TRAITÉ LXXXI
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QUATRE-VINGT-UNIÈME TRAITÉ

DEPUIS CES PAROLES : « DEMEUREZ EN MOI, ET MOI EN VOUS », JUSQU'A CES AUTRES : « TOUT CE QUE VOUS VOUDREZ, VOUS LE DEMANDEREZ ET IL VOUS SERA ACCORDÉ ».(Ch. XV, 4-7.)

LA VIGNE ET LES BRANCHES.

 

De même que les branches de la vigne ne peuvent avoir de sève et porter de fruit qu'autant qu'elles adhèrent au cep, de même nous ne pouvons rien faire dans l'ordre du salut sans l'union avec Jésus-Christ ; mais, dès lors que nous sommes unis à lui par la grâce et la fidélité à ses commandements, nous pouvons demander tout ce qui est vraiment utile à notre âme, et nous l'obtiendrons.

 

1. Jésus dit qu'il est la vigne, ses disciples les branches, et son Père le vigneron ; nous l'avons déjà expliqué de notre mieux. Dans la leçon d'aujourd'hui, il continue à dire qu'il est la vigne, et que ses disciples sont les branches ; voici ses paroles: « Demeurez en moi, et moi en vous ». Ils ne sont pas en lui de la même manière qu'il est lui-même en eux. Mais ces deux sortes de demeure sont utiles, non pas à lui, mais à eux. Les branches, en effet, sont dans la vigne de telle manière qu'elles ne lui donnent pas, mais qu'elles en reçoivent la sève qui les fait vivre ; et la vigne est dans les branches, de telle sorte qu'elle leur fournit l'aliment dont elles vivent, sans le recevoir d'elles. De la même manière, Jésus-Christ demeure en ses disciples, et eux demeurent en lui : c'est pour eux un avantage, et non pour lui. Qu'une branche, en effet, soit séparée d'une racine vivante, il peut en pousser une autre ; mais la branche coupée ne peut vivre sans la racine.

2. Enfin il ajoute ces paroles : « De même que la branche ne peut porter de fruit par elle-même, si elle ne demeure unie à la vigne ; ainsi en sera-t-il de vous, si vous ne restez pas en moi ». Grande recommandation de la grâce, mes frères,qui instruit le coeur des humbles et ferme la bouche des superbes. Voilà ce à quoi doivent répondre, s'ils l'osent, ceux qui, ignorant la justice de Dieu et voulant établir leur propre justice, ne sont pas soumis à celle de Dieu (1).Voilà ce à quoi doivent répondre ceux qui se plaisent à eux-mêmes et qui pensent pouvoir faire le bien sans le secours de Dieu. Ne résistent-ils

 

1. Rom, X, 3.

 

pas à une pareille vérité, ces hommes à l'esprit corrompu, réprouvés dans leur foi (1), qui parlent et réprouvent d'après leur iniquité, et qui disent : C'est Dieu qui a fait de nous des hommes; mais c'est à nous-mêmes que nous devons d'être justes? Que dites-vous, vous qui vous trompez vous-mêmes ? vous n'affirmez pas le libre arbitre, mais vous le précipitez du faîte où veut l'élever votre vaine présomption, jusqu'au fond de l'abîme. Votre parole est que l'homme fait le bien par lui-même : voilà la montagne au sommet de laquelle vous porte votre orgueil. Mais la vérité vous contredit en ces termes : « La branche ne peut porter de fruit par elle-même, si elle ne demeure unie à la vigne ». Allez maintenant par vos sentiers raboteux, et, sans vous laisser arrêter par rien, laissez-vous emporter par votre vain bavardage. Voilà le vide de votre présomption. Mais voyez ce qui vous attend, et s'il vous reste encore un peu de sens, vous en serez saisis d'horreur. Celui qui pense porter du fruit de lui-même, n'est pas uni à la vigne. Celui qui n'est pas uni à la vigne, n'est pas uni à Jésus-Christ ; celui qui n'est pas uni à Jésus-Christ n'est pas chrétien. Voilà la profondeur de l'abîme où vous tombez.

