LÉON

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LE XI AVRIL.

SAINT LÉON, PAPE ET DOCTEUR DE L'ÉGLISE.

 

L’un des plus grands noms des fastes de l'Eglise apparaît aujourd'hui sur le Cycle. Léon, Pontife et Docteur, se lève à l'horizon pascal, et vient attirer notre admiration et notre amour. Son nom seul appelle déjà l'enthousiasme. Il est le Lion, selon la signification de son nom, le Lion de la sainte Eglise, reproduisant ainsi en sa personne l'un des plus nobles titres de notre divin Ressuscité. Déjà, dans la suite des siècles, treize pontifes ont porté ce même nom, et cinq d'entre eux sont inscrits au catalogue des Saints; mais nul ne l'a rendu plus glorieux que l'illustre personnage que nous fêtons aujourd'hui : aussi est-il appelé Léon le Grand.

Il a mérité ce titre par ses nobles travaux pour éclairer la foi des peuples sur le sublime mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu. La sainte Eglise avait triomphé des hérésies qui s'étaient attaquées au dogme de la Trinité; les efforts de l'enfer se portèrent alors contre le dogme du Dieu fait homme. Un évêque de Constantinople, Nestorius, osa nier l'unité de personne en Jésus-Christ, et séparer en lui le Dieu de l'homme. Le concile d'Ephèse foudroya cette erreur qui anéantissait la Rédemption. Une nouvelle hérésie, opposée à

 

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la première, mais non moins destructive du christianisme, ne tarda pas à s'élever. Le moine Eutychès soutint que dans l'Incarnation la nature humaine avait été absorbée par la nature divine, et cette erreur s'étendait avec une effrayante rapidité. L'Eglise sentit le besoin d'un docteur qui résumât avec précision et autorité le dogme qui fait le fondement de nos espérances. Léon se leva alors, et du haut de la chaire apostolique où l'Esprit-Saint l'avait fait asseoir et proclama avec une éloquence et une clarté sans égales la formule de la foi antique, toujours la même, mais resplendissante d'un éclat nouveau. Un cri d'admiration partit du sein même du Concile œcuménique de Chalcédoine, rassemblé pour condamner le système impie d'Eutychès. « Pierre a parlé par la bouche de Léon ! » s'écrièrent les Pères; et quatorze siècles n'ont pas effacé dans l'Eglise d'Orient, comme nous le verrons tout à l'heure, l'enthousiasme qu'excitèrent les enseignements préparés par Léon pour l'Eglise entière.

L'Occident, en proie à toutes les calamités de l'invasion des barbares, voyait s'écrouler les derniers débris de l'empire, et Attila, le Fléau de Dieu, était déjà aux portes de Rome. La barbarie recula devant la majesté de Léon, comme l'hérésie se dissipait devant l'autorité de sa parole. Le chef des Huns, qui avait fait céder les plus formidables remparts, conféra avec le Pontife sur les bords du Mincio, et il prit l'engagement de ne pas entrer dans Rome. Le calme et la dignité de Léon, qui affrontait sans défense le plus redoutable des vainqueurs de l'Empire, et exposait sa vie pour son troupeau, avaient ébranlé le barbare. En même temps son œil apercevait dans les airs l'apôtre Pierre, sous les traits d'un auguste personnage qui protégeait l'intercesseur de Rome. Dans le cœur d'Attila la terreur vint en aide à l'admiration. Moment sublime, où tout un monde nouveau se révèle ! le Pontife désarmé affrontant les violences du barbare, le barbare ému à la vue d'un dévouement qu'il ne comprend pas encore, le ciel intervenant pour aider cette nature féroce à s'incliner devant la force morale. L'acte de dévouement accompli par Léon exprime dans un seul trait ce que plusieurs siècles virent s'opérer dans l'Europe entière ; mais l'auréole du Pontife n'en est que plus éclatante.

Afin qu'aucun genre de gloire ne manquât à Léon, l'Esprit-Saint l'avait doué d'une éloquence que l'on pourrait appeler papale, tant elle est empreinte de majesté et de plénitude. La langue latine expirante y retrouve des accents et un tour qui rappellent parfois l'âge de sa vigueur ; et le dogme chrétien, formulé dans un style pompeux et nourri de la plus pure sève apostolique, y resplendit d'un merveilleux éclat. Léon a célébré, dans ses mémorables discours, le Christ sortant du tombeau, et conviant ses fidèles à ressusciter avec lui. Il a caractérisé entre autres la période de l'Année liturgique que nous parcourons en ce moment, quand il a dit : « Les jours qui s'écoulèrent entre la résurrection du Seigneur et son Ascension, ne furent pas des jours oisifs; car c'est alors que furent confirmés les Sacrements et révélés les grands mystères (1). »

 

1. Sermo LXXIII.

 

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Lisons maintenant le récit que la sainte Eglise a consacré à l'honneur de saint Léon dans l'Office d'aujourd'hui.

