ASSOMPTION III
Précédente ] Accueil ] Remonter ] Suivante ]

Accueil
Remonter
GUERRIC
AVÈNEMENT I
AVÈNEMENT II
AVÈNEMENT III
AVÈNEMENT IV
AVÈNEMENT V
NATIVITÉ I
NATIVITÉ II
NATIVITÉ III
NATIVITÉ IV
NATIVITÉ V
ÉPIPHANIE I
ÉPIPHANIE II
ÉPIPHANIE III
ÉPIPHANIE IV
PURIFICATION I
PURIFICATION II
PURIFICATION III
PURIFICATION IV
PURIFICATION V
PURIFICATION VI
CARÊME I
CARÊME II
SAINT BENOIT I
SAINT BENOIT II
SAINT BENOIT III
SAINT BENOIT IV
ANNONCIATION I
ANNONCIATION II
ANNONCIATION III
RAMEAUX I
RAMEAUX II
RAMEAUX III
RAMEAUX IV
RÉSURRECTION I
RÉSURRECTION II
RÉSURRECTION III
ROGATIONS
ASCENSION
PENTECOTE I
PENTECOTE II
JEAN-BAPTISTE I
JEAN-BAPTISTE II
JEAN-BAPTISTE III
JEAN-BAPTISTE IV
PIERRE ET PAUL I
PIERRE ET PAUL II
CANTIQUE III
ASSOMPTION I
ASSOMPTION II
ASSOMPTION III
ASSOMPTION IV
NATIVITÉ DE MARIE I
NATIVITÉ DE MARIE II
TOUSSAINT
CANTIQUE

TROISIÈME SERMON POUR L'ASSOMPTION DE LA B. V. MARIE.

1. « J'ai cherché le repos en toutes choses (Eccli. XXIV, 11). » Pour ceux qui sont fatigués, le repos est doux; ce jour de relâche et de loisir arrive donc d'une façon opportune et agréable. Pour vous, mes frères, qui êtes fatigués, que non-seulement vos corps se délassent en jour des travaux de la moisson, en célébrant le repos de la sainte mère de Dieu, mais encore, que nos cœurs respirent au souvenir et dans l'amour du repos éternel. Et là haut cependant, mes frères, vous moissonneurs aussi, vous récolterez le repos , après avoir semé le travail de la moisson ici-bas. Le fruit du travail présent, sera le repos à venir: repos du travail, récompense pour le travail, bien dont le souvenir même relève les hommes fidèles, dans les fatigues qu'ils éprouvent, c'est l'ombre pour ceux que la chaleur accable, la nourriture pour ceux qui sont affamés. Voici comment parlait une âme au souvenir de l'abondance et de la douceur de ce repos : « Je me suis assise à l'ombre de celui que j'avais désiré, et son fruit est doux à mon palais (Cant. II, 8). » O vous qui travaillez, ô vous qui supportez le poids de la chaleur et du jour! à l'ombre des ailes de Jésus vous trouverez le repos de vos âmes, de quoi fortifier votre courage, ainsi qu'il est écrit, de quoi vous abriter contre les ardeurs du soleil, l'ombrage au midi, en sorte que votre bouche redise du fond du cœur cette parole « Seigneur, Seigneur, vertu de mon salut, vous avez répandu l'ombre sur ma tête, au jour de la guerre (Psalm. CXXXIX, 3), » au jour de la chaleur et du travail, au jour du combat et de la tentation. En effet, lorsque la méditation du repos éternel protège de ses ombres la tête de ceux qui travaillent, non-seulement elle rafraîchit les âmes contre l'ardeur de la tentation, mais encore elle les répare pour qu'elles puissent recommencer leurs labeurs, selon ce qui est écrit de l'âne fort d'Issachar : « Il a vu que le repos était bon, et que la terre était excellente, et il a courbé les épaules pour recevoir (Gen. XLIX, 15)» C'est-à-dire, dans le désir qu'il avait de ce repos et de cet héritage, il s'est humilié de lui-même pour porter des charges pesantes. Et il peut dire, lui aussi : « J'ai cherché le repos en toutes choses et je me fixerai dans l'héritage du Seigneur. »

