LUNDI IV

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PROPRE DES SAINTS

LE LUNDI DE LA QUATRIÈME SEMAINE APRÈS PÂQUES.

 

 

V/. In resurrectione tua, Christe, alleluia,

 

R/. Cœli et terra laetentur, alleluia.

 

V/. A votre résurrection, ô Christ ! alleluia,

R/. Le ciel et la terre sont dans l'allégresse, alleluia.

 

 

 

Jésus ressuscité ne se borne pas à constituer son Eglise, à établir la hiérarchie qui doit la régir en son nom jusqu'à la consommation des siècles ; il confie en même temps à ses disciples sa divine parole, les vérités qu'il est venu révéler à la terre, et dont il a ébauché en eux la connaissance durant les trois années qui précédèrent sa passion La Parole de Dieu, que nous appelons autrement la Révélation, est, avec la Grâce, le plus précieux don que le ciel ait pu nous faire. Parla Parole de Dieu nous connaissons les mystères de sa divine essence, le plan selon lequel il a ordonné la création, la fin surnaturelle qu'il a préparée pour les êtres intelligents et libres, les conséquences de la chute originelle, l'œuvre sublime de la réparation par l'Incarnation du Verbe, enfin les moyens par lesquels nous devons l'honorer et le servir, et obtenir ainsi notre fin.

Dieu dès le commencement avait fait entendre sa Parole à l'homme; plus tard il parla par les Prophètes; mais lorsque la plénitude des temps

 

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fut arrivée, son propre Fils descendit sur la terre pour compléter la révélation première. Jésus n'a cessé d'enseigner les hommes depuis trois ans, et pour faire pénétrer sa doctrine dans leurs esprits, il s'est mis pour ainsi dire à leur niveau. Rien de plus élevé, de plus divin, et en même temps rien de plus familier que son enseignement; pour en faciliter l'intelligence, il a eu recours souvent à d'ingénieuses et simples paraboles dans lesquelles l'imagination venait en aide à la pensée de ses auditeurs. Ses apôtres et ses disciples, destinés à recevoir l'héritage de sa doctrine, ont été l'objet d'une instruction spéciale; mais jusqu'à l'accomplissement des mystères de la mort et de la résurrection de leur Maître, ils avaient peu compris ce qu'il leur disait. Depuis sa résurrection, il a repris l'œuvre de leur initiation. Leur esprit saisit mieux son enseignement, en ces jours où il le leur donne avec tout l'ascendant de sa victoire sur la mort, où leur intelligence s'est développée à la lumière des événements surhumains qu'ils ont vu s'accomplir. Si déjà, lors de la dernière Cène, il pouvait leur dire : « Je ne vous appellerai plus mes serviteurs, mais mes amis; car tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai manifesté (1) » ; comment doit-il les traiter aujourd'hui qu'il a résumé à leurs yeux toute la somme de ses enseignements, qu'ils sont en possession de sa Parole tout entière, et n'attendent plus que la venue de l'Esprit-Saint en eux pour la confirmer dans leur intelligence, et leur donner la force de la proclamer à la face du monde entier ?

Parole divine, révélation sacrée, qui nous initiez

 

1. JOHAN. XV, 15.

 

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aux secrets de Dieu que la raison n'eût jamais connus, nous nous inclinons devant vous avec reconnaissance et soumission. Vous donnez naissance à une vertu « sans laquelle l'homme ne saurait être agréable à Dieu (1) », à une vertu par laquelle commence l'œuvre du salut de l'homme, et sans laquelle cette œuvre ne pourrait ni se continuer ni se conclure. La foi est cette vertu, la foi qui incline la raison devant la divine Parole ; la foi qui répand plus de lumière, du fond de ses glorieuses ténèbres, que toutes les spéculations de la raison entourées de toute leur évidence. Cette vertu sera le lien intime de la nouvelle société ; pour en devenir membre, il faudra commencer par croire ; pour en demeurer membre, il faudra ne pas cesser un seul instant de croire. « Celui qui croira, » nous dira tout à l'heure Jésus, au moment de monter au ciel, « celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné (2). » Afin d'exprimer cette nécessité de la foi, les membres de la nouvelle société porteront le beau nom de fidèles, et l'on appellera infidèles ceux qui n'ont pas le bonheur de croire.

La foi étant le premier lien qui unit surnaturellement l'homme à Dieu, lien dont la rupture entraîne une séparation complète, celui qui, après avoir joui de ce lien, aura le malheur de le rompre en rejetant la Parole divine pour y substituer une doctrine contraire, aura commis le plus grand des crimes. On l'appellera hérétique, c'est-à-dire celui qui se sépare; et les fidèles verront sa ruine avec terreur. Quand bien même sa rupture avec la Parole révélée n'aurait lieu que sur un seul

 

1. Hebr. XI, 6. — 2. MARC, XVI, 16.

 

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article, il commet le plus énorme blasphème ; car ou il se sépare de Dieu comme d'un être trompeur, ou il déclare que sa raison d'emprunt, si faible et si bornée, est au-dessus de la Vérité éternelle et infinie.

