AVÈNEMENT III
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CANTIQUE III
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NATIVITÉ DE MARIE I
NATIVITÉ DE MARIE II
TOUSSAINT
CANTIQUE

TROISIÈME SERMON POUR L'AVÈNEMENT DU SEIGNEUR.

1. « Israel est prêt à aller à la rencontre du Seigneur, parce qu'il vient (Amos. IV, 4 2). » Et vous, mes frères, soyez prêts aussi, car le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous ne croyez point (Luc. XII, 40). Rien de plus assuré que le fait de son arrivée, rien de plus incertain que le moment où elle aura lieu. Il nous appartient si peu de savoir « les temps on les instants que le Père a mis en sa puissance (Act. 1, 7), » que cette connaissance a été refusée même aux anges qui se tiennent près de son trône. Il est donc très-certain que notre dernier jour arrivera. Ce que nous ignorons simplement c'est quand, où et d'où il nous arrivera : seulement, comme on l'a dit avant nous, pour les vieillards il se tient à la porte, pour les jeunes gens, il est en embuscade. Plût au ciel que ceux qui l'aperçoivent si près d'eux, ou même déjà entrée dans eux, se tinssent prêts! N'est-elle pas entrée en quelque façon, quand elle a saisi quelques parties de notre corps déjà desséchées? Et pourtant dans plusieurs qui sont déjà à moitié morts on voit vivre la concupiscence du monde : leurs membres sont glanés, et l'avarice les consume encore de ses feux : leur vie touche à son terme et l'ambition chez eux se prolonge. Quant à nous, à qui peut-être l'âge ou la santé paraît promettre une carrière plus longue, moins la mort se fait voir,plus, si nous, sommes sages, nous la devons redouter, de crainte que le jour où elle arrivera, comme un voleur de nuit, ne nous trouve distraits et mal disposés. Elle est en une embuscade et moins on peut la voir, ou parer ses coups, plus il faut la redouter. L'unique sécurité, c'est de n'être jamais en sécurité, en sorte que, toujours sous l'influence de la crainte, on soit prêt à chaque heure, jusqu'à ce que la sécurité succède à la frayeur, non la frayeur à la sécurité : « Je m'observerai, » dit le sage, « pour me préserver de mon iniquité, n puisque je ne puis me préserver de la mort (Psalm. XVII, 24) : Sachant « que si le juste est surpris par la mort, il sera dans le rafraîchissement (Sap. IV, 7) : » Bien plus, il triomphe dans la mort, celui dans la vie de qui l'iniquité ne domine pas. Qu'il est beau, mes frères, qu'il est heureux, non-seulement d'être en sûreté au moment de la mort, mais encore d'y remporter le triomphe et de repousser, dans la confiance de son cœur, la bête cruelle, dans les sentiments et dans les termes de saint Martin, si elle osait se présenter, et d'ouvrir avec joie au juge quand il frappera à la porte ! Mais alors, hélas ! vous verrez des hommes comme moi demander un délai sans l'obtenir; vouloir acheter par les gémissements de la pénitence l'huile de la conscience, sans en avoir le temps; vouloir se soustraire sans y réussir aux mireuses figures qui assiégeront leur couche, chercher à se cacher dans le corps loin de la colère qui tonne avec fracas et être contraints d'en sortir. L'âme sortira et le pécheur retournera à la terre d'où il a été tiré. En ce jour périront toutes les pensées des hommes. Je sais, à la vérité, qu'il est dans la condition de l'homme de se troubler au moment de ce passage, puisque les saints eux-mêmes voudraient, non point être dépouillés de leur corps, mais vêtus par-dessus leurs corps; et ceux qui ne sentent aucune faute à se reprocher, n'étant point justifiés pour cela, doivent redouter un jugement dont ils ignorent l'issue. Mais que mon âme se trouble par l'émotion résultant de sa nature, à cause du défaut de sainteté ou par crainte du jugement, il s'écrie « Pour vous, Seigneur vous vous souviendrez de votre miséricorde, vous enverrez votre miséricorde et votre vérité, et vous arracherez mon âme du milieu des lionceaux (Psal. LVI, 4). » Et si d'abord j'étais troublé, plus tard « je dormirai et me reposerai dans le même bien (Psal. IV, 9). » Le Seigneur a appelé la terre, et la terre a entendu sa voix avec frayeur. Quand il a parlé du haut du ciel, à ce bruit seul, l'univers s'est ému, puis s'est reposé après avoir été purifié par l'épouvante. Bien heureux ceux qui à présent brûlent au dedans de leur cœur toutes les souillures du péché, de manière à n'avoir plus alors qu'à être purifiés par la crainte toute seule. Pour moi, serviteur inutile et négligent, c'est bien, si je me sauve même en passant par le feu, si, après avoir vu consumer le bois, le foin et la paille que j'ai ramassés, je m'échappe à demi-brûlé moi-même. Et en comparaison du mal que je pourrais souffrir, je m'estimerai heureux d'éviter la damnation en passant par les flammes. Cependant il est indubitablement de beaucoup préférable de n'être finalement purifié que par la crainte mais le mieux et le plus heureux c'est de n'être pas même agité par la crainte.

