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CHAPITRE V. DE L'ASSISTANCE A LA SAINTE MESSE, AU TEMPS DU CAREME.
Le chrétien, au temps du Carême,
s'il sait entrer dans l'esprit de l'Eglise, voit croître en lui ce sentiment de
la crainte de Dieu qui, selon le Psalmiste, est le commencement de la sagesse.
Le souvenir de ses péchés, la pratique des saintes rigueurs de la
pénitence, l'exemple si éloquent d'un
Dieu qui expie par le jeûne et dans le silence du désert nos prévarications, la
prière continuelle de l'Eglise en faveur de ses enfants coupables : tout
l'arrache à la mollesse dans laquelle il a trop longtemps vécu. Il lui faut
donc un refuge, un secours puissant et salutaire qui ranime en son cœur cette
espérance chrétienne, sans laquelle il ne peut être enfant de Dieu. Il lui faut plus encore: il a besoin d'une Victime
de propitiation qui apaise en sa faveur la colère céleste, d'un Sacrifice au
moyen duquel il puisse désarmer ce bras redoutable qu'il sent levé contre ses
iniquités.
Cette Victime est prête, ce
Sacrifice d'un mérite infini est mis à notre disposition. Bientôt nous
célébrerons le douloureux anniversaire du jour auquel il fut offert sur la
croix; en attendant, il est chaque jour présenté à la Majesté divine, et c'est
surtout en y prenant part que nous obtiendrons la régénération de nos âmes.
Lors donc que nous voulons présenter à Dieu le sacrifice de notre cœur
contrit et humilié, si nous voulons le
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rendre plus acceptable,
approchons-nous de l'autel, et supplions la Victime qui s'y offre pour nous de
joindre ses mérites infinis aux faibles œuvres de notre pénitence. Quand nous
sortirons de la maison de Dieu, le poids de nos péchés sera déjà grandement
allégé, la confiance en la divine miséricorde aura pris un nouvel
accroissement, et l'amour, renouvelé par la componction, s'élèvera vers Dieu
plus fort et plus sincère.
Nous allons maintenant essayer de
réduire à la pratique ces sentiments dans une explication des mystères de la
sainte Messe, nous efforçant d'initier les fidèles à ces divins secrets, non
par une stérile et téméraire traduction des formules sacrées, mais au moyen
d'actes destinés à mettre les assistants en rapport suffisant avec les paroles
et les sentiments de l'Eglise et du Prêtre.
La couleur violette, les rites
sévères que nous avons exposés plus haut, donnent au saint Sacrifice, durant le
Carême, une teinte de tristesse qui s'harmonise avec les sentiments de cette
saison mystérieuse. Toutefois, s'il se rencontre, hors le Dimanche, quelque
fête en l'honneur des Saints, l'Eglise la célèbre encore, à moins que Ton ne soit
déjà entré dans la Semaine sainte. En ces jours consacrés à la mémoire des amis
de Dieu, elle dépose pour un moment ses habits de deuil, et offre le Sacrifice
en leur honneur.
Le Dimanche, si la Messe à
laquelle on assiste est paroissiale, deux rites solennels, l'Aspersion de l'eau
bénite, et, en beaucoup d'Eglises, la Procession, devront d'abord intéresser la
piété.
Pendant l'Aspersion, nous
demanderons avec David, dont l'Eglise emprunte les paroles, que nos âmes,
purifiées par l’hysope de l'humilité, redeviennent plus blanches que la
neige.
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ANTIENNE DE L’ASPERSION.
Asperges me, Domine, hyssopo, et mundabor : lava bis me,
et super nivem dealbabor.
Ps. Miserere mei, Deus, secundum magnam
misericordiam tuam. Gloria Patri. Asperges me.
V/. Ostende
nobis, Domine, misericordiam tuam ;
R/. Et Salutare
tuum da nobis.
V/. Domine, exaudi orationem meam ;
R/. Et clamor meus ad te veniat.
V/. Dominus vobiscum ;
R/. Et cum spiritu tuo.
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Vous m'arroserez, Seigneur, avec l'hysope, et je serai
purifié ; vous me laverez, et je deviendrai plus blanc que la neige.
Ps. O Dieu, ayez pitié de moi, selon votre grande
miséricorde. Gloire au Père. Nous m'arroserez.
V/. Montrez-nous , Seigneur, votre
miséricorde ;
R/. Et donnez-nous le Salut que vous nous avez préparé.
V/. Seigneur, exaucez ma prière ;
R/. Et que mon cri monte jusqu'à vous.
V/. Le Seigneur soit avec vous ;
R/. Et avec votre esprit.
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ORAISON.
Exaudi nos, Domine sancte, Pater omnipotens, reterne Deus
: et mittere digneris sanction Angelum tuum de cœlis, qui custodiat. foveat,
protegat, visitet, atque defendat omnes habitantes in hoc habitaculo. Per
Christum Dominum nostrum. Amen.
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Exaucez-nous, Seigneur saint, Père tout-puissant. Dieu
éternel, et daignez envoyer du ciel votre saint Ange qui garde, protège,
visite et défende tous ceux qui sont rassemblés en ce lieu. Par Jésus-Christ
notre Seigneur. Amen.
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Procession qui précède la Messe
nous montre l’Eglise qui se met en marche pour aller au-devant du Seigneur. Suivons-la
avec empressement,
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et souvenons-nous qu'il est écrit
que le Seigneur est plein de bonté pour l'âme qui le cherche sincèrement
(1).
Enfin, le moment du Sacrifice est
arrivé. Le Prêtre est au pied de l'autel, Dieu est attentif, les Anges adorent,
toute l'Eglise est unie au Prêtre qui n'a qu'un même sacerdoce, une même action
avec Jésus-Christ, le souverain Prêtre. Faisons avec lui le signe de la Croix.
L'ORDINAIRE DE LA
MESSE.
In nomine Patris, et Filii. et Spiritus Sancti. Amen.
V/. Introibo
ad altare Dei,
R/. Ad
Deum qui laetificat juventutem meam.
Judica me, Deus, et discerne causam meam de gente non
sancta : ab homine iniquo et doloso erue me.
Quia tu es, Deus, fortitudo mea : quare me repulisti ? et
quare tristis incedo, dum affligit me inimicus?
Emitte lucem tuam et veritatem tuam ; ipsa me deduxerunt
et adduxerunt in montem sanctum tuum, et in tabernacula tua.
Et introibo ad
al tare Dei : ad Deum qui laetificat juventutem meam.
Confitebor tibi in cithara, Deus, Deus meus : quare
tristis es, anima mea : et quare conturbas me ?
Spera in Deo,
quoniam adhuc confitebor illi :
salutare vultus mei, et Deus meus.
Gloria Patri, et Filio. er Spiritui Sancto.
Sicut erat in principio, et nunc, et semper, et in sæcula sæculorum.
Amen.
V/. Introibo ad
altare Dei,
R/. Ad Deum qui
laetificat juventutem meam.
V/. Adjutorium
nostrum in nomine Domini,
R/. Qui fecit cœlum et terram.
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Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi
soit-il.
Je m'unis, ô mon Dieu, a votre
sainte Eglise qui tressaille dans l'espoir de contempler bientôt au sein des
splendeurs de sa résurrection Jésus-Christ votre Fils, l'Autel véritable.
Comme elle, je vous supplie de me défendre contre la
malice des ennemis de mon salut.
C'est en vous que j'ai mis mon espérance ; et cependant je
me sens triste et inquiet, à cause des embûches qui me sont tendues.
Faites-moi donc voir, lorsque mon cœur en sera digne,
celui qui est la Lumière et la Vérité: c'est lui qui nous ouvrira l’accès à
votre sainte montagne, à votre céleste tabernacle.
Il est le médiateur, l'Autel vivant ; je m'approcherai de
lui, et je serai dans la joie. Quand je l'aurai vu, je chanterai avec
allégresse. O mon âme! ne t'attriste donc plus, ne sois plus troublée.
Espère en lui ; bientôt il se montrera à toi, vainqueur de
cette mort qu'il aura subie en ta place ; et tu ressusciteras avec lui.
Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit ;
Comme il était au commencement, et maintenant et toujours,
et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Je vais donc m'approcher de l'autel de Dieu, et sentir la
présence de Celui qui veut rajeunir mon âme.
Cette confiance est en moi, non à cause de mes mérites,
mais par le secours tout-puissant de mon Créateur.
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Cette pensée qu'il va paraître
devant le Seigneur fait naître dans l'âme du Prêtre un vif sentiment de
componction. Il ne veut pas aller plus loin sans confesser publiquement qu'il
est pécheur et indigne d'une telle grâce. Ecoutez avec respect cette confession
de l'homme de Dieu, et demandez sincèrement au Seigneur qu'il daigne lui faire
miséricorde; car le Prêtre est votre père; il est responsable de votre salut,
pour lequel il expose le sien tous les jours.
