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La VOIX DE CATHERINE DE SIENNE

N° 122 Mai / juillet 2002

Bulletin de l'Association Int. Catherine de Sienne - Groupe Liège-Bruxelles

 

   

Sommaire

Editorial

Sur les ailes du premier amour... et après ?

Le troisième âge à l'école de Catherine

Qu'est-ce que cela peut-il signifier pour nous ?

Et comment Catherine vécut-elle le déclin de sa santé ?

Et lors des mauvais traitements ?

Et la question : « Qui suis-je ? »

STE CATHERINE A L’EST DU CONGO

Jeanne, quand as-tu entendu parler de Ste Catherine la première fois?

Et « la seconde fois », plus profondément ?

Comment Ste Catherine est-elle arrivée à Isiro?

 

Comment la perçoit-on à partir de la culture ou de la situation congolaise?

Qu'est-ce qui te touche le plus dans la spiritualité de Catherine?

Qu'est-ce que la spiritualité de Ste Catherine peut apporter au Congo?

Ton passage en Belgique t'apporte-t-il un nouveau regard sur la spiritualité de Catherine?

Et quand tu rentreras au Congo, que voudrais-tu partager de plus profond?

Louange à la Providence de Dieu, l'œuvre de sa Miséricorde

Qu'est-ce que la Providence?

Les moyens qui nous permettent d'expérimenter la Providence

Comment la Providence opère-t-elle ?

Ce qui nous empêche de goûter la Providence

Conclusion

 

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Sommaire N° 122 Mai / juillet 2002

Edito  2

Catherine de S. à l'heure du 3ème âge Sr J. Van Caneghem         3

Ste Catherine à l'Est du Congo Sr Jeanne Pati 7

La Providence, oeuvre de la Miséricorde de Dieu M. Znamierowska 10

Jeu scénique avec des adolescents       15

 

Editorial

Chers amis,

Ce dernier trimestre fut particulièrement riche en animations auprès des 15-25 ans grâce à un groupe de jeunes adultes particulièrement concerné par l'évangélisation des jeunes.

  • Le 12 avril, ils ont animé une veillée préparatoire au sacrement de réconciliation, dans le cadre d'un festival "Choose Life", organisé par la pastorale des jeunes et par des animateurs de divers mouvements. Environ 70 adolescents se sont retrouvés en fraternités durant une semaine des vacances de Pâques. En deux jours, ils ont fait une première découverte de Catherine et, à travers elle, ils ont été conduits à considérer l'amour et la miséricorde qui rayonne du mystère de la croix! Par la préparation du jeu scénique, dans lequel les volontaires de cet atelier se sont particulièrement impliqués (voir p. 1, 15-16), les adolescents sont devenus à leur tour évangélisateurs de leurs compagnons. Ce soir-là, beaucoup d'entre eux ont demandé le sacrement de la miséricorde

  • Le 28 avril, veille de la fête de Ste Catherine, nous avons participé aux vêpres festives de la communauté du Verbe de Vie à Fichermont, près de Bruxelles. Avec la communauté, nous avons poursuivi la soirée par des agapes et par un partage ( photo ci-dessous) de ce que le groupe de jeunes adultes "mijote": monter un autre jeu scénique sur Catherine de Sienne avec une troupe de jeunes issus de mouvements aussi divers que l'étaient les personnes qui composaient la brigata de Catherine.

  • Ce même groupe s'est organisé pour partir quelques jours sur les pas Catherine en Toscane, où ils seront guidés par des Caterinati de Pise et de Sienne. Question d'attiser encore leur feu ! A suivre...

Nous confions tous ces projets (parfois lourds à porter...) à votre prière. Et aussi et surtout le travail de Sr Pati au Congo (voir p. 7), où elle vient de rentrer dans le contexte difficile de la guerre.

Pour les équipes: Chantal van der Plancke

 

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Sur les ailes du premier amour... et après ?

