JEUDI III

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SAMEDI V
PROPRE DES SAINTS

LE JEUDI DE LA TROISIEME SEMAINE APRÈS PAQUES.

 

 

 

V/. In resurrectione tua, Christe, alleluia,

 

R/. Cœli et terra laetentur, alleluia.

 

V/. A votre résurrection, ô Christ ! alleluia,

R/. Le ciel et la terre sont dans l'allégresse, alleluia.

 

 

 

Cette Eglise que le Sauveur a bâtie et qu'il conserve de sa main divine, est-elle seulement la société des esprits qui possèdent, et des cœurs qui aiment la vérité apportée du ciel ? L'a-t-on suffisamment définie, quand on l'a appelée une société spirituelle ? Non, assurément ; car nous savons qu'elle devait s'étendre et qu'elle s'est étendue de fait au monde entier. Or, comment auraient pu avoir lieu ces progrès, comment auraient pu s'étendre ces conquêtes, si la société fondée par le Rédempteur n'eût été extérieure et visible, en même temps que spirituelle? Les âmes ne communiquent pas sans l'intermédiaire des corps. « La foi vient de l'ouïe, dit l'Apôtre ; or comment entendront-ils, si on ne leur prêche (1) ? » Lors donc que Jésus ressuscité dit à ses Apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations (2), » il indique assez que la parole devra retentir aux oreilles, qu'elle fera son bruit dans le monde, un bruit qui sera entendu de ceux qui se rendront à cette

 

1. Rom. X, 17, 14.— 2. MATTH. XXVIII, 19.

 

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parole, comme de ceux qui la dédaigneront. Cette parole a-t-elle le droit de circuler ainsi librement, sans demander permission aux puissances de la terre? Qui oserait nier qu'elle ait ce droit ? Le Fils de Dieu a dit: « Allez, et enseignez toutes les nations ; » il doit être obéi ; et la parole de Dieu confiée à ses envoyés ne saurait être enchaînée (1).

La voilà donc déclarée libre, cette parole extérieure, et dans sa liberté elle enfante de nombreux disciples. Ces disciples demeureront-ils isolés les uns des autres? Ne se grouperont-ils pas autour de leur apôtre pour l'entendre ? Ne se sentiront-ils pas frères et membres d'une même famille ? Alors il faut qu'ils s'assemblent ; et tout à coup le peuple nouveau apparaît, visible à tous les regards. Il en devait être ainsi ; car si ce peuple qui doit assimiler tous les autres ne frappait pas les regards, ses destinées ne s'accompliraient pas.

Mais il faut à ce peuple qui s'assemble des édifices, des temples. Il va donc bâtir au soleil les maisons de la prédication et de la prière. L'étranger, à la vue de ces nouveaux sanctuaires, se demande : Qu'est-ce que ceci ? D'où viennent ces hommes qui ne prient plus avec leurs concitoyens? Ne dirait-on pas une nation dans la nation? L'étranger a raison; c'est une nation dans la nation, jusqu'à ce que la nation elle-même ait passé tout entière dans les rangs de ce peuple nouveau.

Les besoins de toute société exigent qu'elle ait ses lois, comme elle a sa hiérarchie; l'Eglise montrera donc au grand jour les signes d'un gouvernement intérieur dont les effets se produisent

 

1. II Tim. Il , 9.

 

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à l'extérieur. Ce sont des fêtes, des solennités dont la pompe annonce un grand peuple, des règlements rituels qui forment entre les membres de la société un lien visible au dehors comme au dedans du temple ; des commandements, des ordres émanés des divers degrés de la hiérarchie, qui sont promulgues et viennent réclamer l'obéissance ; des institutions, des corporations qui se meuvent au sein de la société, et lui apportent secours et splendeur; tout enfin, jusqu'à des lois pénales contre les délinquants et les réfractaires.

Mais il ne suffit pas à l'Eglise d'avoir des lieux de réunion pour les assemblées de ses fidèles ; il faut qu'il soit pourvu à l'entretien de ses ministres, aux dépenses du culte qu'elle rend à Dieu. aux nécessités de ses membres indigents. La voila donc qui, secondée par la générosité de ses enfants, prend possession de certaines parties du sol qui deviennent par là même sacrées à raison de leur destination, et à cause de la dignité surhumaine de celle qui les possède. Bien plus, lorsque les princes, lassés de s'opposer vainement au progrès de l'Eglise, demanderont eux-mêmes à en faire partie, il deviendra nécessaire que le Pasteur suprême ne soit plus sujet d'aucun roi dans l'ordre temporel, et qu'il devienne roi lui-même. La société chrétienne accueille avec acclamation ce couronnement de l'œuvre du Christ, à qui « toute puissance a été donnée au ciel et sur la terre, » et qui devait un jour régner temporellement dans son Vicaire.

