ISIDORE

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LE IV AVRIL.

 

SAINT ISIDORE, ÉVÊQUE ET DOCTEUR DE L'ÉGLISE.

 

La sainte Eglise nous présente aujourd'hui la douce et imposante figure d'un de ses plus vertueux Pontifes. Isidore, le grand Evêque de Séville, le plus savant homme de son siècle, plus recommandable encore par les effets de son zèle sur sa noble patrie, vient nous redire les grandeurs de Jésus ressuscité. La Liturgie gothique ou mozarabe, qui nous a fourni en ces jours de si admirables prières, s'honore de le compter parmi ses principaux auteurs ; et la doctrine que nous avons exposée sur les mystères du service divin au Temps pascal, est puisée en partie dans le traité célèbre où il résume avec tant d'autorité les traditions antiques sur la Liturgie.

Entre toutes les provinces du Christianisme, il en est une qui a mérité par excellence le nom de Catholique : c'est l'Espagne. Dès le commencement du VIII° siècle, la divine Providence la soumit à la plus dure épreuve, en permettant que l'inondation sarrasine la submergeât presque tout entière : en sorte qu'il fallut à ses héroïques enfants huit siècles de combats pour recouvrer enfin leur patrie. Les vastes contrées de l'Asie et de l'Afrique, qui, à la même époque, subirent l'invasion musulmane, sont demeurées sous le joug de

 

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l'Islamisme : d'où vient que l'Espagne a triomphe de ses oppresseurs, et que le sentiment de la dignité humaine ne s'est jamais éteint dans la race qui l'habite ? La réponse est facile à donner : l'Espagne, au moment de l'invasion, était catholique; la vie catholique animait cette vaste région ; tandis que les peuples qui succombèrent sous le cimeterre musulman avaient déjà rompu avec la chrétienté par l'hérésie ou par le schisme. Dieu les délaissa, parce qu'ils avaient repoussé la vérité de la Foi, l'unité de l'Eglise; ils ne furent plus qu'une proie, et n'offrirent presque aucune résistance à leurs farouches vainqueurs.

L'Espagne cependant avait couru un immense danger. La race des Visigoths, en la subjuguant, avait en même temps déposé l'hérésie dans son sein. L'Arianisme élevait dans l'Ibérie ses autels sacrilèges; mais Dieu ne permit pas que cette terre privilégiée demeurât longtemps sous le joug de l'erreur. Avant l'arrivée du Sarrasin, l'Espagne était déjà réconciliée avec l'Eglise ; une famille aussi illustre que sainte avait eu la gloire de consommer ce grand œuvre. Le voyageur qui parcourt de nos jours encore l'Andalousie, remarque avec un pieux étonnement, à chacun des quatre angles des places publiques, une statue correspondant à trois autres. Ces statues représentent trois frères et une sœur : saint Léandre, évêque de Séville; saint Isidore, que nous fêtons aujourd'hui ; saint Fulgence, évêque de Carthagène; et leur sœur, sainte Florentine, vierge consacrée à Dieu. Par les efforts du zèle et de l'éloquence de saint Léandre, le roi Récarède et toute la nation des Goths se réunirent à la foi catholique, au concile de Tolède, en 589 ; la science et le grand caractère de notre Isidore consolidèrent cette

 

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heureuse révolution; Fulgence la soutint par ses vertus et sa doctrine; et Florentine apporta à cette œuvre si féconde pour l'avenir de sa patrie le tribut de ses soupirs et de ses prières.

 

Unissons-nous à l'hommage que rend la nation Catholique à cette glorieuse constellation de saints ; et lisons dans les fastes de la sainte Liturgie le récit des actions et des mérites de notre Isidore.

 

Isidore, Espagnol de nation, docteur illustre, naquit à Carthagène. Il eut pour père Sévérien, gouverneur de la province, et fut élevé dans la piété et les lettres par les saints évêques Léandre de Séville et Fulgence de Carthagène, ses frères. Formé aux littératures latine, grecque et hébraïque, et instruit dans les lois divines et humaines , il se distingua au plus haut degré par les sciences, comme par toutes les vertus chrétiennes. Dès sa jeunesse, il combattit avec tant décourage l'hérésie arienne, qui, depuis longtemps déjà, avait envahi le vaste royaume des Goths d'Espagne, que peu s'en fallut qu'il ne fut mis à mort par les hérétiques. Après la mort de Léandre, il fut élevé malgré lui sur le siège de Séville, par l'influence du roi Récarède et l'assentiment unanime du clergé et du peuple. Son élection fut non seulement confirmée par l'autorité Apostolique ;mais saint Grégoire le Grand, en lui envoyant selon l'usage le pallium, l'établit son vicaire et celui du Siège Apostolique dans toute l'Espagne.