 

Catherine de Sienne à l'heure du troisième âge

 

Ecrire sur ce thème ne me semble pas évident Catherine n'a atteint que l'âge du Christ. Elle a pu vivre sa vocation sur les ailes du premier amour, quand tout va de soi. Rien ne pèse, tout est léger, tout est lumière. On s'élance corps et âme dans l'aventure, on s'engage pour une personne, pour un idéal. On y croit. Qui dans une vie de couple, qui dans une vie consacrée.

Bien que sa santé ne fut pas des plus solides, Catherine vécut, elle aussi, l'enthousiasme de la jeunesse. Elle ne connut pas la richesse, ni non plus le revers de la médaille d'une longue vie : le vieillissement.

 

Le troisième âge à l'école de Catherine

Il faut plutôt se demander comment s'inspirer de cette grande dame de l'Église durant cette période. Le 3e âge n'est-il pas la période de notre vie qui, en général, nous libère de grandes responsabilités, en tant que parents, célibataires ou religieuses ? Dans l'ensemble on est plus libre d'organiser sa vie, de se donner des plages de silence, de prière, de réflexion et d'approfondissement. C'est alors que nous pouvons nous mettre davantage à l'école de Catherine.

Voyons d'abord comment elle a aimé l'Église. Je sais que, dans nos régions, le mot seul donne des frissons à beaucoup de gens. Pour Catherine, l'Église, c'est le corps mystique du Christ. Elle interpelle continuellement le Pape et d'autres dignitaires pour qu'ils prient en faveur de l'Église et travaillent à sa réforme. Elle offre sa vie pour cette Eglise.

 

Qu'est-ce que cela peut-il signifier pour nous ?

Depuis Vatican II, l'Église se définit comme « Peuple de Dieu». L'Église, «Lumière du monde», c'est nous tous. II est temps que nous réfléchissions sur notre attitude vis-à-vis de l'Église - et de chacun de ses membres - car nous sommes tous les membres de ce corps : « En effet... le corps est un et pourtant il y a plusieurs membres : mais fous les membres, malgré leur nombre, ne font qu'un seul corps. Ainsi en va-t-il du Christ » (1 Cor. 12,12).

Ce peuple de Dieu, nous devons l'aimer pour qu'il devienne lumière du monde. Pour que nous devenions lumière du monde. Il nous faut aimer ce peuple auquel nous appartenons par notre baptême et par notre foi. Il en va comme dans une famille. Un jour, nous en sommes devenus membres : c'est une donnée, nous ne l'avons pas choisi. Nous nous sommes identifiés avec elle. Nous l'aimons. Nous prendrons soin d'elle. Tantôt nous sommes fiers d'y appartenir, tantôt nous sommes gênés d'en être les membres. Nous partageons ses joies et ses peines. Nous la défendons. Nous souffrons à cause d'elle. Nous l'aimons. Je crois que si Catherine vivait aujourd'hui, elle nous demanderait d'aimer ce Peuple de Dieu, tel qu'il est maintenant. Parce que l'aimer, c'est nous aimer nous-mêmes en tant que membres de ce peuple.

Ce peuple, nous devons le porter. En porter la responsabilité. Le critiquer ne le fait pas grandir. Si Catherine disait que ses péchés aussi faisaient du tort à l'Église, que dirions-nous ? Il y tant de paroles qui font souffrir, tant de mots qui tuent. Disons des paroles qui recréent, qui font vivre, qui redonnent espoir. Mais aussi, parlons franc avec ceux et celles qui sont en mesure de faire changer quelque chose. Ici aussi, Catherine peut nous servir d'exemple. Elle parlait avec beaucoup de respect envers ces personnes, mais sans flatterie, ni pour leur plaire : uniquement par amour des personnes, du Christ et de son peuple.

