DIMANCHE IV

Précédente Accueil Remonter Suivante

Accueil
Remonter
PRÉFACE
LUNDI II
MARDI II
MERCREDI II
JEUDI II
VENDREDI II
SAMEDI II
DIMANCHE II
LUNDI III
MARDI III
MERCREDI III
JEUDI III
VENDREDI III
SAMEDI III
DIMANCHE III
LUNDI IV
MARDI IV
MERCREDI IV
JEUDI IV
VENDREDI IV
SAMEDI IV
DIMANCHE IV
LUNDI V
MARDI V
MERCREDI V
JEUDI V
VENDREDI V
SAMEDI V
PROPRE DES SAINTS

LE QUATRIÈME DIMANCHE APRÈS PÂQUES.

 

 

 

V/. In resurrectione tua, Christe, alleluia,

 

R/. Cœli et terra laetentur, alleluia.

 

V/. A votre résurrection, ô Christ ! alleluia,

R/. Le ciel et la terre sont dans l'allégresse, alleluia.

 

 

Nous avons vu Jésus constituer son Eglise,  et confier aux mains de ses Apôtres le dépôt des vérités qui seront l'objet de notre foi. Il est une autre œuvre non moins importante pour le monde, à laquelle il donne ses soins durant cette dernière période de son séjour sur la terre : c'est l'institution définitive des Sacrements. Il ne nous suffit pas de croire ; il faut encore que nous soyons rendus justes, c'est-à-dire conformes à la sainteté de Dieu ; il faut que la grâce, fruit delà Rédemption, descende en nous, s'incorpore à nous; afin qu'étant devenus les membres vivants de notre divin Chef, nous puissions être les cohéritiers de son Royaume. Or, c'est au moyen des Sacrements que Jésus doit opérer en nous cette merveille de la justification, en nous appliquant les mérites de son incarnation et de son Sacrifice par les moyens qu'il a décrétés dans sa puissance et dans sa sagesse.

Souverain maître de la grâce, il est libre de déterminer les sources par lesquelles il la fera descendre

 

235

 

sur nous; c'est à nous de nous conformer a ses volontés. Chacun des Sacrements sera donc une loi de sa religion, en sorte que l'homme ne pourra prétendre aux effets que le Sacrement est destiné à produire, s'il dédaigne ou néglige de remplir les conditions selon lesquelles il opère. Admirable économie, qui concilie, dans un même acte, l'humble soumission de l'homme avec la plus prodigue largesse de la munificence divine.

Nous avons montré, il y a quelques jours, comment la sainte Eglise, société spirituelle, était en même temps une société visible et extérieure, parce que l'homme auquel elle est destinée est composé d'un corps et d'une âme. Jésus, en instituant ses Sacrements, leur assigne à chacun un rite essentiel ; et ce rite est extérieur et sensible. Le Verbe divin, en prenant la chair, en a fait l'instrument de notre salut dans sa Passion sur la croix : c'est par le sang de ses veines qu'il nous a rachetés ; poursuivant ce plan mystérieux, il prend les éléments de la nature physique pour auxiliaires dans l'œuvre de notre justification. Il les élève à l'état surnaturel, et en fait jusqu'au plus intime de nos âmes les conducteurs fidèles et tout-puissants de sa grâce. Ainsi s'appliquera jusqu'à ses dernières conséquences le mystère de la divine incarnation, qui a eu pour but de nous élever, par les choses visibles, à la connaissance et à la possession des choses invisibles. Ainsi est brisé l'orgueil de Satan, qui dédaignait la créature humaine, parce que l'élément matériel s'unit en elle à la grandeur spirituelle, et qui refusa, pour son éternel malheur, de fléchir le genou devant le Verbe fait chair.

