au sein de  la gloire céleste, dans la compagnie de tous les saints, avec cette Fleur divine qui vit et règne

 

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avec vous, en l'unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen. »

Nous avons maintenant à parler d'une autre appellation que l'on a donnée au quatrième Dimanche de Carême, et qui se rapporte à la lecture de l'Evangile que l'Eglise nous propose aujourd'hui. Ce Dimanche est en effet désigne dans plusieurs anciens documents sous le nom de Dimanche des cinq pains ; et le miracle que ce titre rappelle, en même temps qu'il complète le cycle des instructions quadragésimales, vient encore ajouter aux joies de cette journée. Nous perdons de vue un instant la Passion imminente du Fils de Dieu, pour nous occuper du plus grand de ses bienfaits : car sous la figure de ces pains matériels multipliés par la puissance de Jésus, notre foi doit découvrir ce « Pain de vie descendu du ciel, qui donne la vie au monde (1). » La Pâque est proche, dit notre Evangile; et sous peu de jours le Sauveur nous dira lui-même : « J'ai désiré d'un extrême désir manger avec vous cette Pâque (2) ». Avant de passer de ce monde à son Père, il veut rassasier cette foule qui s'est attachée à ses pas, et pour cela il se dispose à faire appel à toute sa puissance. Vous admirez avec raison ce pouvoir créateur à qui cinq pains et deux poissons suffisent pour nourrir cinq mille hommes, en sorte qu'après le festin il reste encore de quoi remplir douze corbeilles. Un prodige si éclatant suffit sans doute à démontrer la mission de Jésus; n'y voyez cependant qu'un essai de sa puissance, qu'une figure de ce qu'il s'apprête à faire, non plus une ou deux fois, mais tous  les jours, jusqu'à la  consommation des

 

1. JOHAN. VI, 35. — 2. Luc. XXII, 15.

 

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siècles; non plus en faveur de cinq mille personnes, mais pour la multitude innombrable de ses fidèles. Comptez sur la surface de la terre les millions de chrétiens qui prendront place au banquet pascal ; celui que nous avons vu naître en Bethléhem, la Maison du pain, va lui-même leur servir d'aliment; et cette nourriture divine ne s'épuisera pas. Vous serez rassasiés comme vos pères l'ont été; et les générations qui vous suivront seront appelées comme vous à venir goûter combien le Seigneur est doux (1).

Mais remarquez que c'est dans le désert que Jésus nourrit ces hommes qui sont la figure des chrétiens. Tout ce peuple a quitté le tumulte de la ville pour suivre Jésus; dans l'ardeur d'entendre sa parole, il n'a craint ni la faim, ni la fatigue ; et son courage a été récompensé. C'est ainsi que le Seigneur couronnera les labeurs de notre jeûne et de notre abstinence, à la fin de cette carrière que nous avons déjà parcourue plus d'à moitié. Réjouissons-nous donc, et passons cette journée dans la confiance de notre prochaine arrivée au terme. Le moment vient où notre âme, rassasiée de Dieu, ne plaindra plus les fatigues du corps qui, unies à la componction du cœur, lui auront mérité une place d'honneur au festin immortel.

L'Eglise primitive ne manquait pas de proposer aux fidèles cet éclatant miracle de la multiplication des pains, comme l'emblème de l'inépuisable aliment eucharistique : aussi le rencontre-t-on fréquemment sur les peintures des Catacombes et sur les bas-reliefs des anciens sarcophages chrétiens.  Les poissons donnés  en

 

1. Psalm. XXXIII, 9.

 

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nourriture avec les pains apparaissent aussi sur ces antiques monuments de notre foi, les premiers chrétiens ayant l'usage de figurer Jésus-Christ sous le symbole du Poisson, parce que le mot Poisson, en grec, est formé de cinq lettres dont chacune est la première de ces mots : Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur.

En ce jour, qui est le dernier de la semaine Mésonestime, les Grecs honorent saint Jean Climaque, illustre Abbé du monastère du Mont-Sinaï, au VI° siècle.

