VINCENT FERRIER

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LE V AVRIL.

SAINT VINCENT FERRIER, CONFESSEUR.

 

Aujourd'hui, c'est encore la catholique Espagne qui fournit à l'Eglise un de ses fils pour être proposé à l'admiration du peuple chrétien. Vincent Ferrier, l’Ange du jugement, nous apparaît, faisant retentir l'arrivée prochaine du souverain juge des vivants et des morts. Autrefois il sillonna l'Europe dans ses courses évangéliques, et les peuples remués par son éloquence foudroyante se frappaient la poitrine, criaient miséricorde au Seigneur, et se convertissaient En ce moment, il voit du haut du ciel le peuple fidèle régénéré par la pénitence, fortifié par le pain de vie, en un mot ressuscité avec Jésus-Christ. Tous, il est vrai, n'ont pas été dociles à l'appel de la grâce; mais si nous recommandons les fugitifs à l'illustre Apôtre de la conversion, il peut encore parler à leurs cœurs, au nom du Maître de la vigne, et préparer pour le salaire les ouvriers de la onzième heure.

Vincent a célébré le mystère de la Pâque dans seize de ses Sermons qui sont venus jusqu'à nous. Il  y a exposé avec la science et la simplicité de son temps les grandeurs et les merveilles de la résurrection du Christ. Nous donnerons ici un

 

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fragment du deuxième de ces Sermons, qui se rapporte au jour même de Pâques. Le saint prédicateur y célèbre la première apparition du Sauveur, celle qui eut lieu en faveur de la bienheureuse Vierge. On entendra avec plaisir le naïf et savant docteur de l'Ordre de saint Dominique exposer sur ce point le sentiment des Saints, qui est en même temps celui des plus graves théologiens. « Que le Christ, dit-il, ait apparu d'abord à la Vierge Marie sa mère, c'est ce qu'enseigne expressément saint Ambroise, en son livre des Vierges, quand il dit : « Marie a vu la résurrection du Christ, et elle l'a vue avant tout autre. » Si les Evangélistes ne l'ont pas raconté, c'est qu'ils ont voulu produire des témoignages désintéressés, et celui d'une mère ne l'eût pas été. Quant aux raisons de cette apparition, elles sont au nombre de trois. La première est le divin commandement fait aux enfants à l'égard des parents. Marie avait souffert dans la Passion de son fils plus que qui que ce soit; le Christ devait donc la consoler avant tout autre, lui qui par sentiment filial lui avait épargné les douleurs de l'enfantement, et qui devait plus tard l'affranchir de celles de la mort. La seconde raison fut le mérite de la foi en Marie. Dans le cours de la Passion, les apôtres et les disciples perdirent la foi ; ils doutèrent que leur Maître fût le vrai Dieu et le Messie ; ils ne le regardèrent plus que comme un grand Prophète ; seule la Vierge Marie crut fermement en lui durant tout le Samedi, et mérita ainsi que ce jour lui fût consacré. Jésus devait donc accomplir en sa faveur ce qui est écrit : « Le Seigneur apparaît à ceux qui ont foi en lui (1). » La troisième raison

 

1. Sap. I, 2.

 

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son fut l'ardeur d'amour dont elle était consumée ; car il est certain que jamais mère n'aimera son fils comme elle aime le sien. Or, Jésus a dit : « Celui qui m'aime sera aimé de mon Père, et je l'aimerai moi-même, et je me manifesterai à lui (1). » Il a donc dû se manifestera Marie avant tout autre.

