PIERRE NOLASQUE

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XXXI JANVIER. SAINT PIERRE NOLASQUE, CONFESSEUR.

 

Le Rédempteur des captifs, Pierre Nolasque, vient s'associer aujourd'hui sur le Cycle à son maître Raymond de Pegnafort ; et tous deux présentent pour hommage au Rédempteur universel les milliers de chrétiens qu'ils ont rachetés de l'esclavage, par la vertu de cette charité, qui, partie de Bethléhem, a trouvé asile en leurs cœurs.

Né en France, dans notre Languedoc, Pierre a choisi pour seconde patrie l'Espagne, parce qu'elle offrait à son zèle une terre de dévouement et de sacrifices. Comme le Médiateur descendu du ciel, il s'est voué au rachat de ses frères ; il a renoncé à sa liberté pour procurer la leur ; et afin de leur rendre une patrie, il est resté en otage sous les liens de la servitude. Son dévouement a été fécond ; par ses efforts, un nouvel Ordre religieux s'est élevé dans l'Eglise, composé tout entier d'hommes généreux, qui, durant six siècles, n'ont prié, travaillé, vécu, que pour procurer le bienfait de la liberté à d'innombrables captifs, qui, sans eux, languissaient dans les fers, au péril de leurs âmes.

Gloire à Marie, qui a suscité ces Rédempteurs mortels ! Gloire  l'Eglise catholique, qui les a produits de son sein toujours fécond ! Mais par-dessus

 

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 tout, gloire à l'Emmanuel, qui dit, en entrant dans ce monde : « O Père ! les holocaustes pour le péché de l'homme ne vous ont point apaisé ; suspendez vos coups ; me voici. Vous m'avez donné un corps ; je viens, je m'immole ! » (Psalm. XXXIX, 8.) Le dévouement du divin Enfant ne pouvait demeurer stérile. Il a daigné nous appeler ses frères, et s'offrir en notre place ; quel cœur d'homme pourrait désormais être insensible aux maux et aux dangers de ses frères?

L'Emmanuel a récompensé Pierre Nolasque, en l'appelant à lui à l'heure même où, douze siècles plus tôt, il naissait à Bethléhem. C'est du milieu des joies de la nuit de Noël que le Rédempteur mortel est parti pour aller rejoindre l'immortel Rédempteur. Au dernier moment, les lèvres défaillantes de Pierre murmuraient leur dernier cantique de la terre ; et quand il fut arrivé à ces paroles: Le Seigneur a envoyé la Rédemption à son peuple ; il a scellé avec lui son alliance pour jamais, son âme bienheureuse s'envola libre au ciel.

La sainte Eglise a dû assigner à la mémoire de Pierre un autre anniversaire que celui de son heureux trépas, puisque ce jour appartient tout entier à l'Emmanuel ; mais il était juste que l'élu marqué par une si haute faveur que de naître au ciel à l'heure où Jésus naît à la terre, reçût une place sur le Cycle avant la fin des quarante jours consacrés à la Naissance du divin libérateur.

Repassons dans le récit liturgique des actions de saint Pierre Nolasque, ses titres à la vénération des enfants de l'Eglise.

 

Pierre Nolasque, né d'une noble famille dans le Lauragais, près de Carcassonne, en France, se distingua surtout par sa charité envers le prochain. On vit un présage de cette vertu un jour que Pierre étant encore enfant et pleurant dans son berceau, un essaim d'abeilles vola vers lui et construisit un rayon de miel dans sa main droite. Dès sa jeunesse il perdit ses parents. L'hérésie des Albigeois se développait alors en France; et l'horreur qu'il professait pour cette secte l'obligea de se retirer en Espagne, après avoir vendu son patrimoine ; et il accomplit a Notre-Dame de Mont-Serrat un vœu qu'il avait fait depuis longtemps. Il se rendit ensuite à Barcelone ; et après y avoir employé tout l'argent qu'il possédait à racheter les fidèles du Christ de la servitude des ennemis, il répétait souvent qu'il désirait se vendre pour leur rachat, ou se charger de leurs chaînes.

 

L'événement qui suit montra combien Dieu avait pour agréable le désir du saint homme. Une nuit qu'il priait et qu'il cherchait dans son esprit les moyens de secourir les Chrétiens captifs, la bienheureuse Vierge lui apparut, et lui dit que ce serait une chose très agréable à son Fils et à elle, s'il instituait en son honneur un Ordre de religieux dont le soin principal serait de délivrer les captifs de la tyrannie des infidèles. Obéissant aussitôt à cet avertissement divin, de concert avec saint Raymond de Pegnafort, et Jacques Ier, roi d'Aragon, auxquels, la même nuit, la bienheureuse Vierge avait fait également cette révélation, il institua l'Ordre de Notre-Dame de la Merci pour la rédemption des captifs. Les religieux qui en font partie s'engagent, par un quatrième voeu, à demeurer en otage sous la puissance des païens, s'il était nécessaire, pour la délivrance des Chrétiens.

