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CENT DOUXIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CES PAROLES : « JÉSUS AYANT DIT CES CHOSES, SORTIT AVEC SES DISCIPLES », JUSQU'A CES AUTRES : « ILS SAISIRENT JÉSUS ET LE LIÈRENT ». (Chap. XVIII, 1-12.)

JÉSUS AU JARDIN DES OLIVES.

 

Arrivé au jardin des Olives, le Sauveur y est bientôt suivi par les Juifs et Judas. D'un mot, il les renverse et guérit Malchus que Pierre a blessé. Avant sa guérison, Malchus était la figure de la servitude, et après, celle de la liberté, comme sa blessure était l'emblème du renouvellement de l'intelligence.

 

1. A la suite du beau et long discours qu'après la cène et avant de répandre son sang le Sauveur adressa à ceux de ses disciples qui étaient avec lui, à la suite de la prière qu'il adressa à son Père, l'évangéliste Jean commence en ces termes le récit de sa passion : « Jésus ayant dit ces choses sortit avec ses disciples au-delà du torrent de Cédron, où était un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples. Or, Judas, qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu-là, parce que Jésus y était souvent venu avec ses disciples ». L'Evangéliste raconte que Notre-Seigneur entra dans le jardin avec ses disciples ; mais cela n'arriva pas aussitôt après la prière dont il est écrit : « Jésus ayant dit ces choses ». Dans l'intervalle eurent lieu quelques événements que notre Evangéliste a passés sous silence et qui se lisent dans les autres évangiles. De même aussi nous trouvons dans celui de Jean le récit de beaucoup d'événements dont les autres évangélistes ne parlent pas. Pour ceux qui voudraient savoir comment ils s'accordent entre eux et comment la vérité émise par l'un n'est pas combattue par l'autre, ils l'apprendront, non pas dans ces discours, mais dans d'autres traités d'un pénible travail que j'ai composés sur ce sujet ; qu'ils les étudient non debout et en écoutant, mais assis et en les lisant ou bien en prêtant une oreille et un esprit très-attentifs à celui qu'ils chargeront de les lire. Néanmoins, soit qu'ils puissent en cette vie arriver à cette science, soit qu'ils en soient empêchés par quelque obstacle, ils doivent croire dès à présent qu'il n'y a dans aucun évangile, dans ceux du moins que D'autorité de l'Eglise reçoit comme canoniques, rien de contraire à 'ce qui se trouve dans les autres; car ils sont tous doués de la même véracité. Pour le moment, voyons, sans le comparer à celui des autres, le récit de Jean que nous avons entrepris d'expliquer ; nous passerons brièvement sur les choses qui sont claires, et, quand le sujet le demandera, nous pourrons nous arrêter plus longtemps. Et maintenant, quoiqu'il soit dit : « Jésus ayant « dit ces choses sortit avec ses disciples au-delà du torrent de Cédron, où était un jardin dans lequel il entra lui et ses disciples », il ne faut pas entendre ce passage en ce sens (118) qu'aussitôt après avoir fini de parler, Notre-Seigneur entra dans le jardin. Mais ces paroles : « Jésus ayant dit ces choses », doivent seulement nous faire comprendre qu'il n'entra pas dans le jardin avant d'avoir fini son discours.

2. « Or, Judas qui le trahissait connaissait ce lieu ». L'ordre des mots est celui-ci : « Il connaissait ce lieu, lui qui le trahissait, parce que », ajoute l'Évangéliste, « Jésus y était venu souvent avec ses disciples ». C'est donc là que ce loup, couvert d'une peau de brebis et supporté au milieu des brebis par un dessein profond du Père de famille, savait pouvoir disperser pour un peu de temps le troupeau, en dressant des embûches au Pasteur. « Judas, ayant accepté une cohorte et des serviteurs envoyés par les princes et les Pharisiens, vint en ce lieu avec des lanternes, et des torches, et des armes ». La cohorte était composée, non de juifs, mais de soldats. Elle était envoyée par le gouverneur, comme pour s'emparer d'un coupable ; par là, ils respectaient l'ordre des pouvoirs légitimes afin que personne n'osât leur résister, quand ils le tiendraient. D'ailleurs, ils avaient rassemblé une si grande troupe et l'avaient armée de telle sorte, qu'elle devait suffire à effrayer ou à disperser ceux qui auraient osé défendre Jésus-Christ. Sa puissance était tellement cachée, et sa faiblesse était si visible, que toutes ces précautions parurent aux yeux de ses ennemis nécessaires à employer contre lui ; car ils ignoraient qu'ils ne pouvaient lui faire que ce qu'il voulait lui-même. Car il était bon, et il faisait un bon usage du mal, et il tirait le bien du mal pour rendre bons les méchants et séparer les bons d'avec les autres.

