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LE MERCREDI DE LA TROISIÈME SEMAINE DE CARÊME.
La Station, à Rome,
est dans l'Eglise de Saint-Sixte, sur la Voie Appienne. On l’appelle
aujourd'hui Saint-Sixte-le-Vieux,
pour la distinguer d'une autre
consacrée à la mémoire
du même saint Pape et Martyr.
COLLECTE.
Praesta nobis,
quaesumus Domine, ut salutaribus
jejuniis eruditi, a noxiis quoque vitiis abstinentes, propitiationem
tuam facilius impetremus. Per Christum Dominum nostrum. Amen.
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Faites, Seigneur, que ces jeûnes salutaires contribuant à
nous éclairer, nous parvenions à nous abstenir des péchés qui nous sont si
dangereux, et que nous obtenions plus promptement votre miséricorde. Par
Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.
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LEÇON.
Lectio libri
Exodi. Cap. XX.
Haec dicit
Dominus Deus : Honora patrem tuum, et matrem tuam, ut sis longcevus super
terram, quam Dominus Deus tuus dabit libi. Non occides. Non mœchaberis. Non
furtum facies. Non loqueris contra proximum tuum falsum testimonium. Non concupisces domum proximi
tui, nec desiderabis uxorem ejus, non servum, non ancillam, non bovem, non
asinum, nec omnia quæ illius sunt. Cunctus autem populus videbat roces, et
lampades, et sonitum buccinas, montemque fumantem : et perterriti, ac pavore
concussi steterunt procul, dicentes Moysi : Loquere tu nobis, et audiemus :
non loquatur nobis Dominus, ne forte moriamur Et ait Moyses ad populum :
Nolite timere : ut enim probaret vos venit Deus ; et ut terror illius esset
in vobis, et non peccaretis. Stetitque populus de longe. Moyses autem accessit ad caliginem, in
qua erat Deus. Dixit praeterea Dominus
ad Moysen : Haec dices filiis Israël : Vos vidistis quod de cœlo locutus sim vobis.
Non facietis deos argenteos, nec deos aureos facietis vobis. Altare de terra facietis mihi, et offeretis super eo holocausta et pacifica vestra, oves vestras, et boves, in omni loco in quo memoria
fuerit Nominis mei.
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Lecture du livre de l'Exode. Chap. XX.
Voici ce que dit le Seigneur : Honore ton père et ta mère,
afin de vivre longtemps sur la terre que le Seigneur ton Dieu te donnera. Tu
ne tueras point. Tu ne commettras point d'adultère. Tu ne déroberas point. Tu
ne porteras point faux témoignage contre ton prochain. Tu ne désireras point la maison de ton prochain ;
tu ne convoiteras point sa femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son
bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui est à lui. Or tout le peuple entendait le
bruit de la voix et le son de la trompette ; il voyait les éclairs et la
montagne fumante ; et, dans la crainte et l'effroi dont ils étaient saisis, ils
se tinrent loin de la montagne, et dirent à Moïse : Parlez-nous vous-même, et
nous écouterons ; mais que le Seigneur ne nous parle plus, de peur que nous
ne mourions. Et Moïse dit au peuple : Ne craignez point : car Dieu est venu
pour vous éprouver, et afin que sa terreur soit en vous, et que vous ne
péchiez point. Le peuple donc demeura bien loin ; mais Moïse entra dans
l'obscurité où Dieu était. Le Seigneur dit encore à Moïse: Tu diras ceci aux
enfants d'Israël : Vous avez vu que je vous ai parlé du ciel. Vous ne vous
ferez point de dieux d'argent, ni de dieux d'or. Vous me dresserez un autel
en terre, et vous offrirez dessus vos holocaustes et vos hosties pacifiques,
vos brebis et vos bœufs, en tous les lieux où la mémoire de mon Nom sera
établie.
