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PROPRE DES SAINTS

 

LE VENDREDI DE LA QUATRIÈME SEMAINE APRÈS PÂQUES.

 

 

V/. In resurrectione tua, Christe, alleluia,

 

R/. Cœli et terra laetentur, alleluia.

 

V/. A votre résurrection, ô Christ ! alleluia,

R/. Le ciel et la terre sont dans l'allégresse, alleluia.

 

 

Béni soit notre Sauveur ressuscité qui nous a dit en ces jours : « Celui qui  croira et sera baptisé, sera sauvé! »  Grâce à sa miséricorde, nous croyons et nous avons été régénérés dans le saint Baptême ; nous sommes donc dans la voie du salut. Il est vrai que la foi ne nous sauverait pas sans les œuvres ; mais les œuvres aussi sans la foi seraient incapables de nous mériter le salut. Avec quel transport ne devons-nous pas rendre grâces à Dieu qui a produit en nous par sa grâce ce don inénarrable, premier gage de notre béatitude éternelle ! avec quel soin ne devons-nous pas veiller à le conserver intact, à l'accroître par notre fidélité ! La foi a ses degrés, comme les autres vertus; notre prière doit donc être souvent celle que les Apôtres adressèrent à Jésus:  « Seigneur, augmentez en nous la foi (1). »

Nous sommes appelés à vivre dans un siècle où la foi est diminuée chez la plupart de ceux qui

 

1. LUC. XVII, 5.

 

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croient : et c'est là l'un des plus grands dangers qui peuvent assaillir le chrétien en ce monde. Quand la foi est languissante, la charité ne peut que se refroidir. Jésus demande à ses disciples s'ils pensent que, lors de son dernier avènement, il trouvera encore de la foi sur la terre (1). N'est-il pas à craindre qu'elle ne soit voisine de nous, cette époque où les cœurs seront comme paralysés par le manque de foi !

La foi procède de la volonté mue par l'Esprit-Saint. On croit, parce qu'on veut croire ; et c'est pour cette raison que le bonheur est dans la foi. L'aveugle à qui Jésus rendit la vue, exhorté par lui à croire au Fils de Dieu, répond : « Quel est-il ? afin que je croie en lui (2). » Ainsi devons-nous être disposés en présence de l'objet de notre foi. Croire, afin de connaître ce que nous ne connaîtrions pas sans la foi ; alors Dieu se manifeste à notre pensée et à notre cœur.

Mais vous rencontrez des chrétiens qui se scandalisent des saintes hardiesses de la foi. Ils nous parlent sans cesse des droits de la raison ; ils accusent les fidèles de méconnaître sa dignité, son étendue, son origine divine. Que les fidèles se hâtent donc de leur répondre : « Nous n'avons garde de nier la raison ; l'Eglise nous fait un devoir de reconnaître l'existence d'une lumière naturelle en nous; mais en même temps elle nous enseigne que cette lumière, déjà obscurcie par l'effet de la chute originelle, serait incapable, fût-elle même demeurée dans son intégrité, de découvrir par ses seules forces la fin à laquelle l'homme est appelé, et les moyens d'y parvenir. La foi seule peut établir l'homme

 

1. LUC. XVIII, 8. — 2. JOHAN. IX, 36.

 

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dans les conditions de la destinée sublime à laquelle la divine bonté l'a appelé. »

D'autres se persuadent qu'il existe pour le chrétien parvenu à l'âge du développement de la raison, une sorte de liberté de suspendre l'exercice de la foi, afin d'examiner s'il est raisonnable de continuer à croire. Combien font naufrage contre l'écueil que leur présente ce coupable préjuge ! La sainte Eglise cependant enseigne depuis les Apôtres jusqu'à nos jours, et continuera d'enseigner jusqu'à la fin des siècles, que l'enfant qui a reçu le saint Baptême a reçu en même temps la foi infuse dans son âme, qu'il est pour jamais membre de Jésus-Christ et enfant de son Eglise; et que si, à l'âge de raison, la foi est combattue en lui par le doute, il reçoit la grâce pour anéantir le doute par la foi, et risquerait son salut en suspendant sa croyance. Non assurément que l'Eglise lui interdise de confirmer sa foi par la science ; loin de là ; car alors il ne cesse pas de croire. C'est « la foi qui cherche l'intelligence », selon la belle parole du grand saint Anselme, et pour récompense elle la trouve.

