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LE XVIII OCTOBRE. SAINT LUC, ÉVANGÉLISTE.

 

Voici qu'est apparue à tous les hommes la bénignité et l'humanité de notre Dieu Sauveur (1). Disciple de saint Paul, on dirait que le troisième Evangéliste s'est proposé de mettre en lumière la parole du Docteur des nations ; si toutefois ce n'est pas l'Apôtre lui-même qui caractérise par ce trait l'Evangile où son disciple nous montre le Sauveur exposé aux regards de tous les peuples, pour être la lumière des nations non moins que la gloire d'Israël (2). L'œuvre de l'Evangéliste et la parole citée de l'Apôtre sont, à peu d'années près en effet, du même temps, sans qu'on puisse établir l'antériorité de l'une ou de l'autre.

Admirable harmonie : sous l'œil de Simon Pierre, à qui fut révélé d'en haut le Fils du Dieu vivant (3), Marc eut l'honneur de donner à l'Eglise l'Evangile de Jésus, Fils de Dieu (4); avant lui, Matthieu rédigea pour Sion l'Evangile du Messie,  fils de David, fils d'Abraham (5) ; près de saint Paul, Luc écrira pour les nations l'Évangile de Jésus,  fils d'Adam par Marie (6). Aussi loin remonte la généalogie de ce premier-né de, sa mère (7), aussi étendue doit être la bénédiction qu'il répandra sur ses frères de nature, en les rachetant de la malédiction transmise à tous par le premier père.

 

1. Tit. II, II ; III, 4. — 2. LUC. II, 31, 32. — 3. Matth. XVI, 16. — 4 Marc. I, 1.— 5. Matth. I, 1. — 6. LUC. III, 38. — 7. Ibid II, 7.

 

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Car c'est bien l'un de nous, l'homme conversant avec les hommes et vivant de leur vie (1). Il a été vu sur terre au temps d'Auguste (2) ; les préfets de l'empire ont enregistré la naissance de ce nouveau sujet de César dans la cité de ses aïeux (3). Comme nous, il a connu les langes du nourrisson (4) ; comme ceux de sa race, il fut circoncis (5), offert au Seigneur et racheté selon le rit de son peuple (6). Enfant, il obéit à ses parents (7) ; il grandit sous leurs yeux (8) ; pour lui comme pour tous, la maturité sera le fruit des développements progressifs de l'adolescence (9). Homme fait, dans sa vie publique, en toute rencontre il prie prosterné le Dieu de toute créature (10) ; il pleure sur sa patrie (11); l'angoisse étreint son cœur, il sue jusqu'au sang à la veille des tourments où sa vie doit finir, et dans cette agonie ne refuse point le secours d'un ange (12). Telle se révèle, au troisième Evangile, l'humanité de notre Dieu Sauveur.

Quelles n'y sont pas sa grâce et sa bénignité ! Entre les fils des hommes, c'est bien celui qui mérita d'être l'attente des nations (13) et leur désir (14), lui qu'une vierge a conçu dans son humilité (15), qu'elle met au jour en une étable où les bergers forment sa cour, tandis que les anges chantent en chœur dans la nuit profonde: Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix aux hommes de bonne volonté (16). Aux accords angéliques avait préludé la terre : le tressaillement du Précurseur au sein d'Elisabeth avait, comme dit

 

1. BARUCH. III, 38. —2. LUC. II, I. — 3. Ibid. 3-6. — 4. Ibid 7. — 5. Ibid. 21. — 6. Ibid 22, 24.— 7. Ibid. 51. — 8. Ibid. 40. — 9. Ibid. 52. — 10. Ibid. III, 21 ; IX, 28, 29; XI, 1; XXII, 32, 41, 43, 45. — 11. Ibid. XIX, 41. — 12. Ibid. XXII, 42. 44. — 13. Gen XLIX, 10 — 14. Agg. II, 8. — 15. LUC. I, 26-38. — 16. Ibid. II, 7-20.

