HERMENÉGILDE

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LE XIII AVRIL.

SAINT HERMENÉGILDE, MARTYR.

 

Le mystère de la Pâque nous apparaît aujourd'hui à travers les palmes d'un Martyr. Herménégilde , jeune prince visigoth, est immolé par l'ordre d'un père que l'hérésie aveugle ; et la cause de son trépas est la constance avec laquelle il a repoussé la communion pascale qu'un évoque arien voulait le contraindre à recevoir de ses mains. Le martyr savait que la divine Eucharistie est le signe auguste de l'unité catholique, et qu'il n'est pas permis de participer à la chair de notre Agneau pascal avec ceux qui ne sont pas dans la véritable Eglise. Une consécration sacrilège peut mettre les hérétiques en possession du divin Mystère, si le caractère sacerdotal existe en celui qui a osé franchir la barrière de l'autel du Dieu qu'il blasphème; mais le catholique qui sait qu'il ne lui est pas même permis de prier avec les hérétiques, tremble à la vue du Mystère profané, et s'éloigne pour ne pas faire outrage au Rédempteur jusque dans le Mystère qu'il n'a établi que pour s'unir à ses fidèles.

Le sang du martyr fut fécond. L'Espagne asservie à l'erreur secoua ses chaînes ; un concile tenu à Tolède consomma la réconciliation que la sainte victime avait commencée. Ce fut un spectacle sublime et rare dans les siècles de voir une

 

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nation entière se lever pour abjurer l'hérésie ; mais cette nation a été bénie du ciel. Soumise bientôt à la terrible épreuve de l'invasion sarrasine, elle sut en triompher par ses armes, et sa foi toujours pure depuis lui a mérité le plus beau des titres pour un peuple, celui de Catholique.

 

La sainte Eglise lit aujourd'hui, à l'Office de la nuit, le récit contemporain que saint Grégoire nous a laissé du martyre de saint Herménégilde.

 

Du livre des Dialogues de saint Grégoire, Pape.

 

Le roi Herménégilde, fils de Léovigilde, roi des Visigoths, fut converti de l'hérésie arienne à la foi catholique par les instructions du vénérable Léandre, évêque de Séville, avec lequel je suis lié depuis longtemps d'une étroite amitié. Son père demeuré arien fit tout son possible, par caresses et par menaces, pour le faire retomber dans l'hérésie. Mais Herménégilde ayant répondu avec constance que jamais il n'abandonnerait la vraie foi qu'il avait enfin connue, son père irrité le priva de ses droits au trône, et le dépouilla de tous ses biens. Le jeune roi conçut alors un grand dégoût du royaume terrestre, et se mit à désirer ardemment celui du ciel. Déjà chargé de chaînes, il se couvrit d'un cilice ; il demanda au Dieu tout-puissant la force qui lui était nécessaire, et il regarda désormais les pompes de ce monde qui passe avec d'autant plus de mépris, qu'il reconnaissait par sa captivité même le néant d'une gloire qui avait pu lui être ravie.

 

La fête de Pâques étant survenue, son perfide père lui envoya, durant le silence de la nuit, un évêque arien, afin qu'il reçût es mains de cet évêque la communion eucharistique, que celui-ci ne pouvait lui conférer que par un sacrilège, et qu'il rentrât ainsi dans les bonnes grâces du roi.  Mais Herménégilde, tout dévoué à Dieu, voyant venir l'évêque arien, lui parla comme il devait, et repoussa par de justes reproches la perfidie qu'il venait lui proposer; car quoique étendu par terre sous le poids de ses chaînes, il n'en conservait pas moins tout le calme et toute l'élévation de son âme. L'évêque étant retourné auprès du père, ce prince arien frémit de rage, et envoya sur-le-champ quelques-uns de ses officiers chargés de faire périr ce très fidèle confesseur de Dieu dans sa prison: ce qui fat exécuté. Etant entrés, ils lui tendirent la tête d'un coup de hache; mais en lui ôtant ainsi la vie du corps. ils ne purent atteindre en lui que ce qu'il avait lui-même méprisé. Bientôt des miracles célestes éclatèrent pour manifester la véritable gloire dont il jouissait; car te silence de la nuit fut tout à coup interrompu par des chants harmonieux qui retentissaient près du corps de ce roi martyr, d'autant plus véritablement roi qu'il était martyr.