N'ayons pas peur de souffrir pour ce peuple. Il ne faut pas avoir un malin plaisir dans certains cas malheureux ! Il se peut que notre coeur pleure en apprenant l'une ou l'autre parole déplacée ou l'un ou l'autre acte inacceptable de la part de ministres de l'Église ou de fidèles. Le Christ, qui aimait tout être humain, a donné sa vie pour eux. Il a porté sa croix par amour. Catherine fit de même par amour. Je crois que, durant la période de la vie qui nous délivre de beaucoup de soucis et qui nous fait voir la relativité de tant de choses, si nous sommes sensibles au bien-être du peuple de Dieu, nous trouverons chez Catherine de Sienne un exemple à suivre.

 

Et comment Catherine vécut-elle le déclin de sa santé ?

Raymond de Capoue, son confesseur, écrit qu' "elle a souffert dans son corps des douleurs et des infirmités très grandes ...,...depuis la plante des pieds jusqu'à la tête, il lui semble qu'il n'y avait rien de sain en elle » («Vie de Catherine de Sienne", (P. 302-303).

Les témoins ajoutent : "elle souffrit les douleurs avec calme et sans donner le moindre signe de tristesse"

Dans sa lettre à un prieur et ses frères, elle écrit : "Si nous rencontrons des tribulations, il faut les supporter avec patience, parce que toutes les tribulations que nous pouvons souffrir en cette vie sont petites. Pourquoi petites ? Parce que notre temps est petit, parce que les peines passées n'existent plus, et celles qui vous menacent, vous n'êtes pas sûr de les avoir, puisque vous ne savez pas si la mort ne vient pas vous en délivrer. Vous n'avez donc à supporter que l'instant présent..." (L.189). Catherine se réfère toujours aux souffrances du Christ et à l'acceptation de la volonté de son Père pour le salut des hommes et de l'Église.

En lisant ce conseil, on peut penser qu'il est plus facile à donner qu'à réaliser. Mais puisque Catherine elle-même a souffert, elle sait donc de quoi elle parle. Aujourd'hui aussi, il y a des personnes capables de porter ainsi leur souffrance. Cela peut nous faire réfléchir et nous inspirer.

 

Et lors des mauvais traitements ?

C'est encore Raymond de Capoue qui écrit : «Catherine, dans son jeune âge, a beaucoup souffert de l'incompréhension de ceux et celles qui lui étaient les plus chers : ses parents, ses frères et saurs, même de la part des religieux et religieuses. Elle supportait tout avec patience et sans murmures et sans parler des mauvais traitements » (Aux frères et soeurs du tiers ordre p. 320). L'endurance et la patience l'ont rendue forte et lui ont donné droit de parler à ceux et celles qui sont dans une situation similaire. Ce sont de belles vertus qui nous manquent trop souvent et pourtant...

 

Et la question : « Qui suis-je ? »

Cette question a préoccupé Catherine, Est-elle aussi une préoccupation pour nous? Qui suis-je ? Et qui est Dieu ?

Qui est ce petit moi ? Ne suis-je pas un mystère pour moi-même ? Le mystère Dieu n'en est que plus grand.

A travers une vie pleine d'activités Catherine gardait la paix intérieure et c'est dans cette intériorité qu'elle recevait une réponse à ses questions : "Qui suis-je?" et "Qui est Dieu?". La réponse qu'elle entendait dans son for intérieur était : "Sais-tu, ma fille, qui tu es et qui je suis ? Tu es celle qui n'est pas. Je suis celui qui est." Nous ne sommes que par Dieu. C'est un défi à notre humilité. Se connaître et connaître Dieu, cela s'enracine dans l'humilité, le silence, l'intériorité.

Pour se connaître, Catherine habitait constamment la cellule de la connaissance d'elle-même, et cela pour mieux connaître Dieu. C'est par l'oraison qu'elle s'unit à Dieu. N'est-ce pas ce que saint Jean nous apprend quand il écrit : "Demeurez en moi, comme moi en vous" Jn.15, 4a) et "Qui demeure en moi, comme moi en lui, porte beaucoup de fruit" (Jn.15,5b) ? Dans cette intimité, l'âme est en Dieu et Dieu dans l'âme comme le poisson est dans la mer et la mer dans le poisson. Image merveilleuse que Catherine nous présente dans son Dialogue. C'est une manière de vivre qui donne confiance, largeur d'esprit, liberté, joie.