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Faites ensuite votre confession,
avec le ministre, disant à votre tour avec contrition :
Confiteor Deo omnipotenti, beatæ Maria; semper Virgini, beato Michaeli Archangelo , beato
Johanni Baptista; sanctis Apostolis Petro et Paulo, omnibus Sanctis, et tibi,
Pater, quia peccavi nimis, cogitatione, verbo et opere : mea culpa, mea
culpa, mea maxima culpa. Ideo precor beatam Mariam semper Virginem, beatum
Michaelem Archangelum, beatum Johannem Baptistam, sanctos Apostolos Petrum et
Paulum, omnes Sanctos, et te, Pater, orare pro me ad Dominum Deum nostrum.
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Je confesse à Dieu tout-puissant, à la bienheureuse Marie
toujours Vierge, à saint Michel Archange, à saint Jean-Baptiste, aux Apôtres
saint Pierre et saint Paul, à tous les Saints, et a vous, mon Père, que j'ai
beaucoup péché en pensées, en paroles et en œuvres, par ma faute, par ma
faute, par ma très grande faute. C'est pourquoi je supplie la bienheureuse
Marie toujours Vierge, saint Michel Archange, saint Jean-Baptiste, les
Apôtres saint Pierre et saint Paul, tous les Saints, et vous, mon Père, de
prier pour moi le Seigneur notre Dieu.
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Recevez avec reconnaissance le souhait paternel du Prêtre
qui vous dit :
V/. Misereatur vestri omnipotens Deus, et dimissis
peccatis vestris, perducat vos ad vitam aeternam.
R/. Amen.
V/. Indulgentiam, absolutionem, et remissionem peccatorum
nostrorum, tribuat nobis omnipotens et misericors Dominus.
R/. Amen.
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V/. Que le Dieu tout-puissant ait pitié de vous, qu’il
vous remette vos péchés, et vous conduise à la vie éternelle.
R/. Amen.
V/. Que le Seigneur tout-puissant et miséricordieux nous
accorde l'indulgence, l'absolution et la rémission de nos péchés.
R/. Amen.
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Relevez maintenant la tête, et appelez le secours divin pour
vous approcher de Jésus-Christ.
V/. Deus, tu conversus vivificabis nos;
R/. Et plebs tua laetabitur in te.
V/. Ostende nobis,
Domine, misericordiam tuam ;
R/. Et Salutare
tuum da nobis.
V/. Domine, exaudi orationem meam ;
R/. Et clamor meus ad te veniat.
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V/. O Dieu, d'un seul regard vous nous donnerez la vie ;
R/. Et votre peuple se réjouira en vous.
V/. Montrez-nous, Seigneur, votre
miséricorde ;
R/. Et donnez-nous de connaître et d'aimer le Sauveur que
vous nous avez envoyé.
V/. Seigneur, exaucez ma prière ;
R/. Et que mon cri parvienne jusqu'à vous.
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Le Prêtre vous salue, en vous quittant, pour
monter a l'autel.
V/. Dominus vobiscum ;
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V/. Le Seigneur soit avec vous ;
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Répondez-lui avec révérence :
R/. Et cum
spiritu tuo.
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R/. Et avec
votre esprit.
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Il monte les degrés et arrive au Saint des Saints, Demandez
pour lui et pour vous la délivrance des péchés.
OREMUS.
Aufer a nobis, quaesumus Domine, iniquitates nostras ; ut
ad Sancta Sanctorum puris mereamur mentibus introire. Per Christum Dominum
nostrum. Amen.
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PRIONS.
Faites disparaître de nos cœurs, ô mon Dieu ! toutes les
taches qui les rendent indignes de vous être présentés ; nous vous le
demandons par votre divin Fils, notre
Seigneur.
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Quand le Prêtre baise l'autel par respect pour les
os des Martyrs qu'il couvre, on dira :
Oramus te, Domine, per merita Sanctorum tuorum quorum
reliquiae hic sunt, et omnium Sanctorum, ut indulgere digneris omnia peccata
mea. Amen.
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Généreux
soldats de Jésus-Christ, qui
avez mêlé votre sang au sien, faites instance pour que nos péchés
soient remis, afin que nous puissions, comme vous, approcher de Dieu.
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Si la Messe est solennelle, le
Prêtre encense l'autel avec pompe. Cette fumée qui s'exhale de toutes les
parties de l'autel signifie la prière de l'Eglise qui s'adresse à Jésus-Christ,
et que ce divin Médiateur fait ensuite monter, avec la sienne propre, vers le
trône de la majesté de son Père.
Le Prêtre dit ensuite l'Introït.
Cette Antienne solennelle est un chant d'ouverture dans lequel l'Eglise laisse
s'échapper tout d'abord les sentiments qui l'animent.
Il est suivi de neuf cris plus
expressifs encore, car ils demandent miséricorde. En les proférant, l'Eglise
s'unit aux neuf chœurs des Anges réunis autour de l'Autel du ciel, qui est le
même que celui de la terre.
Au Père :
Kyrie,
eleison. Kyrie, eleison. Kyrie, eleison.
|
Seigneur, ayez pitié! Seigneur, ayez pitié! Seigneur, ayez
pitié !
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Au Fils :
Christe, eleison. Christe, eleison. Christe, eleison.
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Christ, ayez pitié ! Christ, ayez pitié ! Christ, ayez
pitié !
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Au Saint-Esprit :
Kyrie,
eleison. Kyrie, eleison. Kvrie, eleison.
|
Seigneur, ayez pitié ! Seigneur, ayez pitié ! Seigneur,
ayez pitié !
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Ainsi que nous l'avons exposé
plus haut, l'Eglise s'interdit, en Carême, l'Hymne céleste que
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les Anges entonnèrent sur le
berceau du Messie. Cependant, si elle doit célébrer la fête d'un Saint, elle
reprend, pour ce jour-là, ce beau cantique dont le début semble plutôt convenir
au ciel qu'à la terre. La seconde partie est plus en rapport avec les besoins
et les craintes de l'homme pécheur. Nous y rappelons au Fils éternel du Père
qu'il est aussi l’ Agneau, qu'il est descendu
pour effacer nos péchés. Nous le supplions d'avoir pitié de nous,
d'écouter notre humble prière. Insistons sur ces sentiments qui conviennent
si particulièrement au temps où nous sommes.
L'HYMNE ANGÉLIQUE.
Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bona;
voluntatis.
Laudamus te : benedicimus te : adoramus te : glorificamus
te : gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam.
Domine Deus, Rex coelestis, Deus Pater omnipotens.
Domine, Fili
unigenite, Jesu Christe.
Domine Deus,
Agnus Dei, Filius Patris.
Qui tollis
peccata mundi, miserere nobis.
Qui tollis
peccata mundi, suscipe deprecationem nostram.
Qui sedes ad dexteram Patris, miserere nobis.
Quoniam tu solus Sanctus, tu solus Dominus, tu solus
Altissimus, Jesu Christe, cum Sancto Spiritu, in gloria Dei Patris. Amen.
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Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et, sur la terre,
paix aux hommes de bonne volonté.
Nous vous louons, nous vous bénissons, nous vous adorons,
nous vous glorifions ; nous vous rendons grâces, à cause de votre grande
gloire.
Seigneur Dieu, Roi céleste. Dieu Père tout-puissant !
Seigneur Jésus-Christ, Fils unique !
Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, Fils du Père !
Vous qui ôtez les péchés du monde, ayez pitié de nous.
Vous qui ôtez les péchés du monde, recevez notre humble
prière.
Vous qui êtes assis à la droite du Père, ayez pitié de
nous.
Car vous êtes le seul Saint, vous êtes le seul
Seigneur, vous êtes le seul Très-Haut, ô Jésus-Christ ! avec le Saint-Esprit,
dans la gloire de Dieu le Père. Amen.
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Le Prêtre salue encore le peuple,
comme pour s'assurer de sa persévérance dans l'attention religieuse que réclame
l'Action sublime qui se prépare.
Vient ensuite la Collecte
ou Oraison, dans laquelle l'Eglise expose à Dieu, d'une manière
expresse, ses intentions particulières dans la Messe qui se célèbre. On pourra
s'unir à cette prière en récitant avec le Prêtre les Oraisons qui se trouvent
ci-après, au Propre du Temps, ou au Propre des Saints, et surtout en répondant Amen
avec le ministre qui sert la Messe.
On lira ensuite l'Epître, qui
est, pour l'ordinaire, un fragment des Lettres des Apôtres, ou quelquefois un
passage des livres de l'Ancien Testament ; et en faisant cette lecture, on
demandera à Dieu de profiter des enseignements qu'elle renferme.
