HEDWIGE

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LE XVII OCTOBRE. SAINTE HEDWIGE, VEUVE.

 

« Au commencement du XIII° siècle, les plateaux de la Haute-Asie vomirent un nouveau flot de barbares, plus redoutables que tous leurs devanciers. L'unique et fragile barrière que la civilisation gréco-slave pouvait opposer à la barbarie mongole avait été emportée par le premier flot de l'invasion ; aucun des états formés sous la tutelle de l'Eglise byzantine n'avait la promesse de l'avenir. Mais derrière cette Ruthénie tombée en dissolution avant d'avoir vécu, l'Eglise romaine avait eu le temps de former un peuple généreux et fort ; quand son heure fut venue, la Pologne se trouva prête. Les Mongols inondaient déjà la Silésie, lorsqu'ils trouvèrent devant eux, dans les plaines de Liegnitza, une armée de trente mille combattants, à la tête de laquelle était le duc de Silésie, Henri le Pieux (1). Le choc fut terrible, et la victoire longtemps indécise. L'odieuse trahison de quelques princes ruthènes l'assura enfin aux barbares. Le duc Henri resta sur le champ de bataille, avec l'élite des chevaliers polonais. Ils avaient été vaincus ; mais cette défaite équivalait à une victoire. Les Mongols épuisés reculèrent. Ils venaient de se mesurer avec les soldats de la chrétienté latine.

 

1. 8 avril 1241.

 

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« La Pologne a cette heureuse fortune, qu'à chaque époque décisive de son histoire, un saint apparaît pour lui tracer la voie qui la conduira à l'accomplissement de sa glorieuse destinée. Sur le champ de bataille de Liegnitza plane la douce image de sainte Hedwige. Mère du duc Henri le Pieux, elle s'était retirée depuis son veuvage au monastère cistercien de Trebnitz, qu'elle avait fondé. Trois années avant l'arrivée des barbares, elle eut révélation du sort qui attendait son fils. Elle offrit silencieusement son sacrifice, et, bien loin d'arrêter le courage du jeune duc, elle fut la première à l'animer à la résistance.

« La nuit qui suivit la bataille, elle éveilla une de ses compagnes et lui dit : « Demundis, sachez que j'ai perdu mon fils. Mon fils chéri s'est éloigné de moi comme un oiseau qui fuit à tire d'aile; je ne verrai plus mon fils en cette vie. » Demundis essaya de la consoler. Aucun courrier n'était arrivé de l'armée, et ces inquiétudes étaient vaines. « Ce n'est que trop vrai, lui répondit la duchesse, mais n'en parlez à personne. »

« Trois jours après, la fatale nouvelle était confirmée. C'est la volonté de Dieu, dit Hedwige; ce que Dieu veut et ce qui lui plaît doit aussi nous plaire. » Et tressaillant dans le Seigneur : « Je vous rends grâces, ô mon Dieu, dit-elle en levant les yeux et les mains au ciel, de ce que vous m'aviez donné un tel fils. Il m'a aimée toujours durant sa vie, il m'eut toujours en « grand respect, jamais il ne m'a affligée. J'aurais beaucoup désiré l'avoir avec moi sur la terre; mais je le félicite, de toute mon âme, de ce que par l'effusion de son sang il vous est uni au ciel, à vous son créateur. Je vous recommande son âme, ô Seigneur mon Dieu. » Il ne fallait pas

 

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moins qu'un tel exemple pour soutenir la Pologne en face des nouveaux devoirs qu'elle venait d'accepter.

« A Liegnitza, elle avait relevé le glaive de la chrétienté, tombé des mains défaillantes de la Ru-thénie, et elle se tenait désormais comme une sentinelle vigilante, prête à défendre l'Europe contre les barbares. Quatre-vingt-treize fois les Tartares s'élancèrent sur la chrétienté, toujours avides de sang et de pillage; quatre-vingt-treize fois la Pologne les repoussa de vive force, ou eut la douleur de les voir saccager ses campagnes, incendier ses villes, emmener en captivité la fleur de ses enfants. Par ces sacrifices, elle amortissait au profit de l'Europe le coup de l'invasion. Tant qu'il fallut du sang, des larmes et des victimes, la Pologne en donna sans compter, pendant que les nations européennes jouissaient de la sécurité, achetée par cette continuelle immolation (1). »

 

1. Dom Guépin, S. Josaphat et l'Eglise grecque unie en Pologne, Introduction.

 

Le récit de l'Eglise complétera cette page touchante, où le rôle de la sainte duchesse que nous fêtons en ce jour est si bien mis en lumière.

