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SAMEDI V
PROPRE DES SAINTS

LE SAMEDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE APRÈS PÂQUES.

 

 

 

V/. In resurrectione tua, Christe, alleluia,

 

R/. Cœli et terra laetentur, alleluia.

 

V/. A votre résurrection, ô Christ ! alleluia,

R/. Le ciel et la terre sont dans l'allégresse, alleluia.

 

 

 

En ce jour du samedi, tournons-nous vers Marie, et contemplons-la de nouveau au milieu des joies de la résurrection de son fils. Elle avait traversé avec lui la mer des douleurs; pas une des souffrances de Jésus qu'elle n'eût ressentie dans la mesure possible à une créature ; pas une des grandeurs de la résurrection du Rédempteur qui ne lui soit communiquée dans la même mesure. Il était juste que celle à laquelle Dieu avait accordé la grâce et le mérite de participer à l'œuvre de la Rédemption, eût aussi sa part dans les prérogatives de son fils ressuscité. Son âme s'éleva à des hauteurs nouvelles ; la grâce l'inonda de faveurs qu'elle n'avait pas reçues jusque-là, et ses œuvres ainsi que ses sentiments en devinrent plus célestes encore.

Jésus, en se montrant à elle la première, au moment qui suivit sa résurrection, lui a communiqué dans ses divins embrassements cette vie nouvelle où il est entré ; et nous ne devons pas

 

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nous en étonner, puisque nous savons que le simple chrétien qui, purifié par la compassion aux douleurs de Jésus, s'unit ensuite, avec la sainte Eglise, au sublime mystère de la Pâque, devient aussi participant de la vie du Sauveur ressuscité. Cette transformation qui en nous est faible, et souvent, hélas ! trop fugitive, s'opéra en Marie dans toute la plénitude qu'appelaient à la fois sa haute vocation et son incomparable fidélité ; et l'on pouvait dire d'elle, bien autrement que de nous, qu'elle était véritablement ressuscitée en son fils.

En songeant à ces quarante jours durant lesquels Marie doit encore posséder son divin fils sur la terre, notre souvenir se reporte à ces autres quarante jours où nous la vîmes penchée sur le berceau de Jésus nouveau-né. Alors nous entourions de nos tendres hommages cette heureuse mère allaitant le plus chéri des fils ; on entendait les concerts des Anges, on voyait arriver les bergers et bientôt les Mages ; tout était douceur, charme et attendrissement. Mais l'Emmanuel que nos yeux contemplaient alors avec tant de délices nous frappait surtout par son humilité ; en lui nous reconnaissions l'Agneau venu pour effacer les péchés du monde : rien n'annonçait encore le Dieu fort. Quel changement s'est opéré depuis cette époque de touchante mémoire ! Avant d'arriver aux joies qui l'inondent en ce moment, que de douleurs ont assiégé le cœur de Marie ! Le glaive prédit par Siméon est brisé pour toujours ; mais combien sa pointe fut acérée et son tranchant cruel ! Aujourd'hui, Marie peut dire avec le Prophète : « Autant les angoisses de mon cœur furent vives et poignantes, autant le bonheur le ravit aujourd’hui (1). »

 

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L'Agneau, le tendre Agneau est devenu le Lion superbe de la tribu de Juda, et Marie, mère de l'enfant de Bethléhem, est mère aussi du puissant triomphateur.

Avec quelle complaisance ce vainqueur de la mort étale aux yeux de Marie les splendeurs de sa gloire! Le voilà tel qu'il devait paraître après l'accomplissement de sa mission, ce divin Roi des siècles qu'elle a porté neuf mois dans son sein, qu'elle a nourri de son lait, qui éternellement, tout Dieu qu'il est, l'honorera comme sa mère. Durant les quarante jours de la résurrection, il l'entoure de toutes les recherches de sa tendresse, il aime à combler ses vœux maternels en se montrant fréquemment à elle. Qu'elles sont touchantes et intimes, ces entrevues du fils et de la mère ! Que de sentiment dans le regard de Marie contemplant son Jésus, si différent de ce qu'il paraissait naguère et cependant toujours le même ! Ses traits si familiers à Marie ont pris un éclat inconnu à la terre ; les plaies restées imprimées sur ses membres les embellissent des rayons d'une lumière ineffable, en bannissant tout souvenir de douleur. Parlerons-nous du regard de Jésus contemplant Marie, sa chaste mère, son associée dans l'œuvre du salut des hommes, la créature parfaite, digne de plus d'amour que tous les êtres ensemble ? Quels entretiens que ceux d'un tel fils avec une telle mère, à la veille de l'Ascension, de ce départ qui doit encore, pour quelque temps, les séparer l'un de l'autre ! Nul mortel n'oserait entreprendre de raconter les divins épanchements auxquels ils se livrent durant ces trop courts instants : l'éternité nous les révélera ;

 

1. Psalm. XCIII, 19.

 

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mais notre cœur, s'il aime le fils et la mère, doit en pressentir quelque chose. Jésus veut dédommager Marie des délais que le ministère de Mère des hommes lui impose encore ici-bas ; Marie, plus heureuse qu'autrefois la sœur de Marthe, écoute sa parole, et s'en nourrit dans l'extase de l'amour. Heures trop rapides et trop rares, qui serez suivies d'une trop longue absence, coulez plus lentement, et laissez à la Mère de Jésus le temps de se rassasier de la vue et des caresses du plus cher et du plus beau des enfants des hommes ! O Marie, par ces heures de félicité qui compensèrent les heures si longues et si amères de la Passion de votre fils, demandez pour nous qu'il daigne se faire sentir et goûter à nos cœurs dans cette vallée de larmes où « nous sommes « en voyage loin de lui (1), » en attendant l'heureux moment où nous nous réunirons à lui pour n'en être plus séparés.