Le Graduel est un intermède entre la lecture de l'Epître et
celle de l'Evangile. Il remet sous nos veux les sentiments qui ont déjà été
exprimés dans l'Introït. On doit le lire avec dévotion, pour s'en bien
pénétrer, et s'élever plus avant dans les hauteurs du mystère.
Dans les autres temps de l'année,
l'Eglise fait ici retentir le divin Alleluia ; mais elle a suspendu
cette marque suprême de son allégresse, jusqu'à ce que son Epoux ait traversé
cette mer d'amertume où nos péchés l'ont submergé. En place, elle fait entendre
quelques versets des Psaumes en
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rapport avec l'ensemble des prières
de chaque Messe : ce chant s'appelle le Trait; nous en avons parlé
ailleurs.
Si c'est une Messe solennelle que
l'on célèbre, le Diacre se dispose à remplir son noble ministère qui consiste à
annoncer la Bonne Nouvelle du salut. Il prie Dieu de purifier son cœur et ses
lèvres ; puis il demande à genoux la bénédiction du Piètre, et l'ayant obtenue,
il se rend au lieu d'où il doit chanter l'Evangile.
Pour préparation à le bien entendre, on peut dire en union avec le Prêtre et
avec le Diacre :
Munda cor meum, ac labia mea, omnipotens Deus, qui labia
Isaiae Prophetae calculo mundasti ignito : ita me tua grata miseratione
dignare mundare, ut sanctum Evangelium tuum digne valeam nuntiare. Per
Christum Dominum nostrum. Amen.
Dominus sit in corde meo, et in labiis meis : ut digne et
competenter annuntiem Evangelium suum. In nomine Patris, et Filii, et
Spiritus Sancti. Amen.
|
Seigneur, purifiez mes oreilles trop longtemps remplies
des vaines paroles du siècle, afin que j'entende la Parole de la vie
éternelle, et que je la conserve dans mon cœur; par Jésus-Christ votre Fils
notre Seigneur. Amen.
Donnez à vos ministres la grâce d'être les fidèles
interprètes de votre loi, afin que, pasteurs et troupeau, nous nous
réunissions tous en vous à jamais.
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On se tiendra debout, par
respect, pendant la lecture de l'Evangile; on fera sur soi le signe de la
Croix, et on suivra toutes les paroles du Prêtre ou du Diacre. Que le cœur donc
soit prêt, et qu'il se montre docile. L'Epouse du Cantique dit : Mon âme
s'est fondue en moi comme la cire, pendant que le Bien-Aimé me parlait.
Mais tous n'ont pas cet amour.
Disons-lui du moins, avec
l'humble
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soumission de Samuel : Parlez,
Seigneur; votre serviteur écoute.
Après l'Evangile, si le Prêtre
récite le Symbole de la Foi, on le dira avec lui. La foi est le don suprême de
Dieu: c'est par elle que nous percevons la lumière qui luit au milieu des ténèbres,
et que les ténèbres de l'incrédulité n'ont point comprise. La foi seule
nous apprend ce que nous sommes, d'où nous venons, où nous allons. Seule, elle
nous enseigne la voie pour retournera Dieu, quand nous nous sommes écartés de
lui. Aimons cette foi par laquelle nous serons sauvés, si nous la fécondons par
les œuvres, et disons avec l'Eglise Catholique :
LE SYMBOLE DE NICÉE.
Credo in unum Deum, Patrem omnipotentem, factorem cœli et
terrae, visibilium omnium et invisibilium.
Et in
unum Dominum Iesum Christum, Filium Dei unigenitum. Et ex Patre natum
ante omnia sæcula. Deum de Deo, lumen de lumine, Deum verum de Deo vero. Genitum,
non factum, consubstantialem Patri: per quem omnia facta sunt. Qui propter
nos homines et propter nostram salutem, descendit de cœlis. Et incarnatus est
de Spiritu Sancto ex Maria Virgine : ET HOMO FACTUS EST. Crucifixus etiam pro
nobis sub Pontio Pilato, passus et sepultus est. Et resurrexit tertia die,
secundum Scripturas. Et ascendit in caelum : sedet ad dexteram Patris. Et
iterum venturus est cum gloria judicare vivos et mortuos : cujus regni non
erit finis.
Et in Spiritum Sanctum, Dominum et vivificantem : qui ex
Patre Filioque procedit. Qui cum Patre et Filio simul adoratur, et
conglorificatur : qui locutus est per Prophetas. Et Unam, Sanctam, Catholicam
et Apostolicam Ecclesiam. Confiteor unum Baptisma in remissionem peccatorum.
Et exspecto resurrectionem mortuorum, et vitam venturi sæculi Amen.
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Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant. qui a
fait le ciel et la terre, et toutes les choses visibles et invisibles.
Et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu ;
qui est né du Père avant tous les siècles ; Dieu de Dieu, lumière de lumière,
vrai Dieu de vrai Dieu ; qui n'a pas été fait, mais engendré : consubstantiel
au Père : par qui toutes choses ont été faites. Qui est descendu des cieux
pour nous autres hommes et pour notre salut ; qui a pris chair de la Vierge
Marie par l'opération du Saint-Esprit; ET QUI S'EST FAIT HOMME. Qui a été
aussi crucifié pour nous sous Ponce Pilate, qui a souffert, qui a été mis dans le sépulcre ; qui est
ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures. Et qui est monté au ciel;
qui est assis à la droite du Père, et qui viendra encore avec gloire pour
juger les vivants et les morts ; et dont le règne n'aura point de fin.
Et au Saint-Esprit, Seigneur et vivifiant, qui procède du
Père et du Fils; qui est adoré et glorifié conjointement avec le Père et le
Fils ; qui a parlé par les Prophètes. Je crois l'Eglise qui est Une, Sainte,
Catholique et Apostolique. Je confesse qu'il y a un Baptême pour la rémission
des péchés, et j'attends la résurrection des morts et la vie du siècle à
venir. Amen.
|
Le cœur du Prêtre et celui du peuple doivent maintenant être
prêts : il est temps de préparer l'offrande elle-même. Nous entrons dans cette seconde
partie de la sainte Messe qui est appelée Oblation, et qui fait suite à
celle qu'on désigne sous le nom de Messe des Catéchumènes, parce qu'elle
était autrefois la seule à laquelle les aspirants au Baptême eussent le droit
de prendre part.
Voici donc que le pain et le vin vont être offerts à Dieu, comme les plus nobles éléments de
la création matérielle, puisqu'ils sont destines à la nourriture de l'homme;
mais ce n'est là qu'une figure grossière de leur destination dans le Sacrifice
chrétien. Leur substance va bientôt s'évanouir; il n'en demeurera plus que les
apparences. Heureuses
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créatures qui cèdent la place au
Créateur ! Nous aussi, nous sommes appelés à éprouver une ineffable
transformation, lorsque, comme dit l'Apôtre, ce qui est mortel en nous sera
absorbé par la vie (1). En attendant, offrons-nous à Dieu, au moment où le
pain et le vin lui vont être présentés; et préparons-nous pour l'arrivée de
celui qui, en prenant notre nature humaine, nous a rendus participants de la
nature divine (2).
Le Prêtre salue encore le peuple,
pour l'avertir d'être de plus en plus attentif. Lisons avec lui l'Offertoire,
et, quand il présente à Dieu l'Hostie, joignons-nous à lui et disons :
Suscipe, sancte Pater, omnipotens aeterne Deus , hanc immaculatam hostiam, quam ego indignus famulus
tuus offero tibi Deo meo vivo et vero, pro innumerabilibus peccatis et
offensionibus et negligentiis meis , et pro omnibus circumstantibus, sed et
pro omnibus fidelibus christianis vivis atque defunctis : Ut mihi et illis proficiat
ad salutem in vitam aeternam. Amen.
|
Tout ce que nous avons, Seigneur, vient de vous et est à
vous: il est donc juste que nous vous le rendions. Mais combien vous êtes
admirable dans les inventions de votre puissante charité ! Ce pain que nous vous
offrons va bientôt céder la place à votre sacré Corps ; recevez, dans une
même oblation, nos cœurs qui voudraient vivre de vous, et non plus
d'eux-mêmes.
|
Quand le Prêtre met dans le
calice le vin, auquel il mêle ensuite un peu d'eau, afin de représenter l'union
de la nature divine à la faible nature humaine de Jésus-Christ, pensez au divin
mystère de l'Incarnation, principe de notre salut et de nos espérances, et
dites :
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Deus, qui humanae
substantiae dignitatem mirabiliter condidisti, et mirabilius reformasti , da nobis per humus aquae et vini mysterium,
ejus divinitatis esse consortes, qui humanitatis nostrae fieri dignatus est
particeps , Jesus Christus, Filius tuus, Dominus noster; qui tecum vivit et
regnat in unitate Spiritus Sancti Deus, per omnia sæcula sæculorum. Amen.
