NATIVITÉ de MARIE

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LE  VIII  SEPTEMBRE. LA NATIVITE DE LA  TRÈS  SAINTE VIERGE.

 

C’est la naissance de la Vierge Marie; faisons-lui fête, en adorant le Christ son fis, le Seigneur (1). Telle est l'invitation que nous adresse aujourd'hui l'Eglise. Ecoutons son appel ; entrons dans sa joie qui déborde (2) : l'Epoux est proche, puisque son trône est dès maintenant dressé sur terre (3) ; encore un peu, et lui-même paraîtra sous ce diadème de notre humanité dont doit le couronner sa mère au jour de la joie de son cœur et du nôtre (4). Aussi, comme en la glorieuse Assomption, retentit à nouveau le Cantique sacré (5) ; mais il est plus de la terre, cette fois, que du ciel.

Voici qu'en vérité nous est donné mieux que le premier paradis à cette heure. Eden, ne crains plus les retours des mortels humains ; ton chérubin peut cesser sa garde (6) et regagner les cieux. Que nous importent tes beaux fruits auxquels on ne peut toucher sans mourir (7) ? La mort, maintenant (8), elle est pour ceux qui ne goûteront pas du fruit qui s'annonce parmi les fleurs de la terre vierge où nous fait aborder notre Dieu.

 

1. Invitatoire de la fête. — 2. Répons I, II, V, VI ; Leçons du deuxième Nocturne; Ant. des Vêpres et des Laudes.— 3.  III Reg. X, 18-20; Cant. III, 7-10; Ant. de Benedictus.— 4. Cant. III, 11. —  5. Leçons du  premier Nocturne. — 6. Gen. III, 24. — 7. Ibid. 3. — 8. JOHAN. VI, 54.

 

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Salut, monde nouveau où les magnificences de la création primitive sont dépassées; salut, port fortuné dont le repos s'offre à nous après tant d'orages! L'aurore paraît (1) ; l'arc-en-ciel brille (2); la colombe s'est montrée (3); l'arche touche terre, ouvrant au monde de nouvelles destinées (4). Le port, l'aurore, l'arc-en-ciel, la colombe, l'arche du salut, le paradis du céleste Adam, la création dont l'autre n'était qu'une ébauche, c'est vous, douce enfant, en qui déjà résident toute grâce, toute vérité, toute vie (5).

Vous êtes la petite nuée que le père des Prophètes attendait dans l'angoisse suppliante de son âme, et qui apporte à la terre desséchée la fraîcheur (6) ; sous la faiblesse de vos membres si frêles apparaît la mère du bel amour et de la sainte espérance (7). Vous êtes cet autre léger nuage d'exquis parfum qu'exhale aux cieux notre désert (8); l'incomparable humilité de votre âme qui s'ignore révèle leur Reine aux Anges, armés en guerre (9) près de votre berceau.

O tour du vrai David (10), citadelle où, du premier choc, s'est brisé l'enfer (11) ; vraie Sion, dès l'abord fondée sur les saintes montagnes, au sommet des vertus (12); temple et palais dont ceux de Salomon étaient l'ombre (13) ; maison que l'éternelle Sagesse s'est bâtie pour elle-même (14) : le plan réalisé dans vos lignes si pures était arrêté dès l'éternité (15). Avec l'Emmanuel qui vous prédestina pour son lieu de délices (16),  vous êtes vous-même, enfant

 

1. Gen. XXXII, 26. — 2. Ibid. IX, 13. — 3. Ibid. VIII, 8.— 4. Ibid. 4, 17. — 5. Eccli. XXIV, 25. — 6. III Reg. xvm, 42-45. — 7. Eccli. XXIV, 24. — 8. Cant. ta, 6. — 9. Ibid. III, 7-8. — 10. Ibid. IV, 4. — 11. Gen. III, 1 5. — 12. Psalm. LXXXVI, 1-7. — 13. III Reg. VI, VII. — 14. Prov. IX, 1. —  15. Ibid.  VIII, 23. — 16. Sap. VIII, 16.

 

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bénie, le sommet de toute création, l'idéal divin pleinement réalisé sur terre (1).

Or donc, comprenons l'Eglise, quand elle acclame dès ce jour votre divine maternité, ne séparant pas la naissance de l'Emmanuel et la vôtre en ses chants (2). Celui qui, étant Fils en Dieu par essence, voulut l'être aussi dans l'humaine nature (3), avait avant tous autres desseins résolu qu'il aurait une Mère; tel par suite devait être en celle-ci le caractère primordial, absolu, de ce titre de Mère, qu'il ne fît qu'un dans l'éternel décret avec son être futur, comme en étant le motif, comme renfermant la cause même de son existence ainsi que le principe de toutes ses perfections de nature et de grâce. Donc nous aussi, dès le berceau, devons-nous voir en vous la Mère, et célébrer votre naissance, en adorant votre fils, le Seigneur (4).

D'autant qu'embrassant tous les frères de l'Homme-Dieu, votre bienheureuse maternité projette ses rayons sur tout ce qui précède ou suit dans le temps ce fortuné jour. Dieu, notre Roi avant les siècles, a opéré le salut au milieu de la terre (5) : « Le milieu de la terre, c'est admirablement Marie, dit l'Abbé de Clairvaux ; Marie, centre universel, arche de Dieu; elle est la cause des choses, l'affaire des siècles (6). Vers elle se tournent les habitants des cieux comme du séjour de l'expiation, les hommes qui nous précédèrent et nous qui sommes présentement, ceux qui doivent nous suivre, et les fils de nos fils et leurs descendants : les cieux pour voir se remplir leurs vides,

 

1. Le Temps ap. la Pentecôte, T. IV, p. 534. — 2. Invitatoire de l'Office, Introït de la Messe, etc. — 3. Le Temps ap. la Pentecôte, T. IV, p. 448. — 4. Invitatoire. — 5. Psalm. LXXIII, 12.— 6. Rerum causam, negotium saeculorum.