 

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l'Eglise (1), manifesté le Roi qui reposait encore en sa couche nuptiale (2) ; à l'allégresse de l'Ami de l'Epoux la Vierge-Mère avait répondu par le plus beau des chants de la terre et des cieux (3), en attendant que Zacharie (4), puis Siméon (5), vinssent compléter le recueil des cantiques inspirés du peuple nouveau qu'Israël annonçait dans ses Psaumes (6). Tout chante autour du nouveau-né ; et Marie conserve toutes choses en son cœur (7), afin de les confier pour nous, qui étions loin alors, au bienheureux Evangéliste chargé de dissiper nos ténèbres mortelles.

Il a grandi en âge, en sagesse et en grâce, devant les hommes et devant Dieu (8), l'enfant divin dont les attraits humains doivent captiver les hommes dans ces liens de l'amour de charité qui atteint jusqu'à Dieu (9). Près de lui, la gentilité, la fille de Tyr (10), devenue mieux que l'égale de Sion, trouvera bon accueil. Qu'elle ne craigne pas, l'infortunée dont Madeleine était la figure : le scandale qu'y prendra l'orgueil du judaïsme expirant n'empêchera pas Jésus d'agréer ses pleurs et ses parfums ; il lui sera beaucoup pardonné pour son amour (11). Qu'il se reprenne à l'espérance, le prodigue épuisé par sa longue misère sur toutes les routes où l'erreur entraîna les nations : la plainte envieuse du frère aîné, l'irritation d'Israël, n'arrêtera pas les effusions du Cœur sacré célébrant le retour du fugitif, lui rendant ses honneurs de fils, replaçant à son doigt l'anneau de l'alliance primitivement offerte en Eden à l'humanité entière (12).  Quant à Juda,

 

1. Hymn. Vesp. in festo S. Joh Baptistae. — 2. LUC. I, 39 45. — 3. Ibid. 46-55. — 4 Ibid. 67-79. — 5. Ibid. II, 29-32.— 6. Psalm. XXI, 32. — 7. LUC. II, 18-20. — 8. Ibid. 52. — 9. Ose. XI, 4. — 10 Psalm, XLIV, 13. — 11. LUC. vu, 36-5o. — 12. Ibid. XV, II, 32.

 

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malheur à lui s'il se refuse à comprendre !

Malheur au riche dont l'opulence négligea si longtemps le pauvre Lazare (1) ! Les privilèges de race n'existent plus. Des dix lépreux guéris dans leurs corps, l'étranger seul est sauvé dans son âme, parce que lui seul croit au libérateur et lui rend grâces (2). Du bon Samaritain, ou du lévite et du prêtre mis en scène dans les défilés de Jéricho, qui mérita, sinon le premier, l'éloge du Sauveur (3) ? Il se trompe étrangement, le pharisien dont l'arrogante prière écrase de ses mépris le publicain frappant sa poitrine et criant miséricorde (4). Le fils de l'homme n'écoute pas plus la prière des superbes, qu'il n'a d'égard à leurs indignations ; il s'invite chez Zachée malgré leurs murmures, et le salut et l'allégresse entrent avec lui dans cette maison devenue dès lors, il le déclare, celle d'un véritable fils d'Abraham (5). Tant de bonté, d'universelle miséricorde, lui fermera les cœurs étroits de ses concitoyens ; ils refuseront de le laisser régner sur leur terre (6) ; mais l'éternelle Sagesse aura retrouvé sa drachme perdue, et la joie sera grande parmi les Puissances des cieux (7). Au jour des noces sacrées, les humbles méprisés, les pécheurs repentants, rempliront la salle du festin préparé pour d'autres (8). Je vous le dis en vérité : il y avait beaucoup de veuves aux jours d'Elie dans Israël, et le prophète ne fut envoyé à aucune, mais à la veuve de Sarepta dans le pays de Sidon ; il y avait beaucoup de lépreux en Israël au temps d'Elisée, et ce fut Naaman le Syrien qui guérit (9).

O Jésus, votre Evangéliste a conquis nos cœurs.

 

1. LUC. XVI, 19-31. — 2. Ibid. XVII, 11-19. — 3. Ibid. X, 3o-37 — 4. Ibid. XVIII, 9-14. — 5. Ibid. XIX, 1-10 — 6. Ibid. 14. — 7. Ibid. XV, 8-10. — 8. Ibid XIV, 21-24. — 9. Ibid. IV, 25-27.