 

On ne saurait exprimer tout ce qu'il fit paraître dans son Episcopat de constance, d'humilité, de patience, de miséricorde ; combien il employa de sollicitude à rétablir les mœurs chrétiennes et la discipline ecclésiastique, de zèle à les soutenu par sa parole et par ses écrits; enfin avec quel éclat il parut orné de toutes sortes de vertus. Il favorisa et développa l'Ordre monastique en Espagne, et construisit plusieurs monastères. Il bâtit pareillement des collèges dans lesquels, se livrant à la science sacrée et à l'enseignement, il instruisit un grand nombre de disciples qui se réunirent autour de lui, et entre lesquels brillèrent saint Ildefonse, évêque de Tolède, et saint Braulion, évèque de Sarragosse. Dans un concile tenu à Séville, il renversa et détruisit, par une discussion éloquente et animée, l'hérésie des Acéphales qui menaçait d'envahir l'Espagne. Il acquit une si haute réputation de sainteté et de doctrine que, seize ans à peine après sa mort, au milieu des applaudissements d'un concile de cinquante-deux évêques, et avec le suffrage de saint Ildefonse, il mérita d'être appelé un excellent docteur, la dernière gloire de l'Eglise catholique, le plus savant homme qui eût paru à la fin des temps, et dont le nom ne doit être prononcé qu'avec respect. Non seulement saint Braulion le compara à saint Grégoire le Grand ; mais il dit que le ciel avait donné à l'Espagne Isidore pour l'instruire, comme autrefois il lui avait envoyé l'Apôtre Jacques.

 

Isidore a écrit les livres des Etymologies, ceux des Offices ecclésiastiques, et beaucoup d'autres si importants pour la discipline chrétienne et ecclésiastique, une le pape saint Léon IV n'a pas craint de dire que l'on doit faire usage des paroles d'Isidore, comme de celles de Jérôme et d'Augustin, toutes les fois qu'il se présente un cas inusité qui ne peut être décidé par lès Canons. Plusieurs sentences de ses écrits ont été recueillies et placées parmi les lois canoniques de l'Eglise. Il présida le quatrième Concile de Tolède, qui est le plus célèbre de tous ceux d'Espagne. Enfin, après avoir extirpé de ce pays l’hérésie arienne, prédit publiquement sa mort et la dévastation du royaume par l'armée des Sarrasins, et gouverne son Eglise environ quarante ans, il mourut à Séville, et alla au ciel l'an six cent trente-six. Son corps lut enseveli d'abord, comme il l'avait demandé. entre son frère Léandre et sa sœur Florentine. Ferdinand Ier,  roi de Castille et de Léon, l'avant racheté à grand prix d'Enète, prince sarrasin, qui dominait à Séville, le transporta à Léon : et Ton a élevé en son honneur une église où, à cause de l'éclat de ses miracles, il est l'objet d'une grande dévotion de la part des peuples.

 

Isidore, pasteur fidèle, le peuple chrétien honore vos vertus et vos services ; il se réjouit de la récompense dont le Seigneur a couronné vos mérites ; soyez-lui donc propice en ces jours de salut. Sur la terre, votre vigilance n'abandonna jamais l'heureux troupeau qui lui était confié : regardez-nous comme vos brebis, défendez-nous des loups ravissants qui nous menacent sans cesse. Que vos prières obtiennent pour nous la plénitude des grâces qui nous sont nécessaires pour persévérer dans la vie nouvelle que nous a communiquée notre divin Ressuscité. Obtenez que le mystère de la Pâque, dont vous nous avez révélé les grandeurs, se conserve en nous. Votre bénédiction pascale sur le peuple chrétien lui portera secours et protection comme aux anciens jours. Du sein des joies éternelles, souvenez-vous

 

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aussi de votre patrie terrestre ; bénissez l'Espagne qui vous conserve un culte si fervent. Rendez-lui l'ardeur primitive de la foi ; renouvelez en son sein les mœurs chrétiennes; faites disparaître l'ivraie qui s'est levée parmi le bon grain. L'Eglise entière honore cette contrée pour sa fidélité dans la garde du dépôt de la doctrine du salut ; sauvez-la de toute décadence, et arrêtez les maux dont elle souffre ; qu'elle soit toujours fidèle, toujours digne du beau titre que vous l'avez aidée à conquérir.

 

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