 

A LA MESSE.

 

Les soixante-dix ans de la captivité seront bientôt écoulés. Encore un peu de temps, et les exilés rentreront dans Jérusalem : telle est la pensée de l'Eglise dans tous les chants de cette Messe. Elle n'ose pas encore faire retentir le divin Alléluia; mais tous ses cantiques expriment la jubilation, parce que, dans peu de jours, la maison du Seigneur dépouillera le deuil et reprendra toutes ses pompes.

 

INTROÏT.

 

 

Laetare, Jérusalem ; et conventum facite omnes, qui diligitis eam : gaudete cum laetitia, qui in tristitia fuistis : ut exsultetis et satiemini ab uberibus consolationis vestrae.

 

 

Ps. Laetatus sum in his quae dicta sunt mihi : In domum Domini ibimus. Gloria Patri. Laetare.

 

 

 

Réjouis-toi, Jérusalem, et vous tous qui l'aimez, rassemblez-vous ; unissez-vous à sa joie, vous qui avez été dans la tristesse; tressaillez d'allégresse, rassasiez-vous et soyez consolés dans ses délices.

 

Ps. Je me suis réjoui dans cette parole qui m'a été dite : Nous irons dans la maison du Seigneur. Gloire au Père. Réjouis-toi.

 

 

 

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Dans la Collecte, l'Eglise confesse que ses enfants ont mérité la pénitence qu'ils s'imposent; mais elle demande pour eux la faveur de pouvoir aujourd'hui respirer un peu, en se livrant à l'espérance des consolations qui leur sont réservées.

 

Collecte.

 

 

Concede, queesumus omnipotens Deus : ut qui ex merito nostræ actionis affligimur, tunc gratis consolatione respiremus. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.

 

 

 

Faites, s'il vous plaît, Dieu tout-puissant, qu'étant justement affligés à cause de nos péchés, nous respirions par la consolation de votre grâce. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

 

La deuxième et la troisième Collectes, ci-dessus, au premier Dimanche de Carême, page 144.

 

ÉPÎTRE.

 

 

Lectio Epistolae beati Pauli Apostoli ad Galatas. Cap. IV.

 

Fratres, Scriptum est : Quoniam Abraham duos filios habuit : unum de ancilla, et unum de libera. Sed qui de ancilla, secundum carnem natus est : qui autem de libera, per repromissionem : quee sunt per allegoriam dicta. Haec enim sunt duo testamenta. Unum quidem in monte Sina, in servitutem generans : quæ est Agar : Sina enim mons est in Arabia, qui conjunctus est ei quæ nunc est Jerusalem, et  servit cum filiis suis. Illa autem, quae sursum est Jerusalem, libera est, quæ est mater nostra. Scriptum est enim : Laetare, sterilis, quæ non paris: erumpe et clama, quae non parturis : quia multi filii desertae, magis quam ejus quae habet virum. Nos autem, fratres, secundum Isaac promissionis filii sumus. Sed quomodo tunc is, qui secundum carnem natus fuerat persequebatur eum, qui secundum spiritum : ita et nunc. Sed quid dicit Scriptura ? Ejice ancillam et filium ejus: non enim haeres erit filius ancilla? cum filio liberae. Itaque, fratres, non sumus ancillae filii, sed liberas : qua libertate Christus nos liberavit.

 

 

Lecture de l'Epître du bienheureux Paul, Apôtre, aux Galates. Chap. IV.

