SIMON ET JUDE

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LE XXVIII OCTOBRE. SAINT SIMON ET SAINT JUDE, APÔTRES.

 

En place de vos pères, des fils vous sont nés (1). Ainsi l'Eglise, reniée par Israël, exalte en ses chants la fécondité apostolique qui réside en elle jusqu'aux derniers jours. Dès hier, prévenant les heures, elle espérait, de cet espoir d'Epouse qui n'est jamais trompé, que les bienheureux Apôtres Simon et Jude devanceraient pour elle en bénédictions la solennité même (2). Telle est en effet la condition de son existence sur terre, qu'elle n'y peut demeurer que si elle donne incessamment des fils au Seigneur. Et c'est pourquoi la Messe du XXVII octobre nous faisait lire le texte évangélique où il est dit : « Je suis la vigne, et mon Père est le vigneron ; il retranchera toute branche qui ne porte point de fruit en moi ; et toute branche qui porte du fruit, il la taillera, pour qu'elle en porte davantage (3). » Taille douloureuse, au témoignage encore de cette Messe de Vigile, en son Epître. Au nom des autres sarments qu'honore comme lui le choix divin, l'Apôtre y disait les labeurs, les souffrances de toutes sortes, persécutions, malédictions, reniements, au prix desquels s'acquiert le droit d'appeler fils (4) les hommes  engendrés selon

 

1. Graduel de la fête, ex Psalm XLIV, 17. — 2 Collecte de la Vigile. — 3. Evangile de la Vigile, ex JOHAN. XV, 1-7. — 4. Epître de la Vigile, ex I Cor. IV, 9-14.

 

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l'Evangile dans le Christ Jésus (1). Or en effet, saint Paul y revient plus d'une fois, et spécialement dans l'Epître de la fête, l'objet de cette génération surnaturelle des saints n'est autre que la reproduction mystique du Fils de Dieu, passant à nouveau, chez les prédestinés, de la petite enfance à la mesure de l'homme parfait (2).

Si sobre de détails que se montre l'histoire à l'égard des glorieux Apôtres honorés en ce jour, nous savons dans quelle plénitude ils contribuèrent à ce grand œuvre de la génération des fils de Dieu, que rappelle leur courte Légende. C'est sans repos et jusqu'au sang que, pour leur part, ils édifièrent le corps du Christ (3) ; et l'Eglise reconnaissante dit aujourd'hui au Seigneur : « Dieu qui, par vos bienheureux Apôtres Simon et Jude, nous avez donné de parvenir à la connaissance de votre nom ; accordez-nous de célébrer leur gloire immortelle en progressant dans la grâce, d'y progresser en la célébrant (4). »

On donne pour attribut à saint Simon la scie, qui rappelle son martyre. L'équerre de saint Jude montre en lui l'architecte de la maison de Dieu : ainsi Paul se nommait-il lui-même (5) ; et dans la septième des Epîtres catholiques, qui reconnaît Jude pour auteur, lui aussi possède un titre spécial à compter parmi les premiers de la grande famille des maîtres ouvriers du Seigneur. Mais il était encore, pour notre Apôtre, une autre noblesse qui dépassait toutes celles de la terre : neveu de saint Joseph par Cléophas ou Alphée son père (6), cousin légalement de l'Homme-Dieu, Jude était de ceux

 

1. I Cor. IV, 15. — 2. Gal. IV, 19 ; Epître de la fête, ex Eph. IV, 7-14. — 3. Ibid. — 4. Collecte de la fête. — 5. I Cor. III, 10. — 6. Hegesipp. ex Euseb. Hist. eccl. IV, XXII.

 

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que ses compatriotes appelaient les frères du fils du charpentier (1).