Ces quelques aspects de la personnalité de Catherine pourraient nous inspirer dans cette période de la vie qui peut nous faire comprendre ce qui est vraiment important. Cela vaut la peine d'en faire sa propre expérience.

 

Sr M. Josine Van Caneghem, o.p. Bruges

 

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STE CATHERINE A L’EST DU CONGO

Sr Jeanne Pati-Mbai a passé une année d'études à Lumen Vitae. Elle a pu découvrir le groupe des Caterinati francophones lors de ses réunions à Bruxelles, ainsi que le groupe germanophone tout en fête à Astenet. Elle nous fait découvrir à son tour la présence de Ste Catherine à Isiro, au Nord-Est du Congo.

 

Jeanne, quand as-tu entendu parler de Ste Catherine la première fois?

Mon papa était catéchiste. Très souvent, le soir autour du feu, il nous apprenait à prier, à réciter la prière. Parfois il nous pariait de l'histoire biblique, mais de façon simple, de la sainte Vierge et des saints. Et parfois, il nous parlait des saintes qui se sont consacrées au Seigneur pour aider les enfants et les pauvres. Il ne citait pas les noms de ces saintes et, moi-même, par rapport à mes cadets, je n'étais pas si chaude pour ces histoires.

 

Et « la seconde fois », plus profondément ?

Comme j'étudiais chez «les soeurs de Bruges», à Isiro, elles nous parlaient aussi de la vie des Saint(e)s. C'est là, pour la première fois, que j'ai entendu parler clairement de Ste Catherine et de St Dominique. L'histoire de Sainte Catherine et de sa famille m'intéressait beaucoup. Ses parents et sa famille ont tout fait pour la marier, mais Catherine resta ferme dans sa décision de se consacrer à Jésus. Cela me donnait du courage, car mes grands-parents me proposaient aussi pour le mariage et je ne les comprenais vraiment pas. Catherine m'encourageait. Au noviciat, on nous enseignait sa vie, car elle est aussi la patronne de notre Congrégation, les « Catherinettes », comme on nous appelle là-bas.

Comment Ste Catherine est-elle arrivée à Isiro?

C'est grâce surtout aux missionnaires dominicains et dominicaines : leur vie, leurs instructions et la formation données aux filles, que Sainte Catherine a été connue à Isiro. Mais, au début, on ignorait un peu les détails de sa vie.

Comment la perçoit-on à partir de la culture ou de la situation congolaise?

En Afrique, et surtout dans le temps passé, les filles n'avaient pas droit aux études. Celles-ci étaient réservées aux garçons. La fille était destinée au mariage. Cela rappelle la culture de Ste Catherine de Sienne en son temps.

 

Qu'est-ce qui te touche le plus dans la spiritualité de Catherine?

La foi de Catherine. Elle croyait à la présence de Jésus dans sa vie à tel point qu'elle n'avait plus peur d'aller..., de dire..., de faire ce qu'il fallait dire ou faire, pour l'amour du Christ et pour le bien de son Corps, l'Église. Elle, qui ne savait ni lire ni écrire, a écrit beaucoup de lettres, notamment au Pape, aux prêtres, aux autorités civiles ... et elle aimait le terme « le sang précieux » du Christ. Une de ses plus belles lettres est « le dialogue avec Jésus ». C'est aussi grâce à l'attachement à la prière que Catherine nourrissait sa foi et restait en communion étroite avec le Christ. C'est cela qui a produit son grand amour pour le monde...

Qu'est-ce que la spiritualité de Ste Catherine peut apporter au Congo?

Nous qui sommes appelées « Filles de Ste Catherine de Sienne » ou « Les Catherinettes », nous avons la mission importante de témoigner de cette spiritualité. La situation actuelle de mon pays est très semblable à celle de l'époque de Catherine. Mon Église locale attend des femmes courageuses, travailleuses qui osent dire la Vérité et dénoncer l’injustice qui s'oppose à l'amour. C'est ainsi que nous serons les vrais témoins de la spiritualité de Catherine. En vivant concrètement dans la prière, la contemplation et l'amour, nous serons « Catherine aujourd'hui ».