 

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les habitants des bas lieux pour leur délivrance; les hommes du premier âge pour être trouvés des prophètes fidèles (1), ceux qui viennent après pour obtenir de parvenir à la béatitude. Mère de Dieu, Reine des cieux, Souveraine du monde, toutes les générations vous diront bienheureuse (2); car vous avez engendré pour toutes la vie et la gloire. En vous à jamais les Anges puisent la joie, les justes la grâce, les pécheurs le pardon ; en vous, et par vous, et de vous la bénigne main du Tout-Puissant a créé une seconde fois ce qu'elle avait fait une première (3). »

« Solennité d'entrée, dit de ce jour André de Crète; fête initiale, dont le terme est l'union du Verbe et de la chair ; fête virginale, de joie pour tous et de confiance (4). » — « Toutes les nations, soyez présentes, s'écrie Jean Damascène ; toute race, toute langue, tout âge, toute dignité, célébrons joyeusement le jour natal de l'allégresse du monde (5). » — « C'est le commencement du salut, l'origine de toute tète, proclame à son tour saint Pierre Damien : voici qu'est née la Mère de l'Epoux! A bon droit, l'univers aujourd'hui tressaille, et l'Eglise, transportée, module des motifs d'épithalame en ses chœurs (6). »

Mais les docteurs d'Orient et d’Occident ne sont pas seuls à exalter dans les mêmes termes aujourd'hui l'apparition de Marie sur terre. Dans l'Office de la fête, les deux Eglises latine et grecque chantent toujours, chacune en leur langue, cette belle formule  de conclusion (7),  identique

 

1. Eccli. XXXVI, 18.— 2. Luc. I. 48. — 3. Bern. in festo Pentecost. Sermo II, 4. — 4. Andr. Crut. Oratio I, in Nativit. Deiparae I. — 5. Joan. Damasc. in Natal. B. M. Homilia I. — 6. Petr. Dam. Sermo XLV, in Nativit. B. M. V. — 7. Tropaire de renvoi in utroque Vespertino; Ant. de Magnificat aux secondes Vêpres.

 

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pour toutes deux : « Votre naissance, o Mère de Dieu, fut l'annonce de la joie pour le monde ; car c'est de vous qu'est né le Soleil de justice, le Christ notre Dieu, qui détruisant la malédiction octroya la bénédiction, et confondant la mort nous gratifia de l'éternelle vie. »

L'accord de Rome et de Byzance dans la célébration de la fête de ce jour remonte au VII° siècle au moins (1). On ne saurait avec quelque assurance préciser davantage, ni surtout généraliser la date première de son institution. Angers regarde le saint évêque Maurille comme en ayant été le premier auteur, sur un désir de la Bienheureuse Vierge à lui apparue, vers l'an 430, dans les prairies du Marillais : d'où le nom de Notre-Dame Angevine, ou fête de l'Angevine, donné si fréquemment à la présente solennité. Au XI° siècle, Chartres, la ville de Marie, n'en revendique pas moins pour son Fulbert, soutenu de l'autorité de Robert le Pieux, une paît prépondérante dans la diffusion delà glorieuse fête au pays de France; on sait l'intimité de l'évêque et du roi, et comment celui-ci voulut noter lui-même en chant d'une suave mélodie les trois admirables Répons où son ami célèbre le lever de l'étoile mystérieuse qui doit engendrer le soleil, la branche sortant de la tige de Jessé pour porter la fleur divine où se reposera l'Esprit-Saint, la bénigne toute-puissance qui fait produire à la Judée Marie comme la rose à l'épine (2).

En l'année 1245, dans la session troisième du premier Concile de Lyon, celle-là même où Frédéric II fut déposé de l'empire, Innocent IV établit pour l'Eglise universelle, non la fête partout

 

1. Liber pontifie, in Sergio I. — 2. R./ R./ Solem justitiae, Stirps Jesse virgam produxit,  Ad nutum Domini.

 

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dès lors observée, mais l'Octave de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie (1) ; c'était l'accomplissement du vœu fait par lui et les autres cardinaux pendant le veuvage de dix-neuf mois, résultat des intrigues du fourbe empereur, qui suivit pour l'Eglise la mort de Célestin IV, et auquel l'élection de Sinibaldo Fieschi sous le nom d'Innocent avait mis un terme.

En 1377, le grand Pape qui venait de briser les chaînes de la captivité d'Avignon, Grégoire XI, voulut compléter par l'adjonction d'une Vigile à la solennité les honneurs rendus à Marie naissante ; mais soit qu'il n'eût exprimé sur ce point qu'un désir, comme un peu plus tard au sujet du jeûne préparatoire à la fête de la Visitation son successeur Urbain VI, soit pour toute autre cause, les intentions du pieux Pontife ne prévalurent que peu de temps dans les années si troublées qui suivirent sa mort.

Avec l'Eglise (2) implorons, comme fruit de cette fête si suave, la paix qui semble fuir toujours plus nos temps malheureux. Ce fut dans la seconde des trois périodes de paix universelle signalées sous Auguste,etdont la dernière marqua l'avènement du Prince même de la paix, que naquit Notre-Dame.

