ROSE DE LIMA

Précédente Accueil Remonter Suivante

Accueil
Remonter
PENTECÔTE V
PHILIPPE
BARTHELEMY
LOUIS
ZÉPHYRIN
JOSEPH CALASANZ
AUGUSTIN
Déc. JEAN-BAPTISTE
ROSE DE LIMA
RAYMOND NONNAT
GILLES
ETIENNE
LAURENT JUSTINIEN
NATIVITÉ de MARIE
DIMANCHE Oct. NATIVITÉ
IIe J. Oct. NATIVITÉ
NICOLAS DE TOLENTINO
IV° J. Oct. ASSOMPTION
V° J. Oct. ASSOMPTION
VI° J. Oct. ASSOMPTION
SAINTE CROIX
Oct. NATIVITÉ
N-D des DOULEURS
CORNEILLE et CYPRIEN
Stigm. FRANCOIS
JOSEPH de COPERTINO
JANVIER
EUSTACHE
MATTHIEU
THOMAS - MAURICE
LIN
N-D de la MERCI
CYPRIEN-JUSTINE
COME et DAMIEN
WENCESLAS
MICHEL
JÉRÔME
SAINT ROSAIRE
RÉMI
ANGES GARDIENS
FRANCOIS
MAUR et PLACIDE
BRUNO
MARC
BRIGITTE
DENYS
FRANCOIS de Borgia
EDOUARD
CALLISTE Ier
THÉRÈSE
MICHEL mer
HEDWIGE
LUC
PIERRE D'ALCANTARA
JEAN DE KENTY
HILARION
RAPHAËL
CHRYSANTHE
EVARISTE
SIMON ET JUDE
Vig. TOUSSAINT

LE XXX AOUT. SAINTE ROSE DE SAINTE-MARIE, VIERGE.

 

Quel parfum d'au delà de l'Océan nous apporte aujourd'hui la brise! L'ancien monde renouvelle sa jeunesse à  ces senteurs du ciel; le nouveau se concilie par elles la terre et les cieux.

Cent ans ont passé depuis les jours où l'Europe étonnée apprit qu'un continent nouveau se révélait par delà les flots de la mer Ténébreuse, effroi des navigateurs. L'Espagne venait d'expulser le Croissant de ses propres terres; comme récompense, elle reçut la mission de planter la Croix sur ces plages immenses. Ni héros, ni apôtres, ne firent défaut dans cette œuvre au royaume Catholique; ni non plus, pour son malheur, les aventuriers dont la soif de l'or fit le fléau des Indiens qu'il s'agissait d'amener au vrai Dieu. La décadence si prompte de l'illustre nation qui avait triomphé du Maure, montrera bientôt jusqu'à quel point les peuples prévenus des plus hautes bénédictions restent pourtant solidaires des crimes commis, sous le couvert de leur nom, par quiconque porte le drapeau du pays. On sait comment finit au Pérou l'empire des Incas : malgré les protestations indignées des missionnaires , malgré les ordres venus de la mère patrie, quelques années suffirent aux compagnons de Pizarre pour exterminer le tiers des habitants de ces

 

131

 

florissantes contrées; un autre tiers achevait de périr dans la misère d'une servitude pire que la mort immédiate; le reste fuyait vers les montagnes, emportant au fond des forêts la haine de l'envahisseur, et trop souvent, hélas ! de l'Evangile, responsable à ses yeux des atrocités accomplies par les baptisés. La cupidité des vainqueurs donnait entrée à tous les vices dans ces âmes en lesquelles cependant la foi restait vive : Lima, fondée au pied des Cordillères comme métropole des provinces conquises, semblait bâtie sur la triple concupiscence; avant la fin du siècle, Jonas nouveau d'une nouvelle Ninive, saint François Solano la menaçait du courroux de Dieu.

Mais déjà la miséricorde avait pris les devants ; la justice et la paix s'étaient rencontrées (1) dans l'âme d'une enfant prête à toutes les expiations, insatiable d'amour. Combien nous voudrions nous arrêter à contempler la vierge péruvienne dans son héroïsme qui s'ignora toujours, dans sa grâce si candide et si pure! Rose qui n'eut pour ceux qui l'approchaient que des suavités embaumées, et garda pour elle le secret des épines sans lesquelles ne vont point les roses ici-bas ! Eclose du sourire de Marie, elle ravit l'Enfant-Dieu qui la veut sur son cœur. Les fleurs la reconnaissent pour reine, et toute saison les voit répondre à son désir; à son invitation, les plantes s'agitent joyeuses, les arbres inclinent leurs rameaux, toute la nature tressaille, eux-mêmes les insectes organisent des chœurs, les oiseaux rivalisent avec elle d'harmonies pour célébrer leur auteur commun. Et elle chante, au souvenir des noms de son père et de sa mère, Gaspard des Fleurs et