 

Mes Frères, il est écrit qu'Abraham eut deux tils, l'un de la servante, et l'autre de la femme libre; mais celui qui naquit de la servante naquit selon la chair; celui qui naquit de la femme libre naquit en vertu de la promesse. Ceci est une allégorie; car ces deux femmes sont les deux alliances, dont la première, établie sur le mont Sinaï, engendre pour la servitude : c'est celle que figure Agar. En effet, Sinaï est une montagne d'Arabie qui tient à la  Jérusalem d'ici-bas, laquelle est esclave avec ses enfants ; au lieu que la Jérusalem d'en haut est libre; et c'est elle qui est notre mère. Car il est écrit : Rejouis-toi, stérile, toi qui n'enfantais pas ; éclate, pousse des cris de joie, toi qui ne devenais pas mère, parce que celle qui était délaissée a maintenant plus de fils que celle qui a un mari. Nous sommes donc, mes Frères, les enfants de la promesse figurés dans Isaac ; et comme alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l'esprit, ainsi en est-il encore aujourd'hui. Mais que dit l’Ecriture? Chasse la servante et son fils , car le fils de la servante ne sera point héritier avec celui de la femme libre. Ainsi, mes Frères, nous ne sommes pas les fils de la servante, mais de la femme libre, par la liberté que le Christ nous a octroyée.

 

 

 

 

Réjouissons-nous donc, enfants de Jérusalem et non plus du Sinai ! La mère qui nous a enfantés, la sainte Eglise, n'est point esclave, elle est libre ; et c'est pour la liberté qu'elle nous a mis au jour. Israël servait Dieu dans la terreur; son cœur toujours porté à l'idolâtrie avait besoin d'être sans cesse comprimé par la crainte, et le joug meurtrissait ses épaules. Plus heureux que lui, nous servons par amour ; et pour nous « le joug est doux et le fardeau léger (1) ». Nous ne

 

1. MATTH. XI, 3o.

 

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sommes pas citoyens de la terre ; nous ne faisons que la traverser; notre unique patrie est la Jérusalem d'en haut. Nous laissons celle d'ici-bas au Juif qui ne goûte que les choses terrestres, et qui, dans la bassesse de ses espérances, méconnaît le Christ, et s'apprête à le crucifier. Trop longtemps nous avons rampé avec lui sur la terre ; le péché nous tenait captifs; et plus les chaînes de notre esclavage s'appesantissaient sur nous, plus nous pensions  être libres. Le temps favorable est arrivé, les jours de salut sont venus; et, dociles à la voix de l'Eglise, nous avons  eu le bonheur d'entrer dans les sentiments et dans les pratiques de  la sainte Quarantaine. Aujourd'hui, le péché nous apparaît comme le plus pesant des jougs, la chair comme  un fardeau dangereux,  le monde comme un tyran impitoyable; nous commençons à respirer, et l'attente d'une délivrance prochaine nous inspire de vifs transports. Remercions avec effusion notre libérateur qui nous tire de la servitude d'Agar, qui nous affranchit des terreurs du Sinai, et, nous substituant à l'ancien peuple, nous ouvre par son sang les portes de la céleste Jérusalem.

Le Graduel exprime la joie des gentils convoqués à venir prendre place dans la maison du Seigneur, qui désormais est à eux. Le Trait célèbre la protection de Dieu sur l'Eglise, la nouvelle Jérusalem qui ne sera point ébranlée comme la première. Cette sainte cité communique à ses enfants la sécurité dont elle jouit : car le Seigneur veille sur son peuple comme sur elle-même.

 

 

GRADUEL.

 

 

Laetus sum in his quæ dicta  sunt mihi : In domum Domini ibimus.

V/. Fiat pax in virtute tua  :  et abundantia in turribus  tuis.

 

 

J'ai été ravi de joie, quand on m'a  dit : Nous irons en la  maison du Seigneur.

V/. Que la  paix règne sur tes remparts, et l'abondance dans tes palais.

 

 

 

TRAIT.

 

 

Qui confidunt in Domino , sicut mons Sion : non commovebitur in æternum, qui habitat in Jerusalem.

 

V/. Montes in circuitu ejus : et Dominus in circuitu populi sui, ex hoc nunc, et usque in sæculum.

 

 

 

Ceux qui se confient dans le Seigneur sont comme la montagne de Sion ; il ne sera jamais ébranlé, celui qui habite en Jérusalem.

V/. Des montagnes environnent cette ville de toutes parts ; et le Seigneur est le boulevard de son peuple, aujourd'hui et à jamais.

 

 

 

 

EVANGILE.

