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CENT NEUVIÈME TRAITÉ.

SUR CES PAROLES : « OR, JE NE PRIE PAS SEULEMENT POUR CEUX-LA, MAIS AUSSI POUR CEUX QUI PAR LEUR PAROLE CROIRONT EN MOI ». (Chap. XVII, 20.)

 

JÉSUS PRIE POUR TOUS LES CROYANTS.

 

Le Sauveur prie pour tous ceux qui doivent croire en lui, en acceptant la foi qu'il est venu apporter au monde, et que ses Apôtres doivent prêcher.

 

1. A l'approche de sa passion, le Seigneur Jésus avait prié pour ses disciples, pour ceux qu'il avait nommés ses Apôtres; il avait fait avec eux la dernière cène, et le traître Judas, désigné par le morceau de pain, était sorti avant qu'il priât pour eux; le Sauveur s'entretint alors avec eux de beaucoup de choses, puis il en vint à ceux qui devaient croire en lui, et il dit à son Père : « Or, je ne prie pas « seulement pour ceux-là u, c'est-à-dire pour les disciples qui étaient alors avec lui, « mais « pour ceux », ajouta-t-il, « qui par leur (106) parole croiront en moi ». Par là il voulait désigner tous les siens, c'est-à-dire, non-seulement ceux qui vivaient alors, mais ceux qui devaient exister plus tard. En effet, tous ceux qui, dans la suite, ont cru en lui, y ont évidemment cru sur la parole des Apôtres; et c'est sur la même parole qu'ils y croiront, jusqu'à ce qu'il vienne; il leur avait dit en effet : « Et vous me rendrez témoignage, parce que depuis le commencement vous êtes avec moi (1) ». C'est par eux que l'Évangile a été apporté aux hommes, même avant d'être écrit; et, certes, quiconque croit en Jésus-Christ, croit à l'Évangile. Donc, par ceux qu'il annonce comme devant croire en lui par la parole des Apôtres, il ne faut pas entendre seulement ceux qui ont entendu les Apôtres pendant qu'ils vivaient encore sur la terre; mais ceux qui ont vécu après leur mort, et nous-mêmes qui sommes nés longtemps après, car c'est par leur parole que nous avons cru en Jésus-Christ. Ceux qui étaient alors avec lui ont prêché aux autres la doctrine qu'ils avaient recueillie de sa propre bouche; leur parole, qui devait nous faire croire, est ainsi parvenue jusqu'à nous et partout où se trouve son Eglise, et elle parviendra de même à ceux qui nous suivront et croiront en lui, n'importe qui ils soient et où ils se trouvent.

2. Si nous n'examinions avec soin les paroles prononcées par Notre-Seigneur dans le cours de cette prière, il pourrait sembler qu'il exclut de cette prière quelques-uns des siens. En effet, comme nous l'avons démontré , il a prié d'abord pour ceux qui étaient alors avec lui, et ensuite pour ceux qui devaient croire en lui par la parole de ses Apôtres; mais on pourrait dire qu'il ne pria point pour ceux qui n'étaient pas avec lui quand il prononçait ces paroles, et ne devaient pas croire en lui par la parole des Apôtres, mais qui avaient déjà cru en lui, soit par l'intermédiaire des Apôtres, soit par quelque autre moyen. En effet, Nathanaël était-il alors avec lui? était-il avec lui, ce Joseph d'Arimathie qui réclama son corps à Pilate et que notre évangéliste Jean dit lui-même avoir été déjà au nombre de ses disciples (2) ? Étaient-elles avec lui, Marie, sa Mère, et les autres femmes qui, comme nous le lisons dans l'Évangile, étaient déjà ses disciples ? Étaient-ils avec lui,

 

1 Jean, XV, 27. — 2. Id. XIX, 38.

 

