MARDI IV

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PROPRE DES SAINTS

LE MARDI DE LA QUATRIÈME SEMAINE APRÈS PÂQUES.

 

 

V/. In resurrectione tua, Christe, alleluia,

 

R/. Cœli et terra laetentur, alleluia.

 

V/. A votre résurrection, ô Christ ! alleluia,

R/. Le ciel et la terre sont dans l'allégresse, alleluia.

 

 

La Parole divine impose la foi à la créature qui l'entend; mais cette parole ne se révèle pas sans être accompagnée de tous les signes qui la font discerner comme venant de Dieu même. Jésus ne s'est pas dit le Fils de Dieu, sans prouver qu'il l'était véritablement; il n'a pas réclamé la foi en sa parole, sans garantir cette parole par un argument irréfragable. Cet argument est le miracle : le miracle par lequel Dieu s'atteste lui-même. Quand le miracle a lieu, l'homme se rend attentif; car il sait que la volonté seule du Créateur peut déroger aux lois sur lesquelles il a fondé la nature. Si Dieu déclare ses volontés à la suite du miracle, il a droit de trouver l'homme obéissant. Israël sentit que Dieu le conduisait, lorsque la mer s'ouvrit pour lui donner passage, aussitôt que Moïse eut étendu sa main sur les flots.

Or Jésus, « l'auteur et le consommateur de notre foi », n'a exigé notre croyance aux vérités qu'il venait nous apporter qu'à la suite des miracles qui certifiaient sa mission divine. « Les oeuvres que j'opère, disait-il, rendent témoignage de moi (1) ; si vous ne voulez pas croire à moi, « croyez à mes œuvres (2). » Veut-on savoir quelles sont les œuvres dont il invoque ainsi la sanction ? Jean lui envoie dire: « Etes-vous celui qui doit « venir, ou devons-nous en attendre un autre? » Pour toute réponse, Jésus dit aux envoyés: « Allez, et dites à Jean ce que vous avez vu et entendu : que les aveugles voient, que les boiteux marchent, que les lépreux sont guéris, que les a sourds entendent, que les morts ressuscitent, que les pauvres sont évangélisés (3). »

Tel est le motif de notre foi. Jésus a agi en maître sur la nature, et après s'être montré le Fils de Dieu par ses œuvres, il a exigé que nous le reconnussions pour tel dans ses paroles. Oh ! combien « son témoignage est croyable (4) » ! A qui croirons-nous, si nous ne croyons pas à lui? Et quelle responsabilité pour ceux qui refuseront de croire ! Ecoutons encore notre divin ressuscité parlant de ces esprits superbes que la vue de ses miracles n'a pas rendus dociles à ses enseignements : « Si, dit-il, je n'avais pas fait au milieu d'eux des œuvres que personne encore n'avait faites, ils seraient sans péché (5). » C'est leur incrédulité qui les a perdus ; mais cette incrédulité s'est montrée lorsque, témoins des miracles opérés sous leurs yeux, la résurrection de Lazare par exemple, ils ont refusé de reconnaître la divinité du personnage qui s'affirmait par de telles œuvres.

Mais notre divin ressuscité va monter au ciel sous quelques jours ; les miracles qu'il opérait

 

1. JOHAN. V, 36. — 2. Ibid. X, 38. — 3. LUC. VII, 22. — 4. Psalm. XCII. — 5. JOHAN. XV, 24.

 