 

 

Sequentia sancti Evangelii secundum Johannem. Cap. VI.

 

In illo tempore : Abiit Jesus trans mare Galilaeae, quod est Tiberiadis : et sequebatur eum multitudo magna, quia videbant signa quæ faciebat super his qui infirmabantur. Subnt ergo in montem Jesus : et ibi sedebat cum discipulis suis. Erat autem proximum Pascha, dies festus Judæorum. Cum sublevasset ergo oculos Jesus, et vidissetquia multitudo maxima venit ad eum, dixit ad Philippum : Unde ememus panes, ut manducent hi ? Hoc autem dicebattentanseum : ipse enim sciebat quid esset facturus. Respondit ei Philippus : Ducentorum denariorum panes non sufficiunt eis, ut unusquisque modicum quid accipiat. Dicit ei unus ex discipulis ejus, Andréas, frater Simonis Petri : Est puer unus hic, qui habet quinque panes hordeaceos, et duos pisces : sed tuec quid sunt inter tantos ? Dixit ergo Jesus : Facite homines discumbere. Erat autem fœnum multum in loco. Discubuerunt ergo viri, numéro quasi quinque millia. Accepit ergo Jesus panes : et eum gratiasegisset, distribuit discumbentibus : similiter et ex piscibus quantum volebant. Ut autem impleti sunt, dixit discipulis suis : Colligite quæ superaverunt fragmenta, ne pereant. Gollegerunt ergo, et impleverunt duodecim cophinos fragmentorum ex quinque panibus hordeaceis, quæ superfuerunt his qui manducaverant. Illi ergo homines eum vidissent quod Jesus fecerat signum, dicebant : Quia hic est vere propheta, qui venturus est in mundum. Jesus ergo cum cognovisset quia venturi essent ut raperent eum, et facerent eum regem fugit iterum in montem ipse solus.

 

 

 

La suite du  saint Evangile selon saint Jean. Chap. VI.

 

En ce temps-là, Jésus s'en alla de l’autre côté de la mer de Galilée, qui est celle de Tibériade, et une grande multitude le suivait, parce qu'ils voyaient les miracles qu'il faisait sur ceux qui étaient malades. Il monta sur une montagne et il s'y assit avec ses disciples. Or la Pâque, qui est la grande fête des Juifs, était proche. Jésus donc, levant les yeux, et vovant qu'une très grande multitude venait à lui, dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains pour donner à manger à tout ce monde ? Il disait cela pour le tenter : car il savait bien ce qu'il devait faire. Philippe lui répondit : Quand on aurait du pain pour deux cents deniers, cela ne suffirait pas pour en donner à chacun quelque peu. Un de ses disciples, André, frère de Simon Pierre, lui dit : Il y a ici un jeune homme qui a cinq pains d'orge et deux poissons ; maisqu'est-ce que cela pour tant de monde ? Jésus dit : Faites-les asseoir. Il y avait beaucoup d'herbe en ce lieu. Ils s'assirent donc, au nombre d'environ cinq mille. Et Jésus prit les pains, et ayant rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis ; et pareillement des deux poissons, autant qu'ils en voulaient. Après qu'ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Recueillez les morceaux qui sont restés, pour qu'ils ne se perdent pas. Ils les recueillirent donc, et remplirent douze corbeilles des morceaux restés des cinq pains d'orge, après que tous en eurent mangé. Ces hommes, ayant donc vu le miracle que Jésus avait fait, disaient : Celui-ci est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde. Mais Jésus, sachant qu'ils devaient venir pour l'enlever et le faire roi, s'enfuit et se retira seul sur la montagne.