 

Léon Ier, Toscan, gouverna L'Eglise au temps où Attila, roi des Huns, surnommé le Eléau de Dieu, ayant envahi l'Italie, pilla et brûla la ville d'Aquilée, qu'il prit après un siège de trois ans. Entraîné ensuite sur Rome par une ardente fureur, il se préparait déjà à faire traverser a ses troupes l'endroit où le Mincio décharge ses eaux dans le Pô, lorsque Léon, touché des maux dont l'Italie était menacée, alla au-devant de lui, et par une éloquence toute divine persuada au barbare de revenir sur ses pas. Attila interrogé parles siens pourquoi, contre sa coutume, il obéissait avec tant de soumission aux ordres du Pontife romain, répondit que pendant que Léon lui parlait, il avait vu près de lui un homme revêtu d'habits sacerdotaux, se tenant debout avec une épée nue et le menaçant de mort, s'il n'obéisssait à Léon. C'est pourquoi il s'en retourna en Pannonie.

 

Léon fut reçu à Rome avec une joie singulière par toute la population. Peu après, Genséric ayant envahi la ville, il lui persuada par son éloquence et obtint par l'estime que le barbare faisait de sa sainteté, que l'on épargnerait l'incendie, les violences et les meurtres. Voyant l'Eglise attaquée par plusieurs hérésies, et troublée principalement par les Nestoriens et par les Eutychiens, et voulant la purger de ces erreurs et l'affermir dans la foi catholique, il convoqua le Concile de Chalcédoine, où se trouvèrent réunis six cent trente évêques. Eutychès, Dioscore, et pour la seconde fois Nestorius y furent condamnés, et Léon confirma par son autorité les décrets de ce Concile.

 

Le saint Pontife s'appliqua ensuite à la réparation et à la construction des églises. Ce fut par son conseil qu'une pieuse femme nommée Démétria bâtit sur ses possessions l'Eglise de Saint-Etienne, sur la voie Latine, à trois milles de Rome ; lui-même en éleva une sur la voie Appienne, sous le nom de saint Corneille, lien répara en outre plusieurs autres, et fit refaire les vases sacrés pour leur usage. Il fit construire des voûtes dans les trois basiliques de Saint-Pierre, de Saint-Paul et dans la Constantinienne. Il bâtit un monastère près de la basilique de Saint-Pierre, et il  établit aux tombeaux des Apôtres des gardiens, auxquels il donna le nom de Cubiculaires. Il ordonna d'ajouter au Canon de la Messe, ces mots : Sacrifice saint, Hostie sans tache. Il  décréta aussi que l'on ne donnerait aux religieuses le voile sacré qu'après qu'elles auraient gardé la virginité jusqu'à quarante ans. Ayant fait encore beaucoup de choses avec pieté et éloquence, il s'endormit dans le Seigneur, le trois des ides d'avril. Il fut assis sur la chaire pontificale vingt ans, dix mois et vingt-huit jours.

 

L'Eglise grecque, dans ses Menées, consacre à saint Léon un solennel Office, auquel nous empruntons les strophes suivantes. Composées avant le schisme, elles expriment l'antique foi de l'Eglise de Constantinople dans la primauté du Pontife romain, et montrent d'une manière irréfutable que ce ne sont pas les Latins qui ont changé la foi. Les Grecs célèbrent la mémoire de saint Léon le dix-huit février.

 

(DIE XVIII FEBRUARII.)

 

Heureux Pontife, illustre Léon, tu as été le compagnon des Pontifes fidèles et des Martyrs ; invincible dans les combats, tu t'es montré inébranlable comme la tour et la citadelle de la religion ; dans ton orthodoxie et ta science, tu as proclamé l'ineffable génération du Seigneur.

 

Recteur de l'orthodoxie, docteur de la piété et de la sainteté, flambeau de la terre tout entière, inspiré de Dieu,gloire des vrais fidèles, sage Léon, lyre du Saint-Esprit, tu as éclairé tous les hommes par ta doctrine.

 

Héritier de la Chaire de Pierre, comme lui tu as présidé à l'Eglise entière ; son esprit a été en toi, et son zèle t'enflammait pour la foi.

 

Eclatant d'une splendide lumière, très saint Léon, tu as éclairci le mystère de l'ineffable et divine incarnation, proclamant la double nature et la double volonté du Dieu fait chair.

 

Tout resplendissant de la science divine, tu as lancé partout les rayons de l'orthodoxie ; après avoir dissipé les ténèbres de l'hérésie, tu as quitté cette vie, ô bienheureux, et tu habites la lumière qui ne connaît pas de couchant.

 

Par ta prédication merveilleuse, tu nous as montré le Christ Fils unique et Seigneur, engendré du Père avant les siècles, né pour nous de la Vierge, et apparaissant sur la terre semblable à nous, ô ministre inspiré des divins mystères !