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vont cesser sur la terre; sa Parole, l'objet de notre foi, restera-t-elle donc désormais sans son divin témoignage ? Gardons-nous de le penser. Ne savons-nous pas que les monuments de l'histoire, quand ils sont certains et avérés, apportent autant de lumière dans notre esprit sur les faits qui se sont passés loin de nous et loin de notre temps, que si ces faits avaient eu lieu sous nos yeux? N'est-ce pas une des lois de notre intelligence, un des fondements de notre certitude rationnelle, de déférer au témoignage de nos semblables, quand nous reconnaissons avec évidence qu'ils n'ont été ni trompeurs, ni trompés? Les prodiges accomplis par Jésus, en confirmation de la doctrine qu'il est venu imposer à notre foi, arriveront jusqu'à la dernière génération humaine entourés d'une certitude supérieure à celle qui garantit les faits les plus incontestables de l'histoire, ces faits sur lesquels nul ne saurait émettre un doute sans passer pour insensé. Nous n'aurons pas été témoins de ces merveilles; mais elles seront pour nous tellement assurées, que l'adhésion de notre foi suivra avec la même sécurité, avec la même docilité, que si nous eussions assisté aux scènes de l'Evangile.

Toutefois, Jésus qui ne nous doit rien de plus que la certitude de ses miracles, veut faire davantage encore en faveur de notre foi dont le miracle est la base. Il va perpétuer le miracle sur la terre par ses disciples, afin que notre foi se retrempe sans cesse à sa divine source. En ces jours où nous sommes, entouré de ses Apôtres, il leur donne en ces termes leur mission : « Allez, leur dit-il, dans le monde entier : prêchez l'Evangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera

 

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condamné (1). » Mais cette foi, sur quoi s'appuiera-t-elle ? Nous l'avons dit déjà ; mais ce n'est pas tout ; écoutez la suite : « Or, voici, continua Jésus, les prodiges qui accompagneront ceux qui croiront: En mon nom ils chasseront les démons, ils parleront des langues qui leur seront nouvelles ; ils manieront les serpents ; s'ils boivent quelque breuvage mortel, ils n'en sentiront pas l'atteinte ; ils imposeront les mains sur les malades, et les malades seront guéris (2). » Voilà donc le pouvoir des miracles confié aux disciples de Jésus. Etablis pour exiger la foi divine de ceux qui les écouteront, ils sont munis désormais d'un pouvoir sur la nature qui les montrera aux hommes comme les envoyés du Tout-Puissant. Leur parole ne sera plus dès lors leur parole, mais celle de Dieu ; ils seront les intermédiaires entre le Verbe incarné et les hommes ; mais notre foi ne s'arrêtera pas à eux ; elle s'élèvera jusqu'à Celui qui les a envoyés, et qui les accrédite près de nous par le moyen dont il s'est servi pour s'accréditer lui-même.

Ce n'est pas tout encore. Pesez les paroles du Sauveur, et remarquez que le don des miracles qu'il leur octroie ne s'arrête pas à eux. Sans doute l'histoire suffit pour nous attester que Jésus a été fidèle à son engagement, et que les Apôtres, en réclamant la foi des peuples pour les dogmes qu'ils leur proposaient, ont justifié leur mission par toute sorte de prodiges ; mais le divin ressuscité a promis davantage. Il n'a pas dit : « Voici les prodiges qui accompagneront  mes Apôtres ; » il a dit : « Voici les prodiges qui accompagneront ceux qui croiront. » Il assurait

 

1. MARC, XVI, 15. — 2. Ibid. 17.

 

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à son Eglise par ces paroles le don des miracles jusqu'à la fin ; il faisait de ce don l'un des principaux caractères, l'une des bases de notre foi. Avant sa passion, il était allé jusqu'à dire: « Celui qui croit en moi, fera lui-même les œuvres, que je fais, et il en fera même de plus grandes (1). » En ces jours, il met son Eglise en possession de cette noble prérogative ; et dès lors nous ne devrons pas être surpris de voir ses saints opérer quelquefois des merveilles plus étonnantes que celles qu'il opéra lui-même. Il s'y engage, et il a tenu parole : tant il a à cœur que la foi qui procède du miracle se maintienne, se nourrisse et fructifie dans son Eglise! Loin donc de tout enfant de l'Eglise cette frayeur, cet embarras, ou cette indifférence que témoignent quelques-uns, lorsqu'ils rencontrent un récit miraculeux. Une seule chose a droit de nous préoccuper : la valeur des témoins. S'ils sont sincères et éclairés, le vrai catholique s'incline avec joie et reconnaissance ; il rend grâces à Jésus qui a daigné se souvenir de sa promesse, et qui veille du haut du ciel à la conservation de la foi.

