LUNDI III

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PROPRE DES SAINTS

LE LUNDI DE LA TROISIÈME SEMAINE DE CARÊME.

 

La  Station  est dans  l'Eglise  de Saint-Marc, bâtie au IVe siècle en l'honneur de l'Evangéliste de ce nom, parle pape saint  Marc,  dont le corps  y  repose encore aujourd'hui.

 

COLLECTE.

 

 

 

Cordibus nostris, quæsumus Domine, gratiam tuam benignus infunde : ut sicut ab escis carnalibus abstinemus, ita sensus quoque nostros a noxiis retrahamus excessibus. Per Christum Dominum nostrum Amen.

 

 

Daignez, Seigneur, verser votre grâce dans nos cœurs, afin qu'en pratiquant l'abstinence des viandes, nous retirions aussi nos sens des excès qui nous furent nuisibles. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

LEÇON.

 

 

Lectio libri Regum. IV, Cap. V.

 

In diebus illis:Naaman, princeps militise regis Syriæ, erat vir magnus apud dominum suum, et honoratus : per illum enim dedit Dominus salutem Syriæ : erat autem vir fortis et dives, sed leprosus. Porro de Syria egressi fuerant latrunculi,  et captivam duxerant de terra Israël puellam parvulam, quæ erat in obsequio uxoris Naaman. Quæ ait ad dominam suam : Utinam fuisset dominus meus ad Prophetam, qui est in Samaria: profecto curasset eum a lepra quam habet. Ingressus est ita-que Naaman ad dominum suum, et nuntiavit ei, dicens : Sic et sic locuta est puella de terra Israël. Dixitque ei rex Syriæ : Vade, et mittam litteras ad regem Israël. Qui cum profectus esset, et tulisset secum decem talenta argenti, et sex millia aureos, et decem mutatoria vestimentorum, detulit litteras ad regem Israël, in haec verba : Cum acceperis epistolam hanc, scito quod miserim ad te Naaman servum meura, ut cures eum a lepra sua. Cumque legisset rex Israël litteras, scidit vestimenta sua, et ait : Numquid Deus ego sum, ut occidere possim et vivificare, quia iste misit ad me, ut curem hominem a lepra sua? Animadvertite et videte quod occasiones quærat adversum me. Quod cum audisset Elisaeus vir Dei, scidisse videlicet regem Israël vestimenta sua, misit ad eum dicens : Quare scidisti vestimenta tua ? Veniat ad me, et sciat esse Prophetam in Israël. Venu ergo Naaman cum equis et curribus, et stetit ad ostium domus Elisæi : misitque ad eum Elisaeus nuntium,dicens: Vade, et lavare septies in Jordane, et recipiet sanitatem caro tua, atque mundaberis. Iratus Naaman recedebat, dicens : Putabam quod egrederetur ad me, et stans invocaret nomen Domini Dei sui, et tangeret manu sua locum leprae et curaret me. Numquid non meliores sunt Abana et Pharphar fluvii Damasci omnibus aquis Israël, ut laver in eis et munder? Cum ergo vertisset se, et abiret indignans, accesserunt ad eum servi sui, et locuti sunt ei : Pater, et si rem grandem dixisset tibi Propheta, certe facere debueras : quanto magis quia nunc dixit tibi : Lavare, et mundaberis? Descendit, et lavit in Jordane septies juxta sermonem viri Dei, et restituta est caro ejus, sicut caro pueri parvuli, et mundatus est. Reversusque ad virum Dei cum universo comitatu suo, venit et stetit coram eo, et ait : Vere scio quod non sit alius Deus in universa terra, nisi tantum in Israël.

 

 

Lecture du livre des Rois. IV, Chap. V.