 

 

 

 

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Ces hommes que le Sauveur venait de rassasier avec tant de bonté et une puissance si miraculeuse, n'ont plus qu'une pensée : ils veulent le proclamer leur roi. Cette puissance et cette bonté réunies  en  Jésus  le leur font  juger  digne de régner sur  eux. Que  ferons-nous  donc, nous chrétiens, auxquels  ce double attribut du Sauveur est incomparablement mieux connu qu'il ne l'était à ces pauvres Juifs? 11 nous faut dès aujourd'hui  l'appeler  à régner sur nous. Nous venons de  voir dans l'Epître que c'est lui qui nous a apporté la liberté,  en nous affranchissant de nos ennemis. Cette liberté, nous ne la pouvons conserver que sous sa loi. Jésus n'est point un tyran, comme le monde  et la  chair: son empire  est doux et pacifique, et nous  sommes plus encore ses enfants que ses sujets. A la cour de ce grand roi, servir c'est régner. Venons donc oublier auprès de lui tous nos esclavages passés ; et si quelques  chaînes nous retiennent encore, hâtons-nous de les rompre : car la Pâque est la fête de la délivrance, et déjà le crépuscule de ce grand jour  paraît  à l'horizon. Marchons  sans faiblesse  vers le terme; Jésus nous donnera le repos, il nous fera asseoir sur le gazon comme ce peuple de notre  Evangile;  et le Pain  qu'il nous a  préparé  nous fera promptement oublier les fatigues de la route.

Dans l'Offertoire, l'Eglise continue d'employer les paroles de David pour louer le Seigneur; mais c'est sa bonté et sa puissance qu'elle se plaît à célébrer aujourd'hui.

 

OFFERTOIRE.

 

 

Laudate   Dominum, quia  benignus est : psallite Nomini ejus, quoniam suavis est : omnia quascumque voluit, fecit in cœlo et in terra.

 

 

Louez le  Seigneur, parce qu'il est bon : chantez à son Nom, parce qu'il est doux : il a fait tout ce qu'il a voulu au ciel et sur la terre.

 

 

 

La Secrète demande pour le peuple fidèle un accroissement de dévotion, par les mérites du Sacrifice qui va s'offrir, et qui est le principe du salut.

 

SECRETE.

 

 

Sacrificiis praesentibus, Domine, quæsumus, intende placatus : ut et devotioni nostrae proficiant et saluti. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.

 

 

Daignez, Seigneur, recevoir favorablement le présent Sacrifice ; et qu'il serve à nourrir notre piété et à nous faire obtenir le salut. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

 

La deuxième et la troisième Secrètes, ci-dessus, au premier Dimanche de Carême, page 153.

 

Dans l'Antienne de la Communion, l'Eglise exalte la gloire de la Jérusalem céleste, figurée par l'auguste Basilique de Sainte-Croix qui s'honore de ce nom mystérieux. Elle chante l'allégresse des tribus du Seigneur rassemblées dans l'enceinte de ce temple pour y contempler, sous le gracieux symbole de la Rose, le divin Epoux de la nature humaine qui attire les fidèles à l'odeur de ses parfums.

 

COMMUNION.

 

 

Jerusalem quæ ædifïcatur ut civitas, cujus participatio ejus in idipsum : illuc enim ascenderunt tribus, tribus Domini, ad conritendum Domini tuo, Domine.

 

 

Jérusalem est bâtie comme une ville, dont toutes les parties sont unies et liées ensemble. C'est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur, pour célébrer votre Nom, ô Seigneur !

 

 

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En ce jour où le divin mystère du Pain de vie est proposé à notre foi et à notre amour, l'Eglise demande pour nous, dans la Postcommunion, la grâce d'y participer toujours avec le respect et la préparation qui conviennent à un si auguste mystère.

 

 

POSTCOMMUNION.

 

 

Da nobis, quaesumus misericors Deus : ut sancta tua, quibus incessanter explemur, sinceris tractemus obsequiis. et fideli semper mente sumamus. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.

 

 

Dieu de miséricorde, faites-nous la grâce de nous approcher avec un respect sincère de vos Mystères sacrés, dont nous sommes sans cesse nourris, et de les recevoir toujours dans un cœur fidèle. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

 

La deuxième et la troisième Postcommunions, ci-dessus, au premier Dimanche de Carême, page 154.

 

A VÊPRES.