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L’Eglise nous rappelle aujourd'hui les préceptes du Seigneur
qui ont rapport au prochain, en commençant par celui qui prescrit le respect
des parents. Dans ce temps de réforme et de conversion, il est utile aux
fidèles de se souvenir que c'est sur l'autorité de Dieu que reposent nos
devoirs envers les hommes : d'où il suit que c'est Dieu même que nous avons
offensé, quand nous avons péché contre nos semblables. Le Seigneur réclame
d'abord ses propres droits ; il veut être adoré et servi; il défend le culte grossier
des idoles ; il prescrit l'observation du Sabbat, les sacrifices, les
cérémonies; mais en même temps il veut que l'homme aime son prochain comme
lui-même ; il se déclare le vengeur de nos frères. quand
nous les avons lésés, si nous ne réparons pas le tort ou l'injure. La voix de
Jéhovah est aussi tonnante sur le Sinai, quand elle
réclame les droits de notre prochain, que lorsqu'elle retentit pour déclarer à
l'homme ses obligations envers son Créateur. Etant ainsi éclairés sur l'origine
de nos devoirs, nous comprendrons mieux l'état de nos consciences, et combien
nous sommes redevables à la justice de Dieu. Mais si l'ancienne loi, gravée sur
des tables de pierre. sanctionne avec tant d'autorité
le précepte de l'amour du prochain; combien plus la nouvelle. scellée du sang de Jésus-Christ mourant sur la croix pour
ses frères ingrats, nous révèlera-t-elle l'étendue du précepte de la charité
fraternelle ! Ces deux lois sont devant nous; elles sont le double texte sur
lequel nous serons jugés ; hâtons-nous donc de nous conformer à ce qu'elles
prescrivent, afin que cette parole du Sauveur s'accomplisse en nous : « Tout le
monde verra que vous « êtes mes disciples à l'affection que vous aurez les uns
pour les autres (1). »
321
EVANGILE.
Sequentia
sancti Evangelii secundum Matthaeum. Cap. XV.
In illo
tempore: Accesserunt ad Jesum ab Jerosolymis Scribæ et Pharisaji, dicentes :
Quare discipuli tui transgrediuntur traditionem seniorum ? non enim lavant
manus suas cum panem manducant. Ipse autem respondens, ait illis : Quare et vos transgredimini mandatum Dei propter traditionem ves-tram? Nam Deus dixit :
Honora patrem et matrem.
Et: Qui maledixerit patri vel
matri, morte moriatur. Vos autem
dicitis : Quicumque dixerit patri vel matri: Munus quodeumque est ex me tibi prodent : et non honorificabit patrem suum aut matrem
suam : et irritum fecistis mandatum Dei propter traditionem vestram. Hypocrite, bene prophetavit de vobis Isaias, dicens : Populus hic labiis me honorat : cor autem eorum longe est a me. Sine causa autem
colunt me, docentes
doctrinas et mandata hominum. Et convocatis ad se turbis, dixit eis : Audite, et intelligite.
Non quod intrat in os, coinquinat
hominem : sed quod procedit
ex ore, hoc coinquinat
hominem. Tunc accedentes discipuli ejus, dixerunt ei : Scis quia Pharisaei, audito verbo hoc scandalizati sunt? At ille respondens,
ait : Omnis plantatio cjuam non plantavit Pater meus cœlestis, eradicabitur. Sinite illos : caeci sunt, et duces cœcorum. Caecus autem si caeco ducatum prœstet, ambo in foveam cadunt. Respondens autem Petrus, dixit ei : Edisserc nobis parabolam istam. At ille
dixit : Adhuc et vos sine intellectu
estis? Non intelligitis
quia omne quod in os intrat,
in ventrem vadit, et in secessum emittitur ? Quœ autem procedunt
de ore, de corde exeunt,
et ea coinquinant hominem
: de corde enim exeunt cogitationes malæ, homicidia, adulteria, fornicationes, furta, falsa testimonia, blasphemiae. Haec sunt quae coinquinant
hominem. Non lotis autem manibus
manducare, non coinquinat
hominem.
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La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. XV.