Pendant que se fermait le temple de Janus, l'huile mystérieuse sortait du sol où devait s'élever le premier sanctuaire delà Mère de Dieu dans la Ville éternelle; les présages se multipliaient; le monde était dans l'attente; le poète chantait: « Voici qu'arrive enfin le dernier âge prédit par la Sibylle, voici s'ouvrir la grande série des siècles nouveaux, voici la Vierge (3) ! »

En Judée, le sceptre est ôté de Juda (4) ; mais

 

1. Mansi, XXIII, 612. — 2. Collecte du jour. — 3. Virg. Eglog. IV. Pollio. — 4. Gen. XLIX, 10.

 

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celui-là même qui s'en est approprié la puissance, Hérode l'Iduméen poursuit en hâte la splendide restauration qui doit permettre au second Temple de recevoir dignement dans ses murs l'Arche sainte du nouveau Testament.

C'est le mois sabbatique, premier de l'année civile, septième du cycle sacré : Tisri, où commence le repos de chaque septième année, où l'année sainte du jubilé s'annonce (1) ; le plus joyeux des mois, avec sa solennelle Néoménie que signalent les trompettes et les chants (2), sa fête des Tabernacles, et la mémoire, de l'achèvement du premier Temple sous Salomon.

Au ciel, l'astre du jour, parcourant ses demeures du Zodiaque, vient de quitter le signe du Lion pour entrer dans celui de la Vierge. Sur la terre, deux descendants obscurs de David, Joachim et Anne, remercient Dieu qui a béni leur union longtemps inféconde.

 

1. Levit. XXV, 9. — 2. Ibid. XXIII, 24 ; Num. XXIX; Psalm. LXXX.

 

 

AUX PREMIERES VEPRES.

 

Les Psaumes, le Capitule et l'Hymne des Vêpres sont les mêmes que ceux des autres fêtes de Notre-Dame. Les Antiennes et le Verset glorifient la naissance de la plus noble des filles d'Eve, illustrant notre race, donnant à Dieu une Mère, à nous une avocate dont les prières ne seront jamais repoussées.

 

1. Ant. C'est  la naissance  de  la glorieuse Vierge Marie, issue de la race d'Abraham, de la tribu de Juda, de la noble souche de David.

 

Psaume CIX. Dixit Dominus, page 43.

 

2. Ant. C'est   aujourd’hui la naissance de la sainte Vierge Marie, dont la vie sublime est la lumière de toutes les églises.

 

Psaume CXII. Laudate pueri, page 46.

 

3. Ant. De Royale descendance, Marie naît en ce jour ; de cœur et d'âme nous implorons dévotement le secours de ses prières.

 

PSAUME CXXI.

 

Je me suis réjoui quand on m'a dit: Nous irons vers Marie, la maison du Seigneur.

 

Nos pieds se sont fixés dans tes parvis, ô Jérusalem ! nos cœurs dans votre amour, ô Marie !

 

Marie, semblable à Jérusalem, est bâtie comme une cité : tous ceux qui habitent dans son amour sont unis et liés ensemble.

 

C'est en elle que se sont donné rendez-vous les tribus du Seigneur, selon l'ordre qu'il en a donné à Israël, pour y louer le Nom du Seigneur.

 

Là sont dressés les sièges de la  justice, les trônes de la maison de David; et Marie est la fille des Rois.

 

Demandez à Dieu, par Marie, la paix pour Jérusalem : que tous les biens soient pour ceux qui t'aiment, à Eglise !

 

Voix de Marie : Que la paix règne sur tes remparts, ô nouvelle Sion! et l'abondance dans tes forteresses.

 

Moi, la fille d'Israël, je prononce sur toi des paroles de paix, à cause de mes frères et de mes amis qui sont au milieu de toi.

 

Parce que tu es la maison du Seigneur notre Dieu, j'ai appelé sur toi tous les biens.

 

4. Ant. De cœur et d'âme chantons gloire au Christ, en cette solennité sacrée de l'incomparable Marie Mère de Dieu.

 

PSAUME CXXVI.

 

Si le  Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent.

 

Si le Seigneur ne garde la cité, inutilement veilleront ses gardiens.

 

En vain vous vous lèverez avant le jour ; levez-vous après le repos, vous qui mangez le pain de la douleur.

 

Le Seigneur aura donné un  sommeil  tranquille à ceux qu'il aime : des fils, voilà l'héritage que le Seigneur leur destine ; le fruit des entrailles, voilà leur récompense.

 

Comme des flèches dans une main puissante, ainsi seront les fils de ceux que l'on opprime.

 

Heureux l'homme qui en a rempli son désir ! il ne sera pas confondu, quand il parlera à ses ennemis aux portes de la ville.

 

5. Ant. En allégresse célébrons la naissance de Marie la bienheureuse , pour qu'elle-même intercède en notre faveur près du Seigneur Jésus-Christ.

 

PSAUME CXLVII.

 

Marie, vraie Jérusalem, chantez le Seigneur ; Marie, sainte Sion, chantez votre Dieu.

 

C'est lui  qui fortifie contre le péché les serrures de vos portes ; il bénit les fils nés en votre sein.

 

Il a placé la paix sur vos frontières ; il vous nourrit de la fleur du froment, Jésus, le Pain de vie.

 

Il envoie par vous son Verbe à la terre ; sa parole parcourt le monde avec rapidité.

 

Il donne la neige comme des flocons de laine ; il répand les frimas comme la poussière.

 

Il envoie le cristal de la glace semblable à un pain léger : qui pourrait résister devant le froid que son souffle répand?