 

En ces jours-là, Naaman, général de l'armée du roi de Syrie, était un homme puissant et en grand honneur auprès de son maître ; car le Seigneur avait sauvé par lui la Syrie. Il était vaillant et riche, mais lépreux. Or il arriva que des voleurs sortis de Syrie  firent captive  une jeune fille de la terre d'Israël, et que celle-ci fut attachée au service de la femme de Naaman. Cette fille dit à sa maîtresse : Plût à Dieu que mon maître eût été trouver le Prophète qui est en Samarie ! il aurait été assurément guéri de sa lèpre. Naaman alla donc trouver son maître et lui dit : Une fille de la terre d'Israël a dit ceci et cela. Le roi de Syrie lui dit: Va, et j'écrirai pour toi au roi d'Israël. Naaman partit donc, et prit avec lui dix talents d'argent, six mille écus d'or et dix habillements neufs, et il porta au roi d'Israël la lettre du roi de Syrie ainsi conçue : Lorsque vous aurez reçu cette lettre, elle vous apprendra que j'ai envoyé vers vous Naaman mon serviteur, afin que vous le guérissiez de sa lèpre. Le roi d'Israël, ayant lu cette lettre, déchira ses vêtements, et dit: Suis-je donc un Dieu pour pouvoir ôter et rendre la vie, que celui-ci m'envoie un homme à guérir de la lèpre ? Considérez et voyez que ce roi cherche une occasion contre moi. Elisée, l'homme de Dieu, ayant appris que le roi d'Israël avait ainsi déchiré ses vêtements, lui envoya dire : Pourquoi avez-vous déchiré vos vêtements ? Que cet homme vienne à moi, et qu'il sache qu'il y a un Prophète en Israël. Naaman vint donc avec tous ses chevaux et ses chariots, et il s'arrêta à la porte de la maison d'Elisée. Et Elisée lui envoya dire par quelqu'un : Allez, et lavez-vous sept fois dans le Jourdain, et votre chair se guérira et deviendra nette. Naaman irrite se retirait déjà, en disant : Je croyais qu'il serait venu me trouver, qu'il invoquerait sur moi le nom du Seigneur son Dieu, qu'il toucherait de sa main ma lèpre, et qu'il me guérirait. N'avons-nous pas à Damas les fleuves d'Abana et de Pharphar qui sont meilleurs que toutes les eaux d'Israël, pour aller m'y laver et me rendre le corps net? Comme donc il avait déjà détourné sa face et s'en allait plein d'indignation, ses serviteurs s'approchèrent de lui et lui dirent : Père, si le Prophète vous eût enjoint quelque chose de bien difficile, vous auriez dû néanmoins le faire : combien plus devez-vous aujourd'hui lui obéir, lorsqu il vous dit : Allez vous laver, et vous deviendrez net ? Il descendit, et se lava sept fois dans le Jourdain selon la parole de l'homme de Dieu ; et sa chair redevint aussi saine que la chair d'un petit enfant, et il se trouva guéri. Il retourna donc vers l'homme de Dieu avec toute sa suite, et il vint se présenter devant lui, et lui dit: Je sais fermement qu'il n'y a point d'autre Dieu sur toute la terre, que celui qui est en Israël.

 

 

 

 

Hier, la sainte Eglise annonçait l'approche du Baptême pour nos Catéchumènes; aujourd'hui, elle leur présente une histoire de l'Ancien Testament qui renferme un symbole de ce bain salutaire que leur a préparé la miséricorde divine. La lèpre de Naaman est la figure du péché ; cette hideuse maladie n'a pour l'officier syrien qu'un seul remède : il faut qu'il se baigne sept fois dans les eaux du Jourdain, et il sera guéri. Le Gentil, l'infidèle, l'enfant qui naît avec la tache originelle, tous peuvent devenir justes et saints, mais par l'eau seulement et par l'invocation de la glorieuse Trinité. Naaman trouve qu'un tel remède est trop vulgaire ; il doute, il hésite; dans sa sagesse humaine, il voudrait un moyen plus digne de lui, un prodige sensible qui pût lui faire honneur autant qu'au Prophète. Au temps de la prédication apostolique, plus d'un Gentil raisonna de même ; mais ceux qui crurent avec simplicité à la vertu de l'eau sanctifiée par Jésus-Christ reçurent la régénération ; et la fontaine baptismale enfanta un nouveau peuple formé de tous les peuples qui sont sous le ciel. Naaman, figure de la gentilité, se résolut enfin à croire ; et sa foi fut récompensée par une guérison complète. Ses chairs putréfiées devinrent semblables à celles de l'enfant chez qui les sources de la vie n'ont point encore été altérées. Glorifions Dieu qui a donné cette vertu aux eaux, et qui, par sa grâce, produit dans les âmes dociles cette foi à laquelle il réserve une si précieuse récompense.