En même temps, les divins Sacrements étant autant de signes sensibles, formeront un lien de

 

236

 

plus entre les membres de l'Eglise, déjà unis entre eux par la soumission à Pierre et aux Pasteurs qu'il envoie, et par la profession d'une même foi. L'Esprit-Saint nous dit dans les divines Ecritures que « le lien tressé en trois ne se rompt pas aisément (1) » ; or, tel est celui qui nous retient dans la glorieuse unité de l'Eglise : Hiérarchie, Dogme et Sacrements, tout contribue à faire de nous un seul corps. Du septentrion au midi, de l'orient à l'occident, les Sacrements proclament la fraternité des chrétiens; ils sont en tous lieux leur signe de reconnaissance, et la marque qui les désigne aux yeux des infidèles. C'est dans ce but que ces Sacrements divins sont identiques pour toutes les races baptisées, quelle que soit la variété des formules liturgiques qui en accompagnent l'administration: partout le fond est le même, et la même grâce est produite sous les mêmes signes essentiels.

Notre divin ressuscité choisit le septénaire pour le nombre de ses Sacrements. Il empreint ce nombre sacré sur son œuvre la plus sublime, de même qu'il l'avait marqué au commencement, en créant ce monde visible et inaugurant la semaine par six jours d'action et un jour de repos. Sagesse éternelle du Père, il nous révèle, dès l'Ancien Testament, qu'il se bâtira une maison qui est la sainte Eglise, et il ajoute qu'il la fera reposer sur sept colonnes (2). Cette Eglise, il la figure d'avance dans le tabernacle de Moïse, et il ordonne qu'un superbe chandelier qui lance sept branches chargées de fleurs et de fruits, éclaire jour et nuit le sanctuaire (3). S'il transporte au ciel, dans un ravissement, son disciple bien-aimé, c'est pour se

 

1. Eccle. IV, 12. — 2. Prov. IX, 1. — 3. Exod. XXV, 37.

 

237

 

montrer à lui environné de sept chandeliers, et tenant sept étoiles dans sa main (1). S'il se manifeste sous les traits de l'Agneau vainqueur, cet Agneau porte sept cornes, symbole de sa force, et sept yeux qui marquent l'étendue infinie de sa science (2). Près de lui est le livre qui contient les destinées du genre humain, et ce livre est scellé de sept sceaux que l'Agneau seul peut lever (3). Devant le trône de la Majesté divine, le disciple aperçoit sept Esprits bienheureux ardents comme sept lampes (4), attentifs aux moindres ordres de Jéhovah, et prêts à porter sa parole jusqu'aux dernières limites de la création.

Si maintenant nous tournons nos regards vers l'empire des ténèbres, nous voyons l'esprit de malice occupé à contrefaire l'œuvre divine, et usurpant le septénaire pour le souiller en le consacrant au mal. Sept péchés capitaux sont l'instrument de sa victoire sur l'homme; et le Seigneur nous avertit que lorsque, dans sa fureur, Satan s'élance sur une âme, il prend avec lui sept esprits des plus méchants de l'abîme. Nous savons que Madeleine, l'heureuse pécheresse, ne recouvra la vie de l'âme qu'après que le Sauveur eut expulsé d'elle sept démons. Cette provocation de l'esprit d'orgueil forcera la colère divine, lorsqu'elle tombera sur le monde pécheur, à empreindre le septénaire jusque dans ses justices. Saint Jean nous apprend que sept trompettes, sonnées par sept Anges, annonceront les convulsions successives de la race humaine (5), et que sept autres Anges verseront tour à tour sur la terre coupable sept coupes remplies de la colère de Dieu (6).

 

1. Apoc. I, 12, 16. — 2. Ibid. V, 6. — 3. Ibid. 5. — 4. Ibid. IV, 5. — 5. Ibid. VIII, 2. — 6. Ibid. XV, 1.

 

238

 