 

Mais bientôt il envoie son Verbe en Marie, et cette glace si dure se fond à sa chaleur : l'Esprit de Dieu souffle, et les eaux reprennent leur cours.

 

Il a donné son Verbe à Jacob, sa loi et ses jugement à Israël.

 

Jusqu'aux jours où nous sommes, il n'avait point traité de la sorte toutes les nations, et ne leur avait pas manifesté ses décrets.

 

CAPITULE. Eccli. XXIV.

 

J'ai été créée dès le commencement et avant les siècles, et jusque dans le siècle futur je ne cesserai point d'être ; j'ai rempli mon office devant lui dans son temple.

 

HYMNE.

 

Salut, astre des mers,
Mère de Dieu féconde !
Salut, ô toujours Vierge,
Porte heureuse du ciel !

 

Vous qui de Gabriel

Avez reçu l’Ave,
Fondez-nous dans la paix,
Changeant le nom d'Eva.

 

Délivrez les captifs,
Eclairez les aveugles,
Chassez loin tous nos maux,
Demandez tous les biens.

 

Montrez en vous la Mère;
Vous-même offrez nos vœux
Au Dieu qui, né pour nous,
Voulut naître de vous.

 

O Vierge incomparable,
Vierge douce entre toutes !
Affranchis du péché,
Rendez-nous doux et chastes.

 

Donnez vie innocente
Et sûr pèlerinage,
Pour qu'un jour soit Jésus
Notre liesse à tous.

 

Louange à Dieu le Père,
Gloire au Christ souverain ;
Louange au Saint-Esprit ;
Aux trois un seul hommage.

Amen.

 

V/. C'est aujourd'hui  la naissance   de   la sainte Vierge Marie,

R/. Dont la  vie sublime est la lumière de toutes les églises.

 

ANTIENNE de Magnificat.

 

Honorons la très digne nativité de la glorieuse Vierge Marie, qui a obtenu la dignité de Mère sans perdre son intégrité virginale.

 

Le Cantique Magnificat, page 31. L'Oraison est la Collecte de la Messe, ci-après, page 178.

 

 

Un illustre Martyr veille avec les Anges sur le berceau de la Mère de Dieu. Officier des gardes à la cour d'un empereur de la terre, c'est à ce titre encore qu'il demeure auprès de la Souveraine du monde. Nicomédie fut le lieu des combats d'Adrien ; son saint corps, transporté d'abord à Byzance, l'avait été ensuite dans la Ville éternelle. Enrichie à cette date de l'année du précieux dépôt, l'impériale cité sut concilier magnifiquement avec l'hommage dû à Marie naissante l'honneur que méritait l'héroïque soldat devenu son hôte au même jour. Dès le VII° siècle (1), l'église Saint-Adrien était fixée comme point de départ de la solennelle Litanie qui, dans cette fête de la Nativité, puis dans celles de l'Annonciation et de l'Assomption delà Bienheureuse Vierge, conduisait le peuple romain du forum à Sainte-Marie-Majeure.

On reconnaît aujourd'hui que les Actes du martyre d'Adrien ne sont pas contestables. Ils empruntent à l'intervention de sa jeune épouse Natalie un charme tout spécial d'héroïque suavité. Chrétienne dès l'enfance à l'insu de son époux engagé dans les liens de l'idolâtrie, elle apprend à la fois sa conversion opérée par le spectacle de la constance des Confesseurs, et l'élan généreux qui l'a poussé soudain à demander de partager leurs chaînes. Transportée elle accourt et, baisant ses fers : « Bienheureux étes-vous, s'écrie-t-elle, mon seigneur Adrien ! » Entre les deux époux, durant les jours que celui-ci doit vivre encore, se déroulent d'admirables scènes dont les plus grands génies de l'antiquité n'approchèrent point  dans leurs  fictions. Laissée libre

 

1. Liber pontif. in Sergio I.

 

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par les geôliers de Galère, Natalie ne quitte plus celui que la captivité pour le  Christ revêt à ses yeux d'une auréole où pâlit tout l'éclat de sa valeur d'autrefois sous les enseignes de César. Assise à ses pieds  dans la  prison, l'accompagnant au prétoire, elle n'a d'autre pensée que de maintenir le néophyte sous l'assaut des tourments à la hauteur de la vocation qui le marque pour le martyre, d'autre souci que d'écarter de lui toute sollicitude de la terre, tout retour sur elle-même si faible, qu'il va laisser presque encore une enfant ; si ce n'est qu'à la veille du dénouement suprême, elle laisse échapper  ces mots :  «  Souviens-toi de ta coopératrice au martyre ; prie que je meure avec toi, pour que les autres femmes apprennent à se conduire comme elles doivent envers leurs époux, en voyant ton amour pour moi. » Enfin, l'heure venue, soutenant jusqu'au bout dans la simplicité de son  cœur si pur  une fidélité où l'héroïsme n'altère pas un instant la tendresse la plus exquise, elle-même étend sur l'enclume où on va les briser les pieds de celui qu'elle aime seul au monde. Et comme après l'atroce supplice il respirait encore, le Martyr présente sa main à Natalie pour qu'elle la donne à couper aux bourreaux. Alors il meurt, et se rappelant la prière de sa compagne, il l'attire peu après avec lui au ciel.

On se souvient que l'Emmanuel voulut joindre la mémoire de la sainte veuve Anastasie à la solennité de son jour natal (1). C'est dans une même délicate pensée de sa très suave maternité pour tous, que la Vierge des vierges inspire à l'Eglise d'associer aux joies de sa propre naissance la glorification de l'héroïque époux de sainte Natalie.

