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XXVII JANVIER. SAINT JULIEN, ÉVÊQUE DU MANS.Une des plus illustres Eglises de France honore aujourd'hui saint Julien, son Apôtre et son premier Evêque. Le culte de ce saint Pontife, fondé sur le Martyrologe Romain, était répandu autrefois dans l'Europe entière, comme on le voit par les anciens Calendriers. Le motif d'honorer son patronage sur la province que nous habitons, nous fait insérer sa mémoire dans cette Année liturgique. Saint Julien est aussi un des anneaux par lesquels l'Eglise de France se rattache au Siège Apostolique. Les importants travaux entrepris en ce siècle sur les origines de nos Eglises et couronnés de si beaux succès, autorisent à faire remonter la mission de saint Julien dans le Maine, non seulement à saint Clément, disciple de saint Pierre, mais à saint Pierre lui-même. Les jours du saint Evêque furent longs et laborieux ; d'admirables prodiges confirmèrent son apostolat; et la foi de Jésus-Christ s'établit, sans de grandes difficultés, dans notre province. Le Maine fut longtemps célèbre dans toute l'Eglise d'Occident par la sainteté de ses Evêques, par la ferveur de ses peuples, par le nombre et l'observance de ses monastères ; et comme la gloire des enfants retourne à leur père, le culte de saint Julien en prit des accroissements merveilleux dans un nombre 483 considérable d'Eglises de l'Occident. Prions le saint Evêque de présenter au berceau du Sauveur la province qu'il a évangélisée, et félicitons-le de paraître à la cour de l'Emmanuel, non seulement comme Pontife, mais encore comme Apôtre. Nous empruntons au Bréviaire du Mans de 16g3 le récit abrégé des actions de saint Julien. Le bienheureux Julien a été
le premier Evêque du Mans ; les habitants de cette ville l'ont toujours eu en
grand honneur, et le vénèrent comme leur Apôtre. Envoyé dans les Gaules par
l'Apôtre saint Pierre, pour y répandre la religion Chrétienne, il vint au Mans,
où ayant trouvé le champ ouvert pour la propagation de la foi, il convertit à
Jésus-Christ un grand nombre d'habitants, qu'il confirma, par ses nombreux
miracles, dans la foi qu'ils avaient reçue. Le premier et le plus mémorable est
celui qu'il rit, lorsque, ayant vu les habitants de la ville entièrement privés
d'eau, il planta en terre l'extrémité du bâton qu'il tenait à la main, puis,
adressant sa prière à Dieu, il commanda qu'une fontaine d'eau vive sortît de ce
lieu. L'usage de cette fontaine, qui subsiste toujours, prouve à tout le monde,
et la puissance de Dieu et le mérite du bienheureux Julien. Il y avait alors un Prince ou
Chef de la Cité, nommé Défenseur, qui, à la nouvelle des prodiges que Dieu
opérait par le bienheureux Julien, fit mander celui-ci auprès de sa personne.
Le Pontife, en s'y rendant, rencontra devant le parvis de la cour du prince un
aveugle qui implorait du secours. Julien invoqua le nom du Seigneur, imprima
sur cet homme le signe de la croix, et lui rendit une santé parfaite. Le
prince, ébranlé par ce miracle, se prosterna aux genoux du Saint, et reçut le
baptême avec toute sa famille et une grande foule de nobles. Il donna même sa
maison au bienheureux Julien pour en faire une église. Presque tous les
habitants suivirent l'exemple de leur chef, et furent régénérés dans la
fontaine du baptême. C'est une chose admirable que
l'ardeur avec laquelle toute la province, mue par la prédication de Julien et
les miracles qu'il faisait, se soumit au joug du Christ ; au point qu'ayant été
témoins de la résurrection d'un enfant, vingt mille hommes embrassèrent la foi.
Plusieurs apportaient leurs biens aux pieds de Julien ; d'autres donnaient
leurs héritages à l'Eglise, d'autres priaient le saint Evêque de changer leurs
maisons en oratoires, et de les consacrer en églises. Il n'y en eut pas un en
faveur duquel Julien n'obtînt de Dieu, par ses prières, l'effet de sa demande. Enfin,
après que le saint Pontife eut éclairé la province entière de la lumière de la
foi, délivré les possédés, rendu les malades à la santé, affranchi les captifs
de leurs chaînes, renversé de fond en comble un grand nombre de temples d'idoles,
plein de jours, et glorieux par ses mérites, il alla au ciel, ayant rempli la
charge d'Evêque et d'Apôtre durant quarante-sept années. Il fut enseveli avec
une grande pompe dans la basilique dont il avait jeté lui-même les fondements, au
lieu appelé le Cimetière des Chrétiens. L'Eglise du Mans célèbre son Apôtre dans les Répons suivants, dont la plus grande partie fut composée par Létalde, moine de Micy, ou Saint-Mesmin, au diocèse d'Orléans. R/.