Recueillons de saint Jean un détail précieux. Dans l'admirable entretien qui suivit la Cène, l'Homme-Dieu venait de dire : « Si quelqu'un m'aime, il sera aimé de mon Père, et moi aussi je l'aimerai et je me manifesterai à lui. » Jude alors, prenant la parole, demanda : « Seigneur, pourquoi donc vous manifesterez-vous à nous, et non pas au monde ? » Jésus lui répondit : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure. Mais celui qui ne m'aime pas, ne garde point mes paroles ; et cette parole que vous avez entendue n'est pas la mienne, mais celle de celui qui m'a envoyé, de mon  Père (2). »

Nous savons par l'histoire ecclésiastique que, sur la fin de son règne, et lorsque sévissait la persécution qu'il avait déchaînée, Domitien fit amener d'Orient pour comparaître devant lui deux petits-fils de l'Apôtre saint Jude. La politique de César avait pris quelque ombrage au sujet de ces descendants d'une race royale, celle de David, qui représentaient parle sang le Christ lui-même que ses disciples exaltaient comme le suprême roi du monde. Domitien fut à même de constater que ces deux humbles juifs ne pouvaient être un péril pour l'Empire, et que s'ils regardaient le Christ comme le dépositaire du pouvoir souverain, il s'agissait d'un pouvoir qui ne devait s'exercer visiblement qu'à la fin des  siècles. Le

 

1. Avec Jacques le Mineur, aussi Apôtre et premier évêque de Jérusalem, un Joseph moins connu, et Siméon, deuxième évèque de Jérvsalem, tous trois fils comme lui de Cléophas et de la belle-sœur de Notre-Dame désignée en saint Jean (XIX, 25) sous le nom de Marie de Cléophas. Matth. XIII, 55.— 2. JOHAN. XIV, 21-24.

 

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langage simple et courageux de ces deux hommes fit impression sur Domitien, et, au rapport de l'historien Hégésippe, auquel Eusèbe a emprunté les faits que nous venons de raconter, il donna des ordres pour suspendre la persécution (1).

 

Nous aurons tout dit, en ajoutant au si bref récit de l'Eglise concernant les deux Apôtres, que Saint-Pierre de Rome et Saint-Sernin de Toulouse se disputent l'honneur de posséder la plus grande part de leurs augustes restes.

 

Simon est surnommé le Cananéen et aussi le Zélé. Thaddée, qui est appelé Jude frère de Jacques dans l'Evangile, écrivit une des Epîtres catholiques et prêcha en Mésopotamie, tandis que Simon évangélisait l'Egypte. La Perse les réunit ; ils y engendrèrent à Jésus-Christ des fils sans nombre, et propagèrent la foi chez les nations barbares de cet immense territoire Aux miracles, aux prédications, par lesquels de concert ils glorifiaient le très saint nom de Jésus-Christ, s'adjoignit enfin pour chacun d'eux la gloire du martyre.

 

Je vous ai choisis pour porter un fruit qui demeure (2). C'était la parole que vous adressait l'Homme-Dieu comme aux douze, celle que

 

1. Dom Guéranger, Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles, ex Euseb. Hist. eccl III, XX. — 2. JOHAN. XV, 16.

 

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l'Eglise rappelait à votre honneur en l'Office de la nuit (1). Que reste-t-il cependant du fruit de votre labeur en Egypte, en Mésopotamie, en Perse? Serait-ce que le Seigneur ou l'Eglise peuvent se tromper dans leurs paroles ou leurs appréciations? Non certes; et c'est la preuve qu'au-dessus de la région des sens et par delà le domaine de l'histoire, la vertu répandue sur les douze ne cesse point de couler à travers les âges, qu'elle a sa part en toute naissance surnaturelle développant le corps mystique du Seigneur, accroissant l'Eglise. Mieux que Tobie, nous sommes les fils des saints (2); nous ne sommes plus sans famille, mais bien de la maison de Dieu, portés par les Apôtres et les Prophètes, qu'unit Jésus-Christ la pierre d'angle (3). O vous qui nous valûtes un tel bien dans les peines et les pleurs, soyez bénis ; maintenez en nous le titre et les droits d'une filiation si précieuse.

Autour de nous, le mal est grand ; reste-t-il quelque espoir à la terre ? Mais la confiance de vos dévots clients nous dit, ô Jude, qu'il n'est pour vous nulle cause désespérée ; et quand donc mieux, ô Simon le Zélé,pourriez-vous justifier votre glorieux surnom? Daignez exaucer l'Eglise et l'aider, de toute votre puissance apostolique, à ranimer la foi, à réchauffer la charité, à sauver le monde.

 

1. Homil. IIIi Noct. ex Aug. in Joh. LXXXVII.— 2. Tob. II, 18. — 3. Eph. II, 19, 20.

 

 

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