 

1. Le Temps de Noël, I, p. 245.

 

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A TIERCE.

 

L'Hymne et les trois Psaumes dont se compose l'Office de  Tierce, se trouvent ci-dessus, page 26.

 

Ant. C’est aujourd'hui la naissance de la sainte Vierge Marie, dont la  vie sublime est la lumière de toutes les églises.

 

Le  Capitule comme aux premières  Vêpres, page 173.

 

R/. br. Dans votre éclat,*  Et votre beauté.

Dans votre éclat.

V/. Avancez, triomphez, et régnez. * Dans votre beauté.

Gloire au  Père.  Dans votre éclat.

 

V/. Le Seigneur la protégera de son regard.

R/. Dieu  est au  milieu d'elle ;  elle ne  sera  point ébranlée.

 

L'Oraison est la Collecte de la Messe, page 178.

 

A  LA MESSE.

 

L'Eglise entonne le beau chant de Sédulius à la Mère de Dieu ; comme le Très-Haut, en effet, elle voit Marie déjà Mère, ainsi qu'elle l'est par la divine prédestination dès avant tous les âges. Déjà aussi Marie répond au salut de l'Eglise par le chant de l'Epouse, le psaume d'épithalame, qui jamais ne résonna si pleinement pour nulle autre âme que la sienne dès ce premier jour.

 

INTROÏT.

 

 

Salut, Mère sainte, ô vous dont l'enfantement a mis au monde le Roi qui gouverne le ciel et la terre dans les siècles des siècles.

Ps. Mon cœur a proféré une parole excellente ; c'est au Roi que je dédie mes chants. Gloire au Père. Salut.

 

Bien que le divin enfantement de Notre-Dame ait historiquement suivi sa propre naissance, la sainte Liturgie se place en ses prières au point de vue du Cycle annuel qui, commencé dans les semaines de l'Avent, se poursuit toujours. C'est pourquoi la Collecte demande que le mystère présent développe en nous l'œuvre de sanctification et de paix inaugurée à Bethléhem.

 

COLLECTE.

 

SEIGNEUR, nous vous prions d'accorder à vos serviteurs le don de la grâce céleste : afin que ceux pour qui l'enfantement de la bienheureuse Vierge a marqué le commencement du salut, trouvent dans la solennelle mémoire de sa Nativité l'accroissement de la paix.  Par Jésus-Christ.

 

Dans les Messes privées, à la suite des Collecte, Secrète et Postcommunion de la fête, on fait mémoire de saint Adrien.

 

ORAISON.

 

Accordez à notre prière, Dieu tout-puissant, que nous, qui célébrons la naissance au ciel du bienheureux Adrien votre Martyr, soyons par son intercession fortifiés dans l'amour de votre Nom. Par Jésus-Christ.

 

ÉPÎTRE.

 

Lecture du livre de la Sagesse. Prov. VIII.

 

Le Seigneur m'a possédée au commencement de ses voies, avant qu'il créât aucune chose au commencement. J'ai été établie dès l'éternité et de toute antiquité, avant que la terre fût créée. Les abîmes n'étaient point encore, et déjà j'étais conçue ; les fontaines n'avaient point encore répandu leurs eaux ; la pesante masse des montagnes n'était pas encore formée ; j'étais enfantée avant les collines : il n'avait point encore créé la terre, ni les fleuves, ni les pôles du monde. Lorsqu'il préparait les cieux, j'étais présente ; lorsqu'il environnait les abîmes de cette circonférence qui a de si justes proportions ; lorsqu'il affermissait l'air au-dessus de la terre, et qu'il pesait comme dans une  balance les eaux des fontaines ; lorsqu'il renfermait la mer dans ses bornes, et qu'il imposait une loi aux eaux, afin qu'elles ne franchissent point leurs limites ; lorsqu'il fondait la terre sur son propre poids, j'étais avec lui et je réglais toutes choses. Je prenais plaisir chaque jour, me jouant sans cesse devant lui, me jouant dans l'univers ; et mes délices sont d'être avec les enfants des hommes. Maintenant donc, ô mes enfants ! écoutez-moi : Heureux ceux qui gardent mes voies! Ecoutez mes instructions, soyez sages, et ne les rejetez pas. Heureux celui qui m'écoute , qui veille tous les jours à l'entrée de ma maison, et qui se tient tout prêt à ma porte ! Celui qui m'aura trouvée trouvera la vie, et il puisera le salut dans le Seigneur.

 

Près du berceau des princes, il est d'usage de pronostiquer leur grandeur future, en composant aux nouveau-nés une auréole de la gloire des aïeux. Ainsi et mieux fait aujourd'hui l'Eglise. L'Evangile doit nous rappeler la généalogie temporelle du Messie et de celle qui ne naît aujourd'hui que pour lui donner naissance à son tour; mais tout d'abord, c'est la genèse en Dieu du Fils et de la Mère qui vient de nous être livrée par ce passage des Proverbes. J'étais enfantée avant les collines et la terre, dit pour tous deux la Sagesse éternelle; j'étais présente, lorsqu'il préparait les cieux.

A la différence de notre infirme humanité qui, sujette du temps, perçoit les choses selon la série

 

de leur évolution successive, Dieu les considère d'au delà du temps qu'il domine de son éternité, dans l'ordre de la dépendance mutuelle où il les a mises en vue de la manifestation de sa gloire. Le commencement pour Dieu, le principe de toute œuvre, est la raison qui la détermine. Or, le Très-Haut n'agit au dehors de lui que pour se révéler par son Verbe fait chair, devenu fils d'une Mère créée comme il est fils du Créateur. L'Homme-Dieu comme but, Marie comme moyen : tel est l'objet des résolutions éternelles, la raison d'être du monde, la conception fondamentale où tout le reste n'apparaît qu'à titre d'accessoires et de dépendances.