« Disons maintenant le mode selon lequel cette apparition a dû avoir lieu. Marie savait avec certitude que son fils ressusciterait le troisième jour, ainsi qu'il l'avait dit lui-même; mais peut-être ne connaissait-elle pas l'heure de la résurrection. La nuit lui paraissait longue; elle se mit à réciter le Psautier, et étant arrivée au Psaume LVI, elle y lut ces paroles au Père : « Lève-toi, ô ma gloire ! lève-toi, ô mon psaltérion, ô ma harpe !» Et le fils répond : « Je me lèverai dès le point du jour. » Plus loin, dans le même Psaume, elle retrouva les mêmes paroles. Alors elle suspendit sa prière, afin de voir si l'aurore paraissait au ciel. Mais elle ne brillait pas encore, et Marie revint achever son Psautier. Désirant connaître si quelque autre Prophète n'aurait pas parlé plus clairement, elle ouvrit Osée, et y lut ceci : « Après deux jours il nous rendra la vie, et le troisième jour il nous ressuscitera; et nous vivrons en sa présence, nous le suivrons afin de connaître le Seigneur. Le point du jour sera le moment où il sortira (2). » Alors Marie se leva et dit : « Trois témoignages, c'est assez. » Et elle prépara un siège à son fils. « C'est ici, dit-elle, que s'assiéra mon fils, ici que je lui parlerai. » Elle regarda à la fenêtre, et vit l'aurore qui se levait, et dans sa joie elle dit: « Bientôt mon fils va ressusciter. »

 

1. JOHAN. XIV, 21. — 2. OSE. VI. 3.

 

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Et s'étant mise à genoux, elle priait en disant : « Levez-vous, Seigneur, venez au-devant de moi. Ouvrez les yeux, mon Dieu, Seigneur des armées, Dieu d'Israël (1) !» A ce moment, Jésus députa vers elle l'Ange Gabriel, à qui il dit: « De même que tu lui annonças mon incarnation, va lui annoncer ma résurrection. » Plein d'allégresse, l'Ange parut devant la Vierge, et lui dit : « Reine du ciel, soyez dans la joie, alleluia ; car celui que votre sein a porté, alleluia, est ressuscité ainsi qu'il l'avait dit, alleluia. » Au même moment son fils béni entrait, et avec lui les milliers d'élus. Jésus salua sa mère en lui disant : « La paix soit avec vous ! » La Vierge se précipita à genoux, tout inondée de ses larmes de joie; elle l'adora, baisant ses pieds et ses mains, et disant: « Chères blessures, qui m'avez causé Vendredi de si cuisantes douleurs ! » Le Christ, la serrant dans ses bras, lui dit : « Ma Mère, réjouissez-vous; il n'est plus maintenant « question que de joie et d'allégresse. » Il essuya ses larmes, s'assit sur le siège qu'elle lui avait préparé, et s'entretint tendrement avec elle. Dans cet entretien, la Vierge dit à Jésus: « Mon fils, jusqu'ici j'ai fait fête le Samedi en mémoire du repos divin après la création ; désormais je ferai fête le Dimanche en souvenir de votre résurrection, de votre repos et de votre gloire. » Et ce changement agréa au Seigneur. Il raconta ensuite à sa Mère ce qu'il avait fait aux enfers, et comment il y avait enchaîné le diable, lui présenta ensuite les saints Pères qu'il avait délivrés, et qui saluèrent Marie avec un grand respect. On peut conjecturer que Adam et Eve lui auront dit:

 

1. Psalm. LVIII.

 

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« Bénie êtes-vous, ô notre fille et maîtresse ! car c'est vous de qui le Seigneur a dit au serpent: J'établirai une inimitié entre la femme et toi. » Eve dit : « J'avais par mon péché fermé la porte du Paradis ; vous l'avez ouverte par la grâce. » Les Prophètes tour à tour lui disaient : « J'ai prédit à votre sujet, dans tel passage de mes écrits. » Enfin, se tournant tous vers elle et la saluant une dernière fois, ils disaient : « Vous « êtes la gloire de Jérusalem, l'allégresse d'Israël, l'honneur de notre racé. » La Vierge les salua à son tour en disant : « Vous êtes la race élue, le Sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple acquis; c'est à vous d'annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière (2). » Après que le Christ eut consolé Marie, cette Mère de consolation pria son fils de vouloir bien consoler aussi Marie Madeleine, son amante, que sa mort avait si profondément désolée. « Les Apôtres, dit-elle, ont éprouvé une grande douleur de votre Passion ; mais Madeleine en a souffert bien plus encore ; daignez la consoler, ainsi que mes sœurs qui sont parties ce matin même pour le sépulcre, afin d'embaumer votre corps (3). »

 

1. JUDITH, XV, 10. — 2. I Petr. II, 9. — 3. Sermones S. Vincentii Ferrerii. Pars aestivalis. In die sancto Paschae, Serm. II.