 

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Nous vous aimons pour avoir pris en pitié notre misère ; en face de Sion, la remise de nos dettes immenses, à nous gentils, vous crée sur nous un titre à plus grand amour (1). Nous vous aimons, parce que vos grâces de choix sont pour Madeleine, comme nous pécheresse, et cependant appelée à la meilleure part (2). Nous vous aimons, parce que vous ne savez pas résister aux larmes des mères, et leur rendez, comme à Naïm, ceux qui déjà étaient morts (3). Au jour des trahisons, des abandons, des reniements, vous oubliez votre injure pour regarder Pierre, et faire jaillir ses larmes (4). Vous détournez de vous les pleurs de ces humbles et vraies filles de Jérusalem, qui s'attachent à vos pas douloureux sur les rampes du Calvaire (5). Cloué à la croix, on vous entend implorer grâce pour vos bourreaux (6). Comme Dieu, à cette heure suprême, vous assurez le paradis au voleur repentant (7); comme homme, vous remettez votre esprit au Père (8). Véritablement, c'est jusqu'à la fin que nous apparaissent, au troisième Evangile, votre bénignité et votre humanité, ô Dieu Sauveur !

Du même style châtié qu'il avait écrit l'Evangile des nations, Luc compléta son œuvre en donnant aux gentils l'histoire des premiers temps du christianisme, qui amenait celle de leur introduction dans l'Eglise et des grands travaux de Paul leur Apôtre. Au dire de la tradition, il fut artiste non moins que littérateur, et, l'âme ouverte à toutes les délicates inspirations, il voulut consacrer ses pinceaux à nous garder les traits de la Mère de Dieu : illustration digne de l'Evangile où nous est racontée la divine Enfance ; nouveau titre à la

 

1. LUC. VII, 40-43. — 2. Ibid. X, 38-42. — 3. Ibid. VII, 11-15,— 4. Ibid. XXII, 61-62. — 5. Ibid. XXIII, 27-31. — 6. Ibid. 34. — 7. Ibid. 43. — 8.  Ibid. 46.

 

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reconnaissance de ceux qui ne virent jamais Jésus ni Marie dans la chair. Le patronage de Fart chrétien lui revenait dès lors, sans nuire à celui des carrières médicales qui a son fondement dans l'Ecriture même, comme on le verra par le récit de l'Eglise. Saint Luc avait puisé dans Antioche, sa patrie, tous les genres de connaissances ; la brillante capitale de l'Orient pouvait être hère de son illustre fils.

L'Eglise emprunte à saint Jérôme les lectures historiques de la fête. La juste critique qui s'y rencontre de certain livre apocryphe, où l'on avait prétendu relever par des procédés de roman l'histoire de sainte Thècle, n'atteint en rien la vénération unanime de l'Orient comme de l'Occident pour la glorieuse fille du Docteur des nations.

 

Du livre de saint Jérôme, Prêtre, sur les Ecrivains ecclésiastiques.

 

Originaire d'Antioche, Luc était médecin, et ses écrits montrent la connaissance qu'il avait de la langue grecque. Devenu disciple de l'Apôtre Paul, il l'accompagna dans tous ses voyages. Il a écrit un Evangile, et c'est de lui que l'Apôtre disait aux Corinthiens : Nous vous envoyons avec Tite le frère dont l'éloge est dans toutes les églises à cause de l'Evangile. Luc, le très cher médecin, vous salue, disait de même Paul aux Colossiens. Et à Timothée : Luc seul est avec moi. Nous lui devons un autre livre sans prix, les Actes des Apôtres, dont le récit va jusqu'aux deux années du séjour de Paul à Rome et à la quatrième de Néron; ce qui donne à entendre que l'ouvrage fut lui-même composé dans cette ville.

 

En conséquence, nous reléguons parmi les écrits apocryphes les Voyages de Paul et de Thècle, avec l'histoire fabuleuse du baptême de Léon. Comment croire, en effet, que de tous les faits concernant l'Apôtre, son inséparable compagnon n'ait ignoré que ceux-là ? De plus Tertullien, voisin encore de ces temps, rapporte que cette fable eut pour auteur un certain prêtre d'Asie, enthousiaste de Paul ; Jean l'amena à confesser qu'il n'avait écrit le livre que dans le but de relever l'Apôtre, et il le déposa pour ce fait. Plusieurs pensent que toutes les fois qu'en ses lettres Paul use de cette expression : Selon mon Evangile, c'est du travail de Luc qu'il veut parler.