 

O Notre-Dame, qui daignez nous appeler nous aussi vos fils, heureux sommes-nous que la bonté égale en vous la grandeur ! Heureuse l'humanité qui veillait depuis tant de siècles dans votre attente, et vous trouve enfin ; car avec vous sont le salut et la vie.

 

C'est toujours la virginale et divine maternité que l'Eglise chante, au Graduel, comme déjà l'honneur de cette journée qui nous donne la Mère de Dieu.

 

GRADUEL.

 

Vous êtes bénie et digne de toute vénération, Vierge Marie, qui, sans la moindre souillure, êtes devenue mère du Sauveur.

 

V/. Vierge mère de Dieu, celui que le monde entier ne saurait contenir s'est enfermé dans votre sein, s'y faisant homme.

Alléluia, alléluia.

 

V/. Heureuse êtes-vous et digne de toute louange, sainte Vierge Marie ! de vous s'est levé le Soleil de justice, le Christ notre Dieu. Alleluia.

 

EVANGILE.

 

Le commencement du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. I.

 

Le livre  de  la  généalogie de Jésus-Christ, fils de David,   fils   d'Abraham. Abraham engendra Isaac. Isaac engendra Jacob.  Jacob  engendra  Juda  et ses frères. Juda engendra Phares  et Zara de Thamar. Phares  engendra  Esron. Esron engendra Ara m. Aram engendra Aminadab.  Aminadab engendra Naasson. Naasson engendra Salmon. Salmon engendra Booz de Rahab. Booz engendra Obed de Ruth. Obed engendra Jessé. Jessé engendra David roi. David  roi  engendra Salomon de celle qui avait été femme d'Urie. Salomon engendra Roboam. Roboam engendra Abias. Abias engendra Asa.  Asa engendra Josaphat. Josaphat engendra Joram.   Joram   engendra Ozias. Ozias  engendra Joatham. Joatham  engendra Achaz.  Achaz   engendra Ezéchias.   Ezéchias   engendra Manassé. Manassé engendra Amon. Amon engendra Josias.  Josias engendra Jéchonias et ses trères, au temps de la transmigration de Baby-lone. Et depuis la transmigration de Babylone, Jéchonias engendra Sala-thiel. Salathiel engendra Zorobabel. Zorobabel engendra Abiud. Abiud engendra Eliacim. Eliacim engendra Azor. Azor engendra Sadoc. Sadoc engendra Achim. Achim engendra EliuJ. Eliud engendra Eleazar. Eléazar engendra Mathan. Mathan engendra Jacob. Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle naquit Jésus, qui est appelé Christ.

 

Marie de laquelle naquit Jésus : c'est tout le mystère de Notre-Dame, c'est dès ce jour, nous l'avons vu, le titre constitutif de son être de nature et de grâce ; comme Jésus devant naître de Marie, fils de la femme (1) et fils de Dieu (2), était dès le commencement la raison cachée de toute cette création, dont le mystère ne devait se révéler qu'à la plénitude des temps (3). Œuvre unique, dont le Prophète disait dans l'extase : Votre œuvre, ô Dieu, vous la ferez connaître au milieu des ans ; le Saint viendra de la montagne ombragée (4) ; les pôles du monde s'inclinent sous les

 

1. Gal. IV, 4. — 2. Rom. I, 3-4.  — 3.  Eph. III, 9. — 4. Juxta LXX.

 

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pas de son éternité (1). Cette montagne d'où le Saint, l'Eternel, le Dominateur du monde doit venir en son temps, est la Bienheureuse Vierge (2) que la vertu du Très-Haut couvrira de son ombre (3), et dont l'élévation dépasse déjà à sa naissance toutes les hauteurs du ciel ou de la terre (4).

Les temps donc sont accomplis. Depuis l'heure où l'éternelle Trinité sortit de son repos pour créer le ciel et la terre (5), toutes les générations du ciel et de la terre, comme dit l'Ecriture (6), étaient en travail du jour qui donne au Fils de Dieu la Mère attendue. Parallèlement à la ligne courant d'Abraham et de David au Messie lui-même, toutes les généalogies humaines préparaient à Marie la génération des fils adoptifs que Jésus, né de Marie, se donnera pour frères.

Avec l'Eglise, félicitons Notre-Dame de cette maternité sublime, qui embrasse dans son éternelle virginité le Créateur et les créatures.

 

 

OFFERTOIRE.

 

BIENHEUREUSE êtes-vous, Vierge Marie, qui avez porté le Créateur de toutes choses! vous avez engendré celui qui vous a faite, et vous restez vierge éternellement.

 

Que cette maternité, que cette virginité consacrée par elle, nous rapprochent toujours plus du Fils de Marie en même temps Fils de Dieu; qu'elles nous unissent dans une pureté plus grande au Sacrifice préparé sur l'autel à l'honneur de ce jour.

 

1. Habac. III,2-6. — 2. Andr. Cret. Oratio in Annunt. Deiparae. — 3. Luc. I, 35. — 4. Joan. Damasc. in Natal. B. M. Homilia I. — 5. Gen. I,1. — 6. Ibid. II, 4.

 

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SECRETE.