 

La Liturgie Romaine consacre à saint Vincent Ferrier, dans l'Office des Matines, le récit suivant qui contient un abrégé succinct des grandes œuvres du serviteur de Dieu.

 

 

Vincent, né à Valence en Espagne, de parents honnêtes, montra dès ses premières années la maturité d'un vieillard. Ayant reconnu de bonne heure, malgré la faiblesse de son âge, le peu de durée de ce monde rempli de ténèbres, il reçut à dix-huit ans l'habit de la religion dans l'Ordre des Frères-Prêcheurs. Après sa profession solennelle, il se livra avec ardeur à l'étude des saintes lettres, et conquit avec une grande distinction le degré de docteur en théologie. Bientôt, sur l'obédience des supérieurs, il se mit à prêcher la parole de Dieu, à combattre la perfidie des Juifs, à réfuter les erreurs des Sarrasins avec tant de zèle et de succès, u'il amena à la foi du Christ un nombre immense d'infidèles, et fit passer plusieurs milliers de chrétiens du péché à la pénitence, du vice à la vertu. Il avait été choisi de Dieu pour répandre les enseignements du salut chez toutes les nations, de quelque race et de quelque langue qu'elles fussent ; et en annonçant l'approche du dernier et redoutable jugement, il effrayait les âmes de tous ceux qui l'entendaient, les arrachait aux passions terrestres et les portait à l'amour de Dieu.

 

Dans l'accomplissement de ce ministère apostolique, son genre de vie fut constamment celui-ci , tous les jours, de grand matin, il célébrait une Messe chantée ; chaque jour aussi il adressait une prédication au peuple ; il gardait un jeûne inviolable, à moins d'une urgente nécessité; il ne refusa jamais à personne ses conseils toujours saints et équitables ; jamais il ne mangea de chair, ni ne porta de linge ; il apaisa les dissensions des peuples, et rétablit la paix entre des royaumes divisés ; enfin, au temps où la tunique sans couture de l'Eglise était déchirée par un schisme cruel, il se donna beaucoup de mouvement pour rétablir et consolider la réunion. Toutes les vertus brillèrent en lui; humble et simple, on le vit recevoir avec douceur et embrasser avec tendresse ceux qui l'avaient poursuivi de leurs calomnies et de leurs persécutions.

 

La puissance divine opéra par lui beaucoup de signes et de prodiges en confirmation de la sainteté de sa vie et de sa prédication. Souvent, par l'imposition de ses mains sur les malades, il leur rendit la santé; il chassa les esprits immondes du corps des possédés, rendit l'ouïe aux sourds, la parole aux muets, la vue aux aveugles ; il guérit les lépreux, et ressuscita des morts. Enfin, accable de vieillesse et de maladie ,après avoir parcouru plusieurs pays de l'Europe avec un grand profit pour les âmes, cet infatigable héraut de l'Evangile acheva le cours de sa prédication et de sa vie à Vannes en Bretagne, l'an du salut mil quatre cent dix-neuf. Il fut mis au nombre des Saints par Calixte III.

 

 

Le Bréviaire de l'Ordre des Frères-Prêcheurs célèbre saint Vincent Ferrier par de magnifiques éloges. Nous lui emprunterons quatre Répons et une Antienne, afin de louer plus dignement l'illustre prédicateur.

 

RÉPONS ET ANTIENNE.

