Profess. Ursuline
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PAROLES   SAINTES
DE MON ILLUSTRE PASTEUR
MONSEIGNEUR  JACQUES-BÉNIGNE  BOSSUET,
ÉVÊQUE DE MEAUX,
LA VEILLE   ET   LE   JOUR DE   MA   PROFESSION  (a).

 

A l'interrogation hors la clôture.

 

Vous avez raison, ma Fille, d'appeler et d'estimer heureux le jour de votre profession. Il est heureux pour vous, puisque vous y deviendrez l'Epouse de Jésus-Christ; mais faites-y bien réflexion, et voyez à quoi vous allez vous engager. Ne croyez pas que vous serez exempte de peines dans la religion : ce serait un abus que de le penser, puisque c'est un continuel sacrifice de mort à soi-même, et que la nature y souffre beaucoup : mais il n'importe, ne

 

1 Psal. CVII, 2.

 

(a) Ce titre, empreint d'une si profonde vénération pour le grand évêque, reproduit fidèlement l'inscription du manuscrit. Dans toutes les grandes cérémonies du culte, quand il donnait les ordres sacrés, recevait l'abjuration des hérétiques ou solennisait les vœux de religion, le saint prélat prend la parole plusieurs fois

 

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l'écoutez pas ; car autrement vous ne ferez jamais rien. Si vous avez de la peine, à la bonne heure; vous en aurez plus de mérite; et Dieu vous donnera ses grâces, pourvu que vous lui soyez fidèle. En voilà une bien grande qu'il vous fait, de vous appeler à la sainte religion ; correspondez-y fidèlement. Vous faites bien, ma Fille, de vivre dans la crainte ; car l'homme doit continuellement se défier de soi-même. Il ne faut cependant pas qu'elle soit excessive, car il y aurait de la recherche de soi-même ; et cette si grande crainte pourrait provenir d'une âme lâche, qui a peur de travailler. C'est bien fait, ma Fille, d'être toujours en crainte, pourvu qu'elle soit filiale et non point servile ; et pour y éviter les extrémités, ayez continuellement recours à Dieu, et vous combattez vous-même, puisque ce n'est qu'après le combat que l'on remporte la victoire. Soyez toujours humble et docile; vivez dans l'obéissance, et vous n'aurez point toutes ces craintes.

 

A mes demandes après le sermon.

 

Vous voilà, ma Fille, pleinement instruite des obligations que vous allez contracter avec Jésus-Christ par le moyen de vos vœux : vous voyez à quoi ils vous obligent ; comme par le. vœu de pauvreté vous renoncez pour jamais aux biens, aux pompes et à toutes les richesses du monde ; comme vous devez renoncer par le vœu de chasteté à tous les plaisirs et contentements du siècle, en vous séparant même du plus petit par une mortification générale de tous vos sens. Enfin vous avez entendu que par l'obéissance vous devez consacrer votre cœur, votre volonté et tout ce qui est en vous jusqu'au fond de vos entrailles, pour n'avoir plus désormais d'autre volonté que celle de vos supérieures. C'est ce qui vous vient d'être prêché si saintement.

Ma Fille, retenez toutes ces vérités profondes, et ne les oubliez jamais; gravez-les dans votre esprit et dans votre cœur, afin d'animer toutes vos opérations et de vous établir sur ces principes solides pendant tout le cours de votre vie religieuse. C'est, ma Fille, la prière que je vais faire à Dieu pour vous dans le reste de cette cérémonie, en vous aidant à achever votre sacrifice. Unissez-vous à nous de tout votre cœur. Det tibi Deus in hoc sancto proposito

 

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perseverantiam: « Que Dieu vous donne la persévérance dans cette sainte résolution. »

 

A la sainte communion.

 

Ma Fille, voilà votre divin Epoux, voici votre Dieu qui vient se donner à vous. Recevez cette Victime sainte qui s'est immolée pour vous; consommez en lui votre sacrifice; mangez Jésus-Christ, savourez cette viande céleste et divine. Que votre esprit, votre cœur, tout votre intérieur et tout l'intime de vous-même en soit rempli. Nourrissez-vous de cet aliment et de cette nourriture sacrée, incorporez-vous à elle ; en la prenant, vous recevrez l'esprit de vos vœux. Nourrissez-vous donc de l'esprit de pauvreté, recevant celui qui a été si pauvre, qu'il est dit de lui qu'il n'a pas seulement eu de quoi reposer son chef adorable (1). Nourrissez-vous de cette chair virginale ; et vous recevrez en vous-même l'esprit de chasteté, et la pureté de celui qui est vierge, Fils d'une Vierge, ami des vierges et le chaste Epoux des vierges. Recevez cette divine hostie, mangez cette victime d'amour et de pureté ; et vous recevrez dans votre cœur l'esprit d'obédience de celui qui, par obéissance, s'est immolé et offert en sacrifice et en oblation pour le salut de tous les hommes, de celui qui s'est rendu sujet et parfaitement soumis, pendant sa vie, à tous ceux qui lui ont tenu la place de Dieu son Père, et qui a été obéissant jusqu'à la mort de la croix. Enfin vous venez de faire vœu d'instruire les petites filles : nourrissez-vous encore, en prenant Jésus-Christ, de l'esprit de zèle et de charité pour le salut des âmes, de celui qui s'est consommé pour elles. Soyez une parfaite imitatrice de celui-là même qui a dit : « Laissez ces petits enfants venir à moi (2). » Fortifiez-vous par cette divine nourriture ; mangez-la avec amour et respect : recevez-la souvent; car elle vous donnera des forces dans l'exercice de votre institut, elle vous animera toujours de nouveau pour vous en acquitter dignement. Recevez donc, ma chère Fille, Jésus-Christ, qui se donne à vous en confirmation de vos vœux. Prenez cet aimable Epoux; aimez-le de toute votre capacité; unissez-vous à lui très-étroitement en cette vie, afin d'y être unie

 

1 Matth., VIII,20. —  2 Marc, X, 14.

 

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en l'autre par la gloire, durant toute l'éternité. Quod Deus in te incœpit ipse perficiat : « Que Dieu achève ce qu'il a commencé en vous. »

 

En me donnant le voile.

 

Ma Fille, recevez ce voile qui vient d'être béni dans cette sainte cérémonie par le sacré ministère de l'Eglise ; ce voile, qui est le signe de votre séparation du monde, sous lequel vous allez être toute votre vie ensevelie avec Jésus-Christ dans le tombeau de la religion, et cachée avec lui en Dieu. Recevez ce même voile qui est la marque de l'alliance que vous avez contractée avec lui : il ne vous sera jamais ôté que vous ne voyiez la face de Dieu à découvert dans le ciel.

 

Après la cérémonie.

 

Enfin, ma Fille, vous voilà consacrée à Jésus-Christ, voilà votre immolation faite : il ne reste plus qu'à être fidèle à votre Epoux dans votre saint état, et qu'à y persévérer jusqu'à la fin. Pour cet effet, prenez toujours le plus pénible. Ne regardez pas ce que vous avez fait, mais ce qui vous reste encore à faire. Accoutumez-vous à l'exercice de cette continuelle circoncision du cœur, qui vous séparera sans cesse des inclinations de la nature corrompue, si contraire à l'esprit et à la grâce de Jésus-Christ votre divin Epoux. Puissiez-vous, ma Fille, par ce moyen vous élever toujours davantage par une vie pure et toute céleste ! Puissiez-vous monter de vertu en vertu, jusqu'à ce que vous soyez parvenue à la montagne d'Horeb, au sommet de la perfection, pour y consommer votre sacrifice !

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