 

Quelques-uns rapportent que des lampes allumées parurent aussi durant la nuit autour du corps ; ce qui porta tous les fidèles à le révérer comme celui d'un martyr. Le père infidèle et parricide se sentit enfin touche de repentir, et regretta sa faute ; mais ce regret n'alla pas jusqu'à lui taire obtenir le salut. Il reconnut que la foi catholique était la véritable ; mais la crainte que lui inspirait sa nation l'empêcha de la professer. Une maladie lui étant survenue, et se trouvant réduit à l'extrémité, il recommanda à l'évêque Léandre, qu'il avait vivement persécuté autrefois, le roi Reccarède son fils qu'il laissait dans son hérésie, afin que par ses instructions il rendit a ce prince le même service qu'à son frère. Après avoir fait cette recommandation, Léovigilde mourut : et après sa mort, le roi Reccarède voulant imiter, non son père infidèle, mais son frère le martyr, se convertit de l'hérésie arienne, et ramena si complètement à la vraie foi toute la nation des Visigoths. qu'il refusa d'admettre dans ses armées quiconque oserait se déclarer ennemi de Dieu en professant l'hérésie. Il ne faut pas s'étonner qu'il soit devenu ainsi le prédicateur de la foi catholique, ce prince qui était le frère d'un martyr, par les mérites duquel il est aide en ce moment même pour ramener tant d'âmes au sein du Dieu tout-puissant.

 

 

Le Pape Urbain VIII a composé les deux Hymnes suivantes pour l'Office du saint Martyr; nous les réunissons en une seule sous la même doxologie.

 

HYMNE.

 

Héritier du trône de la vaillante Ibérie, Herménégilde, tu es en même temps la gloire des martyrs, dont l'amour pour le Christ a recruté les bataillons célestes.

 

Quelle patience est la tienne ! quelle fidélité dans le service promis à Dieu ! Rien ne l'emporte sur lui à tes yeux, et ta sagesse sait écarter les périlleux attraits qui pourraient entraîner ta faiblesse.

 

Ta vertu surmonte les passions qui préparent le règne du mal dans les âmes ; dans le sentier de la vérité, tu marches d'un pas assuré.

 

Les caresses d'un père ne t'ont pas fléchi ; rien n'a pu amollir ton courage, ni les douceurs d'une vie opulente, ni l'éclat des pierreries, ni l'ambition du trône.

 

Le tranchant du glaive, la fureur du bourreau, n'ont rien qui t'effraie ; à tes yeux les joies célestes sont préférables au bonheur périssable d'ici-bas.

 

Maintenant, du haut du ciel, sois-nous propice ; et tandis que nous célébrons la palme, prix glorieux de ton trépas, écoute avec bonté nos prières.

 

Louange soit à jamais au Père souverain ! fidèles, offrez vos humbles vœux à son Fils éternel, et célébrez le divin Esprit dans des cantiques sans fin.

Amen.

 

Courageux témoin de la vérité du Symbole de la foi, Herménégilde, nous vous offrons aujourd'hui nos hommages et nos actions de grâces.

 

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Votre mort courageuse a montré l'amour que vous aviez pour le Christ, et votre mépris des honneurs de la terre nous apprend à les mépriser. Né pour le trône, un cachot est devenu votre séjour ici-bas ; et c'est de là que vous êtes parti pour le ciel, le front ceint des palmes du martyre, couronne mille fois plus éclatante que celle qui vous était offerte pour prix d'une honteuse apostasie. Priez maintenant pour nous ; l'Eglise, en inscrivant votre nom sur le Cycle sacré, vous y convie en ces jours. La Pâque fut le jour de votre triomphe ; obtenez qu'elle soit pour nous une véritable Pâque, une complète résurrection qui nous conduise sur vos traces jusqu'à l'heureux séjour où vos yeux contemplent Jésus ressuscité. Rendez-nous fermes dans la foi, dociles à l'enseignement de la sainte Eglise, opposés à toute erreur et à toute nouveauté. Veillez sur l'Espagne votre patrie, qui doit à votre sang versé en témoignage de la vraie foi tant de siècles de pure orthodoxie ; préservez-la de toute défection, afin qu'elle ne cesse jamais de mériter le beau titre qui fait sa gloire.

 

 

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