ceux dont le même évangéliste Jean nous dit: « Beaucoup crurent en lui (1) ? » D'où était donc cette multitude qui, des rameaux à la main, le précédait et le suivait lorsqu'il s'avançait assis sur un âne, et criaient : « Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ? » D'où étaient ces enfants au sujet desquels, suivant lui, a été faite cette prédiction : « De la bouche des enfants et de ceux qui sont encore à la mamelle, vous avez parfait ma louange (2)? » D'où étaient ces cinq cents frères auxquels il ne se fût pas montré après sa résurrection (3), si déjà ils n'avaient cru en lui ? D'où étaient ces cent neuf disciples qui, réunis aux onze Apôtres, formaient cette assemblée de cent vingt, qui après son ascension attendirent et reçurent le Saint-Esprit qu'il leur avait promis (4) ». D'où étaient-ils tous ? Du nombre de ceux dont il a été dit : « Beaucoup crurent en lui ». Le Sauveur ne pria donc pas alors pour eux, puisqu'il pria pour ceux qui étaient avec lui et pour les autres qui par la parole des Apôtres devaient croire, mais n'avaient pas encore cru en lui. Or, tous ceux dont nous parlons n'étaient pas alors avec lui, et déjà auparavant ils avaient cru en lui. J'omets de parler du vieillard Siméon, qui crut en lui lorsqu'il n'était encore qu'un petit enfant; d'Anne la Prophétesse (5), de Zacharie et d'Élisabeth, qui l'annoncèrent avant qu'il naquit d'une Vierge (6); de leur fils Jean, son Précurseur, l'ami de l'Époux qui le reconnut dans le Saint-Esprit, le prêcha absent, et quand il fut présent, le fit reconnaître aux autres en le leur montrant (7). Je les passe sous silence, parce qu'on pourrait me répondre qu'il n'avait pas à prier pour eux, vu qu'ils étaient morts; qu'ils étaient sortis de cette vie avec des mérites si grands et que, reçus dans l'autre vie, ils y reposaient. On pourrait faire la même réponse pour les justes de l'ancienne loi. Car lequel d'entre eux aurait pu échapper à la damnation de tout le genre humain, opérée par un seul homme, s'il n'avait cru, par la révélation de l'Esprit-Saint, au seul Médiateur de Dieu et des hommes qui devait venir dans la chair? Mais Jésus a-t-il dû prier pour les Apôtres et ne pas le faire pour tous ceux en grand nombre qui, encore vivants, n'étaient pas alors avec

 

1. Jean, II, 23 ; IV, 39 ; VII, 31 ; VIII, 30 ; X, 42. — 2. Matth, XXI, 7, 16 ; Ps. VIII, 3. — 3. I Cor. XV, 6. — 4. Act. I. 15; II, 4. — 5. Luc, II, 25-38. — 6. Id. I, 41-45, 67-79. — 7. Jean, I, 19-36; III, 26-36.

 

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lui et avaient néanmoins déjà cru en lui? Qui oserait le dire?

3. Il nous faut donc comprendre qu'ils ne croyaient pas encore en lui comme il voulait qu'on y crût; et en effet, Pierre lui-même, auquel Notre-Seigneur avait rendu un si grand témoignage après cette confession : « Vous êtes le Christ Fils du Dieu vivant », Pierre était plus disposé à croire qu'il ne mourrait pas, qu'à croire qu'il ressusciterait après sa mort. C'est pourquoi peu après Notre-Seigneur l'appela Satan (1). Ceux qui étaient déjà morts, mais qui, par la révélation du Saint-Esprit , n'avaient nullement clouté de la résurrection du Christ, étaient donc plus fidèles que ceux qui, après avoir cru qu'il rachèterait Israël, perdirent toute confiance en lui quand il fut mort. Aussi il me paraît plus raisonnable d'admettre ceci : Après sa résurrection, Notre-Seigneur ayant donné le Saint-Esprit à ses Apôtres pour les instruire, les confirmer et les établir docteurs dans l'Église, les autres ont, par le moyen de leur parole, cru comme il fallait croire en Jésus-Christ, c'est-à-dire qu'ils ont cru à sa résurrection. Et, par là, ceux qui semblaient avoir déjà cru en lui étaient réellement au nombre de ceux pour lesquels il pria en disant : « Je ne prie pas seulement pour ceux-là », mais « je prie aussi pour ceux qui, par leur parole, croiront en moi ».