Nous donc qui voulons être sauvés, et jouir de la grâce en ce monde, et en l'autre de la vue de notre divin ressuscité, accueillons avec un souverain respect et une tendre reconnaissance le Septénaire miséricordieux de ses Sacrements. Sous ce nombre sacré il a su renfermer toutes les formes de sa grâce. Soit qu'il veuille dans sa bonté nous faire passer de la mort à la vie, par le Baptême et la Pénitence ; soit qu'il s'applique à soutenir en nous la vie surnaturelle, et à nous consoler dans nos épreuves, par la Confirmation, l'Eucharistie et l'Extrême-Onction ; soit enfin qu'il pourvoie au ministère de son Eglise et à sa propagation par l'Ordre et le Mariage : on ne saurait trouver un besoin de l'âme, une nécessite de la société chrétienne auxquels il n'ait satisfait au moyen des sept sources de régénération et de vie qu'il a ouvertes pour nous, et qu'il ne cesse de faire couler sur nos âmes. Les sept Sacrements suffisent à tout; un seul de moins, l'harmonie serait rompue. Les Eglises de l'Orient, séparées de l'unité catholique depuis tant de siècles, confessent avec nous le septénaire sacramentel; et le protestantisme, en portant sur ce nombre sacré sa main profane, a montré en cela, comme en toutes ses autres réformes prétendues, que le sens chrétien lui faisait défaut. Ne nous en étonnons pas; la théorie des Sacrements s'impose tout entière à la foi ; l'humble soumission du fidèle doit l'accueillir d'abord comme venant du souverain Maître : c'est lorsqu'elle s'applique à rame que sa magnificence et son efficacité divine se révèlent ; alors nous comprenons, parce que nous avons cru. Credite et intelligetis.

Aujourd'hui, consacrons notre admiration et notre reconnaissance au premier des Sacrements,

 

239

 

au Baptême. Le Temps pascal nous le montre dans toute sa gloire. Nous l'avons vu, au Samedi saint, comblant les vœux de l'heureux catéchumène, et enfantant à la patrie céleste des peuples entiers. Mais ce divin mystère avait eu sa préparation. En la fête de l'Epiphanie, nous adorâmes notre Emmanuel descendant dans les flots du Jourdain, et communiquant à l'élément de l'eau, par le contact de sa chair sacrée, la vertu de purifier toutes les souillures de l'âme. L'Esprit-Saint, colombe mystique, vint reposer sur la tête de l'Homme-Dieu, et féconder par sa divine influence l'élément régénérateur, tandis que la voix du Père céleste retentissait dans la nue, annonçant l'adoption qu'il daignerait faire des baptisés, en son Fils Jésus, l'objet de son éternelle complaisance.

Durant sa vie mortelle, le Rédempteur s'explique déjà devant un docteur de la loi sur ses mystérieuses intentions. « Celui, dit-il, qui ne sera pas rené de l'eau et du Saint-Esprit ne pourra entrer dans le royaume de Dieu (1). » Selon son usage presque constant, il annonce ce qu'il doit faire un jour, mais il ne l'accomplit pas encore; nous apprenons seulement que notre première naissance n'ayant pas été pure, il nous en prépare une seconde qui sera sainte, et que l'eau en sera l'instrument.

Mais en ces jours le moment est venu où notre Emmanuel va déclarer la puissance qu'il a donnée aux eaux de produire la sublime adoption projetée par le Père. S'adressant à ses Apôtres, il leur dit tout à coup avec la majesté d'un roi qui promulgue la loi fondamentale de son empire :

 

1. JOHAN. III, 5.

 

240

 

« Allez ; enseignez toutes les nations ; baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit  (1). » Le salut par l'eau, avec l'invocation de la glorieuse Trinité, tel est le bienfait capital qu'il annonce au monde ; car, dit-il encore : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé  (2). » Révélation pleine de miséricorde pour la race humaine; inauguration des Sacrements, par la déclaration du premier, de celui qui, selon le langage des saints Pères, est la porte de tous les autres !

Nous qui lui devons la vie de nos âmes, avec le sceau éternel et mystérieux qui fait de nous les membres de Jésus, saluons avec amour cet auguste mystère. Saint Louis, baptisé sur les humbles fonts de Poissy, se plaisait à signer Louis de Poissy, considérant la fontaine baptismale comme une mère qui l'avait enfanté à la vie céleste, et oubliant son origine royale pour ne se souvenir que de celle d'enfant de Dieu. Nos sentiments doivent être les mêmes que ceux du saint roi.