 

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ÉVANGILE.

 

Sequentia sancti Evangelii secundum Lucam. Cap. IV.

 

In illo tempore : Dixit Jesus Pharisæis: Utique dicetis mihi hanc similitudinem : Medice, cura teipsum : quanta audivimus facta in Capharnaum, fac et hic in patria tua. Ait autem : Amen dico vobis, quia nemo propheta acceptus est in patria sua. In veritate dico vobis, multce viduœ erant in diebus Eliæ in Israël, quando clausum est cœlum annis tribus et mensibus sex cum facta esset fames magna in omni terra : et ad nullam illarum missus est Elias, nisi in Sarephta Sidoniae ad mulierem viduam. Et multi leprosi erant in Israël sub Elisso propheta: et nemo eorum mundatus est, nisi Naaman Syrus. Et repleti sunt omnes in synagoga ira, hæc audientes. Et surrexerunt, et ejecerunt illum extra civitatem : et duxerunt illum usque ad supercilium montis, super quem civitas illorum erat aedificata, ut praecipitarent eum. Ipse autem transiens per medium illorum, ibat.

 

 

 

La suite du saint  Evangile selon saint Luc. Chap, IV.

 

En ce temps-là, Jésus dit aux Pharisiens: Vous m'appliquerez sans doute ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même; vous me direz : Les grandes choses que nous avons ouï dire avoir été accomplies par vous à Capharnalim, faites-les ici dans votre patrie. Et il ajouta : En vérité, je vous le dis, nul prophète n'est accueilli dans sa patrie. Je vous le dis en vérité, il y avait plusieurs veuves en Israël aux joursd'Elie, lorsque le ciel lut fermé durant trois ans et six mois, et qu'il y eut une grande famine par toute la terre; néanmoins Elie ne fut envoyé à aucune d'elles, si ce n'est à la veuve de Sarepta des Sidoniens. Et il y avait de même plusieurs lépreux en Israël aux jours du prophète Elisée, et néanmoins nul d'entre eux ne fut guéri, mais seulement Naaman le Svrien. En entendant ceci, ils furent tous remplis de colère dans la synagogue. Et se levant ils le jetèrent hors de la ville, et le menèrent au sommet d'un mont sur lequel leur ville était bâtie, pour le précipiter ; mais lui, passant au milieu d'eux, se retira.

 

 

 

Nous venons d'entendre le Sauveur proclamer encore le mystère de la vocation des Gentils à la place des Juifs incrédules; et notre Naaman est cité ici comme un exemple de cette miséricordieuse substitution. Jésus rappelle aussi la veuve de Sarepta, l'hôtesse d'Elie, dont nous avons lu l'histoire il y a quelques jours. Cette effrayante résolution du Seigneur de transporter sa lumière d'un peuple à l'autre irrite les pharisiens de Nazareth contre le Messie. Ils savent que Jésus, qui, à ce moment, n'était encore qu'au début de sa prédication, vient d'opérer de grandes merveilles dans Capharnaiim : ils voudraient le voir illustrer leur petite ville par quelques signes semblables; mais Jésus sait qu'ils ne se convertiraient pas. Le connaissent-ils seulement? Il a atteint au milieu d'eux l'âge de trente ans, « croissant toujours en âge et en sagesse devant Dieu et devant les hommes (1) » ; mais ces puissants du siècle ne faisaient guère attention à un pauvre ouvrier, au fils du charpentier. Savent-ils môme que, si Jésus a fait un long séjour à Nazareth, ce n'est cependant pas dans cette ville, mais à Bethléhem, qu'il est né ? Devant eux, dans la synagogue de Nazareth (2), il vient d'expliquer le prophète Isaïe avec une éloquence et une grâce merveilleuses; il annonçait que le temps de la miséricorde était arrivé. Son discours, qui étonna et ravit l'assistance, a moins frappé les sages de la ville que le bruit des prodiges qu'il vient d'opérer dans un pays voisin. Ils veulent lui voir faire quelque miracle sous leurs yeux, comme un vain spectacle; ils ne l'obtiendront pas. Qu'ils se rappellent le discours que

 

1. Luc. II, 52. — 2. Ibid. IV, 16-22.

 

3o7

 

Jésus a fait dans la synagogue, et surtout qu'ils tremblent en l'entendant annoncer le retour des Gentils. Mais le divin Prophète n'est point écouté dans sa propre ville ; et si sa puissance ne l'eût soustrait à la férocité de ses indignes compatriotes, le sang du Juste eût été répandu dès ce jour-là. C'est la triste gloire de l'ingrate Jérusalem, « que nul prophète ne doit périr, si ce n'est dans ses murs (1) ».

