VENDREDI II

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PROPRE DES SAINTS

LE VENDREDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE APRÈS PÂQUES.

 

 

 

V/. In resurrectione tua, Christe, alleluia,

 

R/. Cœli et terra laetentur, alleluia.

 

V/. A votre résurrection, ô Christ ! alleluia,

R/. Le ciel et la terre sont dans l'allégresse, alleluia.

 

 

Tournons aujourd'hui nos regards vers un autre spectacle ; abaissons-les sur Jérusalem, la ville déicide qui retentissait, il y a quinze jours, de l'horrible cri : « Otez-le ! ôtez-le ! crucifiez-le ! » Estelle émue des grands événements qui se sont accomplis dans son sein ? la rumeur qui s'est répandue sur le tombeau trouvé vide dure-t-elle encore ? Les ennemis du Sauveur sont-ils parvenus à endormir le public par leur ignoble stratagème ? Ils ont fait venir les gardes du sépulcre, et ils leur ont donné de l'argent pour dire à qui voudra les entendre, qu'ils ont mal gardé la consigne qu'on leur avait assignée, qu'ils se sont tous laissés aller au sommeil, et que, pendant ce temps, les disciples sont venus furtivement et ont enlevé le corps de leur Maître. Dans la crainte que ces soldats ne s'inquiètent des suites que peut avoir pour eux une telle infraction à la discipline, on leur a promis de négocier l'impunité auprès des chefs (1).

 

1. MATTH. XXVIII, 12

 

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Voilà donc le dernier effort de la synagogue pour anéantir jusqu'à la mémoire de Jésus de Nazareth ! Elle prétend en faire un obscur imposteur qui a fini par un supplice honteux, et qu'une plus honteuse supercherie a achevé de compromettre après sa mort. Encore quelques années cependant, et le nom de ce Jésus, s'échappant de l'étroite enceinte de Jérusalem et de la Judée, aura retenti jusqu'aux extrémités de la terre. Encore un siècle, et les adorateurs de ce Jésus couvriront le monde. Encore trois siècles, et la corruption païenne s'avouera vaincue, et les idoles rouleront dans la poussière, et la majesté des Césars s'inclinera devant la croix. Dis donc encore, ô Juif aveugle et obstiné, qu'il n'est pas ressuscité, celui que tu n'as su que maudire et crucifier, lorsque maintenant il est le roi du monde, le monarque béni d'un empire sans limites. Relis donc encore une fois tes propres oracles, ces oracles que nous avons reçus de ta main. Ne disent-ils pas que le Messie sera méconnu, qu'il sera mis au rang des scélérats, et traité par toi comme l'un d'eux (1) ? Mais ne disent-ils pas aussi que « son sépulcre sera glorieux (2) ? » Pour tout autre homme le tombeau est l'écueil contre lequel vient se briser sa gloire ; pour Jésus, il en a été autrement : le trophée de sa victoire est un sépulcre ; et c'est parce qu'il a étouffé la mort dans ses bras victorieux que nous le proclamons le Messie, le Roi des siècles, le Fils de Dieu.

Mais Jérusalem est charnelle, et l'humble Nazaréen n'a pas flatté son orgueil. Ses prodiges étaient éclatants, la sagesse et l'autorité de ses discours sans égales dans le présent ni dans le

 

1. ISAI. LIII, 12. — 2. Ibid. X, 10.

 

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passé, sa bonté, sa miséricorde supérieures encore aux misères de l'homme : Israël n'a rien vu, n'a rien entendu, n'a rien compris; il ne s'est souvenu de rien. Sa destinée est, hélas ! fixée en ce moment, et c'est lui qui l'a faite. Daniel le déclara, il y a cinq siècles : « Le peuple qui l'aura renié ne sera plus son peuple (1). » Qu'ils se hâtent donc de recourir au divin ressuscité, ceux qui ne veulent pas être ensevelis sous la plus affreuse ruine qui ait jamais épouvanté le monde.

Une lourde atmosphère pèse sur la cité déicide. Ils ont crié: « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » Ce sang est sur Jérusalem comme un nuage de colère. Encore quarante ans, et les foudres qu'il recèle éclateront. Ce sera le carnage, l'incendie, la destruction, et « une désolation qui demeurera jusqu'à la fin (2). » Dans son aveuglement, Jérusalem, qui sait que les temps sont accomplis, va devenir un foyer de séditions. Des aventuriers se donnant tour à tour pour le Messie agiteront la nation juive, jusqu'à ce qu'enfin Rome s'émeuve, et envoie ses légions pour éteindre sous des flots de sang le foyer de la révolte ; et Israël chassé de sa patrie sera errant, comme Caïn, par toute la terre.

