JEUDI IV

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PRÉFACE
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CHAPITRE VII
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Ier DIMANCHE
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MERCREDI I
JEUDI I
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SAMEDI I
DIMANCHE II
LUNDI II
MARDI II
MERCREDI II
JEUDI II
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SAMEDI II
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LUNDI III
MARDI III
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MERCREDI IV
JEUDI IV
VENDREDI IV
SAMEDI IV
PROPRE DES SAINTS

LE JEUDI DE LA QUATRIÈME SEMAINE DE CARÊME.

 

La Station est à l'Eglise de Saint-Sylvestre-et-Saint-Martin aux Monts, l'une des plus vénérées de la piété romaine. Elevée d'abord par le pape saint Sylvestre, dont elle a retenu le nom et le patronage, elle était consacrée, dès le VI° siècle, au grand thaumaturge des Gaules, saint Martin. Au VIIe siècle on y apporta de la Chersonèse le corps du saint pape Martin, qui avait mérité la couronne du martyre peu d'années auparavant. Cette Eglise a été le premier titre cardinalice de saint Charles Borromée, et, au siècle dernier, celui du Bienheureux cardinal Joseph-Marie Tommasi, savant liturgiste, dont on y vénère aussi le corps.

 

 

COLLECTE.

 

 

Praesta, quasumus omnipotens Deus, ut quos jejunia votiva castigant, ipsaquoque devotio sancta lœtificet : ut, terrenis affectibus mitigatis, facilius cœlestia capiamus Per Christum Dominum nostrum. Amen.

 

 

Faites, s'il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, que, mortifiant nos corps par ces jeûnes solennels, nous ressentions la joie d'une dévotion sainte, et que l'ardeur de nos appétits terrestres étant mitigée, nous coûtions plus aisément les choses du ciel. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

 

LEÇON

 

 

 

 

Lectio  libri Regum. IV, Cap. IV.

 

In diebus illis : Venit mulier Sunamitis ad Eliseum in montem Carmeli : cumque vidisset eam vir Deie contra, ait ad Giezi puerum suum : Ecce Sunamitis illa. Vade ergo in occursum ejus, et die ei : Rectene agitur circa te, et circa virum tuum, et circa filium tuum? Quae respondit : Recte. Cumque venisset ad virum Dei in montem , apprehendit pedes ejus : et accessit Giezi ut amoveret eam. Et ait homo Dei : Dimitte illam : anima enim ejus in amaritudine est, et Dominus celavit a me, et non indicavit mihi. Quæ dixit illi: Numquid petivi filium a domino meo ? Numquid non dixi tibi : Ne illudas me ? Et ille ait ad Giezi : Accinge lumbos tuos, et toile baculum meum in manu tua, et vade. Si occurrerit tibi homo, non salutes eum : et si salutaverit te quispiam, non respondeas illi : et pones baculum meum super faciem pueri. Porro mater pueri ait : Vivit Dominus, et vivit anima tua, non dimittam te. Surrexit ergo, et secutus est eam. Giezi autem pnucesserat ante eos, et posuerat bacu-lum super faciem pueri, et non erat vox, neque sensus : reversusque est in occursum ejus, et nuntiavit ci dicens : Non surrexit puer. Ingressus est ergo Eliseus domum, et ecce puer mortuus jacebat in lectulo ejus : ingressusque clausit ostium super se, et super puerum : et oravit ad Dominum. Et ascendit , et incubuit super puerum: posuitque os suum super os ejus, et oculossuos superoculos ejus, et manus suas super manus ejus : et incurvavit se super eum: et calefacta est caro pueri. At ille reversus, deambulavit in domo, semel huc atque illuc : et ascendit, et incubuit super eum : et oscitavit puer septies, aperuitque oculos. At ille vocavit Giezi, et dixit ei : Voca Sunamitidem hanc. Quæ vo-cata , ingressa est ad eum. Qui ait : Tolle filium tuum. Venit illa, et corruitad pedes ejus, et adoravit super terram : tulitque filium suum, et egressa est, et Eliseus reversus est in Galgala.

 

 

Lecture du  livre des Rois. IV. Chap. IV.