 

Permettez, Seigneur, que vienne à notre aide l'humanité de votre Fils unique ; né d'une vierge, loin de léser l'intégrité de sa mère, il l'a consacrée : qu'il nous délivre de nos fautes et vous rende ainsi notre offrande acceptable en cette fête de la Nativité, Jésus-Christ notre Seigneur qui, étant Dieu, vit et règne avec vous.

 

 

MEMOIRE DE SAINT ADRIEN.

 

Agréez nos offrandes et nos vœux, nous vous en supplions, Seigneur ; purifiez-nous par ces Mystères du ciel, exaucez-nous dans votre clémence. Par Jésus-Christ.

 

PRÉFACE.

 

C'est une chose digne et juste, équitable et salutaire, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, de vous rendre grâces en tout temps et en tous lieux ; spécialement de vous louer, de vous bénir, de vous célébrer en la Nativité de la bienheureuse Marie toujours vierge. C'est elle qui a conçu votre Fils unique par l'opération du Saint-Esprit, et qui, sans rien perdre de la gloire de sa virginité, a donné au monde la Lumière éternelle, Jésus-Christ notre Seigneur : par qui les Anges louent votre Majesté, les Dominations l'adorent, les Puissances la révèrent en tremblant, les Cieux et les Vertus des cieux, et les heureux Séraphins la célèbrent avec transport. Daignez permettre à nos voix de s'unir à leurs voix, afin que nous puissions dire dans une humble confession : Saint ! Saint ! Saint !

 

En possession du Seigneur, n'oublions pas, dans la Communion, que nous devons sa venue à l'Enfant bénie qui naquit à cette date, il y a dix-neuf siècles, pour le donner à la terre.

 

COMMUNION.

 

Bienheureuses les entrailles de la Vierge Marie, qui ont porté le Fils du Père éternel !

 

Puisse le retour de cette bienheureuse fête au Cycle sacré ne rester pas infécond dans nos âmes; puissent les Mystères adorables auxquels il nous a valu de participer, éloigner de nous le mal du temps et le mal éternel, ainsi que le demande la Postcommunion.

 

POSTCOMMUNION.

 

Nous avons, Seigneur, participé aux Mystères qui consacrent cette fête annuelle ; faites, nous vous en supplions, qu'ils nous soient un remède pour la vie du temps et pour l'éternelle. Par Jésus-Christ.

 

MÉMOIRE DE SAINT ADRIEN

 

Nous vous en prions, Seigneur notre Dieu : de même que nous applaudissons à vos Saints en célébrant dans le temps leur mémoire, faites que leur vue nous réjouisse dans l'éternité. Par Jésus-Christ.

 

 

A SEXTE

 

L'Hymne et les trois Psaumes se trouvent ci-dessus,  page 32

 

Ant. De royale descendance, Marie naît en ce jour; de cœur et d'âme nous implorons dévotement le secours de ses prières.

 

CAPITULE. (Eccli. XXIV)

 

Et c'est ainsi que je me suis affermie dans Sion. J'ai donc trouvé mon repos dans la cité sainte, et ma puissance est établie dans Jérusalem. J'ai pris racine dans le peuple honoré du Seigneur, dans le peuple héritage de mon Dieu, et ma demeure est dans la plénitude des Saints.

 

R/. br. Il la soutiendra *  De son regard divin. Il la soutiendra.

V/. Dieu est  au  milieu d'elle ; elle ne sera point ébranlée. * De son regard divin.

Gloire au Père. Il la soutiendra.

V/. Dieu l'a élue et la choisie d'avance.

R/. Il la fait habiter dans son tabernacle.

 

L'Oraison est la Collecte de la Messe, page 178.

 

A NONE.

 

L'Hymne et les Psaumes, ci dessus, page 37.

 

Ant. En allégresse célébrons la naissance de Marie la bienheureuse, pour qu'elle-même intercède en notre faveur près du Seigneur Jésus-Christ.

 

CAPITULE. (Eccli. XXIV

 

Sur les places, j'ai donné mon parfum comme le cinnamome et le baume odorant , comme une myrrhe de choix, j'ai donné ma senteur.

 

R/. br. Dieu l'a élue, * Et l'a choisie d'avance. Dieu l'a élue.

V/. Il la fait habiter dans son tabernacle, * Et l'a choisie d'avance.

Gloire au Père. Dieu l'a élue.

V/. La grâce est répandue sur vos lèvres.

R/. C'est pourquoi le Seigneur vous a bénie à jamais.

 

L'Oraison, page 178.

 

AUX SECONDES VÊPRES.

 

Les Antiennes, les Psaumes, le Capitule, l'Hymne et le Verset, sont les mêmes qu'aux premières Vêpres, pages 169-174, à l'exception de l'Antienne de Magnificat.

 

ANTIENNE de Magnificat.

 

Votre naissance, ô Vierge Mère de Dieu, fut l'annonce de la joie pour le monde ; car c est de vous qu'est né le Soleil de justice, le Christ notre Dieu, qui détruisant la malédiction octroya la bénédiction, et confondant la mort nous gratifia de l'éternelle vie.

 

 

            Après l'Oraison de la fête, on fait mémoire d'un saint Martyr, que l'Eglise continuera d'associer demain aux honneurs rendus à Notre-Dame en ce deuxième jour de sa vie sur terre. Gorgonius était chambellan de l'empereur Dioclétien. Les saints de la maison de César (1), dont l'Apôtre envoyait le salut aux chrétiens de Philippes, n'avaient  fait depuis lors que s'accroître en nombre.