Pour éclaircir encore plus cette question, il nous reste à répondre à l'objection qu'on pourrait tirer du bienheureux apôtre Paul et du larron égaré dans les voies du crime, qui devint fidèle seulement sur la croix. En effet, l'apôtre Paul nous dit qu'il a été fait apôtre non par les hommes, ni par un homme,mais par Jésus-Christ même. Et, parlant de son Evangile, il dit : « Et je ne l'ai reçu ni appris d'aucun homme, mais par la révélation que m'en a faite Jésus-Christ (2) ». Comment donc se trouvait-il au nombre de ceux dont il est dit : « Par leur parole ils croiront en moi ? » Le larron eut la foi au moment même où, quelle qu'elle fût, elle vint à manquer dans les docteurs eux-mêmes. Ainsi ce n'est point par leur parole qu'il crut en Jésus-Christ, et cependant sa foi fut telle qu'il confessa non-seulement la résurrection future, mais même le règne à venir de Celui qu'il voyait attaché

 

1. Matth. XVI, 16, 23. — 2. Galat. I, 1, 12.

 

à la croix. « Souvenez-vous de moi, lorsque « vous serez arrivé dans votre royaume (1) ».

5. Si nous devons croire que dans cette prière le Seigneur Jésus s'occupa de tous les siens alors existants ou destinés à se trouver plus tard dans cette vie qui est une « tentation sur la terre (2) », il nous reste à entendre ces mots : « Par leur parole », de la parole même de la foi qu'ils ont prêchée dans le monde. Cette parole a été appelée leur parole, parce qu'ils en ont été les premiers et les principaux prédicateurs. Ils le prêchaient déjà sur la terre lorsque, par une révélation de Jésus-Christ, Paul reçut leur parole. C'est pourquoi il annonça l'Évangile, conjointement avec eux, dans la crainte d'avoir couru ou de courir en vain, et ils lui donnèrent les mains, parce qu'en lui ils trouvèrent leur parole, quoiqu'ils ne la lui eussent pas confiée eux-mêmes; car c'était celle qu'ils prêchaient ; c'était sur elle qu'ils étaient établis (3). Au sujet de cette parole de la résurrection de Jésus-Christ, le même apôtre Paul nous dit : « Que ce soit moi, que ce soit eux, c'est ainsi que nous prêchons et c'est ainsi que vous avez cru (4) » ; et encore : « Telle est la parole de la foi que nous prêchons : Si vous confessez de bouche que Jésus est le Seigneur, et si vous croyez de coeur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, vous serez sauvé (5) ». Dans les Actes des Apôtres, nous lisons qu'en Jésus-Christ Dieu a donné la foi à tous, en le ressuscitant d'entre les morts (6). Parce que cette parole de la foi a été premièrement et principalement prêchée par les Apôtres qui y avaient adhéré, elle a été appelée leur parole. Elle ne cesse pas d'être la parole de Dieu pour être appelée la parole des Apôtres, puisque le même Apôtre nous dit que les Thessaloniciens l'ont reçue de lui, « non comme la parole des hommes, mais comme elle est réellement, pour la parole de Dieu (7) ». C'est la parole de Dieu, parce que c'est Dieu qui l'a donnée; c'est la parole des Apôtres, parce que c'est aux Apôtres que Dieu a premièrement et principalement confié la mission de la  prêcher. Et ainsi, le larron lui-même avait dans sa foi la parole des Apôtres; en effet, elle s'appelait leur parole parce que leur office principal et premier était de la prêcher. Enfin, lorsque parmi les veuves des

 

1. Luc, XXIII, 42. — 2. Job, VII, 1. — 3. Galat. II, 2, 9. — 4. I Cor. XV, 11. — 5. Rom. X, 8, 9. — 6. Act. XVII, 31. — 7. I Thess. II, 13.

 

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Grecs il s'éleva des murmures à propos du service des tables, Paul n'avait pas encore cru en Jésus-Christ; mais les Apôtres,qui s'étaient attachés dès le commencement au Seigneur, répondirent: « Il n'est pas bon que nous abandonnions la parole de Dieu pour le service des tables (1) ». Alors ils s'occupèrent d'ordonner des diacres pour n'être pas eux-mêmes détournés du devoir de prêcher la parole. C'est donc avec raison qu'on a appelé leur parole cette parole de la foi par laquelle tous ont cru en Jésus-Christ ou croiront en lui, n'importe d'où elle soit venue ou d'où elle vienne. Donc, dans sa prière, notre Rédempteur s'est occupé de tous ceux qu'il a rachetés, soit qu'ils fussent alors vivants dans leur chair, soit qu'ils ne dussent le devenir que plus tard. Car, en priant pour les Apôtres qui étaient alors avec lui, il y a joint ceux qui, par leur parole, devaient croire en lui. Mais ce que Notre-Seigneur dit ensuite mérite d'être traité à part dans un autre discours.

 

1. Act. VI, 1-4.

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