Mais admirons avec attendrissement la condescendance de notre divin ressuscité, lorsqu'il institua le plus indispensable de ses Sacrements. La matière qu'il choisit est la plus commune, la plus aisée à rencontrer. Le pain, le vin, l'huile d'olives, ne sont pas partout sur la terre ; l'eau coule en tous lieux ; la providence de Dieu l'a multipliée sous toutes les formes, afin qu'au jour marqué, la fontaine de régénération fût accessible de toutes parts à l'homme pécheur.

Ses autres Sacrements, le Sauveur les a confiés au sacerdoce qui seul a pouvoir de les administrer ;

 

1. MATTH. XXVIII, 19. — 2. MARC XVI, 16.

 

241

 

il n'en sera pas ainsi du Baptême. Tout fidèle pourra en être le ministre, sans distinction de sexe ni de condition. Bien plus, tout homme, ne fût-il pas même membre de l'Eglise chrétienne, pourra conférer à son semblable, par l'eau et l'invocation de la sainte Trinité, la grâce baptismale qui n'est pas en lui, à la seule condition de vouloir, en cet acte, accomplir sérieusement ce que fait la sainte Eglise, quand elle administre le sacrement du Baptême.

Ce n'est pas tout encore. Ce ministre du sacrement peut manquer à l'homme qui va mourir ; l'éternité va s'ouvrir pour lui sans que la main d'autrui se lève pour répandre sur sa tête l'eau purificatrice; le divin instituteur de la régénération des âmes ne l'abandonne pas dans ce moment suprême. Qu'il rende hommage au saint Baptême, qu'il le désire de toute l'ardeur de son âme, qu'il entre dans les sentiments d'une componction sincère et d'un véritable amour ; après cela qu'il meure : la porte du ciel est ouverte au baptisé de désir.

Mais l'enfant qui n'a pas encore l'usage de sa raison, et que la mort va moissonner dans quelques heures, a-t-il donc été oublié dans cette munificence générale ? Jésus a dit : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; » comment alors obtiendra-t-il le salut, cet être faible qui va s'éteindre, chargé de la faute originelle, et incapable de la foi ? Rassurez-vous. La puissance du saint Baptême s'étendra jusqu'à lui. La foi de l'Eglise qui le veut pour fils, lui va être imputée ; qu'on répande l'eau sur sa tête au nom des trois divines Personnes, et le voilà chrétien pour jamais. Baptisé dans la foi de l'Eglise, cette foi est maintenant personnelle en lui, avec l'Espérance et la

 

242

 

Charité ; l'eau sacramentelle a produit cette merveille. Qu'il expire maintenant, ce tendre rejeton de la race humaine ; le royaume du ciel est à lui.

Tels sont, ô Rédempteur, les prodiges que vous opérez dans le premier de vos Sacrements, par l'effet de cette volonté sincère que vous avez du salut de tous (1) ; en sone que ceux en qui cette volonté ne s'accomplit pas, n'échappent à la grâce de la régénération que par suite du péché commis antérieurement, péché que votre éternelle justice ne vous permet pas toujours de prévenir en lui-même, ou de réparer dans ses suites. Mais votre miséricorde est venue au secours; elle a tendu ses filets, et d'innombrables élus y sont tombés. L'eau sainte est venue couler jusque sur le front de l'enfant qui s'éteignait entre les bras d'une mère païenne, et les Anges ont ouvert leurs rangs pour recevoir cet heureux transfuge. A la vue de tant de merveilles, que nous reste-t-ilà faire, sinon de nous écrier avec le Psalmiste : « Nous qui possédons la vie, bénissons le Seigneur » ?

 

Le quatrième Dimanche après Pâques est appelé, dans l'Eglise grecque, le Dimanche de la Samaritaine, parce qu'on y lit le passage de l'Evangile où la conversion de cette femme est rapportée.

L'Eglise Romaine commence aujourd'hui, à l'Office de la nuit, la lecture des Epîtres dites Canoniques, qu'elle continue jusqu'à la fête de la Pentecôte.

 

1. I Tim. II, 4.

 

243

 

A LA MESSE.

 

Dans l'Introït, l'Eglise, adoptant un des plus beaux cantiques du Psalmiste, célèbre avec enthousiasme les bienfaits que le Seigneur son Epoux a répandus sur elle, toutes les nations appelées à connaître ses grandeurs, à recevoir l'effusion de la sainteté dont il est la source, le salut auquel il a appelé tout les hommes.