Oh ! que ne reconnaissent-ils Celui qu'ils ont méconnu, et qui les attend encore ! pourquoi passent-ils sans remords près de ce tombeau vide qui proteste contre eux ? N'ont-ils pas demandé que le sang innocent fût versé ? Ce premier crime, fruit de leur orgueil, demande à être rétracté, et alors le pardon descendra sur eux. Que s'ils persistent à le soutenir, c'en est fait ; l'aveuglement est désormais leur châtiment. Ils s'agiteront

 

1. Dan. IX, 26 — 2. Ibid.

 

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dans les ténèbres, et rouleront jusqu'au fond de l'abîme. Les échos de Bethphagé et de la montagne des Oliviers n'ont pas eu le temps d'oublier le cri de triomphe qu'ils répétaient il y a peu de jours : « Hosannah au fils de David ! » Essaie, ô Israël, il en est temps encore, de faire entendre de nouveau cette légitime acclamation. Les heures s'écoulent ; la solennité de la Pentecôte s'ouvrira bientôt. C'est en ce jour que la loi du fils de David doit être promulguée, que l'abrogation de la loi désormais stérile de Moïse doit être publiée. En ce jour, tu sentiras deux peuples dans ton sein : l'un faible quant au nombre, mais appelé à conquérir toutes les nations au vrai Dieu, s'inclinera avec amour et repentir devant le fils de David crucifié et ressuscité ; l'autre, superbe et dédaigneux, n'aura que des blasphèmes pour son Messie, et méritera par son ingratitude de servir à jamais d'exemple à quiconque endurcit volontairement son cœur. Il nie encore aujourd'hui la résurrection de sa victime ; mais le châtiment qui pèse sur lui jusqu'à la fin des siècles, montre assez que le bras vengeur que l'on y sent est un bras divin, le bras du Dieu de vérité dont les anathèmes sont infaillibles.

 

Glorifions notre divin Messie ressuscité, en lui offrant cette Séquence pascale que nous trouvons dans les anciens Missels de Saint-Gall.

 

SÉQUENCE.

 

Par les chants les plus beaux, célébrons avec transport

 

La nouvelle victoire que le grand Roi a remportée sur la croix.

 

C'est sur ce bois qu'il a triomphé de l'empire de la mort ;

 

Qu'il a anéanti l'antique cédule de nos péchés ;

 

Que l'Agneau pascal a été immolé comme une victime pour le troupeau ;

 

Qu'il a foulé le pressoir, celui qui est venu d'Edom et de Bosra,

 

Apportant avec lui le remède qui devait guérir la blessure faite par le serpent.

 

Par la croix le monde est réconcilié avec Dieu ; par le bois l'homme fut vendu dans Adam, et par le bois il est racheté maintenant.

 

Par la croix, la créature dernière est associée aux Astres du matin ; c'est elle qui remplira les vides du ciel.

 

O croix, arbre de vie, qui portes Celui qui est la vie et la rançon du monde, tu es l'échalas auquel est suspendue la grappe transplantée des vignes d'Engaddi.

 

Le Christ, notre paix, a détruit l'inimitié ; il a donné la paix à ceux qui étaient près, et à ceux qui étaient loin.

 

O croix puissante, tu as attiré le monde entier, en l'enserrant tout entier dans tes deux bras.

 

O croix, tu t'élèves dans les airs, mais tu plonges aussi jusqu'aux abîmes, et les captifs que tu viens délivrer, tu les élèves jusqu'au ciel.

 

Le Christ a offert en victime sur ton bois le temple de sa chair, ce temple qui fut créé dans le nombre de jours figuré par les quatre lettres grecques du nom d'Adam ; mais c'est afin de réédifier après trois jours le monde, dont les quatre points du ciel mesurent l'étendue.

 

Agneau du Père souverain, toi qui par la croix ôtes les péchés du monde, donne-nous l'accroissement de la foi, de l'espérance et de la charité, afin que nous puissions comprendre avec tous les Saints, les dimensions mystérieuses de cette croix sacrée.

 

Rends-nous pleins de compassion pour le prochain ; encourage-nous à mortifier la chair, et laisse-nous marcher sur tes traces, chargés aussi nous-mêmes du poids de notre croix.

 

Ainsi protégés et garantis ici-bas, nous attendrons de paraître devant ton tribunal, ô Juge, mettant notre confiance dans le sceau imprimé sur nous de ta sainte croix,

 

Et proclamant devant toutes les nations que Dieu a vaincu, et qu'il règne par le bois.

Amen.

 

 

 

 

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