 

En ces jours-là, il vint une femme de Sunam vers le prophète Elisée, sur la montagne du Carmel. Et l'homme de Dieu, l'ayant aperçue de loin, dit à Giézi son serviteur: Voici cette Sunamite. Va donc au-devant d'elle, et dis-lui : Tout va-t-il bien chez toi ? Ton mari et ton fils se portent-ils bien? Elle lui répondit: Tout est bien. Et étant venue jusqu'à l'homme de Dieu, sur la montagne, elle embrassa ses pieds, et Giézi s'approcha d elle pour la retirer. Mais l'homme de Dieu lui dit: Laisse-la: car son âme est dans l'amertume; et le Seigneur me l'a caché, et il ne me l'a pas fait connaître. La femme lui dit alors: Avais-je demandé un fils à mon seigneur? Ne vous avais-je pas dit : Ne me trompez pas ? Et Elisée dit à Giézi: Ceins tes reins, prends mon bâton à la main, et pars. Si tu rencontres quelqu'un, ne le salue pas ; et si quelqu'un te salue, ne lui réponds pas ; et tu mettras mon bâton sur le visage de l'enfant. Mais la mère de l'enfant dit au prophète : Vive le Seigneur et vive votre âme ! je ne vous quitterai pas. Elisée se leva donc  et la suivit.

Cependant Giezi était parti devant eux, et il avait mis le bâton sur le visage de l'enfant; et ni la voix ni le sentiment ne lui étaient revenus. Il retourna donc au-devant de son maître, et vint lui dire : L'enfant n'est pas ressuscité Elisée entra ensuite dans la maison ; et l’enfant mort était couché sur son lit. Et étant entré, il ferma la porte sur lui et sur l'enfant, et il pria le Seigneur. Après cela, il monta sur le lit et s'étendit sur l'enfant ; il mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses yeux, et ses mains sur ses mains ; et il couvrit le corps de l'enfant. Et la chair de l'enfant en fut échauffée. Et étant descendu de dessus le lit, il se promena et fit deux tours dans la chambre ; puis il remonta et s'étendit encore sur l'enfant. Alors l'enfant bâilla sept fois et ouvrit les yeux. Elisée appela ensuite Giézi , et lui dit : Appelle cette Sunamite. Elle vint aussitôt et entra dans la chambre. Elisée lui dit : Emmène ton fils. Elle vint, se précipita à ses pieds, et l'adora le visage contre terre ; et, ayant pris son fils, elle s'en alla ; et Elisée retourna à Galgala.

 

 

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Toutes  les merveilles du  plan divin  pour le salut de l'homme sont réunies dans cette mystérieuse narration ; empressons-nous de les y découvrir, afin que nous n'ayons rien à envier à nos Catéchumènes. Cet enfant mort, c'est le genre humain que le péché a privé de la vie ; mais Dieu a résolu de le ressusciter. D'abord un serviteur est envoyé près du cadavre ; ce serviteur est Moïse. Sa mission est de Dieu ; mais, par elle-même, la loi qu'il apporte ne donne pas la vie. Cette loi est figurée par le bâton que Giézi tient à la main, et dont il essaie en vain le contact sur le corps de l'enfant. La Loi n'est que rigueur : elle établit un régime de crainte, à cause de la dureté du cœur d'Israël ; mais elle triomphe à peine de cette dureté ; et les justes dans Israël, pour être vraiment justes, doivent aspirer à quelque chose de plus parfait et de plus filial que la loi du Sinaï. Le Médiateur, qui doit tout adoucir en apportant du ciel l'élément de la charité, n'est pas venu encore ; il est promis, il est figuré ; mis il ne s’est pas fait chair, il n'a pas encore habité parmi nous. Le mort n'est pas ressuscité. Il faut que le Fils de Dieu descende lui-même.

Elisée est la figure de ce divin Rédempteur. Voyez comme il se rapetisse à la mesure du corps de l'enfant, comme il s'unit étroitement à tous ses membres dans le mystérieux silence de cette chambre fermée. C'est ainsi que le Verbe du Père, voilant sa splendeur au sein d'une vierge, s'y est uni à notre nature, et, « prenant la forme de l'esclave, s'est anéanti jusqu'à devenir semblable à l'homme (1) », « afin de nous rendre la vie, et une vie plus abondante encore (2) » que celle que nous avions  eue au  commencement.  Observez

 

1. Philip. II, 7. — 2. Johan. X, 10.

 

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aussi ce qui se passe dans l'enfant, et quelles sont les marques de la résurrection qui s'opère en lui. Sept fois sa poitrine se dilate, et il aspire, afin de marquer par ce mouvement que l'Esprit aux sept dons reprendra possession de l'âme humaine qui doit être son temple. Il ouvre les yeux, pour signifier la fin de cet aveuglement qui est le caractère de la mort : car les morts ne jouissent plus de la lumière, et les ténèbres du tombeau sont leur partage. Enfin considérez cette femme, cette mère : c'est la figure de l'Eglise qui implore de notre divin Elisée la résurrection de ses chers Catéchumènes, de tous les infidèles qui sont encore sous les ombres de la mort (1) ; unissons-nous à sa prière, et efforçons-nous d'obtenir que la lumière de l'Evangile s'étende de plus en plus, et que les obstacles qu'apporte à sa propagation la perfidie de Satan, jointe à la malice des hommes, disparaissent sans retour.