 

INTROÏT.

 

Chantez au Seigneur un cantique nouveau, alleluia : car le Seigneur a opéré des merveilles, alleluia : il a fait paraître sa justice à la face des nations, alleluia, alleluia, alleluia.

Ps. Sa droite nous a sauves, et la sainteté de son bras nous a délivrés. Gloire au Père. Chantez.

 

Comblés des bienfaits de Dieu qui les unit en un seul peuple par ses divins Sacrements, les fidèles doivent s'élever à l'amour des préceptes du Seigneur, et aspirer aux délices éternelles qu'il leur promet : l'Eglise implore pour eux cette grâce dans la Collecte.

 

COLLECTE.

 

O Dieu,qui unissez les esprits des fidèles en une même volonté, donnez à vos peuples d'aimer ce que vous leur commandez, de désirer ce que vous leur promettez ; afin qu'au milieu des changements de ce monde, nos cœurs demeurent fixés là où sont les seules joies véritables. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

On ajoute à la Collecte du jour deux des trois Oraisons ci-dessus, page 113.

 

EPÎTRE.

 

Lecture de l'Epître du bienheureux Jacques, Apôtre. Chap. I.

 

Mes bien-aimés , toute grâce excellente et tout don parfait viennent d'en haut, et descendent du Père des lumières, chez lequel il n'y a ni changement, ni ombre de vicissitude. C'est lui qui nous a librement engendrés par la parole de vérité, afin que nous fussions comme les prémices de ses créatures. Vous le savez, mes frères très chers. Que tout homme soit donc prompt à écouter, lent à parler, et lent à se mettre en colère ; car ce n'est pas la colère de l'homme qui accomplit la justice de Dieu. Rejetant donc toutes les suites immondes et superflues du péché, recevez dans la douceur la parole qui est greffée en vous, et qui a la puissance de sauver vos âmes.

 

Les faveurs répandues sur le peuple chrétien procèdent de la haute et sereine bonté du Père céleste. Il est le principe de tout dans l'ordre

 

245

 

de la nature ; et si, dans l'ordre de la grâce, nous sommes devenus ses enfants, c'est parce que lui-même a envoyé vers nous son Verbe consubstantiel, qui est la Parole de vérité, par laquelle nous sommes devenus, au moyen du Baptême, les fils de Dieu. Il suit de là que nous devons imiter, autant qu'il est possible à notre faiblesse, le calme divin de notre Père qui est dans les cieux, et nous garantir de cette agitation passionnée qui est le caractère d'une vie toute terrestre, tandis que la nôtre doit être du ciel où Dieu nous attire. Le saint Apôtre nous avertit de recevoir dans la douceur cette Parole qui nous fait ce que nous sommes. Elle est, selon sa doctrine, une greffe de salut entée sur nos âmes. Qu'elle s'y développe, que son succès ne soit pas traversé par nous, et nous serons sauvés.

 

Dans le premier Verset alleluiatique, le Christ ressuscité célèbre, par la voix du Psalmiste, la puissance du Père qui lui a donné la victoire dans sa résurrection. Le second, emprunté à saint Paul, proclame la vie immortelle de notre divin ressuscité.

 

Alleluia, alleluia.

V/. La droite du Seigneur a signalé sa force : la droite du Seigneur m'a élevé en gloire.

Alleluia.

V/. Le Christ ressuscité d'entre les morts, ne meurt plus : la mort n'aura plus sur lui d'empire, alleluia.

 

 

ÉVANGILE.

 

La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. XVI.

 

En ce temps-là, Jésus dit à  ses disciples : Je m'en vais à celui qui m'a envoyé, et aucun de vous ne me demande: Où allez-vous : Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur. Néanmoins je vous dis la vérité: Il vous est bon que je m'en aille; car si je ne m'en vais pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai. Et lorsqu'il sera venu, il convaincra le monde en ce qui touche le péché, et la justice, et le jugement. En ce qui touche le péché, parce qu'ils n'ont pas cru en moi ; en ce qui touche la justice, parce que je vais au Père, et que vous ne me verrez plus ; en ce qui touche le jugement, parce. que le prince de ce monde est déjà jugé. J'ai encore beaucoup de choses à vous dire; mais vous ne les pourriez porter présentement. Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité. Car il ne parlera pas de lui-même : mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et vous annoncera ce qui doit advenir. Il me glorifiera,parce qu'il recevra de ce qui est à moi et vous l'annoncera.