2. Cest pourquoi, soyez prête, ô véritable Israël, à vous porter à la rencontre du Seigneur; non-seulement, pour lui ouvrir quand il arrivera et frappera à la porte, mais encore pour vous diriger vers lui avec joie et transport d'allégresse, lorsqu'il est encore éloigné; et comme si vous étiez plein de confiance au jour du jugement, appelez, avec un grand amour, l'arrivée de son règne. Si vous voulez vous trouver prêt alors, « avant le jugement, mettez-vous dans l'état de justice (Eccli. XVIII, 19),» selon le conseil du Sage; soyez prêt à accomplir toute espèce de bonnes œuvres, et aussi à supporter toute espèce de maux, afin que votre bouche chante sans être contredite par le cœur : «Mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt (Psalm. LVI, 8). » Prêt, avec le secours de votre grâce, à faire le bien ; prêt à souffrir le mal. Voilà comment il est prêt à l'une et à l'autre fortune, je vous « chanterai et célébrerai dans ma gloire, » c'est-à-dire je vous louerai et vous glorifierai pour l'une et pour l'autre. Et aussitôt le juste s'excite à tenir cette conduite : réveille-toi, » s'écrie-t-il , « mon psaltérion, réveille-toi, ma lyre (Ibid.), » c'est-à-dire, réveillez-vous mon cœur et ma chair, et tressaillez d'amour pour le Dieu vivant, mon cœur, pour produire des œuvres spéciales, ma chair pour endurer ses souffrances particulières. Le cœur qui goûte les biens d'en haut est le psaltérion qui retentit d'un lieu élevé; la chair qui souffre les maux qui sont en bas est la lyre qui parle dans ses cordes basses. De même, en un autre endroit, David offrant à Dieu des sentiments de dévotion, s'écrie : « Mon cœur est prêt à observer vos commandements (Psalm. CXXIII, 60) ; » et, tellement préparé, « je ne serai pas troublé, » quand même la tentation viendrait à éclater. et la persécution à se déchaîner. Quand mon rival me poursuivait; quand mon serviteur me maudissait, quand mon fils voulait m'arracher la vie (I Reg, XX, XVI, XVII et XVIII), je ne me suis pas troublé, je n'ai point cessé de suivre les règles de la perfection évangélique en rendant le bien pour le mal à ceux qui payaient par avance mes bienfaits de mauvais traitements, en m'inquiétant du salut de ceux qui me persécutaient, en étant attristé de leur mort, en supportant d'être couvert d'insultes par mon serviteur, et en ne voulant pas être vengé par mon ami. Voilà la perfection évangélique avant l'Évangile, la charité douce et bénigne, même envers les méchants qu'elle supporte. Comme ce saint roi s'était préparé, il se portait avec confiance à la rencontre du Seigneur : «J'ai couru sans iniquité, dit-il (Psalm. LVIII, 5), » et, autant qu'il a été en moi, « j'ai dirigé » ceux qui étaient hors de la véritable voie. De votre côté, « levez-vous pour venir à la rencontre » de celui qui va vers vous; je ne puis atteindre à votre hauteur, si, dans votre condescendance, vous ne tendez pas la main à l'ouvrage que vous avez formé. « Levez-vous pour venir à ma rencontre, et voyez si l'iniquité, se trouve en moi (Psalm. CXXXVIII, 24) : » Si vous y trouvez je ne sais quelle voie d'iniquité, éloignez-la de moi, ayez compassion de moi à cause de votre loi, et « conduisez-moi dans le chemin éternel, » c'est-à-dire en Jésus-Christ, qui est la route par où l'on marche et l'éternité où l'on parvient; voie immaculée, demeure bienheureuse.

