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LE MARDI DE LA QUATRIÈME SEMAINE DE CARÊME.
La Station est dans l'Eglise de Saint-Laurent in Damaso, ainsi appelée parce qu'elle fut bâtie, au IV°
siècle, en l'honneur du glorieux Archidiacre de l'Eglise Romaine, par le Pape
saint Damase, dont elle conserve encore aujourd'hui le corps.
COLLECTE.
Sacrae nobis,
quaesumus Domine, observationis
jejunia, et piae conversationis augmentum, et tuae propitiationis continuum proestent auxilium. Per Christum Dominum nostrum. Amen.
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Daignez faire, Seigneur, que les jeûnes qu'il nous faut
observer dans ce saint temps nous fassent avancer dans la piété, et nous
procurent l'assistance continuelle de votre miséricorde. Par Jésus-Christ
notre Seigneur. Amen.
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LEÇON.
Lectio libri
Exodi. Cap. XXXII.
In diebus illis:
Locutus est Dominus ad Moysen, dicens : Descende de
monte : peccavit populus tuus, quem eduxisti de terra Aegypti. Recesserunt cito de via, quam ostendisti eis : feceruntque sibi vitulum conflatilem, et adoraverunt, atque immolantes ei hostias, dixerunt : Isti sunt dii
tui, Israël, qui te eduxerunt
de terra Aegypti. Rursumque
ait Dominus ad Moysen : Cerno quod populusiste duræ cervicis sit : dimitte me, ut irascatur furor meus contra eos, et deleam eos, faciamque te in gentem magnam. Moyses autem orabat Dominum Deum suum, dicens : Cur, Domine, irascitur furor tuus contra populum tuum, quem eduxisti de terra Aegypti in fortitudine magna, et in manu robusta ? Ne, quaeso, dicant Aegyptii : Callide eduxit eos, ut interticeret in montibus, et deleret e terra : quiescat ira
tua, et esto placabilis
super nequitia populi tui.
Recordare Abraham, Isaac, et Israël servorum tuorum, quibus jurasti per temetipsum, dicens : Multiplicabo semen vestrum sicut stellascœli : et universam terram hanc, de qua locutus sum, dabo semini
vestro, et possidebitis eam semper. Placatusque est Dominus ne faceret malum, quod locutus fuerat adversus populum suum.
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Lecture du livre de l'Exode. Chap. XXXII.
En ces jours-là, le Seigneur parla à Moïse, et lui dit :
Descends de la montagne : car ton peuple que tuas tiré de l'Egypte a péché.
Ils se sont retirés bientôt de la voie que tu leur avais montrée ; ils ont
fondu l'image d'un veau et l'ont adoré ; ils lui ont immolé des victimes, et
ils ont dit : O Israël, ce sont là les dieux qui t'ont délivré de la terre
d'Egypte Le Seigneur dit encore à Moïse : Je vois que ce peuple a la tête
dure : laisse-moi faire, afin que ma colère s'allume contre eux, et que je
les extermine ; et je te ferai chef d'un grand peuple. Mais Moïse priait le
Seigneur son Dieu, et disait : Pourquoi, Seigneur, votre fureur
s'allume-t-elle contre votre peuple que vous avez tiré de la terre d'Egypte,
dans votre grande force et votre main puissante ? Ne permettez pas, je vous
prie, que les Egyptiens disent : Il les a tait sortir avec adresse pour les
tuer sur des montagnes et pour les exterminer de la terre. Que votre colère
s'apaise, et laissez-vous fléchir sur la malice de votre peuple.
Souvenez-vous d'Abraham, d'Isaac et d'Israël vos serviteurs, auxquels vous
avez juré par vous-même, en disant : Je multiplierai votre race comme les
étoiles du ciel, et je donnerai à votre postérité toute cette terre dont je
vous ai parlé, et vous la posséderez à jamais. Et le Seigneur s'apaisa, et il
ne fit point à son peuple le mal dont il l'avait menacé.
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Le crime de l'idolâtrie
était le plus répandu dans
le monde, à l'époque de la prédication de l'Evangile.