Ton passage en Belgique t'apporte-t-il un nouveau regard sur la spiritualité de Catherine?

J'éprouve une grande joie de rencontrer ici des groupes d'hommes et de femmes qui cherchent unanimement comment vivre la spiritualité de Catherine. J'ai été très contente de découvrir Astenet, un jour de fête et de célébration, en septembre, et de participer au groupe qui se réunit tous les mois à Bruxelles. Tout cela me donne une nouvelle orientation et une force neuve. Depuis mon arrivée en Belgique, j'entends qu'on parle souvent de .la foi des chrétiens de manière négative. Mais j'ai quand même rencontré et partagé l'expérience très concrète de personnes ou de groupes de jeunes et d'adultes qui vivent leur foi en vérité et en actes.

Les rencontres, ici en Belgique, avec ceux et celles qui cherchent à vivre la spiritualité de Catherine vont m'aider à approfondir la vie de Catherine, sa mission et son amour pour le Christ. De plus j'ai la chance de découvrir toute une documentation que je vais pouvoir ramener dans mon pays pour mieux faire connaître Catherine dans mon milieu, non seulement parce que nous sommes des « Catherinettes », mais surtout parce que je voudrais vraiment donner un sens à ce nom dans ma vie.

 

Et quand tu rentreras au Congo, que voudrais-tu partager de plus profond?

Mon pays, comme celui de Ste Catherine en son temps, est en guerre. Il y a des luttes de pouvoir et une grave crise économique. Dès lors les pauvres et l'Eglise sont opprimés et la population souffre. Ni Catherine ni saint Dominique ne sont restés indifférents aux malheurs de leur temps. lis ont réagi par la parole et par des gestes symboliques et non violents. Ces derniers étaient d'autant plus impressionnants et éloquents ! Catherine écrit au Pape, aux autorités civiles, et elle leur demande d'établir la paix ... D'où lui venaient cette audace et cette force ? De la communion et de l'amour qu'elle nourrissait pour le Christ, pour son Église et pour ses contemporains.

Je n'ai pas la capacité de Catherine, mais ma réaction devant la situation au Congo sera ma présence auprès des enfants de la rue et des plus rejetés ! Ma force, je la puiserai dans la prière et la contemplation. La prière est comme une pluie qui arrose notre coeur et fait germer l'amour du Christ et du prochain en nous.

Ici il faut ajouter un point d'actualité important. Catherine était présente auprès des malades qui souffraient de la peste, la terrible épidémie qui, comme le SIDA aujourd'hui, ravageait son pays. Comme la peste était très contagieuse les malades étaient rejetés, abandonnés, et mouraient tout seuls sans soins ou présence humaine. Catherine trouvait là un champ d'action pastorale. Elle n'avait pas peur de s'approcher de ces malades. Aujourd'hui le monde entier, mais surtout l'Afrique, est frappé par le SIDA ! C'est la peste de notre temps. Comme l'amour est plus fort que toutes les maladies contagieuses, je voudrais aussi, prenant exemple sur Catherine, me trouver auprès des malades, des vieillards et des filles à la rue.

 

Propos recueillis par Ch. Van des Plancke.

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 Louange à la Providence de Dieu, l'œuvre de sa Miséricorde

 

Article sur la base de la 4 ° partie du "Dialogue"(1)

 

Bullet7.gif (140 octets)Qu'est-ce que la Providence?

Dans le langage contemporain, le mot « Providence» semble banni. Dans nos conversations, cette notion n'apparaît que rarement. II serait peut-être opportun de nous rappeler d'abord la définition qu'en donnent les dictionnaires. Afin de bien comprendre ce qu'est la Providence, je cite ci-dessous les définitions qui précisent notre sujet.