 

247

 

Les Apôtres furent attristés lorsque Jésus leur eut dit : « Je m'en vais. » Ne le sommes-nous pas aussi, nous qui, depuis sa naissance en Bethléhem, l'avons suivi constamment, grâce à la sainte Liturgie qui nous attachait à ses pas ? Encore quelques jours, et il va s'élever au ciel, et l'année va perdre ce charme qu'elle empruntait, jour par jour, aux actions et aux discours de notre Emmanuel. Il  ne veut pas cependant que nous nous laissions aller à une trop grande tristesse. Il nous annonce qu'en sa place le divin Consolateur, le Paraclet, va descendre sur la terre, et qu'il restera avec nous pour nous éclairer et nous fortifier jusqu'à la fin des temps. Profitons avec Jésus des dernières heures ; bientôt il sera temps de nous préparer à recevoir l'hôte céleste qui doit venir le remplacer.

Jésus, qui prononçait ces paroles la veille de sa Passion, ne se borne pas à nous montrer la venue de l'Esprit-Saint comme la consolation de ses fidèles ; il nous la fait voir en même temps comme redoutable à ceux qui auront méconnu leur Sauveur. Les paroles de Jésus sont aussi mystérieuses que terribles ; empruntons-en l'explication à saint Augustin, le Docteur des docteurs. « Lorsque l'Esprit-Saint sera venu, dit le Sauveur, il convaincra le monde en ce qui touche le péché. » Pourquoi ? « parce que les hommes n'ont pas cru en Jésus. » Combien, en effet, sera grande la responsabilité de ceux qui, ayant été les témoins des merveilles opérées par le Rédempteur, ne se rendront pas à sa parole ! Jérusalem entendra dire que l'Esprit est descendu sur les disciples de Jésus, et elle demeurera aussi indifférente qu'elle le fut aux prodiges qui lui désignaient son Messie. La venue de l'Esprit-Saint

 

248

 

sera comme le prélude de la ruine de cette ville déicide. Jésus ajoute que « le Paraclet convaincra le monde au sujet de la justice, parce que, dit-il, je vais au Père, et que vous ne me verrez plus ». Les Apôtres et ceux qui croiront à leur parole seront saints et justes par la foi. Ils croiront en celui qui s'en est allé au Père, en celui que leurs yeux ne verront plus en ce monde. Jérusalem , au contraire , ne gardera souvenir de lui que pour le blasphémer; la justice, la sainteté, la foi de ceux qui auront cru seront sa condamnation, et l'Esprit-Saint l'abandonnera à son sort. Jésus dit encore : « Le Paraclet convaincra le monde en ce qui touche le jugement. » Et pourquoi ? « parce que le prince du monde est déjà jugé. » Ceux qui ne suivent pas Jésus-Christ ont cependant un chef qu'ils suivent. Ce chef est Satan. Or, le jugement de Satan est déjà prononcé. L'Esprit-Saint avertit donc les disciples du monde que leur prince est pour jamais plongé dans la réprobation. Qu'ils y réfléchissent; car, ajoute saint Augustin, « l'orgueil de l'homme aurait tort de compter sur l'indulgence ; qu'il se donne la peine de contempler le supplice auquel sont livrés les anges superbes (1). »

 

Dans l'Offertoire, le chrétien emploie les paroles de David pour célébrer les bienfaits de Dieu envers son âme. Il associe la terre entière à sa reconnaissance, et avec raison ; car les faveurs dont le chrétien est comblé sont le bien commun du genre humain, que Jésus ressuscité a appelé tout entier à prendre part, dans les divins Sacrements, aux grâces de la Rédemption.