 

Ayant fait vœu de virginité, il conserva toute sa vie une chasteté sans tache. Il éclata merveilleusement par sa patience, son humilité, son abstinence et par toutes les autres vertus, loué du don de prophétie, il fit plusieurs prédictions, dont la plus célèbre est celle par laquelle il donna au roi Jacques l'assurance qu'il reprendrait Valence, dont les Maures s'étaient emparés ; et l'événement justifia la prophétie. Souvent il était favorisé de l'apparition de son Ange Gardien, et même de la Vierge, Mère de Dieu. Epuisé de vieillesse et avant reçu l'assurance de sa mort prochaine, il tomba malade. Après s'être muni des sacrements et avoir exhorté ses frères à la charité envers les captifs, il récita, avec une grande dévotion, le Psaume : « Je vous louerai, Seigneur , de tout mon cœur » ; et étant arrivé à ces paroles : « Le Seigneur a envoyé la Rédemption à son peuple », il rendit son esprit à Dieu, sur le minuit de la Vigile de Noël , l'an mil deux cent cinquante-six. Alexandre VII a ordonné de célébrer sa fête le trente-unième de janvier.

 

Vous êtes venu apporter du ciel un feu sur la terre, ô Emmanuel, et vous nous dites que votre plus ardent désir est de le voir s'enflammer. Votre désir a été comblé dans le cœur de Pierre Nolasque, et dans celui de ses enfants. C'est ainsi que vous daignez associer des hommes à vos desseins d'amour et de miséricorde, et qu'en rétablissant l'harmonie entre Dieu et nous, vous resserrez l'union primitive entre nous et nos frères. Nous ne pouvons vous aimer, ô céleste Enfant, sans aimer tous les hommes ; et si vous venez à nous comme notre rançon et notre victime, vous voulez que nous soyons prêts aussi à nous sacrifier les uns aux autres.

O Pierre ! vous avez été l'apôtre et le modèle de cette charité ; c'est pour cela que le Seigneur a voulu vous glorifier en vous appelant à la cour de son Fils, au jour anniversaire de la Naissance de ce Sauveur. Ce doux mystère qui, tant de fois, soutint votre courage, ranima vos dévouements, vous est apparu dans toute sa grandeur ; mais vos yeux ne voient plus seulement, comme nous, le tendre Enfant qui sourit dans son berceau ; c'est

 

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le Roi vainqueur, le Fils de Jéhovah dans sa splendeur divine, qui éblouit vos regards. Marie ne vous apparaît plus, comme à nous, pauvre et humblement penchée sur la crèche qui contient tout son amour ; à vos yeux, elle brille éclatante sur son trône de Reine, et resplendit d'un éclat qui ne le cède qu'à celui de la majesté divine. Et votre cœur n'est point troublé de cette gloire; car, au ciel, vous êtes dans votre patrie. Le ciel est le temple et le palais de la charité ; et la charité, dès ici-bas, remplissait votre cœur ; elle était le principe de tous ses mouvements.

Priez, afin que nous connaissions davantage ce véritable amour de Dieu et des hommes qui nous rend semblables à Dieu. Il est écrit que celui qui demeure dans la charité, demeure en Dieu et Dieu en lui (I Johan. IV) ; faites donc que le mystère de charité que nous célébrons nous transforme en Celui qui fait l'objet de tous nos sentiments, dans ce temps de grâces et de merveilles. Donnez-nous d'aimer nos frères comme nous-mêmes, de les supporter, de les excuser, de nous oublier pour leur être utiles. Que nos exemples les soutiennent, que nos paroles les édifient ; que leurs âmes soient gagnées et consolées par notre affection ; que leurs corps soient soulagés par nos largesses.

Priez pour la France, votre patrie, ô Pierre ! Secourez l'Espagne, au sein de laquelle vous avez fondé votre sublime Institut. Protégez les restes précieux de cet Ordre par lequel vous avez opéré tant de miracles de charité. Consolez et délivrez les captifs que la main des hommes retient dans les prisons ou dans l'esclavage. Obtenez pour nous tous cette sainte liberté des enfants de Dieu dont parle l'Apôtre, et qui consiste dans l'obéissance à la loi de Dieu. Quand cette liberté régnera dans les cœurs, elle affranchira les corps. En vain l'homme extérieur cherche à être libre, si l'homme intérieur est asservi. Faites, ô Rédempteur de vos frères, que les liens de l'erreur et du péché cessent d'enchaîner nos sociétés ; c'est alors que vous les aurez rendues à la vraie liberté, qui produit et règle toutes les autres.

 

 

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