 

R/. Le Père souverain, celui qui gouverne les peuples, sur le soir du monde qui s'affaisse, a envoyé Vincent, comme un nouveau prophète chargé d'instruire le peuple chrétien ; Vincent annonce que le jugement de Dieu est proche, * Ce jugement que tous les hommes doivent voir de leurs yeux.

V/. Il s'écrie souvent : Craignez Dieu ; l'heure de son jugement est arrivée; * Ce jugement que tous les hommes doivent voir de leurs yeux.

 

R/. Marchant à la suite du Christ par la voie difficile, il s'éloigna des plaisirs terrestres; il fit briller l'éclat de la vérité; il dissipa les ténèbres de l'erreur ; * Il resplendit dans les régions de l'Occident, et tout l'univers retentit de sa renommée.

 

V/.  Sa doctrine éclatait comme un soleil; sa parole était ardente comme la flamme.* Il resplendit dans les régions de l'Occident, et tout l'univers retentit de sa renommée.

 

R/. La nuit il s'appliquait aux lettres sacrées, veillant dans la contemplation ; au matin, comme un bel astre, il lançait les rayons de la doctrine; * Le soir, il appliquait à tous les maux un remède salutaire.

V/. Pas une heure de sa vie ne s'écoulait, sans qu'il l'eût remplie par quelque action sainte. * Le soir, il appliquait à tous les maux un remède salutaire.

 

R/. Proférant les paroles de l'éternelle vie, il enflammait l’âme de ses auditeurs; il faisait pénétrer dans le cœur des hommes l'amour des dons célestes ; traitant des vertus avec une science profonde, * Il enseignait à dompter tous les vices.

V/. Une foule avide de l'entendre le suivait, lorsqu'il s'énonçait de sa bouche divine. * Il enseignait à dompter tous les vices.

 

Ant. Rempli d'un prophétique, Vincent parla merveilleusement sur la fin du monde; comme un soleil. il se coucha à l'Occident de la terre, et escorté d'une troupe d'Anges, il monta aux lumineuses demeures du ciel.

 

 

Que votre voix fut éloquente, ô Vincent, lorsqu'elle vint troubler l'assoupissement des hommes, et leur fit éprouver les terreurs du grand jugement ! Nos pères entendirent cette voix; ils revinrent à Dieu, et Dieu leur pardonna. Nous aussi, nous nous étions endormis, lorsque l'Eglise, à l'ouverture du Carême, troubla notre sommeil en marquant de la cendre nos fronts coupables, et en nous rappelant l'irrévocable sentence de mort que Dieu a prononcée sur nous.

Dans le cours de la sainte Quarantaine, nous avons réfléchi sur nos fins dernières, et la méditation des jugements de Dieu nous a éclairés. Nous avons vu ensuite passer sous nos yeux le divin Rédempteur chargé de sa croix, et nos cœurs ébranlés d'abord ont été touchés et convertis. Sa mort a été notre vie, et nous sommes entrés en partage de sa Résurrection. Priez, ô Vincent, afin que nous ne mourions plus, afin que la trompette de l'Ange du jugement, lorsqu'elle retentira, nous trouve dans une heureuse attente du second avènement de notre Emmanuel. Nous avons commencé parla crainte; obtenez que l'espérance qui la remplace en ce moment se maintienne en nous, et qu'elle soit toujours justifiée par nos œuvres.

Ami des âmes, nous remettons entre vos mains l'œuvre de notre persévérance. Priez aussi, ô Vincent, pour l'Espagne qui vous donna le jour, et au sein de laquelle vous avez puisé la foi, la profession religieuse et le sacerdoce; mais souvenez-vous de la France, votre seconde patrie, que vous avez évangélisée avec tant de fatigues et de succès; souvenez-vous de la catholique Bretagne, qui garde si religieusement votre dépouille sacrée. Vous fûtes notre apôtre dans des temps malheureux ; les jours où nous vivons le sont plus encore : daignez, du haut du ciel, vous montrer toujours notre fidèle protecteur.

 

 

 

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