On en rencontre d'autres qui admettent qu'au sein même de la société chrétienne, il peut exister des philosophes, c'est-à-dire des hommes étrangers à la foi, professant sur Dieu et sur sa créature un enseignement où la parole révélée n'est pour rien, une morale dépourvue de l'élément surnaturel. Des chrétiens acceptent ces philosophes, les louent et les honorent, leur reconnaissent plus ou moins implicitement le droit d'être ce qu'ils sont. Aveugles, qui ne voient pas qu'ils sont en présence de l'apostat ! qui ne sentent pas le frisson qu'éprouvèrent tous les enfants de l'Eglise, lorsque Julien , cherchant en vain à laver la trace

 

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ineffaçable de son baptême, se déclara philosophe sous les yeux d'une génération issue des Martyrs! Parlerons-nous des tristes effets que produit pour la foi la fréquentation des hérétiques, les complaisances périlleuses qu'elle entraîne, les arrangements déplorables qu'elle fait naître dans un grand nombre d'esprits? La terrible ligne de démarcation tracée par saint Jean, dans sa deuxième Epître (1), tend à s'effacer ; et la rappeler seulement serait déjà pour plusieurs un sujet de scandale. Il n'y paraît que trop par la facilité avec laquelle se contractent ces mariages mixtes qui commencent par la profanation d'un sacrement, et conduisent doucement à l'indifférentismc la partie catholique, qu'un entraînement, ou des calculs humains, ont égarée dans des voies si peu sûres. Quelles clameurs n'exciterions-nous pas si, dans notre pays, nous osions parler le langage qu'osait tenir dans Londres un illustre apôtre de la piété catholique ? Prenons du moins la liberté de le répéter après lui : « L'ancienne haine de l'hérésie devient rare; on perd l'habitude de regarder Dieu comme l'unique vérité, en sorte que l'existence des hérésies n'est plus un sujet d'épouvante. On tient pour certain que Dieu ne doit rien faire qui nous soit pénible, et que son autorité ne doit prendre aucune forme désagréable ni blessante pour la liberté de ses créatures. Comme le monde a rejeté les idées exclusives, il faut bien que Dieu suive le progrès et mette de côté des principes surannés dans sa conduite à notre égard. Les majorités doivent finir par avoir le dessus : telle est la règle et le fait d'expérience dans un pays constitutionnel.

 

I. II JOHAN. X, 11.

 

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C'est ainsi que la discorde et l'erreur en religion ont fini par devenir moins odieuses et  moins alarmantes, simplement parce qu'on s'y a est accoutumé. Il faut une certaine hardiesse de  cœur et d'intelligence pour croire que toute  une grande nation ait tort, ou que tout un  siècle puisse aller de travers. Mais la théologie, dans sa simplicité, met bravement le monde  tout entier au ban comme pécheur, et ne trouve  pas de difficulté à n'assigner à la vraie Eglise  qu'une portion modérée de la population du  globe. La croyance dans la facilité du salut hors  de l'Eglise est fort douce, si nous avons des  parents ou des amis dans les liens de l'hérésie ;  de plus, si nous voulons admettre cette maxime,  le monde nous pardonnera une foule d'erreurs  et de superstitions, et nous fera l'honneur de  nous complimenter de notre religion comme  étant un produit littéraire ou philosophique de  notre crû, plutôt qu'un don de Dieu. Est-ce  donc là un si grand avantage, pour que tant de  gens en soient si enchantés, le paient si cher et  sans regret? Il est clair que cette croyance diminue notre estime pour l'Eglise, et doit affaiblir notre empressement à convertir les autres.  Ceux qui font le moins d'usage du système de  l'Eglise, sont naturellement ceux qui le connaissant et l'estimant le moins, seront le moins  en état d'en juger; et avec cela, ce sont justement ceux qui sont les premiers à faire généreusement le sacrifice des prérogatives de l'Eglise aux exigences de la mollesse et de l'indifférentisme modernes (1). »

 

1. William Faber. Conférences spirituelles. Le ciel et l'enfer, page 341.

 