Julien, né
d'illustre race Romaine, éloquent dans les discours, * Insigne dans la justice,
apparut non moins célèbre par le mérite
de la foi. V/. Julien fut le premier qui
fut envoyé à la ville du Mans par le Seigneur, plutôt comme Apôtre que comme
Evêque : * Insigne dans la justice. R/. Par les mains du Pontife
Julien, le Christ opérait tant de prodiges, * Qu’on le voyait apporter le
soulagement à tous les malades, par le remède de la croix. V/. O glorieux Prélat ! ô prédicateur de la souveraine vérité ! qui
était si plein de la grâce du Christ, * Qu'on le voyait apporter. R/. O glorieux Prélat, ô
prédicateur de la souveraine vérité ! ô illustre ville
du Mans ! qui as eu le bonheur de recevoir du Christ
Julien pour pasteur. V/. Puisses-tu toujours
mériter d'avoir pour intercesseur, dans les cieux, celui que tu as eu le
bonheur de recevoir du Christ notre Rédempteur ! R/. Le Mans, ville illustrée
par les mérites de Julien, fête aujourd'hui l'auguste solennité d'un père si
grand; * Afin que, sous la conduite de celui qui t'a prêché la vérité, tu
mérites de parvenir par son secours aux récompenses éternelles. V/. Puisse celui dont
l'enseignement de vérité t'a conduit à la foi, te défendre toujours par son
intercession ! * Afin que sous la conduite. R/. De même que l'étoile
brillante du matin, après les ombres d'une nuit agitée, annonce le soleil;
ainsi Julien, après les ténèbres de l'erreur, * Annonce aux Manceaux le Soleil
de justice. V/. A ceux qui étaient assis
dans les ténèbres et l'ombre de la mort, Julien, prédicateur de la vérité, *
Annonce. R/. Le très heureux Julien,
premier Pontife des Manceaux, resplendissant de l'éclat des prodiges
, ayant abattu l'orgueil de l'ancien ennemi, * Aujourd'hui heureux et
vainqueur, pénètre au royaume éternel. V/. Il a acquis pour
récompense une palme immortelle, il règne avec le Christ pour l'éternité. *
Aujourd'hui. L'Eglise du Mans chantait, en la fête de son saint Evêque, l'antique Séquence Christo inclyta, qui est propre à la fête de la Toussaint, et qu'on adaptait pour la solennité, en y insérant simplement le nom de saint Julien. Mais nous trouvons dans les anciens Missels, pour les Messes votives, la suivante, qui est une des imitations du Victimœ Paschali, si communes aux XV° et XVI° siècles. SEQUENCE.De saint Julien que les
louanges soient chantées par tous les Chrétiens. C'est lui qui le premier
réconcilia avec Dieu les Manceaux, païens égarés et pécheurs. Un aveugle recouvre la vue ;
soudain le Roi est baptisé, il croit au Christ qui vit et règne. — Jeune fille, dis-nous :
qu'as-tu vu sur ta route ? — Une fontaine jaillissante,
que sa prière a fait sortir en un instant. Il baptise les témoins du
prodige, qui déposent leurs vêtements. L'enfant assiste au souper,
et se rend après le Christ en Galilée. Les ardents sont guéris; les
possédés sont délivrés du démon fallacieux qui les tourmentait. Nous savons qu'il a
ressuscité trois morts, en vérité. O Christ Roi ! ayez pitié de nous. Amen. Vous veniez nous annoncer, ô saint Pontife, Celui qui est la source vive de la vie éternelle, et inviter nos pères à se désaltérer aux fontaines du Sauveur. Pour exciter leurs désirs vers cette eau jaillissante qui procède de la Citerne de Bethléhem, votre main apostolique frappa la terre, et une source féconde en sortit à l'instant, symbole de la régénération dont vous alliez être le ministre pour tout un peuple. Des siècles se sont écoulés depuis ce jour où l'Evangile du salut fut annoncé par vous à notre province ; et le champ du Seigneur, que vous aviez arrosé, a plus d'une fois souffert de la sécheresse qui désolait nos contrées. Jetez donc les yeux sur cette terre où vos travaux ont mérité la couronne ; rendez-lui sa fertilité première. Ranimez la foi ; réchauffez la charité, donnez la fécondité à la semence, et veillez à ce que l'ivraie n'étouffe pas le bon grain. Protégez le Pontife qui siège dans votre Chaire ; secondez les efforts du clergé, veillez sur le peuple fidèle, afin que l'Eglise du Mans, que votre nom a rendue illustre, redevienne par vos soins une des riches portions de l'héritage de l'Emmanuel. |