FIDÈLE

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LE XXIV AVRIL.

S. FIDÈLE DE SIGMARINGEN, MARTYR.

 

Notre divin Ressuscité tient à avoir autour de sa personne une garde d'honneur de Martyrs. Pour la former, il met à contribution tous les siècles. Ce jour a vu s'ouvrir les rangs de la céleste phalange à un généreux combattant qui avait cueilli sa palme, non en luttant contre le paganisme, comme ceux que nous avons salués déjà à leur passage, mais en défendant sa mère la sainte Eglise contre des fils révoltés. La main des hérétiques a immolé cette victime triomphale, et le XVII° siècle a été le théâtre du combat.

Fidèle a rempli toute l'étendue de son nom prédestiné. Jamais un péril ne le vit reculer; durant toute sa carrière, il n'eut en vue que la gloire et le service de son divin Chef, et quand le moment fut arrivé de marcher au-devant du danger suprême, il avança sans fierté comme sans faiblesse, ainsi qu'il convenait à l'imitateur de Jésus allant à la rencontre de ses ennemis. Honneur au courageux enfant de saint François, digne en tout de son séraphique Patriarche, qui affronta le Sarrasin et fut martyr de désir !

Le protestantisme s'établit et se maintint par le sang, et il a osé se plaindre d'avoir été en butte aux résistances armées des enfants de l'Eglise. Durant des siècles, il s'est baigné dans le sang de nos frères, dont le seul crime était de vouloir rester

 

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fidèles à l'antique foi, à cette foi qui avait civilisé les ancêtres de ses persécuteurs. Il proclamait la liberté en matière de religion, et il immolait des chrétiens qui pensaient dans leur simplicité qu'il devait leur être permis d'user de cette liberté tant vantée, pour croire et pour prier comme on croyait et on priait avant Luther et Calvin. Mais le catholique a tort de compter sur la tolérance des hérétiques. Un instinct fatal entraînera toujours ceux-ci à la violence contre une Eglise dont la permanence est pour eux un reproche continuel de l'avoir quittée. Ils chercheront d'abord à l'anéantir dans ses membres, et si la lassitude des combats à outrance amène à la fin un certain calme, la même haine s'exercera en essayant d'asservir ceux qu'elle n'ose plus immoler, en insultant et calomniant ceux qu'elle n'a pu exterminer. L'histoire de l'Europe protestante, depuis trois siècles, justifie ce que nous avançons ici ; mais nous devons appeler heureux ceux de nos frères qui, en si grand nombre, ont rendu à la foi romaine le témoignage de leur sang.

 

Lisons maintenant avec tout le respect qu'il mérite le récit de la vie et du martyre de saint Fidèle ; nous y verrons que l'Eglise ne dégénère pas dans ses Saints.

 

Fidèle, né à Sigmaringen, ville de Souabe, de l'honnête famille des Rey, fut remarquable dès l'enfance par la réunion des dons de la nature et de la grâce. Doué d'un caractère excellent, et formé au bien par une éducation solide, on le vit obtenir à Fribourg le degré en philosophie dans l'un et l'autre Droit en même temps qu'il s'exerçait à la vie parfaite dans l'école du Christ, par la pratique constante des vertus. Ayant été donné pour compagnon à plusieurs gentils-hommes qui devaient exécuter un long voyage dan différentes contres de l'Europe, il ne cessa de les animer à la piété chrétienne par ses paroles et ses actions. On le vit, durant ce long voyage, mortifier sans relâche les désirs de la chair par de fréquentes austérités, et se rendre tellement maître de lui-même, qu'il ne donna jamais lieu, au milieu des incidents variés de la route, de remarquer en lui la plus légère impatience. Rempli de zèle pour le droit et la justice, il exerça, après son retour en Allemagne. les fonctions d'avocat, et il s'y fit une grande réputation. Mais ayant éprouvé combien cette profession est périlleuse, il résolut d'embrasser la voie qui conduit le plus sûrement au salut éternel, et, appelé par une vocation d'en haut, il sollicita bientôt son entrée dans l'Ordre séraphique et demanda l'habit chez les Frères mineurs Capucins.

