MERCREDI III

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PROPRE DES SAINTS

LE MERCREDI DE LA TROISIEME SEMAINE APRÈS PÂQUES.

 

 

V/. In resurrectione tua, Christe, alleluia,

 

R/. Cœli et terra laetentur, alleluia.

 

V/. A votre résurrection, ô Christ ! alleluia,

R/. Le ciel et la terre sont dans l'allégresse, alleluia.

 

 

Rien de plus grand, de plus élevé sur la terre que les Princes de la sainte Eglise, que les Pasteurs établis par le Fils de Dieu, et dont la succession durera autant que le monde ; mais n'allons pas croire que les sujets de cet immense empire que l'on appelle l'Eglise n'aient pas aussi leur dignité et leur grandeur. Le peuple chrétien, au sein duquel se confondent, dans une égalité complète, le prince et le simple particulier, l'emporte en lumières et en valeur morale sur tout le reste de l'humanité. Partout où il s'étend, la vraie civilisation pénètre ; car il porte partout la vraie notion de Dieu et de la fin surnaturelle de l'homme. Devant lui la barbarie recule, les institutions païennes, si antiques qu'elles soient, s'effacent; il vit même un jour la civilisation grecque et romaine lui rendre les armes, et le droit chrétien sorti de l'Evangile se substituer de lui-même au droit des peuples gentils. De nos jours encore, dans l'extrême Orient, la vue seule d'une armée chrétienne, composée de quelques mille hommes,

 

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a frappé de stupeur tout un immense empire; le souverain qui commande à trois cents millions de sujets et se fait appeler le Fils du ciel, n'a pu vaincre ses terreurs ; sans essayer la moindre résistance, il a fui honteusement sa capitale et ses palais. Sous les mêmes cieux, d'autres faits plus nouveaux ont également montré la supériorité que le baptême imprime ainsi aux races chrétiennes; car il serait déraisonnable de prétendre trouver la raison première de cette supériorité dans notre civilisation, puisque cette civilisation elle-même n'a été que le produit du baptême.

Mais si la grandeur du peuple chrétien est telle, qu'elle exerce son prestige extérieur jusque sur les infidèles eux-mêmes, que dirons-nous de celle que la foi nous révèle en lui ? L'Apôtre saint Pierre, le Pasteur universel entre les mains duquel nous venons de voir le divin Pasteur déposer les clefs, définit ainsi le noble troupeau qu'il est chargé de paître : « Vous êtes, leur dit-il, la race choisie , le sacerdoce royal , la nation sainte, le peuple acquis, chargé de publier les grandeurs de Celui qui vous a appelés du sein des ténèbres à son admirable lumière (1). » C'est en effet au sein de ce peuple que se conserve la vérité divine; et elle ne saurait s'éteindre chez lui. Lorsque l'autorité enseignante doit proclamer, dans son infaillibilité, une décision solennelle en matière de doctrine, elle fait d'abord appel à la foi du peuple chrétien, et la sentence déclare inviolable ce qui a été cru «  en tous lieux, en tous temps, et par tous (2).» Chez le peuple chrétien réside ce principe admirable de fraternité des intelligences, le plus sublime phénomène qui

 

1. I. Petr. II, 9. — 2. Vincent. Lirin. Commonitorium.

 

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soit sous le ciel, en vertu duquel vous retrouvez la même croyance chez les races les plus diverses, fussent-elles même hostiles les unes à l'égard des autres ; sous le rapport de la foi, sous celui de la soumission aux Pasteurs, il n'y a qu'un seul peuple. Au sein de ce peuple fleurissent les vertus les plus complètes, quelquefois les plus héroïques; car il est le dépositaire, pour une large part, de l'élément de sainteté que Jésus a versé par sa grâce dans la nature humaine.

Voyez aussi avec quel amour le Pastorat le protège et l'honore ! A tous les degrés de la sainte hiérarchie est attaché le devoir de donner sa vie pour le troupeau. Ce sacrifice du Pasteur à ses brebis n'est pas même un héroïsme : il est un devoir strict. Honte et malédiction au Pasteur qui recule ! le Rédempteur le flétrit du nom de mercenaire. Mais aussi, qu'elle est belle, et qu'elle est innombrable , cette armée de Pasteurs qui, depuis dix-huit siècles, ont donné leur vie pour le troupeau ! Il n'est pas une page des annales de l'Eglise où leurs noms ne resplendissent, depuis celui de Pierre crucifié comme son Maître, jusqu'à ceux de ces Evêques de la Cochinchine, du Tonkin et de la Corée, dont les récents martyres sont venus nous avertir que le Pasteur n'a pas cessé de se considérer comme victime pour le troupeau. Aussi voyons-nous qu'avant de confier ses agneaux et ses brebis à Pierre, Jésus veut avant tout s'assurer s'il aime plus que les autres. Si Pierre aime son Maître, il aimera les brebis de son Maître , et il saura les aimer jusqu'à donner sa vie pour elles. C'est l'avertissement que lui donne le Sauveur qui, après lui avoir confié son troupeau tout entier, termine en lui prédisant le martyre. Heureux peuple que celui

 

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dont les chefs n'exercent la puissance qu'à la condition d'être prêts à répandre pour lui tout leur sang !