 

1. Psalm. LXXXIV, 11.

 

132

 

Marie d'Olive : « O mon Jésus, que vous êtes beau entre les olives et les fleurs ; et vous ne dédaignez pas votre Rose ! »

Cependant l'éternelle Sagesse se révélait dans les jeux de l'Enfant divin et de sa bien-aimée (1). C'est Clément X qui, dans la bulle de canonisation, nous rappelle qu'un jour où elle était plus souffrante, le tout aimable fils de la Vierge bénie l'invita pour une partie mystérieuse où l'enjeu serait laissé au libre choix du vainqueur. Rose gagne, et réclame sa guérison, aussitôt accordée. Mais Jésus demande la revanche, et l'emportant au second tour, il rend son mal, accompagné du don de patience, à la perdante toute joyeuse ; car elle avait compris qu'elle gagnait plus à la seconde partie qu'à la première.

Réservons à l'Eglise de raconter, en la Légende, jusqu'où notre Sainte fut amenée par l'efficacité de ces divines leçons touchant la souffrance. Dans les tortures surhumaines de sa dernière maladie, elle répondait à qui l'exhortait au courage : « Ce que je demande à mon Epoux, c'est qu'il ne cesse point de me brûler des ardeurs les plus cuisantes, jusqu'à ce que je sois pour lui le fruit mûr qu'il daigne recevoir de cette terre à sa table des deux. » Et comme on s'étonnait alors de sa sécurité, de sa certitude d'aller directement au paradis, elle dit avec feu cette autre parole qui montre aussi tout un aspect de son âme : « Moi, j'ai un Epoux qui peut ce qu'il y a de plus grand, qui possède ce qu'il y a de plus rare; et je ne me vois pas n'espérant de lui que de petites choses. »

Confiance bien justifiée par l'infinie bonté, les assurances et  les  prévenances  du Seigneur à

 

1. Prov. VIII, 3o-31.

 

133

 

l'égard de Rose. Elle n'avait que trente et un ans, lorsque, au milieu de la nuit qui ouvrait la fête de saint Barthélémy de l'année 1617, elle entendit le cri : Voici l'Epoux (1) ! Dans Lima, dans tout le Pérou, dans l'Amérique entière, des prodiges de conversion et de grâce signalèrent le trépas de l'humble vierge, inconnue jusque-là du grand nombre. « Il fut attesté juridiquement, dit le Pontife suprême (2), que, depuis la découverte du Pérou, aucun missionnaire ne s'était rencontré qui eût produit pareil ébranlement d'universelle pénitence. » Cinq ans plus tard, était dédié ce monastère de Sainte-Catherine-de-Sienne qui devait continuer au milieu de Lima l'œuvre de sanctification, d'assainissement, de défense sociale, et qu'on appelait le monastère de Rose, parce qu'elle en était en effet devant Dieu la fondatrice et la mère. Ses prières en avaient obtenu l'érection qu'elle avait prédite pour après sa mort, désignant d'avance le plan, les religieuses futures, la première supérieure, qu'elle investit un jour prophétiquement de son esprit dans un embrassement plein de mystère.

 

1. Matth. XXV, 6. — 2. Bulle de canonisation.

 

Lisons le beau récit liturgique qui la concerne.

 

La première fleur de sainteté que l'Amérique méridionale ait donnée au monde, la vierge Rose naquit à Lima de parents chrétiens. Dès le berceau brillèrent en elle les marques de sa sainteté future. Un jour le visage de l'enfant apparut merveilleusement   transfiguré comme une rose ; ce fut l'occasion du nom qu'on lui donna ensuite, et auquel depuis la Vierge Mère de Dieu ajouta le sien comme surnom, voulant qu'elle s'appelât désormais Rose de Sainte-Marie. Elle fit à cinq ans vœu de virginité perpétuelle. Plus grande, pour éviter d'être contrainte au mariage par ses parents, elle coupa en secret sa magnifique chevelure. Ses jeûnes dépassaient la limite humaine; elle passa sans pain des Carêmes entiers, ne vivant que de cinq pépins de citron par jour.