En ce temps-là, des Scribes et des Pharisiens venus de
Jérusalem s'approchèrent de Jésus, et lui dirent : Pourquoi vos disciples
transgressent-ils les traditions des Anciens ? Car ils ne lavent pas leurs
mains, lorsqu'ils mangent du pain ? Mais il leur répondit : Et vous, pourquoi
transgressez-vous le commandement de Dieu par votre tradition? Car Dieu a dit
: Honore ton père et ta mère; et: Quiconque maudira son père ou sa mère, mourra
de mort. Mais vous, vous dites : Quiconque dira à son père ou à sa mère :
Tout don que j'offre à Dieu vous est utile, satisfait à la loi, encore
qu'après cela il n'honore point son père ni sa mère. Et ainsi vous avez rendu
inutile le commandement de Dieu par votre tradition. Hypocrites, c'est bien d,e vous qu'Isaïe a prophétisé, lorsqu'il a dit : Ce peuple
m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ; le culte qu'ils me
rendent est vain, et ils enseignent des doctrines et des ordonnances humaines.
Puis, ayant appelé le peuple, il leur dit : Ecoutez, et comprenez. Ce n'est
pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme ; mais ce qui sort de la
bouche, c'est là ce qui souille l'homme. Alors ses disciples, s'approchant,
lui dirent : Savez-vous que les Pharisiens, entendant cette parole, se sont
scandalisés? Mais il leur répondit : Toute plante que mon Père céleste n'a
point plantée, sera arrachée. Laissez-les : ce sont des aveugles et des
conducteurs d'aveugles. Or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tombent
tous deux dans la fosse. Pierre, reprenant, lui dit : Expliquez-nous cette
parabole. Mais il lui répondit : Etes-vous donc encore, vous aussi, sans
intelligence ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre par la bouche va
au ventre, et est rejeté ensuite en un lieu secret? Mais ce qui sort de la
bouche part du cœur, et c'est là ce qui souille l'homme. Car c'est du cœur
que sortent les mauvaises pensées, les homicides, les adultères, les
fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes. C'est là ce qui
souille l'homme; mais manger sans avoir lavé ses mains, ne souille point
l'homme.
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La loi que Dieu avait donnée à
Moïse prescrivait un grand nombre de pratiques et de cérémonies extérieures; et
les Juifs fidèles les observaient avec zèle et ponctualité. Jésus lui-même,
bien qu'il fût le législateur suprême, s'y conforma en toute humilité. Mais les
Pharisiens avaient ajouté des traditions humaines et superstitieuses aux lois
et aux ordonnances divines, et ils faisaient consister la religion dans ces
inventions de leur orgueil. Le Sauveur vient au secours des faibles et des
simples que ce faux enseignement pouvait égarer, et il rétablit le véritable
sens des prescriptions extérieures. Les Pharisiens pratiquaient dans le cours
de la journée un grand nombre de lotions, prétendant que s'ils ne se fussent
pas ainsi lavé les mains, et même une fois par jour tout le corps, leur
nourriture aurait été impure, à raison des souillures qu'ils avaient
contractées par la rencontre ou le contact de mille choses qui n'étaient point
signalées dans la loi. Jésus veut arracher les Juifs à ce joug humiliant et
arbitraire, et il reproche aux Pharisiens d'avoir perverti la loi de Moïse.