2. Heureux celui qui, dans toutes ses œuvres et dans toutes ses voies, cherche le repos bienheureux; se hâte sans relâche «d'y pénétrer (Hebr. IV, 11), » comme parle l'Apôtre, afflige son corps, sous l'influence de ce désir, prépare et dispose déjà son âme à le goûter, a, autant que cela dépend de lui, la paix avec tout le monde; préfère au fond de sa volonté le repos et le calme de Marie, et accepte, par la nécessité des choses, le travail et l’empressement de Marthe: dans cette vue, il accomplit toutes choses avec la plus grande paix et le plus grand calme d'esprit possible, se recueille toujours des objets nombreux qui ont distrait son attention, en cette seule chose qui est uniquement nécessaire. L'homme, animé de ces dispositions, se repose même lorsqu'il travaille, comme, au contraire, l'impie travaille toujours alors qu'il est en repos. Comment goûteraient, le repos, ces malheureux sur qui Dieu fait tourner la roue des maux, ceux à qui il a juré dans sa colère, qu'ils n'entreront jamais dans son calme et sa paix (Psalm. XLIX, 11) Hors de ces biens, il n'y a qu'affliction et misère, et une tempête violente éclate autour d'eux; c'est ainsi que, dans la nature, il arrive que le corps placé hors de la simplicité et de l'unité du point, est dans l'agitation et le mouvement, et qu'un cercle emporté par une impulsion très-rapide tourne d'autant plus vite qu'il est plus éloigné de l'immobilité de son principe, c'est-à-dire de son axe et de son centre. Certainement, « les impies marchent dans un cercle (Psalm. XI, 9), Dieu les place dans la roue des maux; aussi, ils ne peuvent entrer dans repos intérieur et éternel. Voilà pourquoi « le remords et le malheur se trouvent en toutes leurs voies, ils n'ont point connu le chemin de la paix (Psalm. XIII, 3) ; » parce qu'ils ne l'ont pas cherché de manière à être en état de dire : « En toutes choses, j'ai cherché le repos: » pensant ou soupirant, dans la multiplicité des actions qui les agitent ou par lesquelles ils troublent les autres, après l'unique bien nécessaire. » Voici plutôt le cri des justes qui peuvent dire : « J'ai demandé une chose au Seigneur, je l'obtiendrai (Psalm. XXVI, 4). » C'est la vue de votre visage que j'ai souhaitée, c'est cette vue que je rechercherai ; âmes d'élite qui ne travaillent que par amour pour ce repos, qui désirent vivement sentir la pourriture entrer dans leurs os, pour trouver le calme au jour de la tribulation, plutôt que de passer leurs jours dans l'abondance des biens et descendre en un clin d'œil dans l'enfer.

3. Si quelqu'un est curieux de savoir qui surtout a proféré cette parole : « j'ai cherché le repos en toutes choses, » c'est la Sagesse, c'est l'Église, c'est Marie, c'est l'âme de chaque juste. La Sagesse a cherché le repos en toutes les créatures et ne l'a trouvé que dans les hommes humbles. L'Église l'a cherché dans toutes les nations du monde et ne l'a rencontré que parmi celles qui étaient croyantes. Marie, comme toute âme fidèle, l'a recherché dans toutes ses actions, elle l'a enfin trouvé aujourd'hui, quand, après la persécution d'Hérode et la fuite en Égypte, après tant d'embûches et de mauvais procédés de l'impiété des Juifs, après tant de glaives cruels qui ont percé son cœur, il lui a été. enfin donné de dire en ce jour : « Mon âme, tourne-toi vers le lieu de ton repos, parce que le Seigneur t'a fait du bien (Psalm. CXIV, 7). » Celui qui m'a créée, celui qui a été formé de moi, s'est reposé dans la tente de mon corps, il ne pourra point me refuser le repos de son paradis. S'il comble, de son propre mouvement, les autres hommes de ses grâces, comment ne rendrait-il pas la pareille à sa Mère? Marchez, Marie, avancez-vous en assurance dans les biens de votre Fils, agissez avec confiance comme une reine, comme la mère et l'épouse du roi. Vous chercherez le repos, plus de gloire vous est due, vous aurez le royaume et la puissance. Il désire partager avec vous son autorité, celui qui dans une même chair et un même esprit a partagé sans division le mystère de la piété et de l'unité; lorsque, sauf l'honneur dû à sa nature, en redoublant le bienfait de sa grâce, sa, mère devint son épouse. Reposez-vous donc, ô heureuse créature, dans les bras de votre époux ! Il vous redira, si je ne me trompe, au milieu des embrassements et des baisers, avec quelles délices il se reposa sous la tente de votre corps, avec quel bonheur il s'est trouvé dans la retraite de votre cœur. Dieu n'est pas in juste, mes frères, il n'oublie pas les bonnes couvres, en lui reste toujours gravée la pensée d'un bienfait reçu. Heureux celui en qui Dieu a trouvé même une fois son repos, dans le tabernacle de qui il s'est arrêté même une heure.