 

1. ISAI. IX, 2.

 

 

ÉVANGILE.

 

 

Sequentia sancti Evangelii secundum Lucam. Cap. VII.

 

In illo tempore : Ibat Jesus in civitatem quæ vocatur Naim : et ibant cum eo discipuli ejus, et turba copiosa. Cum autem appropinquaret portas civitatis, ecce defunctus efferebatur , filius unicus matris suas: et haec vidua erat : et turba civitatis multa cum illa. Quam cum vidisset Dominus, misericordia motus super eam, dixit illi : Noli flere. Et accessit, et tetigit loculum (hi autem qui portabant steterunt). Et ait : Adolescens, tibi dico, surge. Et resedit qui erat mortuus, et cœpit loqui. Et dedit illum matri suas. Accepit autem omnes timor : et magnificabant Deum, dicentes : Quia Propheta magnus surrexit in nobis: et quia Deus visitavit plebem suam.

 

 

La suite du saint Evangile selon saint Luc. Chap. VII.

 

En ce temps-là, Jésus alla dans une ville appelée Naïm; et ses disciples allaient avec lui, et une foule nombreuse. Comme il approchait de la porte de la ville, voilà qu'on emportait un mort, fils unique de sa mère ; et celle-ci était veuve, et beaucoup de personnes de la ville l'accompagnaient. Le Seigneur l'ayant vue, il fut touché de compassion pour elle, et lui dit: Ne pleure pas. Et il s'approcha, et toucha le cercueil : ceux qui le portaient s'arrêtèrent. Et il dit: Jeune homme, je te le commande , lève-toi. Et le mort se leva, et commença de parler : et Jésus le rendit à sa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, disant : Un grand Prophète s'est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple.

 

 

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Aujourd'hui et demain encore, la sainte Eglise ne cesse de nous offrir des types de la résurrection : c'est l'annonce de la Pâque prochaine, et en même temps un encouragement à l'espérance pour tous les morts spirituels qui demandent à revivre. Avant d'entrer dans les deux semaines consacrées aux douleurs du Christ, l'Eglise rassure ses enfants sur le pardon qui les attend, en leur offrant le spectacle consolant des miséricordes de celui dont le sang est notre réconciliation. Délivrés de toutes nos craintes, nous serons plus à nous-mêmes pour contempler le sacrifice de notre auguste victime, pour compatir à ses douleurs. Ouvrons donc les yeux de l'âme, et considérons la merveille que nous offre notre Evangile. Une mère éplorée conduit le deuil de son fils unique, et sa douleur est inconsolable. Jésus est touché de compassion ; il arrête le convoi ; sa main divine touche le cercueil ; et sa voix rappelle à la vie le jeune homme dont le trépas avait causé tant de larmes. L'écrivain sacré insiste pour nous  dire que Jésus le  rendit

 

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à sa mère. Quelle est cette mère désolée, sinon la sainte Eglise qui mène le deuil d'un si grand nombre de ses enfants ? Jésus s'apprête à la consoler. Il va bientôt, par le ministère de ses prêtres, étendre la main sur tous ces morts ; il va bientôt prononcer sur eux la parole qui ressuscite ; et l'Eglise recevra dans ses bras maternels tous ces fils dont elle pleurait la perte, et qui seront pleins de vie et d'allégresse.

Considérons le mystère des trois résurrections opérées par le Sauveur : celle de la fille du prince de la synagogue (1), celle du jeune homme d'aujourd'hui, et celle de Lazare, à laquelle nous assisterons demain. La jeune fille ne fait que d'expirer ; elle n'est pas ensevelie encore : c'est l'image du pécheur qui vient de succomber, mais qui n'a pas contracté encore l'habitude et l'insensibilité du mal. Le jeune homme représente le pécheur qui n'a voulu faire aucun effort pour se relever, et chez lequel la volonté a perdu son énergie : on le conduit au sépulcre; et, sans la rencontre du Sauveur, il allait être rangé parmi ceux qui sont morts à jamais. Lazare est un symbole plus effrayant encore. Déjà il est en proie à la corruption. Une pierre roulée sur le tombeau condamne le cadavre à une lente et irrémédiable dissolution. Pourra-t-il revivre ? Il revivra si Jésus daigne exercer sur lui son divin pouvoir. Or, en ces jours où nous sommes, l'Eglise prie, elle jeûne ; nous prions, nous jeûnons avec elle, afin que ces trois sortes de morts entendent la voix du Fils de Dieu, et qu'ils ressuscitent.  Le mystère de la Résurrection de