Durant plusieurs siècles, toutes les
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générations de Catéchumènes que
l'Eglise initiait, en ces jours, à la vraie foi, étaient entachées de cette
souillure. C'est afin d'inspirer à ces élus une horreur salutaire de leur
conduite passée, qu'on leur lisait aujourd'hui ces terribles paroles de Dieu
qui, sans l'intervention de Moïse, allait exterminer, en punition de sa rechute
dans l'idolâtrie, un peuple en faveur duquel il avait opéré des prodiges
inouïs, et auquel il venait en personne donner sa loi. Ce culte grossier des
faux dieux n'existe plus parmi nous ; mais il est encore exercé chez des
peuples nombreux, rebelles jusqu'ici à la prédication de l'Evangile. Disons
tout : il pourrait encore renaître au sein de notre Europe civilisée, si la foi
en Jésus-Christ venait à s'y éteindre. La génération qui nous a précédés
n'a-t-elle pas vu l'idole de la Raison placée sur l'autel, couronnée de fleurs
et recevant l'hommage d'un sacrilège encens? Un homme ou une société livrés à
Satan ne sont pas maîtres de s'arrêter où il leur plaît. Les descendants de Noé
devaient sans doute être émus de l'affreuse catastrophe du déluge, dont la terre
porta si longtemps les traces ; cependant, l'idolâtrie avait fait déjà
d'immenses progrès, lorsque Dieu fut contraint de séquestrer Abraham pour l'en
préserver. Soyons reconnaissants envers l'Eglise qui, par son enseignement et
par la morale qui en découle, nous préserve de cette honte et de cet abrutissement,
et gardons-nous de suivre nos passions : car toutes conduiraient à l'idolâtrie,
si la lumière de la foi nous était enlevée.
ÉVANGILE.
Sequentia
sancti Evangelii secundum Johannem. Cap. VII.
In illo tempore
: Jam die festo mediante, ascen-dit Jésus in templum, et docebat. Et
mirabantur Judan, dicentes : Quomodo hic litteras scit, cum non
didicerit ? Respondit eis Jesus, et dixit : Mea
doctrina non est mea, sed ejus
qui misit me. Si quis voluerit voluntatem ejus facere, cognoscet de doctrina, utrum ex
Deo sit an ego a meipso loquar. Qui a semetipso loquitur, gloriam propriam qua;rit ; qui autem quærit gloriam ejus qui misit eum, hic veraxest, et injustitia in illo non est. Nonne Moyses dedit vobis legem
; et nemo ex vobis facit legem ? Quid me quaeritis interficere ? Respondit turba, et dixit : Daemonium habes : quis te quierit interficere? Respondit Jesus, et dixit eis: Unum opus feci, et omnes miramini. Propterea Moyses dedit vobis circumeisionem
(non quia ex Moyse est, sed
ex patribus) : et in Sabbato
circumeiditis hominem Si circumcisionem
accipit homo in Sabbato,
ut non solvatur lex Moysi si : mihi indignamini quia totum hominem sanum feci in Sabbato ? Nolite judicare secun-dum faciem, sed justum
iudicium judicate. Dicebant ergo quidam ex Jerosolymis
: Nonne hic est quem quaerunt interficere
? Et ecce palam loquitur,
et nihil ei dicunt. Numquid vere cognoverunt principes quia nie est Christus ? Sed hunc scimus unde
sit : Christus autem eum venerit, nemo scit unde
sit. Clamabat ergo Jésus
in templo docens, et dicens : Et me scitis, et unde sim scitis
: et a meipso non veni, sed est verus qui misit me, quem vos nescitis. Ego scio eum : quia ab ipso sum, et ipse
me misit. Qurerebant ergo eum apprehendere : et nemo misit in illum manus,
quia nondum venerat hora ejus. De turba autem multi crediderunt in eum.
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La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. VII.
En ce temps-là, vers le milieu de la fête, Jésus monta au
temple, et il y enseignait. Et les Juifs saisis d'étonnement disaient :
Comment cet homme sait-il les Ecritures, lui qui n'a point étudié? Jésus leur
répondit : Ma doctrine n'est pas de moi, mais de celui qui m'a envoyé. Si
quelqu'un veut faire la volonté de Dieu, il reconnaîtra si ma doctrine est de
lui, ou si je parle de moi-même. Celui qui parle de soi-même, cherche sa
propre gloire; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l'a envoyé,
celui-là est véritable, et il n'y a point d'iniquité en lui. Moïse ne vous
a-t-il pas donné la loi? et néanmoins nul de vous n'accomplit la loi.
