ETIENNE

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LE II SEPTEMBRE. SAINT ETIENNE, ROI DE HONGRIE, CONFESSEUR.

 

« De celui qui dévore est venu l'aliment, du fort est sortie la douceur (1). Le peuple aux dents d'acier broyant les nations se donne en nourriture à qui fut dit : Tue et mange (2); autrefois vomissant l'écume et la rage, la bouche des Huns distille maintenant le miel de la charité. Tels sont, o Christ, vos miracles; telles sont vos œuvres, o notre Dieu (3) ! » Ainsi Baronius, en l'an mille de l'histoire, salue l'arrivée des députés hongrois offrant à l'Eglise Romaine la suzeraineté de leur terre, et sollicitant du Vicaire de l'Homme-Dieu le titre de roi pour leur duc Etienne.

L'Europe meurtrie se souvenait encore du jour où, cent années auparavant, conduites par Arpad fils d'Almutz sous la bannière de l'épervier, les tribus magyares étaient descendues des montagnes de Transylvanie dans les plaines qu'arrosent la Theiss et le Danube. Attila revécut dans ces fils de sa race, dont le torrent couvrit encore de ruines la Germanie, la Gaule et l'Italie. Mais l'empire hunnique surla Pannonie reconquise ne devait durer qu'autant  qu'il  cesserait d'être le

 

1. Judic. XIV, 14. — 2. Saint Pierre, en la vision de Joppé qui signifiait l'assimilation des Gentils par l'Eglise ; Act. X, 13. — 3. Baron. Annal, eccles. Silvestri II an. 2, Christi 1000.

 

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fléau de Dieu, pour devenir le rempart de son Eglise. En ce monde, qui n'est point encore celui des justices éternelles, les instruments de la colère du Tout-Puissant sont vite brisés, s'ils ne savent aussi s'adapter à l'amour. Cinq siècles plus tôt, Attila en personne se ruait comme un fleuve débordé sur la capitale de l'univers, lorsque parut devant lui le Pontife suprême; les chroniques hongroises, traduisant ainsi la rencontre fameuse, nous disent que le message suivant fut alors signifié du ciel au dévastateur du monde : « Ecoute l'ordre du Seigneur Dieu Jésus-Christ. Ta fierté n'entrera pas dans la cité sainte où reposent les corps de mes Apôtres. Retourne. Plus tard, ta descendance viendra vers Rome avec humilité ; je ferai qu'elle y reçoive une couronne qui durera toujours (1). » Attila donc, repassant les Alpes, n'eut que le temps de gagner le Danube, et mourut.

Or, voici l'heure où la parole du ciel est dégagée. Qu'on ne s'étonne pas de ne nous point voir en discuter l'authenticité. Légendaire ou non, quant aux formes dont les traditions nationales l'ont revêtu, l'engagement divin pris en la circonstance n'a rien que doive écarter l'historien ; car il répond aux règles certaines de la Providence qui gouverne l'histoire. Le souvenir de Dieu ne fait défaut à nul bienfait ; la gratitude apostolique ne défaille point avec les années ; au temps voulu, Sylvestre II solde la dette de Léon le Grand. De ce tombeau qu'a respecté le ravageur des peuples, une vertu est sortie, changeant son rôle de justicier en celui d'apôtre ; la couronne posée sur le front du successeur d'Attila par celui de Pierre n'en sera point renversée, tant

 

1. CHARTUICIUS, Chronica Hungarorum, De Victoria Aquile regis.

 

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que marchera devant lui la Croix, autre insigne, marquant son titre à ces honneurs nouveaux. Comme le Saint-Empire, auquel la Hongrie doit s'unir plus tard sans pourtant se confondre avec lui, c'est donc sur Pierre que la monarchie hongroise est fondée; c'est pour lui qu'elle subsiste, n'ayant qu'en lui par suite devant Dieu la garantie de son avenir...

Que les tristes pressentiments de l'heure actuelle ne nous fassent point oublier la puissance merveilleuse déployée en cette fête par l'Agneau dominateur de la terre (1). La trace du sang versé par les fils d'Arpad n'a point disparu encore des places des cités; à peine se dissipent la fumée des derniers incendies qu'alluma leur torche, la poussière des murailles écroulées sous leurs pas : et déjà leur farouche énergie, trempée comme une lame de choix dans les eaux de la fontaine sainte, est devenue à l'Orient la plus sûre défense de la chrétienté. Nouveau genre d'invasion : d'Etienne, le héros de ce jour, la sainteté se propage en multiples rameaux d'où les plus belles fleurs, s'envolant sur toutes plages, conspirent durant des siècles à ne laisser nulle contrée sans parfums pour l'Epoux.

 

1. Isai. XVI, I.

 

Lisons l'histoire du roi apostolique dans le livre de la sainte Eglise.