 

Hedwige, née de sang royal, fut de beaucoup plus illustre encore par l'innocence de sa vie. Tante maternelle de sainte Elisabeth fille du roi de Hongrie, elle eut pour parents Berthold et Agnès, marquis de Moravie. Sa sagesse parut dès le plus jeune âge : tout enfant, elle s'éloignait des puérilités de l'enfance. Elle n'avait que douze ans,quand ses parents la marièrent à Henri, duc de Pologne. Ce mariage fut saint ; elle en eut des en fants qu'elle éleva dans la crainte de Dieu ; et pour vaquer plus librement au Seigneur, elle amena son époux à vouer de concert avec elle la continence. Lorsqu'il mourut, Dieu exauça les instantes prières de la Sainte et lui inspira de prendre l'habit de Cîteaux dans le monastère de Trebnitz ; son pieux désir accompli, tout adonnée à la contemplation, elle persévérait du lever du soleil à son midi dans l'assistance aux divins Offices et aux Messes qui se célébraient ; l'ancien ennemi du genre humain n'obtenait de cette femme forte que le mépris.

 

Elle ne souffrait pas de parer ou d'entendre parler des affaires du siècle, à moins qu'elles n'intéressassent Dieu ou le salut des âmes. Dans ses actions paraissait une telle prudence qu'on n'y eût pu relever rien d'excessif ni de désordonné; elle n'avait pour le prochain que mansuétude et douceur. Les jeûnes, les veilles, l'austère àpreté des vêtements macérant eux aussi sa chair, l'aidèrent à remporter sur elle-même un triomphe éclatant. Toujours plus sublimes étaient ses vertus dans le Christ  Le  sérieux de ses conseils, en même temps que la candeur tranquille de son âme, en firent bientôt un modèle admirable de perfection religieuse. Se mettre au-dessous de toutes spontanément, s'attribuer joyeusement entre les autres moniales les emplois les plus vils, servir les pauvres et les servira genoux, laver et baiser les pieds des lépreux, lui était habituel ; victorieuse d'elle-même, les ulcères et le pus de ces derniers n'arrivaient pas à la repousser.

 

Elle était admirable de patience, de force d'âme; elle le fut surtout à la mort d'Henri, duc de Silésie, son fils maternellement aimé, tué dans la guerre contre les Tartares ; car elle eut alors plus d'actions de grâces pourDieu que de larmes pour son fils. La gloire des miracles lui fut donnée ; un enfant tombé à l'eau sous les roues d'un moulin,tout brisé et broyé, revint à la vie quand'on eut invoqué la bienheureuse ; ce ne fut pas le seul des prodiges qu'elle accomplit, et Clément IV, les ayant reconnus canoni-quement, l'inscrivit au nombre des Saints. Il accorda à la Pologne, où on l'honore comme Patronne avec une vénération singulière, d'en célébrer la fête le quinzième jour d'octobre ; par la suite, Innocent  XI étendit cette concession à toute l'Eglise pour le dix-septième jour du même mois.

 

 

Fille d'Abraham selon la foi, vous l'avez imité dans son héroïsme. Votre première récompense fut de trouver digne de vous le fils que vous offriez au Seigneur. Exemple bien venu en ces jours où, chaque année, l'Eglise remet sous nos yeux la mort de Judas Machabée (1). Mort glorieuse comme la sienne que celle de votre Henri ; mais aussi mort féconde. Des six enfants qui vous durent la vie, c'est en lui seul, c'est en cet Isaac offert et immolé pour Dieu, que votre race doit subsister (2); et quelle postérité que celle qui revendique toutes les familles souveraines de notre Europe pour votre descendance! Je te ferai croître immensément, je t'exalterai au sein des nations, de toi sortiront les rois (3). L'oracle adressé au père des croyants trouve en vous son application nouvelle, ô Hedwige. Dieu ne change pas : sans qu'il ait besoin d'engager à nouveau sa divine parole, une même fidélité de la part de quelqu'un des siens rencontre au cours des âges une même récompense. Soyez bénie de tous, ô Mère des peuples, et sur tous étendez votre protection puissante; mais avant tous puisse, Dieu le permettant, la Pologne infortunée faire l'expérience qu'on n'invoque pas en vain votre patronage !

 

1. III° Dimanche d'octobre.    1  Heb.  XI, 17-19.  — 3. Gen. XVII, 6.

 

 

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