Telle est donc l'Eglise : société spirituelle, mais extérieure et visible, de même que l'homme, spirituel quant à son âme, tient à la nature physique par son corps qui fait partie essentielle de lui-même. Le chrétien aimera donc la sainte Eglise

 

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telle que Dieu l'a voulue, et il aura en horreur ce faux et hypocrite spiritualisme qui, pour renverser l'œuvre du Christ, prétend refouler la religion dans le pur domaine de l'esprit. Nous ne pouvons accepter un tel sort. Le Verbe divin a revêtu notre chair; il s'est donné « à voir, à entendre, à toucher (1) ; » et s'adressant aux hommes, il les a organisés en Eglise visible, parlante et palpable. Nous sommes un vaste Etat; nous avons notre monarque, nos magistrats, nos concitoyens, et nous devons être prêts à donner notre vie pour cette patrie surnaturelle, dont la dignité s'élève autant au-dessus de celle de la patrie terrestre que le ciel est au-dessus de la terre. Satan, jaloux de cette patrie qui doit nous conduire à celle dont il est exclu, n'a rien épargné dans le cours des siècles pour la renverser. Il s'est d'abord attaqué à la liberté de la parole sacrée qui enfante les membres de l'Eglise : « Nous vous défendons, disaient ses premiers organes, de parler désormais de ce Jésus (2). » Le stratagème est habile; et s'il n'a pas réussi, si la prédication chrétienne s'est fait jour malgré tout, l'ennemi n'a pas laissé de l'appliquer jusqu'à nos temps dans la mesure qui lui restait possible.

Les assemblées des chrétiens ont éveillé de bonne heure les poursuites de la puissance mondaine. La violence a tenté de les disperser ; souvent nous avons été réduits à chercher les antres et les forêts, à choisir les heures de la nuit pour célébrer les Mystères de lumière, pour chanter les splendeurs du divin Soleil de justice. Que de fois nos temples les plus aimés, monuments de la piété, consacrés par les plus chers souvenirs, ont

 

I. I JOHAN. I, 1. — 2. Act. IV. 18.

 

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couvert la terre de leurs débris ! Satan eût voulu effacer jusqu'aux traces du domaine de son vainqueur.

Et les lois que l'Eglise promulgue pour ses fidèles, et les relations de ses Pasteurs entre eux et avec leur Chef, à quelles tyranniques jalousies n'ont-elles pas donné lieu ! On a voulu refuser à la société des chrétiens jusqu'au droit de se gouverner elle-même; des hommes serviles ont aidé les gens de César à garrotter l'Epouse du Fils de Dieu. Ses biens temporels ont aussi tenté la cupidité des puissances du monde ; ils lui procuraient l'indépendance ; il fallait donc les lui ravir, afin qu'elle n'eût plus qu'une situation précaire : attentat que nos sociétés politiques expient cruellement chaque jour, mais moindre pourtant que celui qui est le crime de notre siècle, et qui a fait descendre de son trône, après mille ans de royauté temporelle, le Pasteur qui tient les clefs du Royaume de Dieu.

Cependant, les plus odieuses erreurs circulent : l'idée d'une Eglise toute spirituelle, d'une Eglise qui ne doit pas être visible, à moins qu'elle ne consente à devenir l'un des ressorts du gouvernement national, cette idée impie et absurde trouve de nombreux partisans. Pour nous, nous n'oublierons pas les innombrables martyrs qui ont donné leur sang pour maintenir et assurer à l'Eglise de Jésus-Christ sa qualité de société publique, extérieure, indépendante de tout joug humain, en un mot complète en elle-même. Peut-être sommes-nous les derniers héritiers de la promesse ; raison de plus pour proclamer jusqu'à la fin les droits de celle que Jésus s'est donnée pour Epouse, à laquelle il a conféré l'empire de ce monde qui n'a été conservé qu'à

 

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cause d'elle, et qui s'écroulera le jour où elle en serait exilée.

 

 

Terminons par le cantique à l'honneur de notre Chef invincible. Les anciens Missels de Saint-Gall nous donnent encore cette Prose pour célébrer le mystère de la Pâque.

 

SÉQUENCE.

 

Allons, frères ! que nos chants éclatants et remplis d'harmonie

 

Célèbrent, en s'unissant, les joies enivrantes de cette saison riche et printanière,

 

Dans laquelle le Christ daigna rouvrir pour nous les espérances de la patrie céleste.

 

A cette heure Pharaon gémit de sentir enlevés à sa tyrannie les esclaves qu'il écrasait d'un joug de mort.

 

Rendons grâces au Roi suprême qui nous a rachetés de l'abîme ;

 

Et puisque, comme Israël, nous sommes dégages du joug égyptien, préparons aussi nos âmes, et immolons une victime mystique.

 

Du sang divin de cette victime, marquons la maison de notre âme, et nous ne craindrons plus le glaive vengeur de l'Ange qui vient frapper les coupables.

 

Pour manger dignement la chair sacrée de l'Agneau, ôtons le levain du péché, et vivons dans la sincérité.

 

Ainsi nous mériterons que la lumière céleste nous arrache à nos noirs ennemis, dans le désert de cette vie.

 

Affranchis de notre adversaire par les eaux purifiantes du Christ, nous chanterons, à la louange du libérateur, le cantique de Moïse qui délivra son peuple opprimé par le cruel Pharaon, en submergeant cet ennemi dans les sombres gouffres de la mer.

 

Donc à l'envi chantons avec allégresse le Seigneur tout-puissant.

 

Que nos dévotes prières frappent à la porte de sa sublime miséricorde ; afin que lui qui, par sa mort, a brisé l'empire de la mort, daigne garder ceux qu'il a rachetés ; qu'il les préserve de revenir sur leurs pas, mais plutôt qu'il les aide à monter au royaume promis. Amen.

 

 

 

 

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