 

Ce fut Etienne qui implanta la foi du Christ et la dignité rovale en Hongrie. Couronné  et sacré par l'ordre du Pontife Romain, il offrit son  royaume au Siège apostolique. Rome, Jérusalem, Constantinople, le virent construire divers asiles de piété ; l'archevêché de Gran, dix évêchés, lui durent en Hongrie leur fondation. Admirables furent en ces occasions sa religion et sa munificence. Egales étaient sa charité, sa libéralité pour les pauvres, qu'il accueillait comme s'ils eussent été le Christ lui-même. Aucun d'eux n'eut jamais à s'éloigner de lui sans être console et secouru ; non content de consacrer des sommes considérables à soulager leur misère, il y employa souvent les objets à son propre usage. C'était cette exquise bonté qui lui faisait laver leurs pieds de ses mains, visiter de nuit seul et sans se faire connaître les hôpitaux, servant les malades dans leurs lits et leur rendant tous les offices de la charité. Aussi arriva-t-il du mérite de tant de bonnes œuvres que sa main droite demeura sans corruption, lorsque dans le tombeau le reste de son corps s'en alla en poussière.

 

Dans son ardeur pour la prière, il passait les nuits presque entières sans sommeil ; perdu dans la contemplation des choses du ciel, on l'aperçut plus d'une fois, ravi hors de ses sens, élevé en l'air. Plus d'une fois  aussi le secours qu'il tirait de  l'oraison fut sensible dans  la manière merveilleuse dont il échappa  aux conspirations  des traîtres, aux  attaques de puissants ennemis. Ayant épousé la sœur de l'empereur saint Henri, Gisèle de Bavière, il en eut un fils du nom d'Emeric, que la vertu et la piété auxquelles il le forma élevèrent jusqu'à  la sainteté. Pour le gouvernement du royaume,  Etienne s'entourait d'hommes d'une prudence  et d'une sainteté éprouvées qu'il savait appeler de toutes parts, n'entreprenant jamais  rien sans leur  conseil.  Cependant, prosterné dans la cendre et le cilice, il suppliait Dieu qu'il lui fût donné  de voir la Hongrie tout entière catholique avant  de sortir de cette vie. C'est à bon droit que  la  grandeur  de son zèle pour l'expansion de la foi l'a fait appeler l'Apôtre de ce peuple, et lui a mérité du Pontife Romain le privilège, transmis à  ses successeurs, de faire porter la croix devant lui.

 

Dans sa très ardente vénération pour la Mère de Dieu, il construisit en son honneur une église splendide, et l'institua Patronne de la Hongrie. En retour, la bienheureuse Vierge le reçut dans le ciel au jour même de son  Assomption, qu’en vertu d'un édit du saint  roi, les  Hongrois nomment le jour de la Grande Dame. Nombreux et divers furent ses miracles. Son saint corps devant être par l'ordre du Pontife Romain élevé de terre et transféré dans un lieu plus honorable, on le trouva répandant une odeur très suave et nageant dans une liqueur céleste. Le Souverain Pontife Innocent XI a fixé sa fête au quatre des nones de septembre, jour de l'insigne victoire où Bude fut reprise sur les Turcs avec le secours de Dieu par l'armée de Léopold Ier empereur élu des Romains et roi de Hongrie.

 

Apôtre et roi, protégez votre peuple, aidez l'Eglise, secourez-nous tous. Quand finissait ce dixième siècle dont l'anarchie avait débordé jusque sur le sanctuaire, on vit renaître l'espérance au jour où l'Esprit rénovateur et créateur choisit votre race, en sa vigueur native, pour restaurer la jeunesse du monde. Satan frémit sous les voûtes de son ténébreux empire : lui qui croyait la papauté à jamais humiliée, voyait venir à elle de nouveaux constructeurs, comme au seul fondement sur lequel il fût possible de bâtir; la plus fière des familles qui eussent fait trembler l'ancien empire de Romulus, sollicitait de Rome le droit de compter désormais parmi les nations d'Occident. Il était donc bien vrai que les portes de l'enfer ne prévaudraient jamais contre la

 

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pierre, contre l'Eglise fondée sur elle (1), contre la cité sainte préparée au sommet des monts pour attirer les peuples (2). En vain l'orage avait soulevé jusqu'à la vase des fleuves de l'abîme : c'était l'heure où Dieu levait sa main, comme dit le Prophète, vers les lointaines frontières d'où les rois apportaient à l'Epouse, toujours sainte, ces fils inconnus qu'eux-mêmes lui avaient nourris (3). Non; le Seigneur ne confond point ceux qui espèrent en lui (4). Et c'est pourquoi nous espérerons, fût-ce contre toute espérance, en l'avenir du noble peuple établi par vous sur la fermeté apostolique. Ce n'est pas lui, si justement fier de tant d'incorruptibles héros, qu'une fausse liberté, soudoyée par l'or juif, prônée par tous les ennemis de ses traditions, pourra égarer longtemps. Du ciel, Martin veille avec vous sur le pays qui le vit naître; la souveraine de la Hongrie, l'auguste Reine des cieux, ne verra pas ses loyaux sujets prêter l'oreille aux propositions du roi des enfers.

 

1. Matth. XVI, 18.— 2. Isai. II, 2.— 3. Ibid. XLIX, 12-23. — 4. Ibid.

 

 

 

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