 

1. JOHAN. XIV, 12.

 

Rendons-lui hommage dans sa Résurrection, le miracle des miracles, en chantant à sa gloire cette noble Séquence du IX° siècle que nous emprunterons à l'inépuisable source de Saint-Gall.

 

SÉQUENCE.

 

Chantons d'une voix suppliante les louanges du Sauveur ; que nos dévotes  mélodies retentissent à l'honneur du Messie, le Seigneur du ciel, qui s'est anéanti lui-même, pour nous délivrer, nous hommes qui étions perdus.

 

Il cache sous le voile de la chair l'éclat de sa divinité ; couché dans la crèche, il est couvert de lances; c'est par pitié pour l'homme qui transgressa le précepte, et qui fut chassé nu du Paradis sa patrie.

 

Il se soumet à Joseph, à Marie, à Siméon ; il est circoncis, et on offre l'hostie légale pour son rachat, comme d'un pécheur; lui accoutumé à nous remettre nos crimes.

 

Il se courbe sous la main de son serviteur qui le baptise ; il souffre les pièges indignes du tentateur ; il fuit devant ceux qui le poursuivent à coups de pierres.

 

Il éprouve la faim, le sommeil, la tristesse ; à ses disciples il lave les pieds, lui Dieu et homme, le plus grand et le plus humble.

 

Mais au milieu de ses abaissements extérieurs, sa divinité ne pouvait demeurer cachée ; de nombreux prodiges, un sublime enseignement la trahissent.

 

Au festin nuptial il donne à l'eau la saveur du vin.

 

L'œil des aveugles, à sa parole, s'illumine au flambeau du jour.

 

Il touche légèrement les lépreux, et leurs plaies hideuses disparaissent.

 

Le mort déjà corrompu se lève à sa voix ; les membres malades reçoivent de lui leur guérison.

 

Il arrête un flux de sang par son pouvoir; avec cinq pains il rassasie cinq mille hommes.

 

Il marche sur les flots agités comme sur la terre ferme ; il apaise la fureur des vents.

 

Il délie une langue enchaînée ; il ouvre des oreilles auxquelles la voix de l'homme n'avait jamais retenti ; la lièvre jusque-là rebelle fuit devant lui.

 

Après tant de prodiges merveilleux, il se laisse prendre nar ses ennemis ; on le condamne, et il ne repousse pas le supplice de la croix; mais le soleil se voila pour ne pas voir sa mort.

 

Aujourd'hui s'est levé le jour que le Seigneur a fait, jour qui renverse la mort, où le vainqueur apparaît vivant à ceux qui l'aimaient, d'abord à Marie, ensuite aux Apôtres. Il leur explique les Ecritures, il ouvre leur cœur, afin qu'ils comprennent les paroles mystérieuses écrites à son sujet.

 

En ce jour la nature tout entière tressaille de joie pour la fête du Christ sortant du tombeau.

 

Les fleurs s'épanouissent; les moissons verdoyante s’annoncent que le grain confié à la terre reprend vie ; les oiseaux qui ont vu fuir les frimas expriment leur joie par les chants les plus doux.

 

Le soleil et la lune, dont la mort du Christ avait obscurci les disques lumineux, luisent maintenant d'un nouvel éclat.

 

La terre qui trembla et sembla menacer ruine au moment où il expirait, étale aujourd'hui toutes les richesses de sa végétation pour le saluer quand il sort du tombeau.

 

Tressaillons en ce jour, où Jésus par sa résurrection nous a ouvert le chemin de la vie.

 

Que les astres, la terre et la mer soient dans l'allégresse : que tous les chœurs des Esprits bienheureux chantent louange à la glorieuse Trinité dans les cieux.

Amen.

 

 

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