4. Voici maintenant la Sagesse qui fait aussi entendre ce cri dans les places publiques : « J'ai cherché en toutes choses le repos. » J'ai frappé, personne ne m'a ouvert la porte; j'ai appelé, nul rie m'a répondu. Devenu homme, selon le Prophète « comme un homme errant et comme un voyageur qui arrive pour s'arrêter (Jerem. XIV, 8); » elle n'a pas où reposer sa tête, elle demeure dehors, la tête pleine de rosée et les boucles de ses cheveux couvertes des gouttes tombées durant la nuit. Qui, parmi nous, sera assez hospitalier, assez humain, pour se lever et lui ouvrir, pour la faire entrer dans son appartement, ou pour lui montrer une salle grande et bien disposée, où elle puisse manger la Pâque nouvelle avec ses disciples? Car je vous le dis, mes frères, si elle ne trouve point en nous, le repos qu'elle cherche, nous ne trouverons point en elle le repos que nous souhaitons. Le Seigneur a dit par la bouche du Prophète : « Voilà mon repos, délassez celui qui est fatigué, et c'est là le lien de mon rafraîchissement (Isa. XXVIII, 12). Heureux qui a l'intelligence touchant le pauvre et l'indigent; au jour mauvais (Psalm. XL, 1) » le Seigneur, par un juste retour, lui préparera le repos et le rafraîchissement. Si donc, Dieu regarde comme exercée à son égard la miséricorde pratiquée envers ses membres, combien plus se souviendra-t-il avec actions de grâces de ce que l'on fait pour son esprit. J'ai été étranger, dit-il, et vous m'avez accueilli. En effet, est-ce que la pauvreté de beaucoup de saints qui ne suffit pas à recueillir les mendiants, à nourrir les indigents, sera inhumaine et inhospitalière à l'égard du Seigneur qui, de préférence, va loger chez les pauvres? « En qui me reposerai-je,» dit-il, « sinon dans celui qui est humble et paisible, et qui craint mes paroles (Isa. LXVI, 2). » O humilité étroite pour toi-même, large pour la divinité; pauvre et insuffisante pour toi, et insuffisante à celui que l'univers ne peut contenir, allaitant délicieusement et avec abondance celui qui nourrit les anges. « En qui me reposerai-je, sinon en celui qui est humble? » J'ai cherché partout le repos, je l'ai trouvé en mon humble servante. Il ne s'en est point trouvé qui lui fût semblable en cette grâce dans cette vertu; aussi, dans la plénitude de son humilité, s'est reposée même corporellement toute la plénitude de la divinité. Elle s'est pourtant reposée bien autrement dans le Fils, car bien que la mère fût très-humble, le Fils est néanmoins plus humble encore. C'est pourquoi, non-seulement l'Esprit aux sept dons s'est reposé sur lui ; mais encore, a préparé en lui, pour tous ceux qui ont appris de lui à être doux et humbles, diverses demeures où ils trouveront le plus heureux repos; bien mieux, il a fait de lui toit entier comme un lit d'or pour y goûter le calme, la paix et le loisir. L'Apôtre qui a mérité de placer sa tête sur sa poitrine parut avoir pris un avant-goût du bienheureux repos que l'on prend sur ce lit sacré.