Venant ensuite à juger le fond de
ces pratiques, il enseigne qu'il n'y a point de créature impure par elle-même,
que la conscience d'un homme ne saurait être souillée par le seul fait de la
nourriture qui descend dans son estomac. « Ce qui a rend l'homme coupable, ce
sont, dit le Sauveur, les pensées mauvaises, les œuvres mauvaises, qui montent
du cœur. » Les hérétiques ont prétendu trouver dans ces paroles la réprobation
des pratiques extérieures qu'impose l'Eglise, et spécialement la condamnation
des abstinences qu'elle prescrit ; mais en cela ils méritent qu'on leur applique
à leur tour ce que Jésus-Christ disait aux Pharisiens : « Ce sont des aveugles
qui conduisent d'autres aveugles. » En effet, de ce que les péchés que l'homme
commet à propos des choses matérielles doivent être mis sur le compte de la
volonté qui est spirituelle, il ne s'ensuit pas que cette volonté puisse
innocemment user des choses matérielles, lorsque Dieu, ou son Eglise qui
commande en son nom, le défendent. Dieu défendit à nos premiers pères, sous
peine de mort, de manger du fruit d'un certain arbre ; ils en mangèrent et
furent coupables. Est-ce parce que le fruit en lui-même était impur ? Non ; ce
fruit était une créature de Dieu comme les autres fruits du jardin; mais le
cœur de nos premiers parents accueillit la pensée de la désobéissance et s'y livra
: voilà comment le péché fut commis à l'occasion d'un fruit. Par sa loi donnée
sur le Sinaï, Dieu avait interdit aux Hébreux l'usage de la chair de certaines
espèces d'animaux; s'ils en mangeaient, ils devenaient coupables, parce qu'ils
avaient désobéi au Seigneur, et non parce que ces viandes étaient maudites en
elles-mêmes. Les préceptes de l'Eglise relatifs au jeûne et à l'abstinence sont
de même nature que ceux que nous venons de rappeler. Afin de nous donner lieu
d'appliquer en nous, et uniquement dans notre intérêt, le principe de la
pénitence chrétienne, l'Eglise nous prescrit l'abstinence dans une certaine
mesure ; si nous violons sa loi, ce ne sont pas les mets dont nous usons qui
nous souillent : c'est la révolte contre un pouvoir sacré que Jésus-Christ
recommandait hier à notre respect avec tant d'énergie, qu'il ne faisait pas
difficulté de nous dire que quiconque n'écoute pas l'Eglise doit être tenu
par nous au rang des païens.
325
Humiliate capita
vestra Deo.
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Humiliez vos têtes devant Dieu.
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ORAISON.
Concede, quæsumus
omnipotens Deus : ut qui protectionis
tuae gratiam quaerimus, liberati a malis
omnibus, secura tibi
mente serviamus. Per Christum Dominum nostrum. Amen.
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Daignez faire, ô Dieu tout-puissant, que nous, qui reclamons la grâce de votre protection, étant délivrés de-tous les maux, nous vous servions dans un esprit
tranquille. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.
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L'Eglise gothique d'Espagne nous
offrira encore aujourd'hui une des
solennelles Supplications qu'elle adressait à Dieu, pendant le Carême.
PRECES.
(Breviar. Mozarab. Ad Sextam
in IV Feria V Hebdomadœ.)
Ad te, Redemptor omnium, rex summe, oculos
nostros sublevamus
fientes : exaudi, Christe,
supplicantium preces.
R/. Et miserere.
V/. Dextra Patris,
lapis angularis, via salutis,
janua cœlestis, ablue nostri maculas delicti.
R/. Et miserere.
V/. Rogamus. Deus, tuam majestatem : auribus sacris gemitus exaudi : crimina nostra placidus indulge.
R/. Et
miserere.
V/. Tibi
fatemur crimina admissa, contrito corde pandimus occulta : tua, Redemptor,
pietas ignoscat
R/. Et miserere.
V/. Innocens captus,
nec repugnans ductus : testibus falsis pro impiis damnatus : quos redemisti, tu conserva, Christe.
R/. Et miserere.
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Rédempteur de tous, roi suprême, nous élevons vers vous
nos yeux baignés de pleurs ; exaucez, ô Christ, vos suppliants.
R/. Ayez pitié.
V/. Droite du Père, pierre angulaire, voie du salut, porte
du ciel, lavez les taches de nos péchés.
R/. Ayez pitié.
V/. Nous prions, ô Dieu, votre majesté ; que votre oreille
sacrée écoute nos gémissements; dans votre indulgence ,
remettez nos crimes
R/. Ayez pitié.
V/. Nous vous confessons le mal commis ; d'un cœur contrit
nous révélons nos secrets; ô Rédempteur, que votre bonté pardonne !
R/. Ayez pitié.
V/. O vous l'innocent chargé de fers,
entraîné par vos ennemis sans résistance, condamné sur de faux
témoignages à la mort pour les impies ; conservez, ô Christ, ceux que vous
avez rachetés.
R/. Ayez pitié.
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