 

1. Philipp. IV, 22.

 

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Eusèbe s'étend sur la faveur spéciale dont les entourait, avant la dernière persécution, la confiance des maîtres du monde ; la préférence dont ils étaient l'objet allait jusqu'à les exempter de toute participation aux rites officiels, pour leur permettre d'accepter le gouvernement des provinces (1). Dans le palais, liberté entière de pratiquer et d'affirmer leur foi était laissée à leurs femmes, enfants, serviteurs (2) : si bien que la cour de Nicomédie formait comme une église autour de l'impératrice Prisca et de sa fille Valéria, chrétiennes elles-mêmes alors, mais qui, hélas ! ne persévérèrent pas (3).

Il avait fallu toute la fourberie de Galère pour amener Dioclétien à publier contre la religion de ces hommes dévoués, qu'il aimait comme ses fils, dit Eusèbe (4), les sanglants édits de l'année 3o3. Mais l'ère des Martyrs une fois ouverte, César redevenu Néron, on vit les officiers du palais surpasser en gloire tous les héros du Christ que leur courage avait illustrés jusque-là dans l'empire ou par delà ses frontières (5). Comme princes de ces vaillants, l'historien nomme Pierre, Dorothée, Gorgonius (6). C'est à la translation qui eut lieu plus tard des reliques saintes de ce dernier dans Rome, que nous devons de pouvoir le célébrer, au nom de tous ses nobles compagnons, sur notre Cycle d'Occident ; il méritait, comme Adrien, d'y faire cortège à la Mère de Dieu.

1. Eus. Hist. eccl. VIII, 1. — 2. Ibid. — 3. Lactant. De mort, persecut. XV. — 4. Hist. eccl. VIII, VI. — 3. Ibid. — 6. Ibid.

 

MÉMOIRE DE SAINT GORGON, MARTYR.

 

Ant. Ce saint  a combattu pour  la loi de son Dieu jusqu'à la mort, et il n'a pas tremblé devant les paroles des impies ; car il était fondé sur la pierre ferme.

 

V/. Seigneur, vous l'avez couronné de gloire et d'honneur.

R/. Et vous l'avez établi sur les œuvres de vos mains.

 

ORAISON

 

Daigne, Seigneur, Gorgonius votre Saint prier pour nous, et nous donner part aux pieuses joies de son jour de fête. Par Jésus-Christ.

 

A l'honneur de la douce naissance qui ravit la terre, chantons les suaves Répons dus à la collaboration de Fulbert de Chartres et de notre Robert le Pieux. La France entière les avait adoptés ; l'Europe les répéta après la France.

 

REPONS.

 

R/. Pour  engendrer  le Soleil  de justice, monarque suprême:* Etoile de la mer, Marie se lève, et elle naît en ce jour.

V/. Fidèles, réjouissez-vous d'avoir à contempler la lumière de Dieu.

* Etoile de la mer, Marie se lève, et elle naît en ce jour.

R/. La tige de Jessé a produit une branche ; la branche a produit une fleur : * Et sur cette fleur repose l'Esprit-Saint.

V/. La Vierge Mère de Dieu est la branche ; la fleur, c'est son Fils.

*  Et sur cette fleur repose l'Eprit-Saint.

R/. Par bon plaisir du Seigneur ennoblissant en nous ses dons : * Comme l'épine la rose, la Judée engendra Marie.

V/. Pour que le vice fût surmonté par la vertu, le péché par la grâce.

*  Comme l'épine la rose, la Judée engendra Marie.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit.

*  Comme l'épine la rose, la Judée engendra Marie.

 

Notre monde, ô Marie, vous possède enfin ! Votre naissance lui révèle le secret de sa destinée, le secret d'amour qui l'appela du néant à devenir le palais du Dieu qui résidait au-dessus des cieux. Mais quel est donc ce mystère de la chétive humanité, qu'inférieure aux Anges par sa nature, elle soit appelée à leur donner pourtant leur Roi et leur Reine? Leur Roi, bientôt ils l'adoreront nouveau-né dans vos bras ; leur Reine, ils la révèrent aujourd'hui, et l'admirent dans son berceau comme admirent les Anges. Astres du matin, ces nobles esprits contemplaient au commencement les manifestations de la Toute-Puissance, et ils louaient le Très-Haut (1) ; jamais

 

1. Job. XXXVIII, 7.

 

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néanmoins leur avide regard ne découvrit merveille pareille à celle qui les fait tressaillir à cette heure: Dieu reflété plus purement sous le voile corporel, sous l'enveloppe fragile d'une enfant d'un jour, que dans la force et tout l'éclat des neuf chœurs ; Dieu captivé lui-même par tant de faiblesse unie par sa grâce à tant d'amour qu'il en fait le point culminant de son œuvre, en arrêtant d'y manifester son Fils.

Reine des Anges, vous êtes aussi la nôtre ; recevez-nous à foi et hommage. En cette journée où le premier élan de votre âme très sainte fut pour le Seigneur, le premier sourire de vos yeux pour les fortunés parents qui vous mirent au monde, daigne la bienheureuse Anne nous admettre à baiser à genoux votre main bénie, toute prête déjà aux divines largesses dont elle est la dispensatrice prédestinée. Et maintenant grandissez, douce enfant ; que vos pieds s'affermissent pour briser la tête du serpent maudit, que vos bras prennent force pour porter le trésor du monde : l'ange et l'homme, toute la nature, Dieu Père, Fils, Esprit-Saint, sont dans l'attente du moment solennel où Gabriel pourra s'envoler des cieux, vous saluant pleine de grâce et vous apportant le message de l'amour.

 

 

 

 

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