Durant de longs siècles l'hérésie se montrera, attaquant et cherchant à ébranler chaque dogme tour à tour, mais en vain. La divine révélation sortira toujours plus pure, plus lumineuse et plus primitive de ces assauts redoublés. Mais arrivera un temps, et ce temps est le nôtre, où l'hérésie ne s'exercera plus sur tel ou tel article de la foi, en conservant les autres. Il paraîtra des hommes qui proclameront l'indépendance absolue de la raison en face de toute révélation divine, déclarée impossible ; et ce système impie s'intitulera du nom superbe de Rationalisme. Au dire de ces infidèles, Jésus-Christ sera non avenu, son Eglise une école d'abaissement pour la dignité humaine, dix-huit siècles de civilisation chrétienne une illusion. Ces hommes qui se disent Philosophes chercheront à mettre la main sur la société humaine. Leurs affreux essais l'eussent anéantie, si Dieu ne fût venu à son secours, pour remplir la promesse qu'il a faite de ne pas laisser périr au sein de l'humanité la Parole révélée dont il l'a dotée, ni l'Eglise dépositaire de cette divine Parole jusqu'au dernier jour.

D'autres, moins audacieux, et ne pouvant fermer les yeux aux faits si évidents de l'histoire et de l'humanité, qui attestent le progrès si visible dont le christianisme a été la source pour le monde, refusant d'ailleurs de soumettre leur raison à des mystères intimés d'en haut, s'y prennent autrement pour enlever de ce monde l'élément de la foi. Poursuivant toute croyance révélée, tout prodige

 

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destiné à certifier l'intervention divine, ils veulent expliquer par la marche naturelle des événements tous les faits qui rendent témoignage de la présence du propre Fils de Dieu ici-bas. Ils n'insultent pas, ils dédaignent; selon eux le surnaturel est inutile ; on a pris, disent-ils, des apparences pour des réalités : peu leur importent l'histoire et les lois du bon sens. Au nom de leur système qu'ils appellent Naturalisme, ils nient ce qu'ils ne peuvent expliquer, ils déclarent que dix-huit siècles se sont trompés, et proclament que le Créateur n'a pu violer les lois de la nature, de même que les rationalistes soutiennent qu'il n'existe rien qui soit au-dessus de la raison.

Raison et Nature ! faibles obstacles pour arrêter l'amour du Fils de Dieu venant au secours de l'homme. La Raison, il la redresse et la perfectionne par la foi ; la Nature, il en enfreint les lois par son souverain pouvoir, afin que nous ouvrions les yeux, et que notre foi ne soit pas téméraire, mais appuyée sur le témoignage divin que rendent les prodiges. Jésus est véritablement ressuscité ; que la raison et la nature se réjouissent; car il vient les relever et les sanctifier l'une et l'autre.

 

Chantons la gloire du divin triomphateur que notre foi adore, et offrons-lui cette Séquence du Missel de Cluny de 1523.

 

SÉQUENCE.

 

Il a vaincu, le rejeton de David, le Lion de la tribu de Juda.

 

La mort a triomphé de la mort ; elle est devenue notre vie.

 

Duel merveilleux, victoire admirable aux yeux des brebis du troupeau,

 

Lorsqu'on le vit surmonter par sa mort l'ennemi robuste et tous ses artifices.

 

Le Roi éternel a pénétré jusque dans sa demeure : il y a brisé les armes de

l'enfer.

 

Il a rapporté avec lui la drachme qui était perdue : il a abaissé les barrières du royaume céleste.

 

La porte du Paradis qui fut close dès les premiers jours, à cause du fruit défendu qui donna la mort ;

 

La porte qu'Eve révoltée contre son créateur, avait fermée à tous les fils qui sortiraient de sa race,

 

Un Dieu l'a ouverte en effaçant le péché du premier père dont il a pris la descendance.

 

La mort s'était emparée sans droit de celui qui n'eût jamais pu tomber sous ses lois par le péché.

 

Convoitant plus qu'il ne lui fut permis, elle a perdu justement ce que par droit elle avait gagné.

 

Elle voulut accroître son empire, et elle a été dépouillée de ce qu'elle possédait.

 

Voici le véritable Agneau manifesté sous les nombreuses figures de la Loi. Pour racheter ses propres membres, il s'est offert comme hostie à son Père, en nos jours , afin de sauver le monde.

 

Il est la pierre angulaire rejetée par ceux qui construisaient l'édifice.

 

Cette pierre est maintenant la tête de l'angle, dominant toutes les autres.

 

Son royaume est vaste, et sa puissance s'exerce dès l'origine des siècles.

Amen.

 

 

 

 

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