 

Offrons aujourd'hui à Marie cette belle Séquence, dans laquelle les Eglises d'Allemagne célébraient autrefois ses sept Allégresses, dont celle de la Résurrection fut pour la Mère de Dieu l'une des plus joyeuses.

 

1. II Cor. V, 6.

 

SÉQUENCE.

 

O Vierge, temple de la Trinité, le Dieu de bonté et de miséricorde avant vu votre humilité, goûté les charmes de votre douceur et le parfum de votre pureté, vous envoie un message pour vous apprendre qu'il veut naître de vous. L'Ange vous apporte le salut de la grâce; vous demandez comment s'opérera la merveille; l'Ange vous l'explique; vous consentez, et aussitôt le Roi de gloire s'incarne en vous.

 

Par cette allégresse, nous vous en prions, rendez-nous propice ce grand Roi ; faites qu'il nous protège, et que sa protection nous introduise dans la terre des vivants.

 

Votre seconde joie est lorsque vous enfantez le Soleil, vous étoile; le rayon lumineux, vous semblable à la lune. Cet enfantement ne vous a pas lésée ; il vous laisse vierge et n'opère en vous aucun changement. Comme la fleur ne perd pas son éclat en envoyant ses parfums autour d'elle ; ainsi votre virginité ne perd rien de son éclat, au moment où le Créateur daigne naître de vous.

 

O Marie, Mère de bonté, soyez pour nous la voie droite qui conduit à votre fils; par cette seconde allégresse, montrez-vous favorable, et repoussez loin de nous nos péchés.

 

Une étoile vous annonce votre troisième joie; cette étoile que vous voyez s'arrêter au dessus de votre fils, au moment où les mages l'adorent, et lui présentent la richesse variée des biens de la terre. En cette offrande, l'étoile rappelle l'unité, les trois rois, la trinité, l'or la pureté de l'âme, la myrrhe la chasteté des sens, l'encens les vœux de l'adoration.

 

O Marie, étoile du monde, purifiez-nous du péché ; rendez-nous féconds en vertus, et qu'un jour nous ayons part avec vous, vierge Marie, aux allégresses delà patrie.

 

La quatrième joie vous est donnée, ô Vierge, au moment où le Christ ressuscite d'entre les morts, le troisième jour. Par ce mystère, la foi se fortifie, l'espérance renaît, la mort est chassée, et vous avez part à ces merveilles, ô pleine de grâces ! L'ennemi vaincu est enchaîné ; il se plaint, il gémit, il s'agite dans son désespoir d'avoir perdu sa puissance; l'homme captif est délivré, et soulevé de cette terre, il s'élève en haut vers les cieux.

 

Mère du Créateur, daignez prier assidûment, afin que par cette allégresse, après le labeur de cette vie, nous puissions entrer dans les chœurs des habitants du ciel.

 

Votre cinquième joie fut, ô Vierge, lorsque vous vîtes votre Fils monter au ciel. La gloire dont il était environné vous révélait alors plus que jamais que celui dont vous étiez la mère était voire propre Créateur. En montant ainsi dans les cieux, il nous montre la voie par où l'homme s'élève aux palais célestes. Qu'il se levé donc et suive cette voie, celui qu'enchaînent encore les misères de ce monde.

 

Nous vous prions, Marie, par cette allégresse, de ne pas nous laisser sous le du démon ; mais faites-nous monter au ciel, où nous jouirons, avec vous et avec votre fils, de l'éternelle félicité.

 

En descendant des cieux la forme des langues, pour fortifier, protéger, remplir, purifier et enflammer les Apôtres, le divin Paraclet vient, ô Marie, apporter votre sixième joie. Le feu descend sous forme de langues, afin de guérir l'homme que la langue avait perdu,  et de cautériser son âme que le péché avait souillée dès le commencement.

 

Par cette joyeuse allégresse, ô Vierge, priez votre fils, afin que, dans le cours de cet exil, il daigne effacer nos taches, et que le péché ne soit plus sur nous au jour du grand jugement.

 

Le Christ vous convia à la septième joie, lorsqu'il vous appela de ce monde au séjour céleste, lorsqu'il vous éleva, ô Marie, sur le trône où vous recevez des honneurs incomparables, c’est là qu'une gloire vous entoure, à laquelle n'atteindra jamais aucun habitant du ciel; et nul, sur la terre, n'arrivera non plus au comble des vertus, si vous ne daignez les conserver en lui.

 

O Vierge, mère de bonté, faites-nous sentir les effets de votre tendresse ; gardez-nous du péché, et conduisez-nous avec les bienheureux aux éternelles allégresses.

 

O Marie toute pure, par ces sept joies, purifie-nous de nos péchés. O Mère féconde, rendez nos âmes fécondes en vertus, et emmenez-nous avec vous au sein de la félicité du Paradis. Amen.

 

 

 

 

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