 

Les Psaumes se trouvent aux Vêpres du Dimanche, ci-dessus, pages 112 et suivantes.

 

CAPITULE.

 

 

Fratres : Scriptum est, quoniam Abraham duos filios habuit : unum de ancilla, et unum de libera. Sed qui de ancilla, secundum carnem natus est; qui autem de libera, per repromissionem : quae sunt per allegoriam dicta.

 

 

R/. Deo gratias.

 

 

Mes Frères, il est écrit qu'Abraham eut deux fils, l'un de la servante et l'autre de la femme libre : celui qui naquit de la servante naquit selon la chair; mais celui qui naquit de la femme libre naquit en vertu de la promesse : ceci est une allégorie.

 

R/. Rendons grâces à Dieu.

 

 

 

L'Hymne et le Verset, ci-dessus, page 120.

 

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Antienne de Magnificat.

 

 

Subiit ergo in montem Jesus, et  ibi sedebat cum discipulis suis.

 

 

Jésus monta sur une montagne,  et s'y assit avec ses disciples.

 

 

 

ORAISON.

 

 

Concede, quaesumus omnipotens Deus, ut qui ex merito nostrae actionis affligimur, tuæ gratis consolatione respiremus. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.

 

 

Faites, s'il vous plaît, Dieu tout-puissant, qu'étant justement affligés à cause de nos péchés, nous respirions par la consolation de votre grâce. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

Nous empruntons au Triodion de l'Eglise grecque les strophes suivantes, qui se rapportent à l'Office d'aujourd'hui, et expriment les sentiments du chrétien, au milieu de la sainte Quarantaine.

 

 

(Dominica IV Jejuniorum.)

 

 

Sacro jejunii stadio jam dimidio superemenso, ad futurum in laetitia recte curramus, bonorum operum oleo animos ungentes, ut Christi Dei nostri divinas passiones adorare, et ad ejus venerandam et sanctam resurrectionem pervenire mereamur.

 

 

 

Qui vitem plantavit et operarios vocavit, prope adest Salvator; venite, jejunii  athletas, mercedem capiamus, quia dives est dispensator et misericors ; parum laborantes, animae misericordiam recipiemus.

 

 

O Deus qui das vitam, aperi mihi portas paenitentia: ; vigilat enim ad templum sanctum tuum spintus meus, templum corporis ferens penitus maculatum : sed tu miserans, purifica me propitiabili misericordia tua.

 

Venite, faciamus in mystica vite fructus paenitentiae : in illa laborantes, non epulemur in escis et potibus, sed in precibus et jejuniis, actiones virtutis operantes; his complacens Dominus operis denarium præbet, per quod ab iniquitatis debito animas liberat solus multum Deus misericors.

 

 

Déjà nous avons parcouru plus de la moitié de la carrière du jeûne; courons dans le stade, et achevons la course avec allégresse; oignons nos âmes de l'huile des bonnes œuvres, afin que nous méritions d'adorer la divine Passion du Christ notre Dieu, et d'arriver à la sainte Résurrection digne de tous nos hommages.

 

Celui qui a planté la vigne et appelé les ouvriers, le Sauveur, est proche ; venez, athlètes du jeûne,  recevoir la récompense : car il est riche, ce dispensateur, et plein de miséricorde. Nous avons peu travaillé; et cependant nos âmes recevront ses faveurs.

 

O Dieu ! qui donnes la vie, ouvre-moi les portes de la pénitence. Mon esprit veille dans ton temple saint; mais le temple du corps qui lui est uni a contracté un grand nombre de taches Prends pitié, et purifie-moi dans ta miséricordieuse bonté.

 

Venez, produisons des fruits de pénitence dans la vigne mystique ; travaillons, ne nous livrons point au manger et au boire ; accomplissons des œuvres de vertu dans la prière et le jeûne. Le Seigneur y prendra plaisir; et, pour prix de notre travail, il nous donnera le denier qui délivre les âmes de la dette du péché, lui le seul Dieu, lui dont la miséricorde est grande.

 

 

 

 

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