 

Ayant obtenu l'objet de  son pieux désir, il fit paraître, dès le noviciat, le plus sincère mépris pour le monde et pour lui-même : et lorsqu'il eut offert au Seigneur les vœux de la profession solennelle dans l'allégresse de son cœur, sa fidélite à l'observance régulière fut pour tous ses frères un objet d'admiration autant qu'un exemple. Livré tout entier à l'oraison et à l'étude de la science sacrée, favorisé d'une grâce particulière dans le ministère de la parole, non seulement il ramenait les catholiques aune vie meilleure, mais encore il attirait les hérétiques à la connaissance de la vérité. Appelé à exercer la supériorité dans plusieurs couvents de son Ordre, il remplit sa charge avec une prudence, une justice, une douceur, une discrétion et une humilité merveilleuses. Zélateur fervent de la plus stricte pauvreté, il éliminait sans ménagement de chaque couvent tout ce qui lui semblait être moins nécessaire. Rempli envers lui-même d'une aine salutaire qu'il manifestait par un jeûne austère, par les veilles et les disciplines, son affection envers les autres ne pouvait se comparer qu'à celle d'une mère pour ses enfants. Une fièvre contagieuse étant venue à sévir sur les troupes autrichiennes, on le vit se livrer avec la plus vive ardeur aux œuvres de la charité à l'égard des malades dont les besoins étaient extrêmes. Il  excellait à réconcilier ceux que des querelles avaient divisés, à soulager les nécessités du prochain par son action et ses conseils, et mérita ainsi le nom de Père de la patrie.

 

Voué au culte fervent de la Vierge Mère de Dieu et propagateur de son saint Rosaire, il demanda à Dieu par son intercession et celle des autres saints la grâce de donner sa vie et de verser son sang pour le service de la toi catholique. Cet ardent désir prenait de nouvelles forces chaque jour dans la célébration du saint Sacrifice, lorsque, par une admirable providence de Dieu, ce vaillant athlète du Christ fut établi chef des missions que la Congrégation de la Propagande venait d'établir chez les Grisons. Fidèle reçut cette charge laborieuse d'un cœur zélé et plein d'allégresse, et la remplit avec tant d'ardeur, qu'ayant réussi en peu de temps à convertir un grand nombre d'hérétiques à la foi orthodoxe, il fit concevoir l'espérance de voir cette province se réconcilier avec l'Eglise et avec le Christ. Doué du don de prophétie, il prédit plus d'une lois son martyre et les malheurs qui menaçaient le pays. Ayant eu connaissance des embûches qu'on lui tendait, et s'étant préparé au combat qui l'attendait, il se rendit à l'église du lieu nomme Sévis, le vingt-quatre avril de l'an mil six cent vingt-deux. C'était là que des hérétiques, sous couleur d'une feinte conversion, l'avaient invité la veille à venir faire une prédication. Tout à coup, pendant qu'il parlait, son discours est interrompu par un tumulte : on le charge de coups et de blessures avec la plus atroce cruauté; enfin il succombe par une mort glorieuse qu'il accepte avec transport, consacrant ainsi par son sang les prémices des martyrs de la Congrégation de la Propagande. De nombreux miracles l'ont illustré après sa mort, principalement à Coire et à Veldkichii, où l'on conserve ses reliques, qui y sont l'objet d'une grande vénération de la part du peuple fidèle.

 

 

Vous avez accompli votre course avec gloire, ô Fidèle ! et la fin de votre carrière a été plus belle encore que n'avait été son cours. Avec quelle sérénité vous êtes allé au trépas ! Avec quelle joie vous avez succombe sous les coups de vos ennemis qui étaient ceux de la sainte Église ! Semblable à Etienne, vous vous êtes affaisse en priant pour eux ; car le catholique qui doit détester l'hérésie, doit aussi pardonner à l'hérétique qui l'immole. Priez, ô saint Martyr, pour les enfants de l'Eglise ; obtenez qu'ils connaissent mieux encore le prix de la foi, et la grâce insigne que Dieu leur a faite de naître au sein de la seule vraie Eglise ; qu'ils soient en garde contre les doctrines perverses qui retentissent de toutes parts à leurs oreilles; qu'ils ne se scandalisent pas des tristes

 

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défections qui se produisent si souvent dans ce siècle de mollesse et d'orgueil. C'est la foi qui doit nous conduire à Jésus ressuscité ; il nous la recommande, quand il dit à Thomas : « Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui cependant ont cru ! » Nous voulons croire ainsi, et c'est pour cela que nous nous attachons à la sainte Eglise qui est la souveraine maîtresse de la foi. C'est à elle que nous voulons croire, et non à la raison humaine qui ne saurait atteindre jusqu'à la parole de Dieu, et moins encore la juger. Cette sainte foi, Jésus a voulu qu'elle nous arrivât appuyée sur le témoignage des martyrs, et chaque siècle a produit ses martyrs. Gloire à vous, ô Fidèle, qui avez conquis la palme en combattant les erreurs de la prétendue réforme ! Vengez-vous en martyr, et demandez sans cesse à Jésus que les sectateurs de l'erreur reviennent à la foi et à l'unité de l'Eglise. Ils sont nos frères dans le baptême ; priez afin qu'ils rentrent au bercail, et que nous puissions célébrer un jour tous ensemble la véritable Cène de la Pâque, dans laquelle l'Agneau divin se donne en nourriture, non d'une manière figurée, comme dans la loi ancienne, mais en réalité, comme il convient à la loi nouvelle.

 

 

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