 

 

Humiliate capita vestra Deo.

Humiliez vos têtes devant Dieu.

 

ORAISON.

 

Subveniat nobis, Domine, misericordia tua : ut ab imminentibus peccatorum nostrorum periculis, te mereamur protegente, eripi, te liberante, salvari. Per Christum Dominum nostrum. Amen.

 

 

 

Que votre miséricorde, Seigneur, nous assiste, arin que nous méritions d'être arrachés par votre protection aux périls pressants où nos péchés nous engagent, et d'en être sauvés par votre secours libérateur. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

Offrons à Dieu, en cette journée, cette solennelle Supplication , empruntée à la Liturgie gothique :

 

PRECES.

 

(Missale Gothicum.  In Dominica  III Quadragesimœ.)

 

 

Rogamus te, Rex saeculorum, Deus sancte, jam miserere peccavimus tibi.

 

 

V/. Audi clamantes, Pater altissime, et qune precamur, clemens attribue : exaudi nos, Domine.

 

R/. Jam miserere.

 

V/. Bone Redemptor, supplices quæsumus de toto corde nentes : requirimus, adsiste propitius.

 

 

R/. Jam miserere.

 

V/. Emitte manum , Deus omnipotens : et invocantes potenter protege ex alto, piissime.

 

 

R/. Jam miserere.

 

V/. Fertilitatem et pacem tribue : remove belia, et famem cohibe, Redemptor sanctissime.

 

R/. Jam miserere.

 

V/. Induire lapsis : indulge perditis : dimitte noxia : ablue crimina : acclines tu libera.

 

 

 

R/. Jam miserere.

 

V/.Gemitus vide : fletus intellige : extende manum : peccantes redime.

 

 

R/. Jam miserere.

 

V/.  Hanc   nostram , Deus, hanc pacem suscipe : supplicum voces placatus suscipe : et parce, piissime.

 

 

R/. Rogamus te, Rex sæculorum, Deus sancte, jam miserere : peccavimus tibi.

 

 

Roi des siècles, Dieu saint, nous avons péché contre vous; nous vous en prions, ayez enfin pitié.

 

V/. Père très haut, écoutez nos cris ; dans votre bonté, octroyez nos demandes; exaucez-nous,  Seigneur.

 

R/. Ayez enfin pitié.

 

V/. Rédempteur plein de bonté, nous vous supplions, pleurant de tout notre cœur ; nous sommes devant vous, soyez propice; assistez-nous.

 

R/. Ayez enfin pitié.

 

V/. Dieu tout-puissant, étendez votre main du haut du ciel : ô miséricordieux, dans votre puissance, protégez ceux qui vous invoquent.

 

R/. Ayez enfin pitié.

 

V/. Donnez la fertilité et la paix, écartez les guerres, repoussez la famine, ô Rédempteur très saint !

 

R/. Ayez enfin pitié.

 

V/. Pardonnez à ceux qui sont tombés ; pardonnez à ceux qui se sont perdus ; remettez les fautes, lavez les crimes ; délivrez ceux qui sont devant vous prosternés.

 

R/. Ayez enfin pitié.

 

V/. Voyez les gémissements, considérez lespleurs, étendez la main, rachetez ceux qui ont péché.

 

R/. Ayez enfin pitié.

 

V/. Acceptez, ô Dieu ! cette réconciliation ;  accueillez ces voix  suppliantes,  et pardonnez, vous  plein de bonté.

 

 

R/. Roi des siècles, Dieu saint, nous avons péché contre vous, nous vous en prions, ayez enfin pitié de nous.

 

 

1. Luc. XIII, 38.

 

 

 

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