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LE XIX SEPTEMBRE. SAINT JANVIER, ÉVÊQUE ET MARTYR, ET SES COMPAGNONS, MARTYRS.JANVIER ne cesse pas d'annoncer l'Evangile à toute créature; son sang miraculeux perpétue le témoignage qu'il rendit au Christ. Où sont tant d'hommes qui pour croire, disent qu'ils voudraient avoir vu ? Naples aujourd'hui les appelle ! ils y verront le sang du martyr, mis en présence de sa tête tranchée pour Dieu il y a seize cents ans, bouillonner comme à l'heure où il s'échappa de ses veines sacrées. Non; les miracles ne font pas défaut en nos temps à l'Eglise. Dieu, sans doute, ne saurait se prêter aux exigences fantaisistes d'un orgueil prétendant dicter les conditions des prodiges qu'il réclame pour s'incliner devant la Majesté infinie. Mais l'intervention du Seigneur, se manifestant par l'interruption des lois de nature que lui-même a posées, que lui seul peut suspendre, n'a manqué pour nul homme de bonne foi à aucune époque de l'histoire; elle manque aujourd'hui moins que jamais. Voici la Légende de saint Janvier et des compagnons de son glorieux martyre. Au temps où Dioclétien et
Maximien persécutaient les chrétiens, Janvier, évêque de Bénévent, fut conduit à Nole
pour y répondre de sa foi devant Timothée, préfet de Campanie. Là, sa constance
eut à subir divers assauts. Jeté dans une fournaise ardente, il en
sortit sans nul dommage, sans même
que la flamme eût consumé ses
vêtements ni un seul de ses
cheveux. En suite de quoi, le préfet
furieux commanda que l'on disloquât le Martyr,
de telle sorte que les nerfs par tout son corps fussent arrachés de
leurs jointures. Cependant on avait
saisi son diacre Festus
et le lecteur Didier ; on les charge de chaînes, et on les traîne avec l’évêque devant le char du
préfet jusqu'à Pouzzoles. Ils y sont jetés dans le même cachot où se trouvaient déjà Sosie et Proculus, diacres,
le premier de Misène, le second de Pouzzoles, ainsi que les laïques Eutychés et
Acutius,comme eux condamnés aux
bêtes. Le lendemain, tous furent
exposés dans l'amphithéâtre ; mais les bêtes, oubliant leur férocité naturelle,
se couchèrent aux pieds de Janvier. Ce qu'attribuant à des enchantements
magiques, Timothée condamna les Martyrs à la décapitation ; mais soudain il
perdit la vue, pour ne la recouvrer peu après qu'à la prière du bienheureux
Janvier. A ce miracle, environ cinq mille hommes crurent au Christ. Un tel
bienfait eût dû adoucir le juge ; mais mis en rage par la conversion d'une
telle multitude, et craignant par-dessus tout les édits
des princes, il fit frapper du glaive le saint évêque avec ses compagnons. Dans le désir de s'assurer
parmi eux des patrons près de Dieu, les villes voisines eurent soin de leur
sépulture. Les Napolitains, avertis d'en haut, prirent le corps de Janvier,
qui, porté d'abord à Bénévent, puis au monastère du Mont-Vierge,
fut enfin transféré à Naples et placé dans la principale église. Il y brilla
par beaucoup de miracles. L'un des plus mémorables est celui par lequel il
éteignit dans une éruption les flammes du Vésuve, dont les tourbillons menaçaient
de ruine, non seulement les alentours, mais encore de lointaines contrées.
Célèbre encore est celui-ci : le sang coagulé du Martyr est conservé dans une
fiole de verre ; or, quand on le met en présence de la tête de Janvier, on le
voit se liquéfier et bouillonner d'une manière merveilleuse comme s'il venait
d'être répandu ; ce prodige continue de nos jours. 281 Saints Martyrs, et vous surtout, Janvier, qui fûtes leur chef par le courage autant que par la dignité du pontificat, votre gloire présente accroît notre désir du ciel ; vos luttes passées nous animent pour le combat de la vie; vos miracles permanents nous confirment dans la foi. Louange et reconnaissance vous sont par suite bien dues en ce jour de triomphe. Nous en acquittons le tribut dans l'allégresse de nos coeurs. Daignez, en retour, étendre jusqu'à nous la protection dont se montrent justement fières les heureuses cités qui vivent sous votre puissant patronage. Protégez ces villes croyantes dans les assauts que leur livre l'enfer. Puissiez-vous, à rencontre des défaillances sociales, offrir au Christ roi la fidélité grandissante de ceux qui de près ou de loin vous honorent ! |