5. Mais nous ne voulons pas encore examiner combien pleines de raison et de convenance sont les paroles qui viennent ensuite : «Sur qui me reposerai-je, sinon sur celui qui est humble et paisible ? » En effet, comment se reposerait-on sur quelque chose d'agité, comment une colonne se tiendrait-elle immobile sur une base qui est instable et chancelante? Et qui peut être en repos, sinon celui qui est humble? Qui, sinon l'homme humble, peut se posséder lui-même, dans la paix d'un esprit calme et modeste ? Le vent renverse l'impie de la face de la terre, et il s'est emporté au souffle de toute doctrine (Psalm. C, 4). L'impie, dit le Prophète, « est comme une mer bouillonnante, qui ne peut se tenir en repos (Isa. LVII, 20). » Il bouillonne de colère, l'avarice l'échauffe, l'orgueil l'enfle, il s'agite lui-même par des luttes intestines et se trouble par des divisions intérieures. O mes frères, si vous voulez que l'ami et le distributeur du repos se repose en vous, attachez-vous donc, d'après le conseil de l'Apôtre, à être calmes (I Thessal. IV, 11). Comment cela se fera-t-il ? Le voici, répond-il. Faites l'œuvre dont vous êtes chargés et travaillez de vos mains. Le travail est la charge qui leste les navires, de même il donne le repos et la gravité aux esprits inquiets, et de plus il établit et règle l'état de l'homme extérieur. La femme vagabonde, impatiente de repos, qui, ne pouvant demeurer dans sa maison, est le commencement de grands maux, ainsi que vous l'avez lu, tend ses embûches, tantôt au dehors, tantôt à l'intérieur, tantôt au détour des rues. Ce n'est point sans raison que le maître des nations tient ainsi ce mal de l'inquiétude pour suspect, au point qu'il faut, à mon avis, le poursuivre, non-seulement par voie de réprimande, mais encore en recourant à la séparation. « nous vous en prions, me frères, » dit-il, « réprimandez ceux qui sont agités (I Thessal. V, 14). » Et, dans sa seconde épître aux mêmes Thessaloniciens, il faisait retentir comme du haut des cieux, semblables à un tonnerre, les paroles suivantes dirigées contre ceux qui ne se tiennent pas en repos : « Nous avons appris, » dit-il, « que certains parmi vous, marchent dans le trouble, ne font rien, et se livrent à la curiosité. Nous leur déclarons qu'ils aient à manger leur pain en travaillant en silence. Que si quelqu'un n'obéit pas à cette injonction notifiée par cette lettre, marquez-le, et n'ayez aucune relation avec lui, afin qu'il soit couvert de confusion (II Thessal. III, 11). »

6. Si par hasard (ce qu'à Dieu ne plaise), il se trouvait parmi vous un homme de ce genre, il sera bien plus convenable et bien plus beau, qu'il se confonde de son propre gré, avant d'être publiquement et si gravement marqué; en voyant qu'il est facile d'apercevoir sa faute bien qu'on fasse comme si on ne la voyait pas, et qu'il est digne de réprimande bien qu'on le tolère. Qu'il soit confus, mais d'une confusion qui le corrige et que la réprimande le réjouisse, et qu'il nous réjouisse, non-seulement nous, mais encore l'Esprit de Dieu, qui, en disant « J'ai cherché en toutes choses le repos, » ne le trouva que dans ceux qui sont calmes et à qui seuls aussi il accorde la paix. Aussi, par la bouche du Prophète, il rappelle et il calme ceux qui sont agités : « Si vous revenez, si vous vous reposez, vous serez sauvés (Isa. XXX, 15). » Appliquons-nous donc tous à être calmes, à nous livrer, dans notre quiétude, à la méditation du repos éternel, et que, dans le désir qu'il fera naître en nous, il nous trouve prêts à tout travail. Daigne la bienheureuse Mère de Dieu, dont nous célébrons le repos. nous obtenir cette faveur de celui qui s'est reposé dans le tabernacle de son corps et de son cœur. C'est lui qui est le repos éternel, Jésus-Christ, à qui est honneur et gloire dans tous les siècles des siècles. Amen.

Haut du document

Précédente Accueil Remonter Suivante