|
LE 1er JOUR LIBRE APRES LE XIII JANVIER. SAINT TITE, ÉVÊQUE ET CONFESSEUR (1).Un saint Evêque de l'âge apostolique, un disciple du grand Paul, s'offre aujourd'hui à notre vénération. Ses actions nous sont peu connues ; mais en lui adressant une de ses Lettres inspirées, le Docteur des Gentils l'a rendu immortel. Partout où la foi du Christ a été et sera portée, Tite, ainsi que Timothée, sera connu des fidèles ; jusqu'à la fin des temps, la sainte Eglise consultera, avec un souverain respect, cette Epître adressée à un simple évêque de l'île de Crète, mais dictée par l'Esprit-Saint, et par là même destinée à faire partie du corps des Ecritures sacrées qui contiennent la pure Parole de Dieu. Les conseils et les directions que renferme cette admirable lettre, furent la règle souveraine du saint Evêque à qui Paul avait voué une si affectueuse tendresse. Tite eut la gloire d'établir le Christianisme dans cette île fameuse où le paganisme avait un de ses principaux centres. Il survécut à son maître immolé dans Rome par le glaive de Néron ; et comme saint Jean, à Ephèse, il s'endormit paisiblement 1. La fête de saint Tite que nous insérons ici est plus ou moins différée, selon les lieux, par la liberté qu'a laissée le Saint-Siège de la placer au premier jour qui ne se trouve pas occupé par une autre fête. Dans la plupart des Eglises, elle n'est célébrée qu'en février. 544 dans une heureuse vieillesse, entouré des respects de la chrétienté qu'il avait fondée. Sa vie a laissé peu de traces ; mais les quelques traits qui nous restent à son sujet donnent l'idée d'un de ces hommes de vertu supérieure que Dieu choisit au commencement, pour en faire les premières assises de son Eglise. Tite, évêque de Crète, fut
initié par les enseignements de l'Apôtre saint Paul aux mystères de la foi
chrétienne ; et, préparé par les sacrements, il répandit une telle lumière de
sainteté sur l'Eglise encore au berceau, qu'il mérita de prendre place entre
les disciples du Docteur des Gentils. Appelé à partager le fardeau de la
prédication, son ardeur à répandre l'Evangile et sa fidélité le rendirent si
cher à saint Paul, que celui-ci étant venu à Troade, pour prêcher la foi dans
cette ville, atteste lui-même qu'il n'y trouva pas le repos de son esprit,
parce qu'il n'y rencontra pas Tite son frère. L'Apôtre, s'étant rendu peu après
en Macédoine, exprime son affection pour ce disciple par ces paroles : « Dieu
qui console les humbles nous a consolés par l'arrivée de Tite. » Envoyé à Corinthe par
l'Apôtre, il sut s'acquitter de cette mission qui consistait principalement à
recueillir les aumônes offertes par la piété des fidèles pour soulager la
pauvreté de l'Eglise des Hébreux, avec tant de sagesse et de douceur, que non
seulement il maintint les Corinthiens dans la foi du Christ, mais qu'il excita
en eux des regrets accompagnés de larmes, et l'empressement le plus vif pour
revoir Paul qui leur avait donné la première instruction. Après de nombreux
voyages sur terre et sur mer, pour répandre la semence de la divine parole chez
les nations les plus dissemblables par le langage et par la situation
géographique ; après avoir supporté avec la plus grande fermeté d'âme mille
soucis et mille travaux pour établir ainsi l'étendard de la Croix, il aborda à
l'île de Crète avec Paul son maître. L'Apôtre le choisit pour remplir la charge
d'Evêque dans l'Eglise qu'il fonda en cette île ; et il est certain que Tite y
remplit ses fonctions de manière à devenir le modèle des fidèles dans les
bonnes œuvres, et que, selon les conseils de son maître Paul, il brilla par la
doctrine, par son intégrité et la gravité de ses mœurs. Semblable à un flambeau, il
répandit les rayons du christianisme sur ceux qui étaient assis sous les ombres
de la mort, dans les ténèbres de l'idolâtrie et du mensonge. Une tradition
prétend qu'il serait ensuite passé chez les Dalmates, et qu'il aurait essuyé
les plus rudes fatigues pour planter la foi chez ces peuples. Enfin, plein de
jours et de mérites, âgé de quatre-vingt-quatorze ans, il s'endormit dans le
Seigneur, de la mort précieuse des justes, la veille des nones de janvier ; et
il fut enseveli dans l'église où l'Apôtre l'avait établi ministre de la parole.
Son nom couvert déloges par saint Jean Chrysostome et par saint Jérôme se lit
en ce même jour au Martyrologe romain ; mais, en établissant sa fête pour être
célébrée avec l'Office et la Messe dans tout le monde catholique par le clergé
séculier et régulier, le souverain Pontife Pie IX l'a fixée au premier jour
libre qui suit l'anniversaire de la mort du saint. Heureux disciple du grand Paul, la sainte Eglise a voulu qu'un jour dans l'année fût employé à célébrer vos vertus et à implorer votre suffrage ; soyez propice aux fidèles qui glorifient le divin Esprit pour les dons qu'il a répandus en vous. Vous avez rempli avec zèle et constance la charge pastorale ; tous les traits que Paul énumère dans l'Epître qu'il vous a adressée comme devant former le caractère de l'Evêque, se sont trouvés réunis en votre personne; et vous brillez sur la couronne du Christ, le Prince des Pasteurs, 547 comme l'un de ses plus riches diamants. Souvenez-vous de l'Eglise de la terre dont vous avez soutenu les premiers pas. Depuis le jour où vous lui fûtes ravi, dix-huit siècles ont achevé leur cours. Souvent ses jours ont été mauvais ; mais elle a triomphé de tous les obstacles, et elle chemine dans la voie, recueillant les âmes et les dirigeant vers son céleste Epoux, jusqu'à l'heure où il viendra arrêter le temps, et ouvrir les portes de l'éternité. Tant que cette heure n'a pas sonné, nous comptons , ô Tite , sur votre puissant suffrage; du haut du ciel, sauvez les âmes par votre intercession, comme vous les sauviez ici-bas au moyen de vos saintes fatigues. Demandez pour nous à Jésus des Pasteurs qui vous soient semblables. Relevez la Croix dans cette île que vous aviez conquise à la vraie foi, et sur laquelle s'étendent aujourd'hui les ombres de l'infidélité et les ravages du schisme ; que par vous la chrétienté d'Orient se ranime, et qu'elle aspire enfin à l'unité, qui, seule, peut la préserver d'une dissolution complète. Exaucez, ô Tite, les vœux du Pontife qui a voulu que votre culte s'étendît à l'univers entier, afin d'accélérer par votre suffrage les jours de paix et de miséricorde que le monde attend. |