|
Seigneur, qui êtes la véritable Vigne, et dont le sang,
comme un vin généreux, s'est épanché sous le pressoir de la Croix, vous
daignez unir votre nature divine à notre faible humanité, figurée ici par
cette goutte d'eau ; venez nous taire participants de votre divinité, en vous
manifestant en nous par votre douce et puissante visite.
|
Le Prêtre offre ensuite le mélange de vin et d'eau, priant
Dieu d'avoir pour agréable cette oblation dont la figure va bientôt se
transformer en réalité; pendant ce temps, dites en union avec lui :
Offerimus tibi , Domine, calicem
salutaris, tuam deprecantes clementiam : ut in conspectu divinae Majestatis
tuae, pro nostra et totius mundi salute, cum odore suavitatis ascendat. Amen.
|
Agréez ces dons, souverain Créateur de toutes choses :
qu'ils soient ainsi préparés pour la divine transformation qui. de cette
simple offrande de créatures, va faire l'instrument du salut du monde.
|
Puis le Prêtre s'incline, après avoir élevé les dons;
humilions-nous avec lui et disons :
In spiritu humilitatis, et in animo contrito suscipiamur a
te, Domine : et sic fiat sacrificium nostrum in conspectu tuo hodie , ut placeat tibi, Domine Deus.
|
Si nous avons la hardiesse d'approcher de votre autel,
Seigneur, ce n'est pas que nous puissions oublier ce que nous sommes.
Faites-nous miséricorde, afin que nous puissions paraître en la présence de
votre Fils, qui est notre Hostie salutaire.
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Invoquons ensuite l'Esprit-Saint,
dont l'opération va bientôt produire sur l'autel la présence du Fils de Dieu,
comme elle la produisit au sein de la Vierge Marie, dans le divin mystère de
l'Incarnation.
Veni, Sanctificator omnipotens ,
aeterne Deus , et benedic hoc sacrificium tuo sancto Nomini praeparatum.
|
Venez, Esprit divin, féconder cette offrande qui est sur
l'autel, et produire en nous celui que nos cœurs attendent.
|
Si c'est une Messe solennelle, le
Prêtre, avant de passer outre, prend pour la seconde fois l'encensoir. Il
encense le pain et le vin qui viennent d'être offerts, et ensuite l'autel
lui-même ; afin que la prière des fidèles, signifiée par la fumée de ce parfum,
devienne de plus en plus ardente, à mesure que le moment solennel approche
davantage.
Mais la pensée de son indignité
se ranime plus forte au cœur du Prêtre. La confession publique qu'il a faite au
pied de l'autel ne suffit plus à sa componction. A l'autel même, il donne, en
présence du peuple, un témoignage solennel du pressant besoin qu'il éprouve de
se purifier à l'approche de Dieu : il lave ses mains. Or, les mains signifient
les œuvres; et le Prêtre, s'il porte en lui-même, comme Prêtre, le
caractère de Jésus-Christ, est un homme par les œuvres. Que les fidèles
s'humilient en contemplant ainsi l'humilité de leur Père, et disent comme lui :
DU PSAUME XXV.
Lavabo inter innocentes
manus meas : et circumdabo altare tuum , Domine.
Ut audiam vocem laudis : et enarrem universa mirabilia
tua.
Domine, dilexi deco rem domus tua: :
et locum habitationis gloriae tuae.
Ne perdas cum impiis, Deus, animam meatn : et cum viris
sanguinum vitam meam.
In quorum manibus iniquitates sunt: dextera eorum repleta
est muneribus.
Ego autem in innocentia mea ingressus sum : redime me, et
miserere mei.
Pes meus stetit in directo : in ecclesiis benedicam te,
Domine.
Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto ;
Sicut erat in principio, et nunc, et semper, et in sæcula sæculorum.
Amen.
|
Je veux laver mes mains. Seigneur, et me rendre semblable
à ceux qui sont dans l'innocence, pour être digne d'approcher de votre autel,
d'entendre vos sacrés Cantiques, et de raconter vos merveilles. J'aime la
beauté de votre Maison, le lieu dont vous allez faire l'habitation de votre
gloire. Ne me laissez pas retourner, ô Dieu! dans la compagnie de vos ennemis
et des miens. Depuis que votre miséricorde m'en a retiré, je suis revenu à
l'innocence, en rentrant en grâce avec vous ; mais ayez encore pitié de mes
faiblesses, rachetez-moi encore, vous qui avez, par votre bonté, remis mes
pas dans le sentier : ce dont je vous rends grâces au milieu de cette
assemblée. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ; comme il était au
commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
|
82
Le Prêtre, rassuré par l'acte
d'humilité qu'il vient d'accomplir, reparaît au milieu de l'autel et s'incline
respectueusement. Il demande à Dieu de recevoir avec bonté le Sacrifice qui va
lui être offert, et détaille les intentions de ce Sacrifice. Offrons avec lui.
Suscipe, sancta
Trinitas, hanc oblationem, quam tibi offerimus ob memoriam Passionis ,
Resurrectionis, et Ascensionis Jesu Christi Domini nostri, et in honorem
beatae Mariae semper Virginis, et beati Johannis Baptistae , et sanctorum
Apostolorum Petri et Pauli, et istorum, et omnium Sanctorum : ut illis
proficiat ad honorem , nobis autem ad salutem : et illi pro nobis intercedere
dignentur in cœlis, quorum memoriam agimus in terris. Per eumdem Christum
Dominum nostrum. Amen.
|
Trinité sainte, agréez ce Sacrifice ainsi préparé, qui va
renouveler la mémoire de la Passion, de la Résurrection et de l'Ascension de
Jésus-Christ, notre Seigneur. Souffrez que votre Eglise y joigne l'intention
d'honorer la glorieuse Vierge qui nous a donné le divin fruit de ses
entrailles, les saints Apôtres Pierre et Paul, les Martyrs dont les ossements
attendent la résurrection sous cet autel, et les Saints dont aujourd'hui nous
honorons la mémoire. Augmentez la gloire dont ils jouissent, et qu'ils
daignent eux-mêmes intercéder pour notre salut.
|
83
Le Prêtre se retourne une dernière fois vers le peuple. Il
sent le besoin de raviver encore l'ardeur des fidèles. La pensée de son
indignité ne l'abandonne point. Il veut s'appuyer sur les prières de ses
frères, avant d'entrer dans la nuée avec le Seigneur. Il dit donc :
Orate , Fratres : ut meum ac
vestrum sacrificium acceptabile fiat apud Deum Patrem omnipotentem.
|
Priez, mes Frères, afin que mon Sacrifice, qui est aussi
le vôtre, soit acceptable auprès de Dieu le Père tout-puissant.
|
Cela dit, il se retourne ; et les
fidèles ne verront plus sa face, jusqu'à ce que le Seigneur lui-même soit
descendu. Rassurez-le, en lui répondant par ce souhait :
Suscipiat Dominus sacrificium de manibus tuis, ad laudem
et gloriam Nominis sui , ad utilitatem quoque
nostram, totiusque Ecclesiae suae sanctae.
|
Que le Seigneur reçoive ce Sacrifice de vos mains, pour la
louange et la gloire de son Nom, pour notre utilité et pour celle de toute sa
sainte Eglise.
|
Le Prêtre récite les Oraisons secrètes,
dans lesquelles il offre les vœux de toute l'Eglise pour
84
l'acceptation du Sacrifice ; et
bientôt il s'apprête à remplir l'un des plus grands devoirs de la Religion, l’Action
de grâces. Jusqu'ici, il a adoré, il a demandé miséricorde ; il lui reste
encore à rendre grâces pour les bienfaits octroyés par la munificence du Père,
et dont le principal, en ces jours, est la faveur qu'il nous accorde de pouvoir
satisfaire à sa justice par les expiations de ce saint temps ; le Prêtre, au
nom de l'Eglise, va ouvrir la bouche et épancher la reconnaissance du monde
entier. Afin donc de réveiller la piété des fidèles qui priaient en silence
avec lui, il termine son Oraison à haute voix :
Per omnia sæcula
sæculorum.
|
Dans tous les
siècles des siècles.
|
Réunissez-vous à lui, et
répondez : Amen !
Il vous salue en disant :
Dominus vobiscum.
|
Le Seigneur soit avec vous.
|
Répondez-lui:
Et cum spiritu tuo.
|
Et avec votre esprit.
|
Puis il dit :
Sursum corda !
|
Les cœurs en haut !
|
Répondez avec vérité :
Habemus ad Dominum.
|
Nous les avons vers le Seigneur.
|
Puis il ajoute :
Gratias agamus Domino Deo nostro.
|
Rendons grâces au
Seigneur notre Dieu.
|
Protestez du fond de votre âme :
Dignum et justum est.
|
C'est une chose digne
et juste.
|
85
Alors, le Prêtre :
PREFACE.