Le Petit Robert fournit les indications suivantes : 1170 «prévoyance» ; 1223, rlig.; lat. providentia, de providere «pourvoir»). Sage gouvernement de Dieu sur la création, et par ext. (avec !a majuscule) Dieu gouvernant la création. La divine providence, la providence de Dieu. Les décrets, les desseins impénétrables, les conseils de la Providence. V. aussi Destin. «Mais que la Providence ou bien le destin Règle les affaires du monde...» (La Fontaine). Fig.: Etre la providence de quelqu'un, être la cause de son bonheur, combler ses désirs. Il s'est fait la providence des malheureux. V. Protecteur, secours. Vous êtes ma providence ! «L'une des providences parisiennes des fabriques de Lyon» (Balzac) (Ed.1978, p.1557).

Le Websters Dictionary of The English Language, Lexicon International Press N.Y., donne à la Providence les définitions suivantes :

1. The tare exerciced by the Supreme Being over the universe. (Les soins prodigués par l'Etre Suprême sur l'univers).

2. An event or circumstances ascribable to divine intervention. (Un événement ou des circonstances attribuables à l'intervention divine).

3. The exercice of foresight and cave for the future; prudent economy. (Exercer la prévoyance et se préoccuper de l'avenir; une économie sage) (Ed.1992, p. 780).

Au premier chapitre du traité sur la Providence, dans Le Dialogue, le Père rappelle à Ste Catherine que, dès sa création, l'homme est accompagné de la Providence divine : celle-ci "ne lui fait jamais défaut, pourvu qu'il l'accepte librement". Créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, il a été doté des capacités adéquates reconnaître cette Providence.

Pourquoi est-il donc si difficile de comprendre et de goûter cette douce Providence, de jouir de la vision de la bonté éternelle de Dieu vis-à-vis de nous ? Pourquoi n'avons-nous pas cette clairvoyance dont nous sommes quand même dotés ? Dieu répond à ces questions dans son dialogue avec Ste Catherine. Grâce à elle, il nous est plus facile de comprendre sa Providence, de la louer et de l'aimer.

(1) Catherine de S., Le Livre des Dialogues. Ed. Téqui,1975. Les n°s de p. renvoient ici à l'éd. du Seuil, 2002, ci-dessus.

 

Bullet7.gif (140 octets)Les moyens qui nous permettent d'expérimenter la Providence

Si nous réfléchissons aux dons que nous avons reçus du Créateur, nous pouvons constater que notre mémoire peut se souvenir des bienfaits que Dieu nous permet d'expérimenter ; que notre intelligence est apte à reconnaître Dieu comme dispensateur des biens; que notre volonté libre nous a été donnée par amour (car c'est Dieu le premier qui nous aime), pour qu'elle puisse s'engager à son tour à aimer ce que l'intelligence a vu et connu et ce dont la mémoire se souvient.

Ce qui nous empêche de comprendre, c'est la faute originelle provoquée par la désobéissance du premier couple humain. Ensuite, c'est le mépris de la dignité humaine reçue de Dieu qui nous éloigne de Lui. Enfin, c'est l'orgueil qui nous aveugle totalement. Ainsi marchons-nous comme des condamnés à mort.

Pour remédier à cette situation, le Père a envoyé son Fils, sa Vérité, afin de détruire le mensonge du démon par lequel l'homme fut trompé, car le démon ne peut connaître la Vérité. Le moyen le plus sage qu'il a utilisé est la grande obéissance de son Fils jusqu'à la mort sur la très sainte Croix. La Providence a uni en Lui la divinité à notre humanité pour nous donner la vie par Sa mort. Ainsi le Fils put offrir au Père une réparation infinie, pour toute l'humanité, tous les hommes passés, présents et futurs (cfr p. 431).

C'est encore une œuvre de la Providence d'assurer à chaque homme, qui voudrait revenir vers Dieu, la possibilité de donner à Lui une satisfaction parfaite, grâce aux mérites de l'union de la nature humaine et divine en la personne du Verbe qui par le supplice de la croix a donné un fruit infini. C'est à dire par cette oeuvre de Rédemption assurer le salut de toute l'humanité de tous les temps.