 

Cependant l'Apôtre Paul, qui n'avait point vécu avec le Seigneur, ne fut pas le seul à renseigner l'évangéliste Luc ; mais les autres Apôtres y eurent aussi leur part, selon la déclaration que lui-même place en tête de  son Evangile : Nous avons mis en œuvre les témoignages de ceux qui ont tout vu dès le commencement et qui furent les ministres de la parole. Il écrivit donc l'Evangile d'après ce qu'il avait entendu, et composa les Actes des Apôtres d après ce qu'il avait vu lui-même. Sa vie se prolongea quatre-vingt-quatre ans, dans la continence ; ses ossements furent transportés d'Achaïe à Constantinople, avec les reliques de l'apôtre André, en la vingtième année de Constantin.

 

e Taureau symbolique resplendit au ciel, rappelant les immolations figuratives et annonçant leur fin. Joignant sa force à la puissance de l'Homme, de l'Aigle et du Lion, il s'attelle au char de lumière qui porte en son triomphe l'Agneau vainqueur. Evangéliste des gentils, soyez béni d'avoir mis fin à la longue nuit qui nous tenait captifs, et réchauffé nos cœurs glacés. Confident de la Mère de Dieu, votre âme retint de ces relations fortunées le parfum de saveur virginale que respirent vos écrits et votre vie entière. Discrète tendresse et dévouement silencieux furent votre part en la grande œuvre où, trop souvent délaissé et trahi,l'Apôtre des nations vous trouva non moins fidèle au temps du naufrage (1) et de la captivité (2) que dans les beaux jours. C'est donc à bon droit que l'Eglise (3) vous fait application de la parole où Paul disait de lui-même : Sans cesse angoissés,

 

1. Act. XXVII.— 2. II Tim. IV,  II. — 3.  Collecte  de la fête.

 

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persécutés, abattus, nous promenons tout vivants la mort de Jésus dans nos corps ; mais cette mort sans fin manifeste aussi la vie du Seigneur en notre chair mortelle (1). Ce fils de l'homme que votre plume inspirée nous fit aimer dans son Evangile, que votre pinceau nous montra dans les bras de sa Mère, vous le révélez une troisième fois au monde par la reproduction en vous-même de sa propre sainteté.

Gardez en nous le fruit de vos multiples enseignements. Si les peintres chrétiens vous honorent à bon droit spécialement, s'il est bon qu'ils apprennent de vous que l'idéal de toute beauté réside dans le Fils et la Mère, il est un art pourtant autrement sublime que celui des lignes et des couleurs : l'art de produire en nous la divine ressemblance. C'est en ce dernier que nous voulons exceller à votre école; car nous savons de saint Paul, votre maître, que la conformité d'image avec le Fils de Dieu est le titre unique de la prédestination des élus (2).

Protégez les médecins fidèles ; ils s'honorent de marcher à votre suite ; ils s'appuient, dans leur ministère de dévouement et de charité, sur le crédit dont vous jouissez près de l'auteur de la vie. Aidez leurs soins pour guérir ou soulager la souffrance ; inspirez leur zèle, quand s'annonce le moment du redoutable passage.

Hélas ! aujourd'hui, le monde lui-même réclame pour sa sénile débilité les soins de quiconque est en mesure par la prière ou l'action de conjurer ses crises. Quand le fils de l'homme reviendra, pensez-vous qu'il trouve encore de la foi sur la terre (3) ? C'était la parole du Seigneur en votre Evangile. Mais il disait encore qu'il faut prier toujours et

 

1. II Cor. IV, 8-11. — 2 Rom. VIII, 29, — 3. LUC. XVIII, 8.

 

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ne se jamais lasser (1); ajoutant pour l'Eglise de nos jours et de tous les temps, cette parabole de la veuve dont les importunités finissent par l'emporter sur le mauvais vouloir du juge inique entre les mains duquel est sa cause. Et Dieu ne fera pas justice à ses élus, s'ils crient vers lui jour et nuit? et il tolérera qu'on les opprime sans fin ? Je vous le dis : il les vengera bientôt (2).

 

1. LUC. XVIII, 1. — 2. Ibid. 2-8.

 

 

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