Vere dignum et justum est, æquum et salutare , nos tibi semper et
ubique gratias agere : Domine sancte, Pater omnipotens , æterne Deus ; qui corporali jejunio vitia
comprimis, mentem elevas, virtutem largiris et prœmia, per Christum Dominum
nostrum. Per quem majestatem tuam laudant Angeli , adorant Dominationes ,
tremunt Potestates, Cœli, cœlorumque Virtutes, ac beata Seraphim, socia
exsultatione concelebrant. Cum quibus et nostras voces ut admitti jubeas
deprecamur, supplici confessione dicentes :
|
Oui, c'est une chose digne et juste, équitable et salutaire
, de vous rendre grâces en tout temps et en tous lieux, Seigneur
saint, Père tout-puissant , Dieu éternel, qui par le jeûne auquel vous
assujettissez nos corps , comprimez la source de nos vices, élevez nos âmes,
donnez la force et assurez la récompense ; par Jésus-Christ notre Seigneur.
C'est par lui que les Anges louent votre Majesté, que les Dominations
l'adorent, que les Puissances la révèrent en tremblant, que les Cieux et les
Vertus des cieux la célèbrent avec transport. Daignez permettre à nos voix de
s'unir à leurs voix, afin que nous puissions
dire dans une humble confession: Saint! Saint ! Saint ! etc.
|
Unissez-vous au Prêtre, qui lui-même s'unit aux Esprits
bienheureux, pour honorer la suprême Majesté, et dites aussi :
Sanctus, Sanctus,Sanctus
Dominus Deus sabaoth!
Pleni sunt cœli
et terra gloria tua.
Hosanna in excelsis !
Benedictus qui venit in Nomine Domini.
Hosanna in excelsis
!
|
Saint, Saint, Saint est le Seigneur, le Dieu des armées !
Les cieux et la terre sont remplis de sa gloire.
Hosannah au plus haut des cieux !
Béni soit celui qui va venir au Nom du Seigneur qui
l'envoie.
Hosannah soit
à lui au plus haut des cieux !
|
86
Le Canon s'ouvre après ces
paroles, prière mystérieuse, au milieu de laquelle le ciel s'abaisse, et Dieu
descend. On n'entendra plus retentir la voix du Prêtre ; le silence se fait,
même à l'autel. Qu'un respect profond apaise nos distractions, contienne toutes
nos puissances ; suivons d'un œil respectueux les mouvements du Prêtre.
LE CANON DE LA MESSE.
Dans ce colloque mystérieux avec
le grand Dieu du ciel et de la terre, la première prière du sacrificateur est pour l'Eglise catholique, sa Mère et la nôtre.
Te igitur , clementissime Pater,
per Jesum Christum Filium tuum Dominum nostrum supplices rogamus ac petimus,
uti accepta habeas,et benedicas haec dona, haec munera, haec sancta
sacrificia illibata ; in primis quae tibi offerimus pro Ecclesia tua sancta
catholica : quam pacificare, custodire, adunare, et regere digneris toto orbe
terrarum, una cum famulo tuo Papa nostro N., et Antistite nostro N., et
omnibus orthodoxis, atque catholicae et apostolica; fidei cultoribus.
|
O Dieu! qui vous manifestez au milieu de nous par le moyen
des Mystères dont vous avez fait dépositaire notre Mère la sainte Eglise,
nous vous supplions, au nom de ce divin Sacrifice, de détruire tous les
obstacles qui s'opposent à son pèlerinage en ce monde. Donnez-lui la paix et
l'unité ; conduisez vous-même notre Saint-Père le Pape, votre vicaire sur la
terre : dirigez notre Evêque qui est pour nous le lien sacré de l'unité ;
sauvez le prince qui nous gouverne, afin que nous menions une vie tranquille
; conservez tous les orthodoxes enfants de l'Eglise Catholique-Apostolique-Romaine.
|
87
Priez maintenant, avec le Prêtre,
pour les personnes qui vous intéressent davantage :
Memento, Domine, famulorum famularumque tuarum N.
et N., et omnium circumstantium, quorum tibi fides cognita est, et
nota devotio : pro quibus tibi offerimus, vel qui tibi offerunt hoc
sacrificium laudis, pro se suisque omnibus, pro redemptione animarum suarum,
pro spe salutis et incolumitatis suae, tibique reddunt vota sua æterno Deo vivo et vero.
|
Permettez-moi, ô mon Dieu, de vous demander de répandre
vos bénédictions spéciales sur vos serviteurs et vos servantes
, pour lesquels vous savez que j'ai une obligation particulière de
prier... Appliquez-leur les fruits de ce divin Sacrifice, qui vous est offert
au nom de tous. Visitez-les par votre grâce ; pardonnez leurs péchés ;
accordez-leur les biens de la vie présente et ceux de la vie éternelle.
|
Faisons mémoire des Saints, qui
sont la partie déjà glorieuse du Corps de Jésus-Christ.
Communicantes, et memoriam venerantes, in primis gloriosæ,
semper Virginis Mariæ, Genitricis Dei et Domini nostri Jesu Christi : sed et
beatorum Apostolorum ac Martyrum tuorum Pétri et Pauli , Andreæ, Jacobi,
Johannis,Thomæ, Jacobi, Philippi, Bartholomæi, Matthæi, Simonis et Thaddæi,
Lini, Cleti, Clementis, Xysti, Cornelii, Cypriani, Laurentii, Chrysogoni,
Joannis et Pauli, Cosmae et Damiani, et omnium Sanctorum tuorum : quorum meritis precibusque concedas , ut in
omnibus protectionis tua; muniamur auxilio. Per eumdem Christum Dominum
nostrum. Amen.
|
Mais non seulement, ô mon Dieu ,
l'offrande de ce Sacrifice nous unit à nos frères qui sont encore dans cette
vie voyagère de l'épreuve : il resserre aussi nos liens avec ceux qui déjà
sont établis dans la gloire. Nous l'offrons donc pour honorer la mémoire de
la glorieuse et toujours Vierge Marie, de laquelle est né notre Sauveur; des
Apôtres, des Martyrs, des Confesseurs, des Vierges, en un mot de tous les
Justes, afin qu'ils nous aident par leur puissant secours à devenir dignes de
vous contempler à jamais comme eux, dans le séjour de votre gloire.
|
88
Le Prêtre, qui jusque-là priait
les mains étendues, les unit et les impose sur le pain et le vin. Il imite
ainsi le geste du Pontife de l'ancienne loi sur la victime figurative, pour
désigner ces dons d'une manière spéciale à l'œil de la Majesté divine, comme
l'offrande matérielle qui atteste notre dépendance, et qui va bientôt
faire place à l'Hostie vivante sur laquelle ont été placées toutes nos
iniquités.
Hanc igitur oblationem servitutis nostrae, sed et cunctae
familiae tuae, quaesumus Domine, ut placatus accipias ; diesque nostros in
tua pace disponas, atque ab alterna damnatione nos eripi ,
et in electorum tuorum jubeas grege numerari. Per Christum Dominum nostrum.
Amen.
Quam oblationem tu Deus in omnibus, quaesumus, benedictam,
adscriptam, ratam, rationabilem, acceptabilemque facere digneris ; ut nobis
Corpus et Sanguis fiat dilectissimi Filii tui Domini nostri Jesu Christi.
|
Daignez recevoir, ô Dieu ! cette offrande que toute
votre famille vous présente, comme l'hommage de son
heureuse servitude. En échange, donnez-nous la paix, sauvez-nous de votre
colère, mettez-nous au nombre de vos élus ; par Jésus-Christ notre Seigneur
qui va paraître.
Car il est temps que ce pain devienne son Corps sacré qui
est notre nourriture, et que ce vin se transforme en son Sang qui est notre
breuvage; ne tardez donc plus à nous introduire en la présence de ce divin
Fils notre Sauveur.
|
Ici le Prêtre cesse d'agir en homme ; il n'est plus
simplement le député de l'Eglise. Sa parole devient celle de Jésus-Christ ;
elle en a la puissance
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et l'efficacité. Prosternez-vous, car Dieu lui-même va descendre sur l'autel.
Qui pridie quam pateretur, accepit panem in sanctas ac
venerabiles manus suas ; et elevatis oculis in cœlum, ad te Deum Pat rem suum
omnipotentem, tibi gratias agens, benedixit, fregit, deditque discipulis
suis, dicens : Accipite, et manducate ex hoc omnes : HOC EST ENIM CORPUS
MEUM.
|
Que ferai-je en ce moment, ô Dieu du ciel et de la terre!
