VENDREDI III

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PROPRE DES SAINTS

LE VENDREDI DE LA TROISIÈME SEMAINE APRÈS PÂQUES.

 

 

 

V/. In resurrectione tua, Christe, alleluia,

 

R/. Cœli et terra laetentur, alleluia.

 

V/. A votre résurrection, ô Christ ! alleluia,

R/. Le ciel et la terre sont dans l'allégresse, alleluia.

 

 

 

Eglise de Jésus, promise par lui à la terre dans les jours de sa vie mortelle, sortie de son flanc divin ouvert par la lance sur là croix, ordonnée et perfectionnée par lui dans les dernières heures de son séjour ici-bas, nous vous saluons avec amour comme notre Mère commune. Vous êtes l'Epouse de notre Rédempteur, et vous nous avez enfantés à lui. C'est vous qui nous avez donné la vie dans le Baptême ; c'est vous qui nous éclairez par la Parole qui produit en nous la lumière ; c'est vous qui nous administrez les secours au moyen desquels notre pèlerinage terrestre doit nous conduire au ciel ; c'est vous enfin qui nous gouvernez dans l'ordre du salut par vos saintes ordonnances.

Dans votre sein maternel, ô Eglise, nous sommes en sûreté, nous n'avons rien à craindre. Que peut contre nous l'erreur ? Vous êtes « la colonne et l'appui de la vérité sur la terre (1). » Que nous font les révolutions de la patrie terrestre ? Nous savons que si tout manque, vous ne sauriez manquer.

 

1. I Tim. III, 13.

 

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En ces jours mêmes, Jésus dit à ses Apôtres, et en eux à leurs successeurs : « Voici que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles (1). » Quel titre de durée que celui-là, ô Eglise ! L'histoire humaine tout entière est là pour attester si jamais, depuis dix-huit siècles, il vous a fait défaut. Mille fois les portes de l'enfer ont mugi; mais elles n'ont pas prévalu contre vous une seule heure.

C'est ainsi, ô Eglise, qu'étant fondée dans le Christ votre Epoux, vous nous faites participer à la divine immutabilité que vous avez reçue. Etablis en vous, il n'est pas de vérité que notre œil purifié par la foi ne pénètre, pas de bien que, malgré notre faiblesse, nous ne puissions réaliser, pas d'espérance infinie dont nous ne soyons capables d'atteindre l'objet. Vous nous tenez dans vos bras, et de la hauteur où vous nous élevez, nous découvrons les mystères du temps et les secrets de l'éternité. Notre regard vous suit avec admiration, soit qu'il vous considère militante sur la terre, soit qu'il vous retrouve souffrante dans vos membres chéris, au séjour temporaire de l'expiation , soit enfin qu'il vous découvre triomphante dans les cieux : notre contemporaine dans le temps, vous êtes déjà, pour une partie de vous-même, héritière de l'éternité. Oh ! gardez-nous avec vous, gardez-nous en vous toujours, ô notre Mère qui êtes la bien-aimée de l'Epoux! A qui irions-nous? n'est-ce pas à vous seule qu'il a confié les paroles de la vie éternelle ?

Qu'ils sont à plaindre, ceux qui ne vous connaissent pas, ô Eglise ! Mais nous savons que s'ils cherchent Dieu du fond de leur cœur, ils

 

1. MATTH. XXVIII, 20.

 

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vous connaîtront un jour. Qu'ils sont à plaindre, ceux qui vous ont connue, et qui vous renient dans leur orgueil et leur ingratitude ! Mais nul n'arrive à un tel malheur sans avoir volontairement éteint en soi la lumière. Qu'ils sont à plaindre, ceux qui vous connaissent, qui vivent de votre substance maternelle, et qui s'unissent à vos ennemis pour vous insulter et vous trahir ! Légers de pensée, confiants en eux-mêmes, entrailles par l'audace de leur siècle, on dirait qu'ils vous considèrent désormais comme une institution humaine, et ils osent vous juger, pour vous absoudre ou vous condamner, selon qu'il semblera convenable à leur sagesse.