 

Assis glorieux sur le trône du pontificat, tu as fermé la gueule des lions; en proclamant le dogme sacré de l'adorable Trinité, tu as fait briller aux yeux de ton troupeau la lumière de la connaissance de Dieu ; c'est pour cela que tu as été glorifié comme un divin Pontife initié à la grâce de Dieu.

 

Tu t'es levé de l'Occident, comme un soleil rayonnant: ta science a dissipé le sophisme d'Eutychès qui confondait les deux natures, et celui de Nestorius qui les divisait ; tu nous as appris à adorer un seul Christ en deux natures indivisibles, immuables et sans confusion.

 

Inspiré de Dieu, tu as présenté comme de nouvelles tables écrites du doigt de Dieu ; semblable à Moïse apparaissant aux yeux du peuple divin, tu t es écrié dans l'assemblée des Maîtres vénérables : « Pontifes, célébrez le Christ ; bénissez-le et exaltez-le à jamais. »

 

Maintenant, ô Pontife du Christ, tu portes une couronne éclatante de beauté ; prêtre fidèle, la justice est ton vêtement, et tu tressailles d'une joie ineffable dans le paradis des délices; daigne supplier sans cesse le Seigneur pour ton troupeau.

 

Dans le séjour où sont les sièges, les trônes et les rangs pour les Patriarches, tu as mérité d'entrer comme un Père, comme un vrai Patriarche, entouré des rayons de la foi et de la grâce, heureux Léon ! et nous proclamons tous l'éternelle félicité qui est ton partage.

 

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Gloire soit à vous, ô Christ, Lion de la tribu de Juda, qui avez suscité dans votre Eglise un Lion pour la défendre aux jours où la sainte foi courait de si grands dangers. Vous aviez chargé Pierre de confirmer ses frères; et nous avons vu Léon, en qui Pierre était vivant, remplir cet office avec une autorité souveraine. Nous avons entendu retentir l'acclamation du saint Concile, qui, en s'inclinant devant la doctrine toute céleste de Léon, proclamait le bienfait signalé que vous avez, en ces jours, conféré à votre troupeau, lorsque vous donnâtes à Pierre le soin de paître les brebis comme les agneaux.

O Léon ! vous avez dignement représenté Pierre dans sa chaire. Votre parole apostolique n'a cessé d'en descendre, toujours vraie, toujours éloquente et majestueuse. L'Eglise de votre temps vous honora comme le maître de la doctrine, et l'Eglise de tous les siècles vous reconnaît pour l'un des plus savants docteurs qui aient enseigné la divine Parole. Du haut du ciel où vous siégez maintenant, répandez sur nous l'intelligence du divin mystère que vous avez été chargé d'exposer. Sous votre plume inspirée, ce mystère s'éclairât, son harmonie sublime se révèle ; et la foi se réjouit de percevoir si distinctement le divin objet auquel elle adhère. Fortifiez en nous cette foi, ô Léon ! Le Verbe incarné est encore blasphémé de nos jours; vengez sa gloire, en nous envoyant de nouveaux docteurs.

Vous avez triomphé de la barbarie, ô noble Pontife ! Attila vous rendit les armes. De nos jours, il s'est levé de nouveaux barbares, les barbares civilisés qui nous vantent comme l'idéal des sociétés celle qui n'est plus chrétienne, celle qui dans ses lois et ses institutions ne confesse plus Jésus-Christ roi de l'humanité, auquel toute puissance a été donnée au ciel et sur la terre. Oh !

 

33o

 

venez à notre secours; car le mal est monte à son comble. Beaucoup sont séduits et s'en vont à l'apostasie sans s'en douter. Obtenez que la lumière ne s'éteigne pas totalement chez nous, que le scandale s'arrête enfin. Attila n'était qu'un païen; les modernes utopistes sont chrétiens, ou du moins quelques uns voudraient l'être ; prenez pitié d'eux, et ne permettez pas qu'ils soient plus longtemps victimes de leurs illusions.

En ces jours de la Pâque qui vous rappellent, ô Léon, les labeurs de votre ministère pastoral, alors qu'entouré de vos néophytes vous les nourrissiez de vos immortels discours, priez pour les fidèles qui, dans cette même solennité, sont ressuscites avec Jésus-Christ. Ils ont besoin de connaître de plus en plus ce divin Sauveur de leurs âmes, afin de s'attacher à lui et de ne plus jamais s'en séparer. Révélez-leur tout ce qu'il est, et dans sa nature divine et dans sa nature humaine : comme Dieu, leur fin dernière, et leur juge après cette vie ; comme homme, leur frère, leur Rédempteur et leur modèle. O Léon ! bénissez, soutenez votre successeur sur la Chaire de Pierre, et montrez-vous en ces jours l'appui de cette Rome dont vous avez célébré avec tant d'éloquence les saintes et éternelles destinées.

 

 

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