Sauveur! Messie tant désiré ! si ce n'est de vous adorer en silence comme mon
souverain Maître, de vous offrir mon cœur, comme à son Roi plein de douceur?
Venez donc, Seigneur Jésus ! venez!
|
L'Agneau divin est maintenant au
milieu de nous. Gloire et amour soient à lui ! Mais il ne vient que pour être
immolé ; c'est pourquoi le Prêtre, ministre des volontés du Très-Haut, prononce
tout aussitôt sur lecalice ces paroles sacrées qui opèrent la mort mystique par
la séparation du Corps et du Sang de la victime. La substance du pain et du vin
s'est évanouie, les espèces seules sont restées comme un voile sur le Corps et
le Sang du Rédempteur, afin que la terreur ne nous éloigne pas d'un mystère qui
ne s'accomplit que pour rassurer nos cœurs. Unissons-nous aux Anges qui contemplent
en tremblant cette divine merveille.
Simili modo postquam coenatum est, accipiens et hunc
praeclarum Calicem in sanctas ac venerabiles manus suas : item tibi gratias
agens, benedixit, deditque discipulis suis, dicens : Accipite et bibite ex eo
omnes. HIC EST ENIM CALIX SANGUINIS MEI, NOVI ET AETERNI TESTAMENTI :
MYSTERIUM FIDEI :
QUI PRO VOBIS ET PRO MULTIS EFFUNDETUR IN REMISSIONEM PECCATORUM. Haec
quotiescumque feceritis, in mei memoriam facietis.
|
Sang divin, prix de mon salut, je vous adore. Lavez mes
iniquités, et rendez-moi plus blanc que la neige. Agneau sans cesse immolé,
et cependant toujours vivant, vous venez effacer les péchés du monde ; venez
aussi régner en moi par votre force et par votre douceur.
|
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Le Prêtre est maintenant face à face
avec Dieu ; il éiève de nouveau ses bras, et représente au Père céleste que
l'Oblation qui est devant lui n'est plus une offrande matérielle, mais le Corps
et le Sang, la personne tout entière de son divin Fils.
Unde et memores, Domine, nos servi tui, sed et plebs tua
sancta, ejusdem Christi Filii tui Domini nostri tam beatae Passionis, nec non
et ab inferis Resurrectionis, sed et in cœlos gloriosae Ascensionis :
offerimus praeclarae majestati tuae de tuis donis ac
datis Hostiam
puram, Hostiam sanctam, Hostiam immaculatam : Panem sanctum vitae
aeternae, et Calicem salutis perpetuae.
Supra
quae propitio ac sereno vultu respicere digneris, et accepta habere, sicuti
accepta habere dignatus es munera pueri tui justi Abel, et sacrificium Patriarchae
nostri Abrahae, et quod tibi obtulit summus Sacerdos tuus Melchisedech,
sanctum sacrificium, immaculatam hostiam.
|
La voici donc, ô Père saint ! l'Hostie si longtemps
attendue. Voici ce Fils éternel qui a souffert, qui est ressuscité glorieux,
qui est monté triomphant au ciel. Il est votre Fils; mais il est aussi notre
Hostie, Hostie pure et sans tache, notre Pain et notre
Breuvage d'immortalité.
Vous avez agréé autrefois le sacrifice des tendres agneaux
que vous offrait Abel ; le sacrifice qu'Abraham vous fit de son fils Isaac,
immolé sans perdre la vie; enfin le sacrifice mystérieux du pain et du vin
que vous présenta Melchisédech. Recevez ici l'Agneau par excellence, la
victime toujours vivante, le Corps de votre Fils qui est le Pain de vie, son
Sang qui est à la fois un breuvage pour nous et une libation à votre gloire.
|
91
Le Prêtre s'incline vers l'autel,
et le baise comme le trône d'amour sur lequel réside le Sauveur des hommes.
Supplices te rogamus, omnipotens Deus : jube hæc perferri
per manus sancti Angeli tui in sublime Altare tuum, in conspectu divinæ
Majestatis tuae : ut quotquot ex hac
altaris participatione, sacrosanctum Filii tui Corpus et Sanguinem
sumpserimus, omni benedictione cœlesti et gratia repleamur. Per eumdem Christum
Dominum nostrum. Amen.
|
Mais , ô Dieu tout-puissant, ces
dons sacrés ne reposent pas seulement sur cet autel terrestre ; ils sont
aussi sur l'Autel su blime du ciel, devant le trône de votre divine Majesté ;
et ces deux autels ne sont qu'un même autel, sur lequel s'accomplit le grand
mystère de votre gloire et de notre salut : daignez nous rendre participants
du Corps et du Sang de l'auguste Victime, de laquelle émanent toute grâce et
toute bénédiction.
|
Mais le moment est favorable
aussi pour implorer un soulagement à l'Eglise souffrante. Demandons que le
Libérateur, qui est descendu, daigne visiter les sombres demeures du Purgatoire
par un rayon de sa lumière consolatrice ; et que, découlant de cet autel, le
sang de l'Agneau, comme une miséricordieuse rosée,
rafraîchisse ces âmes haletantes. Prions particulièrement pour celles qui nous
sont chères.
Memento etiam, Domine, famulorum famularumque tuarum N.
et N. qui nos praecesserunt cum signo fidei, et dormiunt in somno
pacis. Ipsis, Domine, et omnibus in Christo quiescentibus, locum
refrigerii, lucis et pacis, ut
indulgeas, deprecamur. Per eumdem Christum Dominum nostrum. Amen.
|
N'excluez personne de votre visite, ô Jésus! Votre aspect
réjouit la cité sainte avec ses élus ; nos veux encore mortels vous
contemplent, quoique sous un voile ; ne vous cachez plus à ceux de nos frères
qui sont dans le lieu des expiations. Soyez-leur un rafraîchissement dans
leurs flammes, une lumière dans leurs
ténèbres, une paix dans leurs
douloureux transports.
|
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Ce devoir de charité étant
rempli, prions pour nous-mêmes pécheurs, qui profitons si peu de la visite que
le Sauveur daigne nous faire, et frappons notre poitrine avec le Prêtre :
Nobis quoque peccatoribus
famulis tuis, de multitudine
miserationum tuarum sperantibus, partem aliquam et societatem donare digneris
cum tuis sanctis Apostoliset Martyribus; cum
Iohanne, Stephano, Mathia, Barnaba,
Ignatio, Alexandro, Marcellino , Petro
, Felicitate , Perpetua, Agatha, Lucia, Agnete, Concilia, Anastasia et
omnibus Sanctis tuis ; intra quorum nos consortium, non estimator meriti, sed
veniae, quaesumus, targitor admitte : per Christum Dominum nostrum.
Per quem haec omnia, Domine,
semper bona creas, sanctificas, vivificas, benedicis et praestas nobis : per ipsum,
et cum ipso, et in ipso, est tibi Deo Patri omnipotenti, in unitate
Spiritus Sancti, omnis
honor et gloria.
|
Nous sommes pécheurs, ô Père saint ! et cependant nous
attendons de votre infinie miséricorde une part dans votre royaume, par le
mérite de ce Sacrifice que nous vous
offrons, et non à cause de nos œuvres, qui ne sont dignes que de votre
colère. Mais souvenez-vous de vos saints Apôtres, de vos saints Martyrs,
de vos saintes Vierges, de tous
les Bienheureux, et donnez-nous, par leur intercession, la grâce et la
gloire éternelle que nous vous
demandons au nom de Jésus-Christ
notre Seigneur, votre Fils.
C'est par lui que vous répandez sur nous vos bienfaits de vie et de
sanctification ; par lui encore, avec
lui et en lui, dans l'unité du
Saint-Esprit, soit à vous honneur et gloire à jamais.
|
En disant ces dernières paroles,
le Prêtre a pris l'Hostie sainte qui reposait sur l'autel ; il l'a placée
93
au-dessus de la coupe, réunissant ainsi le Corps et le Sang
de la divine victime, afin de montrer qu'elle est maintenant immortelle ; puis,
élevant à la fois le Calice et l'Hostie, il a présenté à Dieu le plus noble et
le plus complet hommage que puisse recevoir la Majesté infinie.