Au lieu de révérer, ô Eglise, tout ce que vous avez enseigné sur vous-même et sur vos droits, tout ce que vous avez ordonné, réglé, pratique, il en est qui, sans vouloir rompre le lien qui les unit à vous, osent confronter avec les idées d'un soi-disant progrès votre parole et vos actes. En ce monde qui vous a été donné en héritage, ces fils insolents se permettent de vous faire votre part. Désormais, vous, la Mère du genre humain régénéré, vous seriez en tutelle sous leur garde. C'est d'eux que vous apprendriez désormais ce qui convient à votre ministère ici bas. Des hommes sans Dieu et adorateurs de ce qu'ils appelaient les droits de l'homme, osèrent, il y a un siècle, vous expulser de la société politique, que vous aviez jusqu'alors maintenue en rapport avec son divin auteur. Pour satisfaire aujourd'hui leurs imprudents disciples, il vous faut anéantir tous les monuments de votre droit public, et vous résigner au rôle d'étrangère. Jusqu'ici vous exerciez les droits que vous avez reçus du Fils de Dieu sur les âmes et sur les corps; il vous faut

 

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désormais accepter, en place de votre royauté, la liberté commune qu'une même loi de progrès assure à l'erreur comme à la vérité. Les conseils de ce monde ont obtenu le sacrilège succès de faire descendre de son trône, après mille ans de règne, le Vicaire de votre Epoux ; et au lieu de se relever de toute la hauteur de leur foi et de se poser en défenseurs chrétiens du dernier boulevard de la chrétienté, il en est parmi nous qui ont été chercher les moyens de le soutenir dans les utopies d'une politique rationaliste, dont votre existence, votre enseignement et vos actes sont la réprobation la plus formelle. Aveugles qui pensent vous faire accepter sous un masque humain par ceux qui haïssent précisément en vous le caractère surnaturel !

Qu'ils ont bien mieux compris les devoirs de leur temps, ceux qui, dédaignant ces profanes théories, sont partis, avec le dévouement des Machabées, pour tirez le glaive contre vos ennemis, ô Eglise ! Dans ce siècle où la foi est altérée et diminuée, ils ont compris leur rôle de chrétiens, et la couronne des martyrs est à eux. O Eglise! il ne s'agit pas pour nous de vous travestir, mais de vous confesser. Vous êtes l'un des articles de notre Symbole: « Je crois la sainte Eglise catholique. » Il y a dix-huit siècles que les chrétiens vous connaissent ; ils savent que vous ne marchez pas au caprice des hommes. C'est à eux de vous accepter telle que Jésus vous a faite : signe de contradiction comme lui ; à eux de s'instruire par vos réclamations, vos protestations, et non de vous réformer sur un type nouveau. Une main divine pourrait seule opérer ce prodige.

Qu'il fait bon, ô Eglise, partager votre sort ! Dans un siècle qui n'est plus chrétien, vous êtes

 

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redevenue impopulaire. Vous le fûtes longtemps dans les siècles passés ; et vos fils n'étaient dignes de vous appartenir qu'à la condition de savoir se compromettre pour vous. Ces temps sont revenus. Nous ne voulons point séparer notre cause de la vôtre ; nous vous avouerons toujours comme notre Mère immuable, supérieure à tout ce qui passe, et poursuivant ses destinées à travers des siècles de gloire et des siècles de persécution, jusqu'à ce que l'heure ait sonné où cette terre qui fut créée pour être votre domaine, vous verra monter dans les cieux, et fuir un monde condamné à périr sans retour pour vous avoir méconnue et mise hors la loi.

 

A la louange du divin Epoux de notre Mère, chantons ce cantique pascal tiré des anciens Missels de Flandre.

 

SÉQUENCE.

 

Que l'univers entier chante alleluia : par ses vœux, par ses cantiques, qu'il célèbre la solennité pascale.

 

Que le jeune essaim, blanc comme la neige, éclate en transports, au sortir des fonts sacrés, délivré des eaux du fleuve infernal.

 

Et nous avec mélodie, faisons résonner les cordes de nos instruments.

 

Que nos voix sonores expriment avec accord les neumes de nos joyeux cantiques.

 

Le Christ plein de douceur, devenu notre hostie, a porté le bois de la croix pour remédier à nos maux.

 

Pour nous assurer la vie immortelle, il a supporté la mort.

 

Il a daigné boire l'amer breuvage du fiel.

 

Il a enduré de cruelles blessures dans sa chair, que les clous et la lance ont traversée.

 

Après avoir souffert pour nos péchés qu'il avait pris sur lui, il est descendu au fond du Tartare :

 

D'où il remonte, après avoir brisé les armes de l'antique ennemi, rapportant en triomphe un superbe trophée.

 

Ayant vaincu la mort et repris sa chair, il ressuscite aujourd'hui victorieux.

 

Chantons donc à sa gloire de joyeux cantiques.

 

C'est par lui que la vie éternelle nous est rendue, et que les palais célestes nous sont rouverts.

 

A lui donc la louange et les cantiques d'honneur. Amen.

 

 

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