Avec quel respect, quelle considération, les Pasteurs traitent ces brebis de leur Maître ! Que l'une d'elles vienne à retracer dans sa vie les caractères qui dénotent la sainteté, au point de mériter d'être proposée à la société chrétienne comme modèle et comme intercesseur ; vous verrez alors non seulement le Prêtre dont la parole appelle le Fils de Dieu sur l'autel, non seulement l'Evêque dont les mains sacrées tiennent le bâton pastoral, mais le Vicaire du Christ lui-même, humblement agenouillés devant le tombeau ou l'image du serviteur ou de la servante de Dieu, si humble qu'ait été son rang, si faible qu'ait été son sexe sur la terre. Ce respect pour les brebis du Christ, le sacerdoce hiérarchique le témoignera même à l'enfant baptisé dont la langue n'est pas déliée encore, qui n'est pas compté dans l'Etat parmi les citoyens, qui peut-être avant la lin du jour sera fané comme la fleur des champs. Le Pasteur reconnaît en lui un membre digne d'honneur de ce Corps de Jésus-Christ qui est l'Eglise, un être comblé de dons sublimes qui font de lui l'objet des complaisances du ciel et la bénédiction de tous ceux qui l'entourent. Lorsque le temple saint réunit l'assemblée des fidèles, et que l'encens a fumé sur l'oblation sainte et autour de l'autel, le célébrant qui offre le Sacrifice reçoit l’hommage de ce parfum mystérieux qui honore en lui le représentant du Christ ; le collège sacerdotal voit ensuite s'avancer vers lui le thuriféraire, qui vient rendre honneur à ceux qui sont marqués du caractère sacré ; mais l'encens ne s'arrête pas dans le sanctuaire. Voici que

 

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le thuriféraire vient se placer en face du peuple fidèle, et lui décerne au nom de l'Eglise ce même hommage que nous avons vu rendre au Pontife et aux prêtres ; car le peuple fidèle est aussi dans le Christ. Bien plus, lorsque la dépouille mortelle du chrétien, eût-il été le plus pauvre entre ses frères, est apportée dans la maison de Dieu pour y recevoir les derniers devoirs, ces devoirs sont encore un hommage. L'encensoir parcourt encore ces membres inanimés ; tant l'Eglise tient à reconnaître et à honorer jusqu'au dernier moment le caractère divin que la foi lui révèle jusque dans le plus humble de ses enfants ! O peuple chrétien ! qu'il est juste de dire de toi, et à plus forte raison, ce que Moïse disait de son Israël : « Non, il n'est pas de nation si grande et si comblée d'honneur (1) ! »

 

1. Deut. IV, 7.

 

A la louange du divin ressuscité qui nous a assuré tous ces biens, chantons un cantique de reconnaissance et d'amour, que nous prendrons encore dans les anciens Missels de Saint-Gall.

 

SÉQUENCE.

 

Qui pourra jamais, dans ses chants, célébrer les mystères accomplis par votre majesté, ô le plus grand des rois! Egal en divinité au Père suprême, vous disposez  toutes choses par un semblable pouvoir.

 

Ce monde n'existait pas encore, et déjà au sein du Père, vous étiez cette Sagesse par qui toutes choses ont été laites, et dont rend témoignage ce triple univers. Voyant plongés dans l'abîme ceux que vous aviez honorés en les créant à votre image, vous vous êtes fait homme pour nous, afin de nous délivrer par votre sang.

 

Votre immolation fut jadis figurée sous le type de notre aïeul Isaac, en place duquel un bélier fut offert au Seigneur.

 

Joseph figura aussi les épreuves que vous deviez souffrir pour le rachat du monde, ô Christ ! vendu d'abord comme esclave en Egypte, et bientôt fournissant à son peuple un aliment mystérieux.

 

La victoire que vous deviez remporter sur l'enfer fut représentée aussi par Samson, l'homme invincible, lorsqu'il étouffa le lion, et qu'il brisa les portes de la cité ennemie.

 

Vous êtes, ô Seigneur, la fleur vermeille et odorante, qu'a produite la branche sortie du tronc de Jessé qui doit sa noblesse à un tel rejeton, comme l'ont chanté les Prophètes.

 

Tels furent, ô Rédempteur, les symboles manifestes autrefois à nos pères, comme des ombres figuratives ; maintenant, vous daignez vous-même nous en montrer la réalité.

 

A votre présence les nuages se dissipent ; aujourd'hui vous faites voir l'éclat de votre visage à la terre qui naguère, au moment de votre mort, avait disparu tremblante sous les ténèbres.

 

Tous les éléments de ce monde se sont embellis d'une lumière sereine, depuis que vous êtes revenu vainqueur du tombeau. Donc, ô frères, d'un cœur humble et sincère, louons ensemble le Seigneur, et ensemble chantons :

 

Louange soit au souverain Père, qui, voulant nous retirer de l'abîme du péché, n'a pas épargné même son propre Fils.

 

Louange aussi soit au Fils, qui pour nous s'est fait homme, afin de nous arracher à l'enfer, et de nous rendre au Paradis.

 

Gloire égale à l'Esprit-Saint, dans toute l'éternité. Amen.

 

 

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