Cet acte sublime et mystérieux
met fin au Canon ; le silence des Mystères est suspendu. Le Prêtre a terminé
ses longues supplications; il sollicite pour ses prières l'acquiescement du
peuple fidèle, en prononçant à haute voix les dernières paroles :
Per omnia sæcula sæculorum.
|
Dans tous les siècles des siècles.
|
Répondez avec foi et dans un
sentiment d'union avec la sainte Eglise :
Amen.
|
Amen ! je crois le mystère qui s'est opéré, je m'unis à
l'offrande qui a été faite et aux
demandes de l'Eglise.
|
Il est temps de répéter la prière
que le Sauveur lui-même nous a apprise. Qu'elle s'élève jusqu'au ciel avec le
Sacrifice du Corps et du Sang de Jésus-Christ. Pourrait-elle n'être pas agréée,
en ce moment où celui-là même qui nous l'a donnée est entre nos mains, pendant
que nous la proférons ? Cette prière étant le bien commun de tous les enfants
de Dieu, le Prêtre la récite à haute voix, afin que tous puissent s'y unir. Prions,
dit-il.
Oremus. Praeceptis salutaribus moniti, et divina
institutione formati, audemus dicere :
|
Instruits par un précepte salutaire, et suivant fidèlement
la forme de l’instruction divine qui nous a été donnée, nous osons dire :
|
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L'ORAISON DOMINICALE.
Pater noster, qui es in cœlis : Sanctificetur Nomen tuum :
Adveniat regnum tuum : Fiat voluntas tua sicut in cœlo et in terra. Panem
nostrum quotidianum da nobis hodie : Et dimitte nobis debita nostra, sicut et
nos dimittimus debitoribus nostris : Et ne nos inducas in tentationem.
|
Notre Père qui êtes aux cieux, que votre Nom soit
sanctifié ; que votre règne arrive; que votre volonté soit faite sur la terre
comme au ciel. Donnez-nous aujourd'hui notre Pain quotidien ; et
pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont
offensés. Et ne nous laissez pas succomber à la tentation.
|
Répondons avec l'accent de notre
misère :
Sed libera nos
a malo.
|
Mais délivrez-nous
du mal.
|
Le Prêtre retombe dans le silence
des Mystères. Sa prière insiste sur cette dernière demande : Délivrez-nous
du mal ; et certes avec raison ; car le mal nous déborde ; et c'est pour
l'expier et le détruire que nous a été envoyé l'Agneau.
Libera nos, quaesumus Domine, ab omnibus malis,
praeteritis, praesentibus et futuris : et intercedente beata et
gloriosa semper Virgine Dei Genitrice Maria , cum
beatis Apostolis tuis Petro et
Paulo, atque Andrea, et omnibus Sanctis , da
propitius pacem in diebus nostris : ut ope misericordiae tuae
adjuti, et a peccato simus semper
liberi, et ab omni perturbatione securi. Per eumdem Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum
, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus.
|
Trois sortes de maux nous désolent, Seigneur : les maux
passés, c'est-à-dire les péchés dont notre âme porte les cicatrices, et qui
ont fortifié ses mauvais penchants ; les maux présents, c'est-à-dire les
taches actuellement empreintes sur cette pauvre âme, sa faiblesse et les
tentations qui l'assiègent ; enfin les maux à venir, c'est-à-dire les
châtiments de votre justice. En présence de l'Hostie du salut, nous vous
prions, Seigneur, de nous délivrer de tous ces maux, et d'agréer en notre
faveur l'entremise de Marie, Mère de Dieu, et de vos saints Apôtres Pierre,
Paul et André. Affranchissez-nous, délivrez-nous, donnez-nous la paix. Par
Jésus-Christ votre Fils, qui vit et
règne avec vous.
|
Le Prêtre, qui vient de demander à Dieu la Paix, et qui l'a
obtenue, s'empresse de l'annoncer ; il conclut l'Oraison à haute voix:
Per omnia sæcula sæculorum. R/. Amen.
|
Dans tous les
siècles des siècles. R/. Amen.
|
Puis il dit :
Pax Domini sit
semper vobiscum.
|
Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous !
|
Répondez à ce souhait paternel :
Et cum spiritu tuo.
|
Et avec votre esprit.
|
Le Mystère touche à sa fin ; Dieu
va s'unir à l'homme, et l'homme va s'unir à Dieu parla Communion ; mais
auparavant un rite imposant et sublime doit s'accomplir dans le silence de
l'autel. Jusqu'ici le Prêtre a annoncé l'immolation du Seigneur; il est temps
qu'il annonce sa Résurrection. Il divise donc l'Hostie sainte avec révérence,
et l'ayant séparée en trois parts, il met une de ces parts dans le Calice,
réunissant ainsi le Corps et le Sang de l'immortelle Victime. Adorez et dites :
Haec commixtio et consecratio Corporis et Sanguinis Domini
nostri Jesu Christi, fiat accipientibus nobis in vitam aeternam. Amen.
|
Gloire à vous, Sauveur du monde, qui avez souffert que.
dans votre Passion, votre précieux Sang fût séparé de votre sacré Corps, et
qui les avez réunis ensuite par votre vertu !
|
96
Priez maintenant l'Agneau divin
qui a pris sur lui toutes nos iniquités, arin de les laver dans son sang, et
dites-lui avec la sainte Eglise :
Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis.
Agnus Dei, qui
tollis peccata mundi, miserere nobis.
Agnus Dei, qui
tollis peccata mundi, dona nobis pacem.
|
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés
du monde, ayez pitié de nous.
Agneau de Dieu, qui ôtez les
péchés du monde, ayez pitié de nous.
Agneau de Dieu, qui ôtez les
péchés du monde, donnez-nous la Paix.
|
La Paix est le grand objet de la
venue du Sauveur en ce monde : il est le Prince de la Paix : le divin
Sacrement de l'Eucharistie doit donc être le Mystère de la Paix, le lien de
l'Unité catholique ; puisque, comme parle l'Apôtre, nous ne sommes tous
qu'un seul Pain et un seul Corps, nous tous qui participons au même Pain.
C'est pourquoi le Prêtre, au moment de communier à l'Hostie sainte, demande la
conservation de la paix fraternelle, principalement dans cette portion de la
sainte Eglise qui est là réunie autour de l'autel. Implorez-la avec lui.
Domine Jesu Christe, qui dixisti Apostolis tuis : Pacem
relinquo vobis, pacem meam do vobis : ne respicias peccata mea, sed fidem
Ecclesiae tuae : eamque secundum voluntatem tuam pacificare et coadunare
digneris. Qui vivis et regnas Deus, per omnia sæcula sæculorum. Amen.
|
Seigneur Jésus-Christ, qui avez dit à vos Apôtres :
« Je vous laisse ma « paix », je vous donne ma « paix », ne
regardez pas mes péchés, mais la foi de cette assemblée qui est à vous, et
daignez la pacifier et la réunir selon votre sainte volonté.
|
97
Après cette Oraison, le Prêtre,
en signe de Paix, si la Messe est solennelle, donne le baiser fraternel au
Diacre qui le donne lui-même au Sous-Diacre, lequel va le porter au Chœur.
Pendant ce temps, ranimez en vous les sentiments de la charité chrétienne, et
pardonnez à vos ennemis, si vous en avez. Dites ensuite avec le Prêtre :
Domine Jesu Christe, Fili Dei vivi, qui ex voluntate
Patris, cooperante Spiritu Sancto, per mortem tuam mundum vivificasti: libera
me per hoc sacrosanctum Corpus, et Sanguinem tuum, ab omnibus iniquitatibus
meis, et universis malis, et fac me tuis semper inhœrere mandatis, et a te
nunquam separari permittas. Qui cum eodem Deo Patre et Spiritu Sancto vivis
et régnas Deus in sæcula sæculorum, Amen.
|
Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, qui, par la
volonté du Père et la coopération du Saint-Esprit, avez donné par votre mort
la vie au monde; délivrez-moi par ce saint et sacré Corps, et par votre Sang,
de tous mes péchés et de toutes sortes de maux. Faites que je m'attache
toujours inviolablement à votre loi, et ne permettez pas que je me sépare
jamais de vous.
|
Si vous devez communier à cette
Messe, dites la troisième Oraison qui suit ; autrement, préparez-vous à faire
la Communion spirituelle.
Perceptio Corporis tui, Domine Jesu Christe, quod ego
indignus sumere præsumo, non mihi proveniat in judicium et condemnationem ;
sed pro tua pietate prosit mihi ad testamentum mentis et corporis, et ad
medelam percipiendam. Qui vivis et regnas cum Deo Patre, in unitate Spiritus
Sancti Deus, per omnia sæcula sæculorum. Amen.
|
Seigneur Jésus-Christ , faites
que la réception de votre Corps, que je me propose de prendre, tout indigne
que j'en suis, ne tourne pas à mon jugement et à ma condamnation ; mais que,
par votre bonté, il me serve de défense pour mon âme et pour mon corps, et qu'il me soit un remède salutaire.
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98
Quand le Prêtre prend l'Hostie et se dispose à s'en
communier, dites :
Panem coelestem accipiam, et Nomen Domini invocabo.
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Venez, Seigneur
Jésus !