3. « Or », continue l'Évangéliste, « Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, s'avança et leur dit . Qui cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Jésus de Nazareth. Jésus leur dit: C'est moi, et Judas qui le trahissait était debout au milieu d'eux. Aussitôt donc que Jésus leur eut dit : C'est moi, ils s'en allèrent à la renverse et tombèrent par terre ». Où est donc maintenant la cohorte de soldats? où sont les serviteurs des prêtres et des Pharisiens ? où est cette terreur et ce grand déploiement d'armes ? Une seule parole : « C'est moi », a suffi, sans le secours d'aucune arme, pour frapper, repousser et renverser une foule si nombreuse, transportée de haine et rendue redoutable par ses armes. Le Dieu se dérobait sous le voile de l'humanité, et le jour éternel se trouvait tellement éclipsé sous les membres humains, que les ténèbres le cherchaient avec des lanternes et des torches pour le tuer. Il dit: « C'est moi », et il renverse ces impies. Que fera-t-il quand il viendra pour juger, puisqu'il fait de telles choses au moment où il va être jugé ? Quelle sera sa puissance quand il régnera, s'il peut ainsi agir quand il va tomber sous les coups de la mort? Et maintenant, par le moyen de l'Évangile, Jésus-Christ dit partout : « C'est « moi a, et les Juifs attendent l'antéchrist, pour retourner en arrière et tomber à terre ; car ils abandonnent les choses célestes et n'aiment que les choses terrestres. Certes, les persécuteurs sont. venus avec Celui qui le trahissait,  pour saisir Jésus ; ils ont trouvé Celui qu'ils cherchaient, ils ont entendu : « C'est moi ». Pourquoi ne l'ont-ils pas saisi? Pourquoi, au contraire, se sont-ils en allés à la renverse et sont-ils tombés ? parce qu'ainsi l'a voulu Celui qui peut tout ce qu'il veut. Mais s'il ne leur permettait jamais de le saisir, ils ne lui feraient pas ce pour quoi il sont venus, et il ne ferait pas lui-même ce pour quoi il est descendu sur la terre. Dans leur fureur, ils le cherchaient pour le mettre à mort; mais il nous cherchait lui-même en mourant. C'est pourquoi il leur a montré son pouvoir et l'impuissance où ils étaient de le saisir, bien qu'ils le voulussent ; qu'ils le prennent maintenant, afin qu'il le fasse servir, à leur insu, à l'accomplissement de sa volonté.

4. « Il leur demanda donc de nouveau: Qui cherchez-vous ? ils lui dirent : Jésus de Nazareth. Jésus leur répondit : Je vous ai dit que c'est moi. Si donc c'est moi que vous  cherchez, laissez aller ceux-ci. C'était afin que fût accomplie la parole qu'il avait dite: Ceux que vous m'avez donnés, je n'en ai perdu aucun. Si c'est moi que vous cherchez », dit Notre-Seigneur , « laissez aller ceux-ci ». Il parle à des ennemis, et cependant ils font ce qu'il ordonne, ils laissent aller ceux qu'il ne veut pas voir périr. Mais ne devaient-ils pas mourir dans la suite ? Pourquoi donc, s'ils mouraient maintenant, les perdrait-il ? parce qu'ils ne croyaient pas encore en lui de la manière dont croient tous ceux qui ne périssent pas.

 

119

 

5. « Or, Simon Pierre ayant un glaive, le tira et frappa un serviteur du prince des prêtres, et lui coupa l'oreille droite. Or, le nom de ce serviteur était Malchus ». Seul notre Evangéliste a fait connaître le nom de ce serviteur : comme aussi Luc a été seul pour dire que Notre-Seigneur toucha son oreille et la guérit (1). Or, Malchus signifie qui doit régner. Que signifie donc cette oreille coupée pour le Seigneur et guérie par lui, sinon le renouvellement de l'intelligence qui se dépouille de ses anciens errements, afin de se trouver dans la nouveauté de l'esprit, et non plus dans l'ancienneté de la lettre (2)? Celui qui a reçu de Jésus-Christ un tel bienfait ne doit-il pas évidemment régner avec Jésus-Christ ? Malchus a été un esclave, et par conséquent il symbolise cet Ancien Testament qui engendre pour la servitude, et dont la figure est Agar (3). Mais quand est advenue la santé, alors a été figurée la liberté. Notre-Seigneur blâma l'action de Pierre et lui défendit de passer outre : « Remets ton glaive dans le fourreau ; le calice que le Père m'a donné, ne le boirai-je pas ? » Par son action, ce disciple ne voulait que défendre son Maître, il ne songeait nullement à ce que signifiait sa conduite. C'est pourquoi il a fallu que le Sauveur l'exhortât à la patience, et que cela fût écrit pour être compris de nous. Notre-Seigneur dit que c'est le

 

1. Luc, XXII, 51. — 2. Rom. VII, 6. — 3. Galat. IV, 24.

 

Père qui lui a donné le calice de sa passion ; assurément, c'est aussi ce que veut dire l'Apôtre par ces mots : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Lui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais l'a livré pour nous tous (1) ». Cependant, Celui qui a bu ce calice, l'a aussi préparé. Aussi le même Apôtre nous dit-il : « Jésus-Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous, en s'offrant à Dieu comme une victime d'agréable odeur (2)».

6. « La cohorte, et le tribun, et les satellites des Juifs, saisirent Jésus et le lièrent ». Ils se saisirent de Celui dont ils n'approchèrent même pas. Car il est le jour, et ils restèrent ténèbres, et ils n'entendirent pas cette parole : « Approchez-vous de lui et soyez éclairés (2) ». S'ils s'en étaient approchée de la sorte, ils l'auraient saisi non avec leurs mains pour le mettre à mort, mais avec leur coeur pour le recevoir. Hélas ! en le saisissant comme ils le faisaient, ils s'en éloignèrent davantage. Et ils lièrent Celui par qui ils auraient dû plutôt vouloir être déliés. Et peut-être y en eut-il parmi eux pour le charger alors de leurs chaînes, et qui, délivrés par lui dans la suite, s'écrièrent : « Vous avez brisé mes liens (3) ». C'est assez pour aujourd'hui ; si Dieu le permet, nous traiterons ce qui suit dans un autre discours.

 

1. Rom. VIII, 31, 32. — 2. Ephés. V, 2. — 3. Ps. XXXIII, 6. — 4. Id. CXV, 16.

 

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