 

Ayant reçu l'habit du tiers Ordre de saint Dominique, elle redoubla ses austérités, usant d'un long et dur cilice garni de pointes acérées, portant jour et nuit sous son voile une couronne armée au dedans d'un grand nombre de clous aiguisés. Elle s'était proposé sainte Catherine de Sienne pour modèle et pour guide dans les sentiers de la pénitence. Une chaîne de fer ceignait ses reins à triple tour. Elle s'était fait un lit de troncs d'arbres noueux, dont elle avait rempli les vides de tessons. Une cellule étroite qu'elle se construisit à l'extrémité du jardin, pour y vaquer à la contemplation des choses du ciel, la vit mater son faible corps par des disciplines fréquentes, par la faim et les veilles ; mais son esprit y puisait la vigueur, et, victorieuse des démons en de nombreux combats, elle se riait de leurs efforts et réduisait à néant leurs illusions.

 

En  butte à des maladies cruelles, aux mauvaises langues, aux affronts des siens,  elle se  plaignait de n'être  point  encore traitée selon son  mérite.  Livrée pendant quinze ans  plusieurs heures par jour à une effroyable désolation spirituelle, desséchée, consumée par l'épreuve, elle supporta courageusement ces agonies plus amères que toute mort. Mais c'étaient à la suite les délices d'en haut,  les visions, les séraphiques ardeurs. Son ange gardien, sainte Catherine de Sienne, la Vierge Mère de Dieu lui apparaissaient dans une admirable  familiarité.   Elle méritait d'entendre ces mots du Christ Jésus : Rose  de mon cœur, sois mon épouse. Enfin arriva le jour fortuné où  s'ouvrit pour elle le  paradis  de cet Epoux. Nombreux  furent  ses  miracles après  comme  avant son trépas ; et le Souverain Pontife Clément X l'inscrivit solennellement au catalogue des saintes Vierges.

 

 

Patronne de votre patrie de ce monde, veillez sur elle toujours. Justifiez sa confiance, dans l’ordre même de la vie présente, en la défendant des tremblements de terre dont les secousses promènent l'effroi sur ses rivages, des commotions politiques dont sa récente indépendance s'est vue si cruellement éprouvée. Etendez votre action tutélaire aux jeunes républiques qui l'avoisinent, et qui elles aussi vous honorent; ainsi que votre terre natale, protégez-les contre le mirage des utopies venues de notre vieux monde, contre les entraînements, les illusions de leur propre jeunesse, contre les sectes condamnées qui finiraient par ébranler jusqu'à leur foi toujours vive. Enfin, Rose aimée du Seigneur, souriez à l'Eglise entière que ravissent aujourd'hui vos charmes célestes. Comme elle, nous voulons tous courir à l'odeur de vos parfums (1).

Apprenez-nous à nous laisser prévenir comme vous par la céleste rosée. Montrez-nous à répondre aux avances du sculpteur divin qui vous apparut un jour, remettant aux soins de ceux qu'il aime les marbres de choix des vertus, pour les polir et les tailler en s'aidant de leurs larmes et du ciseau de la pénitence. Plus que tout le reste, enseignez-nous la confiance et l'amour. Tout ce qu'opère, disiez-vous, le soleil dans l'immensité de l'univers, faisant éclore les fleurs et mûrissant les fruits, créant les perles au sein des océans, les pierres précieuses dans les plis des montagnes : l'Epoux l'accomplissait dans les espaces sans fin de votre âme, y produisant toute richesse, toute beauté, toute joie, toute chaleur et toute vie. Puissions-nous, ainsi que vous-même, profiter de la descente du Soleil de justice eh nos poitrines au Sacrement d'union, ne vivre plus que de sa

 

1. Collecte de la fête, ex Cant. I, 3.

 

137

 

lumière bénie, porter la bonne odeur du Christ en tous lieux (1).

 

Les saints Martyrs Félix et Adauctus conquirent la palme au temps de Dioclétien. Ils méritèrent que le saint Pape Damase honorât d'une de ses glorieuses épitaphes leur sépulture, voisine du tombeau de l'Apôtre des nations. Adressons à Dieu la prière où l'Eglise implore aujourd'hui leur protection puissante.

 

ORAISON.

 

Daigne votre Majesté, Seigneur, exaucer nos supplications ; le souvenir de vos Saints nous est une allégresse toujours renouvelée : que toujours aussi leur intercession soit notre défense. Par Jésus-Christ.

 

1. Collecte de la fête, ex II Cor. II, 15.

 

Précédente Accueil Remonter Suivante