Pourquoi cherchez-vous à me faire périr? Le peuple lui répondit : Vous avez
en vous le démon: qui est-ce qui cherche à vous faire périr? Jésus leur
répondit : Je n'ai fait qu'une œuvre le jour du Sabbat : et vous vous étonnez
tous. Cependant Moïse vous ayant donne la circoncision (
bien qu'elle vienne, non de Moïse, mais des patriarches ), vous ne
laissez pas de circoncire, le jour du Sabbat. Or, si un homme peut recevoir
la circoncision le jour du Sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas
violée, pourquoi vous indignez-vous contre moi, parce que j'ai rendu un homme
sain tout entier le jour du Sabbat? Ne jugez point sur l'apparence, mais
jugez avec justice. Quelques-uns de Jérusalem disaient : N'est-ce pas là
celui qu'ils cherchent pour le faire mourir? Voilà qu'il parle publiquement ;
et ils ne lui disent rien. Les princes du peuple auraient-ils reconnus qu’il
est véritablement le Christ? Cependant celui-ci, nous savons bien d'où il est
; mais quand viendra le Christ, personne ne saura d'où il est. Jésus
néanmoins continuait à enseigner, et disait à haute voix dans le temple :
Vous savez qui je suis, et d'où je suis ; et je ne suis point venu de
moi-même ; mais celui qui m'a envoyé est plein de vérité, et vous ne le connaissez pas. Moi, je le
connais, parce que je suis de lui, et c'est lui qui m'a envoyé. Ils
cherchaient donc à se saisir de lui : et personne ne mit la main sur lui,
parce que son heure n'était pas encore venue. Mais plusieurs du peuple
crurent en lui.
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La lecture du saint Evangile que l'Eglise nous propose
aujourd'hui, reporte notre pensée sur le prochain sacrifice de l'Agneau divin
qui va s'offrir à Jérusalem. L'heure n'est pas encore venue ; mais elle ne doit
pas tarder. On le cherche
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déjà pour le faire mourir. La
passion de ses ennemis les aveugle au point de leur faire voir en lui un
violateur du Sabbat, parce qu'il guérit les malades par un simple acte de sa
volonté, en ce jour du Seigneur. En vain Jésus réfute leurs préjugés, et leur
rappelle qu'ils ne font pas difficulté eux-mêmes d'y pratiquer la circoncision,
et même, comme il le leur a fait remarquer dans une autre circonstance
, de retirer du puits leur bœuf ou leur âne, s'ils y sont tombés. Ils
n'écoutent plus rien, ils ne comprennent qu'une seule chose : c'est qu'il faut
que Jésus périsse. Ses prodiges sont incontestables, et tous dirigés dans un
but de miséricorde pour les hommes ; il refuse seulement d'offrir à la stérile
admiration de ses ennemis les signes qu'ils lui demandent d'opérer pour flâner
leur curiosité et leur orgueil ; et loin de lui savoir gré de l'usage qu'il
daigne faire en faveur des hommes du don des miracles qui brille en lui, ils
osent dire, non plus seulement qu'il agit par le pouvoir de Béelzébuth,
mais que le démon lui-même est en lui. On frémit d'entendre un si horrible
blasphème ; cependant l'orgueil de ces docteurs juifs les entraîne jusqu'à cet
excès de déraison et d'impiété ; et la soif du sang s'allume toujours plus
ardente dans leur cœur. Pendant qu'une partie du peuple, séduite par ses chefs,
se laisse aller à un aveugle fanatisme, d'autres plus indifférents raisonnent
sur le Messie, et ne trouvent pas en Jésus les caractères de cet envoyé de
Dieu. Ils prétendent que, lorsqu'il paraîtra, on ne saura pas son origine.