 

1. In Johannem, Tract. XCV.

 

249

 

OFFERTOIRE.

 

Réjouissez-vous en Dieu, peuples de la terre entière; chantez un cantique à la gloire de son Nom. Venez et écoutez, vous tous qui craignez Dieu ; je vous raconterai quelles grandes faveurs le Seigneur a faites à mon âme, alleluia.

 

 

La sainte Eglise, qui prend ses délices dans la contemplation de la vérité, dont Jésus ressuscité lui prodigue les trésors, demande pour ses enfants, dans la Secrète, la grâce de mener une vie pure, afin qu'ils puissent mériter d'être admis à voir éternellement cette auguste vérité dans sa source.

 

SECRÈTE.

 

O Dieu, qui par l'auguste communion que ce Sacrifice établit entre vous et bous, nous rendez participants de votre divinité souveraine : faites, s'il vous plaît, qu'étant mis en rapport avec votre vérité par la connaissance que vous nous en donnez, nous puissions l'atteindre par la pureté de notre vie. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

Le Prêtre ajoute à la Secrète de ce jour deux des trois Oraisons ci-dessus, page 119.

 

L'Antienne de la Communion reproduit les paroles mystérieuses de l'Evangile que nous venons d'interpréter, et dans lesquelles la venue

 

250

 

du divin Esprit nous est montrée comme devant apporter en même temps la récompense aux croyants et le châtiment aux incrédules.

 

COMMUNION

 

Lorsque le Paraclet, Esprit de vérité, sera venu, il convaincra le monde sur le pèche, la justice et le jugement, alleluia, alleluia.

 

En offrant ses actions de grâces pour le divin Mystère auquel ils viennent de participer, la sainte Eglise enseigne à ses enfants, dans la Postcommunion, que l'Eucharistie a en même temps la vertu de nous purifier de nos péchés et de nous préserver des dangers auxquels nous vivons exposés.

 

POSTCOMMUNION.

 

Assistez-nous , Seigneur notre Dieu, afin que par ce Mystère que nous venons de recevoir avec foi et sincérité, nous soyons purifies de nos péchés et délivrés de tous périls. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

Le Prêtre ajoute à la Postcommunion du jour deux des trois Oraisons ci-dessus, page 121.

 

251

 

A VEPRES.

 

Les Psaumes, l'Hymne et le Verset se trouvent à l'Ordinaire des Vêpres du Dimanche, pages 48 et suivantes.

 

ANTIENNE DE Magnificat.

 

Je m en vais a celui qui m'a envoyé; mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur, alleluia.

 

 

ORAISON.

 

O Dieu, qui unissez les esprits des fidèles en une même volonté, donnez à vos peuples d'aimer ce que vous leur commandez, de désirer ce que vous leur promettez ; afin qu'au milieu des changements de ce monde, nos cœurs demeurent fixés là où sont les seules joies véritables. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

Pour terminer cette journée, nous emprunterons cette belle Préface à l'antique Missel gothique publié par dom Mabillon, et qui a été en usage autrefois dans un grand nombre d'Eglises des Gaules.

 

CONTESTATIO.

 

Il est digne et juste, équitable et salutaire, que nous vous rendions grâces en tout temps et en tous lieux, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel : mais dans ce jour de la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ votre Fils, une allégresse plus grande fait tressaillir nos cœurs. Car c'est ici le jour en lequel nous est apparue la cause des joies éternelles. C'est le jour delà résurrection de l'humanité et le principe de la vie qui ne doit pas finir. C'est le jour où dès le matin nous avons été rassasiés par votre miséricorde, où il a lui sur nous, celui qui est béni et qui vient au nom du Seigneur, celui qui est notre Dieu. C'est le jour où notre Seigneur Jésus-Christ votre Fils, accomplissant les prophéties au temps marqué, nous a visités après deux jours, en ressuscitant le troisième. C'est le jour béni par le souvenir de si grands bienfaits, que, par toute la terre, il est la source de la joie des mortels ; car si la mort a succombé sur la Croix même du Christ, la vie de tous les hommes s'est relevée dans sa Résurrection.

 

 

 

 

Précédente Accueil Remonter Suivante