3. Je crois cependant que si, avant d'entrer en cet heureux séjour, vous préparez au Seigneur une voie sans souillure, il daignera porter plus souvent ses pas dans cette route, il marquera devant vous les traces de ses pieds, et vous fera courir, le cœur dilaté d'aise, dans la voie de ses préceptes, dont vous aviez trouvé peut-être l'entrée étroite. « Car la sagesse, » ainsi qu'elle nous l'apprend elle-même , « marche dans les chemins de la justice : quiconque est continent la rencontrera, et elle se présentera à ses yeux, comme une mère entourée d'honneurs (Eccli. XV, 2). » Elle circule en cherchant une âme digne d'elle, et elle se montre à elle dans ses voies. Si vous vous plaignez de ne la rencontrer jamais ou presque jamais, voyez si vous n'avez point corrompu votre voie. Voici ce que vous lirez dans les Écritures : La folie de l'homme corrompt sa voie : mais Dieu parlera à son cœur. « C'est Dieu lui-même qui se tient à la porte et frappe : si quelqu'un lui ouvre, il partagera avec lui les délices de la table céleste. L'Epouse s'écrie : « C'est la voix de mon bien-aimé, ouvrez-moi, ma sœur mon épouse (Cant. V, 2). » Ouvrez-moi votre cœur et je le nourrirai. « J'ai ouvert ma bouche, » s'écrie David, « et j'ai attiré l'esprit en moi (Psalm. CXVII, 13). » Notre Seigneur Jésus-Christ est cet esprit qui se trouve devant notre face, t il faut non-seulement l'inviter, mais l'attirer avec une douce violence et, dans l'ardeur de l'amour, le forcer de recevoir l'hospitalité dans notre cœur, ainsi que, selon l'Évangile, le firent deux disciples qui doivent nous servir de modèle en cela (Luc. XXIV, 29). Si parfois le Seigneur feint d'aller plus loin , c'est uniquement pour éprouver la ferveur de votre charité, comme le pratiquèrent ces deux anges qui répondirent aux prières et aux instances de Loth par une sorte de dissimulation, et dirent : «Point du tout, nous resterons sur la place (Gen. XIX, 2). » Mais qu'est-ce que l'Écriture, ajoute? «Il les contraignit d'entrer en sa maison. » Douce violence qui ravit le royaume des cieux louable importunité, qui mérite d'héberger Jésus-Christ ou les anges. Mais pourquoi, me demandez-vous, Jésus-Christ feignit-il de continuer sa route ? Pourquoi ? sinon pour la raison que l'Ecclésiaste nous donne en parlant de lui-même. J'ai dit : « Je deviendrai sage et la sagesse s'est éloignée davantage de moi (Eccle. VII, 24) ? » C'est encore ce que l'Épouse exprime plus clairement, en se faisant l'écho de nos plaintes quotidiennes à l'endroit où elle dit : « Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé ; mais il avait disparu et était parti. Je l'ai cherché et ne l'ai point trouvé (Cant. V, 5) : » Je l'ai appelé et il ne m'a point répondu, de même qu'il resta sans rien dire à la chananéenne. Vous invoquerez l'esprit de sagesse,vous chercherez dans votre prière l'esprit de grâce : s'il vous parait se retirer davantage et aller plus loin, ne désespérez jamais; insistez avec plus de force, jusqu'à ce que l'on vous réponde : « Votre confiance est grande, qu'il vous soit fait comme vous l'avez demandé (Matth. XV, 28). »