Cependant, les prophètes ont annoncé qu'il doit sortir du sang de David ; sa
généalogie sera un de ses principaux caractères : or, tout Israël sait que
Jésus procède de cette race royale. Remarquons d'autre
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part qu'ils savent aussi que le
Messie doit avoir une origine mystérieuse, qu'il doit venir de Dieu. La
docilité aux enseignements de Jésus, enseignements confirmés par tant de
miracles, les eût éclaires en même temps sur sa naissance temporelle et sur sa
filiation divirîe ; mais l'indifférence et quelque
chose de mauvais au fond du coeur de l'homme les empêchaient d'approfondir ;
peut-être ceux-là même, au jour du déicide, crieront comme les autres : « Que
son sang soit sur nous et sur nos enfants. »
Humiliate capita
vestra Deo.
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Humiliez vos têtes devant Dieu.
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ORAISON.
Miserere, Domine, populo tuo :
et continuis tribulationibus
laborantem, propitius respirare concede. Per Christum Dominum nostrum. Amen.
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Ayez pitié, Seigneur, de votre peuple : et dans votre
bonté laissez-le respirer, au milieu des tribulations continuelles qui
l'accablent. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.
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Nous emprunterons aujourd'hui à la Liturgie grecque ces
pieuses stances, dans lesquelles saint André de Crète offre à la contrition du
pécheur une expression si vive et si touchante.
CANON MAGNUS.
(
Feria V Hebdomadae V Jejuniorum.)
Peccavimus, inique egimus, injuste fecimus coram te, nec servivimus, autve fecimus quemadmodum nobis mandasti: verum ne nos, tu Deus patrum, tradideris in finem.
Peccavi, inique egi, ac
mandatum tuum violavi :
quippe natus sum in peccatis, addidique vulnus livoribus meis : verum tu velut misericors, qui patrum es Deus, miserere.
Occulta cordis mei tibi meo judici annuntiavi : vide humilitatem meam ; vide et meam afflictionem, ac intende judicio meo : meique ipse ut
misericors, qui es Deus patrum, miserere.
Obrui tuam imaginem, tuumque mandatum violavi :
tota species obscurata est. exstinctaque
est lampas, o Salvator ! vitiis : sed misertus ipse, redde mihi laetitiam, ut canit David.
Convertere; pœnitere; revela occulta. Die Deo qui
novit omnia: Tu solus Salvator, scis occulta, tu mei, ut psallit
David, secundum misericordiam
tuam miserere.
Defecerunt dies mei, sicut somnium
ejus qui suscitatur ; quare velut Ezechias
in lecto meo lacrymor, ut annos mihi vitae adjicias. Cæterum quis tibi, o anima, Isaias affuerit, præter Deum illum universorum?
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Nous avons péché,
nous avons commis l'iniquité, nous avons fait l'injustice
devant toi ; nous n'avons point obéi, nous n'avons point fait comme tu nous
avais commandé; mais toi, ô Dieu de nos pères ! ne nous abandonne pas jusqu'à
la fin.
J'ai péché, j'ai commis l'iniquité, j'ai violé ton
commandement : car je suis né dans le péché ; j’ai ajouté la blessure à mes
meurtrissures; mais toi, miséricordieux, toi qui es le Dieu de nos pères, aie
pitié.
A toi, mon juge, j'ai déclaré les secrets de mon cœur;
vois mon abaissement, vois mon affliction, sois propice dans mon jugement;
toi qui es miséricordieux, toi qui es le Dieu de nos pères, aie pitié.
J'ai défiguré ton image, j'ai violé ton précepte; toute ma
bonté a été obscurcie, ma lampe s'est éteinte par mes péchés : ô Sauveur !
aie pitié, rends-moi la joie, comme chante David.
Convertis-toi, mon âme, fais pénitence ; révèle tes plaies cachées ; dis-les à Dieu qui sait
tout. Toi seul, ô Sauveur ! tu connais les secrets ; aie pitié de moi selon
ta miséricorde, comme chante David.
Mes jours se sont enfuis comme le songe d'un homme qu'on
réveille ; comme Ezéchias, je pleure sur ma couche, je te demande d'ajouter
des années à ma vie. Mais quel Isaïe, ô mon âme, peut venir à ton aide, si ce
n'est le Dieu de l'univers?
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