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LE X OCTOBRE. SAINT FRANÇOIS DE BORGIA, CONFESSEUR.Vanité des vanités, tout n'est que vanité (1) ! Il n'eut besoin d'aucun discours pour s'en convaincre, le descendant des rois célébré en ce jour, lorsqu'à l'ouverture du cercueil où l'on disait qu'était endormi ce que l'Espagne renfermait de jeunesse et de grâces, la mort lui révéla soudain ses réalités. Beautés de tous les temps, la mort seule ne meurt pas ; sinistre importune qui s'invite de vos danses et de vos plaisirs, elle assiste à tous les triomphes, elle entend les serments qui se disent éternels. Combien vite elle saura disperser vos adorateurs ! Quelques années, sinon quelques jours, peut-être moins, séparent vos parfums d'emprunt de la pourriture de la tombe. « Assez des vains fantômes ;
assez servi les rois mortels ; éveille-toi, mon âme. » C'est la réponse de 1. Ecclc. I, 1. 436 L'Eglise emploie les lignes suivantes à raconter sa vie. A la mort d'Eléonore de
Castro son épouse, il entra dans la Compagnie de Jésus. Son but était de s'y
cacher plus sûrement, et de se fermer la route aux dignités par le voeu qu'on y
fait à l’encontre. Nombre de personnages princiers s'honorèrent de marcher
après lui sur le chemin du renoncement, et Charles-Quint lui-même ne fit pas
difficulté de reconnaître que c'étaient son exemple et ses conseils qui
l'avaient porté à abdiquer l'empire. Tel était le zèle de Si humbles étaient
ses sentiments de lui-même, qu'il se nommait le pécheur. Souvent la
pourpre romaine lui fut offerte par les Souverains Pontifes ; son invincible humilité la refusa
toujours. Balayer les ordures, mendier de porte en porte, servir les
malades dans les hôpitaux, étaient les
délices de ce contempteur du monde et de lui-même. Chaque jour,
il donnait de nombreuses
heures ininterrompues, souvent huit, quelquefois dix, à la contemplation des choses
célestes. Cent fois le jour, il fléchissait le genou, adorant Dieu. Jamais il
n'omit de célébrer le saint Sacrifice, et l'ardeur divine qui l'embrasait se
trahissait alors sur son visage ; parfois,
quand il offrait la divine Hostie ou quand il prêchait, on le voyait entouré de
rayons. Un instinct du ciel lui révélait les lieux où l'on gardait le très
saint corps du Christ caché dans l'Eucharistie. Saint Pie V l'ayant
donné comme compagnon au cardinal Alexandrini dans
la légation qui avait pour but d'unir
les princes chrétiens contre les Turcs, il entreprit par obéissance ce
pénible voyage, les forces déjà presque épuisées
; ce fut ainsi que, dans l'obéissance, et pourtant selon son désir à Rome où il
était de retour, il acheva heureusement
la course de la vie, dans la soixante-deuxième année de son âge, l'an du salut
mil cinq cent soixante-douze. Sainte Thérèse qui recourait à ses conseils
l'appelait un saint, Grégoire XIII un serviteur fidèle. Clément X, à la suite
de ses grands et nombreux miracles, l'inscrivit parmi les Saints. « Seigneur Jésus-Christ,
modèle de l'humilité véritable et sa récompense ; en la manière que vous avez
fait du bienheureux Combien précieuse apparaît en
vous cette prérogative, ô 1. Collecte du jour. — 2. Philipp. II, 6, 11. 440 obtenez-nous d'être humbles ; pénétrez-nous de la vanité des honneurs du monde et de ses faux plaisirs. Puisse la sainte Compagnie dont vous sûtes, après Ignace même, augmenter encore le prix pour l'Eglise, garder chèrement cet esprit qui fut vôtre, afin de grandir toujours dans l'estime du ciel et la reconnaissance de la terre. |