3. Mais considérez encore ce que la vérité ajoute ensuite : « Je suis la vigne, vous êtes les branches. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits, parce que sans moi vous ne pouvez rien faire ». Il veut nous empêcher de croire que, d'elle-même, la branche peut au moins porter quelque petit fruit ; aussi, après avoir dit

 

1 II Tim. III, 8.

 

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« Celui-là porte beaucoup de fruit », il n'ajoute pas: sans moi vous ne pouvez faire que peu de chose, mais il dit : « Vous ne pouvez rien faire». Donc on ne peut faire ni peu ni beaucoup sans celui sans lequel on ne peut rien faire. Bien que la branche n'ait porté que peu de fruit, le vigneron l'émonde afin qu'elle en porte davantage ; mais si elle ne demeure pas unie à la vigne, et si elle ne tire pas sa vie de la racine, elle ne pourra jamais porter de fruit, si petit qu'il soit. Jésus-Christ n'eût pu être la vigne, s'il n'eût été homme; et, cependant, il ne pourrait communiquer la grâce aux branches, s'il n'était aussi Dieu ; sans cette grâce on ne peut donc vivre, mais la mort reste néanmoins au pouvoir du libre arbitre. Aussi le Christ dit-il : « Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme une branche coupée ; et il séchera, et on le ramassera, et on le jettera au feu, et il sera brûlé ». Les branches de la vigne sont d'autant plus méprisables, si elles ne restent pas unies à la vigne, qu'elles sont plus glorieuses si elles y restent. Enfin, ainsi que le Seigneur le dit en parlant d'elles par le prophète Ezéchiel, lorsqu'elles sont coupées, elles ne sont d'aucune utilité pour l'usage du vigneron; elles ne peuvent être employées par le charpentier (1). Il n'y a que deux choses qui conviennent à ces branches : ou la vigne ou le feu; si elles sont unies à la vigne, elles ne seront pas jetées au feu; afin de n'être pas jetées au feu, qu'elles restent donc unies à la vigne.

4. « Si vous restez en moi », dit Notre-Seigneur, « et que mes paroles restent en vous,  tout ce que vous voudrez vous le demanderez, et il vous sera accordé ». En demeurant en Jésus-Christ, que peuvent-ils vouloir que ce qui convient à Jésus-Christ ? Que peuvent-ils vouloir, en restant dans le Sauveur, que ce qui n'est pas étranger au salut? En effet, autre chose est ce que nous voulons en tant que nous sommes en Jésus-Christ, autre chose est ce que nous voulons en tant que nous sommes encore dans ce monde. Par suite de

 

1. Ezéch. XV, 5.

 

notre demeure en ce monde, il nous arrive parfois de demander ce qui, à notre insu, ne nous est pas avantageux. Mais ne croyons pas que nous serons exaucés à cet égard, si nous restons en Jésus-Christ ; car, lorsque nous le prions, il ne nous accorde que ce qui nous est utile. Mais si nous demeurons en lui, et sises paroles demeurent en nous, nous pouvons lui demander tout ce que nous voudrons, et il nous l'accordera. Car si nous demandons quelque chose et qu'il ne nous l'accorde pas, c'est que nous ne demandons point ce que comporte sa demeure en nous, ni ce que comportent ses paroles qui demeurent en nous ; mais nous demandons ce que nous inspirent la faiblesse et la cupidité de la chair, qui ne demeurent point en lui et en qui ne demeurent point ses paroles. Assurément à ses paroles appartient cette prière qu'il nous a enseignée, et dans laquelle nous disons : « Notre Père qui êtes dans les cieux (1) ». Dans nos demandes ne nous écartons point des paroles et du sens de cette prière, et tout ce que nous demanderons nous sera accordé. Quand nous faisons ce qu'il commande, et que nous aimons ce qu'il promet, on peut dire alors que ses paroles demeurent en nous. Mais quand ses paroles demeurent dans notre mémoire, sans se refléter dans notre conduite, alors la branche n'est plus unie à la vigne, parce qu'elle ne tire pas sa sève de la racine. C'est pour marquer cette différence, qu'il est écrit: « Ils retenaient dans leur mémoire ses commandements, afin de les pratiquer (2) ». Plusieurs, en effet, les gardent dans leur mémoire, mais pour les mépriser, ou bien même pour s'en moquer et les combattre. En ceux-là ne demeurent point les paroles de Jésus-Christ ; ils les touchent, mais ils n'y sont pas attachés; c'est pourquoi, au lieu de tourner à leur avantage, elles rendront témoignage contre eux, et comme elles sont en eux sans y faire leur demeure, ils ne les possèdent que pour être jugés par elles.

 

 

1. Matth. VI, 9. — 2. Ps. CII, 18.

 

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