 

1. L'Eglise nous présente ce récit dans  l'Evangile du XXIII° Dimanche après la Pentecôte.

 

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Jésus-Christ va produire son merveilleux effet à ces trois degrés. Associons-nous aux desseins de la divine miséricorde ; faisons instance, jour et nuit, auprès du Rédempteur, afin que, dans quelques jours, nous puissions, à la vue de tant de morts rendus à la vie, nous écrier avec les habitants de Naïm : « Un grand Prophète s'est levé «  parmi nous, et Dieu a visité son peuple. »

 

 

Humiliate capita vestra Deo.

Humiliez vos têtes devant Dieu.

 

ORAISON.

 

 

Populi tui, Deus, institutor et rector, peccata quibus impugnatur expelle : ut semper tibi placitus, et tuo munimine sit securus. Per Christum Dominum nostrum. Amen.

 

 

O Dieu! instituteur et conducteur de votre peuple, éloignez de lui les péchés qui l’assaillent : afin que, vous étant toujours agréable, il soit en assurance sous votre protection. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

 

Nous plaçons ici ce beau cantique de l'Eglise gothique d'Espagne, aux premiers siècles. Il s'adresse aux Catéchumènes admis au Baptême; mais plus d'un de ses traits peut s'appliquer aux pécheurs qui vont être réconciliés.

 

HYMNE.

 

 

(Breviar. gothicum. Sabbato Hebdomadae V in  Quadragesima.)

 

 

Vocaris ad vitam, sacrum Dei  genus, Creator adsciscens, amat quae condidit :
Redemptor attrahit benigno spiritu ;
Venite, dicit, vester unus sum Deus.

 

 

Prorsus relicto claritatis lumine,
Ingens chaos vos pessime concluserat :
Locus beatitudinis  jam non erat ;
Cruenta  terra qua remors intraverat.

 

 

En, mitis adveni, creans  et   recreans

Deus : Potens, infirmitatis particeps vestræ
Valenter vos feram, concurrite ;
Ut jam  receptet  vos ovile gaudii.

 

 

Signo crucis frons praenotetur indito :

Aures, et os perfusa signet unctio :

Praebete dictis cordis aurem : vividum

Confessionis personate canticum.

 

 

 

Omnes  novo  estote laeti nomine :
Omnes  novæ sortis  fovet haereditas :
Nullus manebit servus hosti subditus :
Eritis unius Dei regnum manens.

 

 

 

Honor sit aeterno Deo, sit gloria
Uni Patri,  ejusque soli Filio,
Cum Spiritu ; quas Trinitas perenniter
Vivit potens in sæculorum sæcula. Amen.

 

 

On t'appelle à la vie, peuple saint de Dieu ;  le Créateur t'invite ; il aime l'œuvre de ses mains. Le Rédempteur dans sa bénignité attire les hommes; il leur dit : Venez, je suis votre Dieu unique.

 

Vous aviez fui l'éclat de la lumière ; un immense chaos vous environnait ; le séjour du bonheur n'était plus pour vous; la mort sanglante avait fait son entrée sur la terre.

 

Moi, le Dieu qui crée et qui ressuscite, je suis arrivé plein de douceur; je viens participer à votre infirmité ; dans ma puissance je vous porterai sans effort; accourez à moi; le bercail joyeux est prêt à vous recevoir.

 

Le front va être marqué du signe de la croix; les oreilles et la bouche seront consacrées par l'onction ; prêtez l'oreille du cœur à l'enseignement; chantez avec ardeur le Symbole comme un cantique vivifiant.

 

Réjouissez vous de votre nom nouveau; vous êtes appelés à recueillir un nouvel héritage ; nul de vous ne sera désormais l'esclave soumis à son ennemi ; vous serez le royaume permanent du seul Dieu.

 

Honneur au Dieu éternel ; gloire au Père unique, au Fils unique aussi et à l'Esprit : Trinité qui vit, à jamais puissante, dans les siècles des siècles. Amen.

 

 

 

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