4. En invitant Jésus-Christ, donnez vous bien de garde d'offrir au Dieu de majesté l'hospitalité dans une maison sordide et indigne, où une épouse acariâtre, la fumée oit la pluie vous empêchent d'habiter vous-même en paix. La demeure du divin maître n'est que dans la paix : la justice et jugement sont les seules préparations de son trône. Maintenant, dit-il, « ils me cherchent de jour en jour, et ils veulent savoir mes voies, comme une nation qui a pratiqué la justice et n'a point abandonné la loi de son Dieu (Isa. LVIII, 2).» « La justice et le jugement, » chante le Psalmiste « sont la préparation de son siège. (Psalm. LXXXVIII, 15). » Ne dites pas qu'il est trop coûteux, trop au dessus des ressources de votre pauvreté, de préparer une demeure à un hôte si magnifique et si puissant : vous en avez en main la facilité. Je tiens un langage humain à cause de la faiblesse de votre chair, ou plutôt à cause du peu de largeur de votre âme. Ayez une parfaite contrition du passé et la bonne volonté pour l'avenir; car « la paix est pour les hommes de bonne volonté : » et, par ce jugement et cette justice, vous aurez préparé un séjour au Très-Haut. En ce qui concerne la confession, voulez-vous entendre en des termes pleins de clarté, qu'on doit y recourir pour préparer l'avènement du Seigneur ? « Le juste, » dit l'Écriture, « au début du discours, est le premier à s'accuser. (Prov. XVIII, 17 ). » Que lisons-nous ensuite « Son ami est venu, » le même qui, avant la confession, se tenait loin comme un ennemi. Aussitôt que le coupable a dit : Je confesserai contre moi mon injustice au Seigneur, Dieu la lui a remise. «Il est venu, » dis-je, et il « l'examinera. » Comme un remède énergique, il parcourra tous les recoins de son être, sondera le cœur et les reins, pénétrera jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, retirera de la moelle des os et des entrailles de l'esprit, tous les principes nuisibles, et purifiera le cœur pour qu'il produise des fruits en plus grande abondance : ce premier point de la confession, réjouit déjà le Père céleste, le divin agriculteur. Ce maître adorable, qui est toujours présent après la confession et avant qu'on l'invoque, attend quelquefois que vous l'invitiez le premier : et, souvent, afin d'augmenter votre mérite, il reste sourd plus longtemps; il veut par là qu'en psalmodiant avec plus d'attention, en priant avec plus d'instance, vous lui fassiez une douce violence et le forciez à entrer. Autrement le prophète se plaindra « que les cités du midi soient fermées et que nul n'y entre (Jerem. XLII, 19). » Lors donc que vous pourrez dire : « Mon cœur est prêt, ô Dieu, » parce qu'il est vidé de tout mal i «mon cœur est prêt, » parce qu'il est rempli de saints dé sirs : faites alors ce qui est dit ensuite : « Je chanterai et ferai retentir un psaume (Psalm. LVI, 8). » Et, quel que soit le son de voix de celui qui chante ou psalmodie, que votre pensée soit celle-ci : levez-vous, ma gloire, levez-vous pour aller à ma rencontre, parce que, autant que cela m'a été possible, j'ai marché vers vous. O bon Jésus, avec quelle joie et quelle promptitude, avec quel empressement et quel transport de bonheur, vous accourez vers une âme si dévote que vous lui apparaissez joyeux dans ces chemins : « Vous vous êtes présenté, » s'écrie Isaïe, « à celui qui se réjouit et qui pratique la justice : dans leurs voies ils se souviendront de vous (Isa. LXIV, 5). » Si vous psalmodiez avec sagesse, il viendra par une voie sans souillure, celui qui éclairera vos ténèbres, et vous, qui ignorez les mystères des écritures, vous direz : « Je chanterai et je comprendrai dans la route sans tache, lorsqu'il viendra à moi (Psalm. C, 2). » « Réveillez, Seigneur, votre puissance, » qu'elle excite notre pensée et nous fasse aller au devant de vous : « et venez pour nous sauver (Psalm. LXXIX, 2), » Sauveur du monde, vous qui vivez et régnez dans tous les siècles des siècles. Amen.

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