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Quand il frappe sa poitrine et
confesse son indignité, répétez avec lui, trois fois, dans les sentiments du
Centurion de l'Evangile :
Domine, non sum dignus ut intres sub tectum meum : sed
tantum die verbo, et sanabitur anima mea.
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Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez en moi,
mais dites seulement une parole, et mon âme sera guérie.
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Au moment où il consomme la
sainte Hostie, si vous devez vous-même communier, adorez profondément votre
Dieu qui s'apprête à descendre en vous, et dites encore avec l'Epouse : Venez,
Seigneur Jésus ! (Apoc. XXII, 20.)
Si vous ne devez pas communier sacramentellement, communiez
en ce moment spirituellement, et adorant Jésus-Christ qui visite votre âme par
sa grâce, dites :
Je me donne à vous, ô mon Sauveur, pour être votre demeure:
faites en moi selon votre bon plaisir.
Corpus Domini
nostri Jesu Christi custodiat animam meam in vitam aeternam. Amen.
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Je me donne à vous, ô mon Sauveur, pour être votre
demeure : faites en moi selon votre bon plaisir.
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Puis le Prêtre prend le Calice
avec action de grâces, disant :
Quid retribuam
Domino pro omnibus quae retribuit mihi ? Calicem salutaris accipiam, et Nomen
Domini invocabo. Laudans invocabo Dominum, et ab inimicis meis salvus
ero.
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Que pourrai-je rendre à Dieu pour tous les biens qu'il m'a faits? Je
prendrai le Calice du salut, j'invoquerai le Nom du Seigneur, et je serai
délivré de mes ennemis.
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99
Si vous devez communier, dans le moment où le Prêtre prend
le Calice pour s'abreuver du Sang divin, adorez encore le Dieu qui s'approche
de vous, et dites toujours : Venez, Seigneur Jésus !
Si, au contraire, vous faites seulement la Communion
spirituelle, adorez de nouveau Jésus-Christ, et dites :
Sanguis Domini
nostri Jesu Christi custodiat animam meam in vitam aeternam. Amen.
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Je m’unis à vous, ô mon Sauveur! unissez-vous à moi ; que
nous ne nous séparions jamais !
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C'est à ce moment, si vous devez
communier, que le Prêtre vous donnera le Corps de Jésus-Christ. Les sentiments
que l'on doit apporter à la Sainte Communion, au Temps du Carême, sont
développés ci-après, Chapitre VI.
La Communion étant faite, pendant
que le Prêtre purifie le Calice pour la première fois, dites:
Quod ore
sumpsimus, Domine, pura mente capiamus : et de munere temporali fiat nobis
remedium sempiternum.
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Vous m'avez visité dans le temps ,
ô mon Dieu ! Faites que je garde les fruits de cette visite pour l'éternité.
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Pendant que le Prêtre purifie le
Calice pour la seconde fois, dites :
Corpus tuum, Domine, quod sumpsi, et Sanguis quem potavi,
adhaereat visceribus meis : et praesta ut in me non remaneat scelerum macula,
quem pura et sancta refecerunt Sacramenta. Qui vivis et regnas in sæcula sæculorum. Amen.
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Béni
soyez-vous, ô mon Sauveur, qui
m'avez initié au sacré mystère
de
votre Corps et de votre Sang. Que mon cœur et mes
sens conservent, par votre grâce,
la pureté que vous leur avez
donnée, et que votre sainte présence
demeure toujours en moi. Amen.
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Le Prêtre ayant lu l'Antienne
dite Communion, qui est le commencement de l'Action de Grâces pour le nouveau
bienfait que Dieu vient de nous accorder en renouvelant en nous sa présence, se
retourne enfin vers le peuple et le salue ; après quoi il récite les Oraisons
appelées Postcommunion, qui sont le complément de l'Action de Grâces. Joignez-vous
encore à lui, remerciant Dieu pour le bien inénarrable dont il vous a comblé,
et demandez avec ardeur que l'esprit de componction vous accompagne toujours.
Les Oraisons terminées, le Prêtre
se tourne de nouveau vers le peuple, et lui envoie le salut, pour se féliciter avec lui de
l'insigne faveur que Dieu vient d'accorder à l'assistance ; il dit :
Dominus vobiscum.
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Le Seigneur soit avec vous.
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Répondez-lui:
Et cum spiritu tuo.
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Et avec votre esprit.
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Le Diacre ensuite, ou le Prêtre
lui-même, si la Messe n'est pas solennelle, dit ces paroles :
Benedicamus Domino.
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Bénissons le Seigneur.
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Si la Messe n'est pas du
Dimanche, ou d'une Férié du Carême, il dit à l'ordinaire :
Ite, Missa est.
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Retirez-vous :
la Messe est finie.
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101
Remerciez Dieu de la grâce qu'il
vient de vous faire, en répondant :
Deo gratias.
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Grâces soient rendues à Dieu.
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Le Prêtre prie une dernière fois
avant de vous bénir ; priez avec lui :
Placeat tibi , sancta Trinitas,
obsequium servitutis meae et praesta ut sacrificium, quod oculis tuae
Majestatis indignus obtuli, tibi sit acceptabile, mihique, et omnibus, pro
quibus illud obtuli, sit, te miserante, propitiabile. Per Christum Dominum
nostrum. Amen.
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Grâces vous soient rendues, adorable Trinité, pour la miséricorde
dont vous avez daigné user envers moi, en me permettant d'assister à ce divin
Sacrifice ; pardonnez la négligence et la froideur avec esquelles j'ai reçu
un si grand bienfait, et daignez ratifier la bénédiction que votre ministre
va répandre sur moi en votre saint Nom.
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Le Prêtre étend ses mains et
bénit, en disant :
Benedicat vos omnipotens
Deus, Pater, et Filius, et Spiritus Sanctus. Amen.
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Que le Dieu tou-puissant, vous bénisse : le Père, le
Fils et le Saint-Esprit ! Amen.
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Il lit enfin la Leçon de
l'Evangile selon saint Jean, qui annonce l'éternité du Verbe et la miséricorde
qui l'a porté à prendre notre chair et à habiter en nous, afin de nous arracher
à nos ténèbres et de nous rendre Enfants de Dieu.
V/. Dominus vobiscum ;
R/. Et cum spiritu tuo.
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V/. Le Seigneur
soit avec vous;
R/. Et avec votre esprit.
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102
LE DERNIER EVANGILE.
Initium sancti Evangelii secundum Johannem. Cap. I.
In principio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et
Deus erat Verbum. Hoc erat in principio apud Deum. Omnia per ipsum facta sunt
; et sine ipso factum est nihil. Quod factum est, in ipso vita erat, et vita
erat lux hominum : et lux in tenebris lucet, et tenebrae eam non
comprehenderunt. Fuit homo missus a Deo, cui nomen erat Johannes. Hic venit
in testimonium, ut testimonium perhiberet de lumine, ut omnes crederent per
illum. Non erat ille lux, sed ut testimonium
perhiberet de lumine. Erat lux vera, quæ illuminat omnem hominem venientem in
hune mundum. In mundo erat, et mundus per ipsum factus est, et mundus eum non
cognovit. In propria venit, et sui eum non receperunt. Quotquot autem
receperunt eum, dedit eis potestatem filios Dei fieri, his qui credunt in
Nomine ejus : qui non ex sanguinihus, neque ex voluntate carnis, neque ex
voluntate viri, sed ex Deo nati sunt. ET VERBUM CARO FACTUM EST, et habitavit
in nobis : et vidimus gloriam ejus, gloriam quasi Unigeniti a Patre, plenum
gratia? et veritatis.
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Le commencement du saint Evangile selon saint Jean. Chap.
I.
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était dans le
principe avec Dieu. Toutes choses ont été faites par lui : et rien n'a été
fait sans lui. Ce qui a été fait était vie en lui, et la vie était la lumière
des hommes : et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont
point comprise. Il y eut un homme envoyé de Dieu qui s'appelait Jean. Il vint
pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous
crussent par lui. Il n'était pas la lumière, mais il était venu pour rendre
témoignage à celui qui était la lumière. Celui-là était la vraie lumière qui
éclaire tout homme venant en ce monde. Il était dans le monde, et le monde a
été fait par lui, et le monde ne l'a point connu. Il est venu chez soi, et les
siens ne l'ont point reçu. Mais il a donné à tous ceux qui l'ont reçu le
pouvoir d'être faits enfants de Dieu, à ceux qui croient en son Nom, qui ne
sont point nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de
l'homme, mais de Dieu même. ET LE VERBE S'EST FAIT CHAIR, et il a habité en
nous, et nous avons vu sa gloire, sa gloire comme du Fils unique du Père,
étant plein de grâce et de vérité.
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