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Signalons encore comme l’une des marques de la décadence de l'esprit de foi chez un grand nombre qui remplissent d'ailleurs les devoirs du chrétien, l'oubli, l'ignorance même des pratiques les plus recommandées par l'Eglise. Combien de maisons habitées exclusivement par des catholiques, où l'on chercherait en vain une goutte d'eau bénite, le cierge de la Chandeleur, le rameau consacré le jour des Palmes : ces objets sacrés et protecteurs que les huguenots du XVI° siècle poursuivaient avec tant de fureur, et que nos pères défendaient au prix de leur sang ! Quelle défiance chez beaucoup d'entre nous, si l'on parle devant eux de miracles qui ne sont pas consignés dans la Bible ! Quelle incrédulité superbe, s'ils entendent dire quelque chose des phénomènes de la vie mystique, des extases, des ravissements, des révélations privées ! Quelles révoltes soulèvent en eux les récits héroïques de la pénitence des saints, ou même les plus simples pratiques de la mortification corporelle ! Quelles protestations contre les nobles sacrifices que la grâce inspire à certaines âmes d'élite, qu'elle pousse à briser en un moment les liens les plus chers et les plus doux, pour aller s'ensevelir, victimes volontaires, derrière les grilles impénétrables d'un monastère! L'esprit de foi révèle au vrai catholique toute la beauté, toute la convenance, toute la grandeur de ces pratiques et de ces actes ; mais l'absence de cet esprit est cause que beaucoup n'y voient qu'excès, inutilité, et manie.

La foi aspire à croire ; car croire est sa vie. Elle ne se borne donc pas à adhérer au strict symbole promulgué par la sainte Eglise. Elle sait que cette Epouse de Jésus possède en son sein toutes les vérités, bien qu'elle ne les déclare pas toujours

 

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avec solennité et sous peine d'anathème. La foi pressent le mystère non encore déclaré ; avant de croire par devoir, elle croit pieusement. Un aimant secret l'attire vers cette vérité qui semble sommeiller encore ; et quand le dogme éclate au grand jour par une décision suprême, elle s'associe avec d'autant plus de transport au triomphe de la parole révélée dès le commencement, qu'elle lui a rendu plus fidèle hommage dans les temps où une obscurité sacrée la dérobait encore à des regards moins purs et moins pénétrants que les siens.

 

Gloire soit donc au divin ressuscite qui récompensa la foi de Marie, qui fortifia celle de ses disciples et des saintes femmes, et qui daignera, nous le lui demandons humblement, couronner la nôtre ! Présentons-lui nos hommages par cette Séquence des anciens Missels de Saint-Gall.

 

SÉQUENCE.

 

Célébrons la gloire du Créateur et du Rédempteur.

 

Par sa grâce, il a rétabli ceux qu'il avait créés dans sa bonté, et que le perfide serpent avait séduits par sa ruse.

 

Il annonça d'abord qu'un jour une femme sainte enfanterait un germe saint ;

 

Qu'elle dominerait la tête cruelle de l'antique ennemi.

 

Nos temps enfin voient s'accomplir la promesse oui fut faite, que l'antique désastre serait réparé.

 

Marie, le rameau glorieux, a produit la fleur nouvelle,

 

Qui enfantée par un prodige, éclate par la gloire des miracles,

 

Sans attendre les années, dès les jours même de sa naissance.

 

Par les feux de l'astre nouveau, par les paroles inspirées de Siméon, il attire à lui le cœur des vrais Israélites et les présents de la gentilité.

 

Le Père le glorifie par une voix qui descend du ciel, l'Esprit-Saint, par la forme visible sous laquelle il apparaît.

 

Ceux qui ont reconnu ce docteur divin, ce médecin des hommes, sont choisis pour enseigner les autres en vertu de son pouvoir.

 

Après avoir répandu avec abondance les dons du salut, et promulgué de sa bouche éloquente les enseignements de sa doctrine qui sauve les hommes,

 

Il est soumis aux opprobres, aux crachats, aux soufflets, à la flagellation ; ses vêtements sont tirés au sort ; lui-même couronné d'épines est cloué aux bras de la croix.

 

Mais aujourd'hui il ressuscite d'entre les morts ; vainqueur, il obtient un superbe triomphe. Il entraîne à sa suite dans les deux, comme ses membres, les justes des antiques générations ; sur la terre, il réunit en un seul troupeau ses brebis éparses ;

 

Et à nous-mêmes, les derniers de ses membres, il nous promet à la fin de notre vie des dons sublimes, qui sont l'objet de notre espérance. Amen.

 

 

 

 

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