En contemplant le Fils crucifié pour nous, nous pouvons nous laisser toucher par son dévouement qui "réchauffe le cour glacé de l'homme" (p. 464). Considérons son amour plein d'une si ineffable tendresse qui nous donne le moyen de nous détourner de notre péché et de notre aveuglement causés par l'amour-propre.

Dieu dit à Ste Catherine: "Ma Providence a donné à l'homme une nourriture pour qu'il puisse refaire ses forces au cours de son pèlerinage en cette vie où le chemin est tracé parle sang du Verbe. Cette nourriture est le corps et le sang du Christ crucifié, vrai Dieu et vrai homme, pain des anges et pain de vie. Elle est à manger avec un saint désir et à savourer avec amour" (Cfr p. 464).

La Providence a tout disposé pour procurer à l'homme un réconfort. Elle lui a même donné la consolation de l'espérance, à laquelle il peut arriver grâce à la lumière de la très sainte foi. C'est en appréciant le prix de l'amour pour nous qu'il peut recevoir l'espoir et la certitude de son salut (cfr p. 465).

 

 Comment la Providence opère-t-elle ?

Depuis le commencement du monde jusqu'à aujourd'hui, la Providence pourvoit aux besoins et au salut de l'homme par des moyens variés et multiples. Elle ne manquera jamais à qui cherche son appui et espère en Dieu. Elle frappe à nos coeurs en vérité, non seulement en paroles, mais aussi par le sentiment du coeur. Et à celui qui frappe, Elle ouvre la porte et répond. "Frappez et on vous ouvrira, demandez et vous recevrez".

"Ma Providence, dit le Père à Ste Catherine, ne se détourne pas de celui qui met toute sa confiance en moi. Mais elle fera défaut à celui qui ne place sa confiance qu'en lui-même. Car nous ne pouvons placer notre espérance en deux choses contraires ("servir deux maîtres")" (Cfr p. 466). Si nous cessons d'espérer en nous-mêmes et dans le monde, nous ne mettons plus notre confiance en notre propre fragilité et par conséquent nous ne pouvons plus être déçus parce que nous sommes alors réalistes.

L'homme goûte la Providence dans la mesure de sa véritable espérance. Celle-ci est plus ou moins parfaite, suivant le degré d'amour que l'âme a pour Dieu.

Ce qui empêche de goûter la Providence, c'est le fait de n'espérer qu'en soi. Cette présomption, qui vient de l'amour-propre, "obscurcit l'oeil de l'intelligence en le privant de la lumière de la foi". Ainsi, l'homme ne connaît plus la Providence et ne marche plus à la lumière de la raison. Cela ne signifie pas que l'oeuvre de la Providence ne puisse se réaliser puisque tout a été créé par la bonté de Dieu. Sans Lui, rien n'a été fait, sauf le péché qui n'est pas. Ceux qui n'espèrent qu'en eux-mêmes, dépendent donc aussi de la Providence, même s'ils ne le voient pas! (Cfr p. 468).

Ainsi tous les hommes reçoivent Dieu par sa Providence, mais tous ne le comprennent pas. Comme ils n'arrivent pas à la reconnaître, ils sont sans amour pour elle. Ils voient tout en désordre, comme des aveugles, quoique tout soit en ordre. Ils prennent la lumière pour les ténèbres, et les ténèbres pour la lumière et, parce qu'ils ont mis leur espérance et leur soin dans lés ténèbres, ils murmurent et tombent dans l'impatience.

Dieu, l'éternelle et souveraine Bonté, ne veut que notre bien dans les petites et grandes choses qui nous arrivent tous les jours pour notre salut et notre sanctification. Avec notre lumière naturelle, nous devrions reconnaître ses bienfaits, mais cette lumière doit être développée par la vertu. Dieu dit à Ste Catherine « L'homme insensé n'aperçoit pas, ne remarque pas que toujours, j'ai pourvu au monde en général, et à chacun en particulier, selon son état; et comme dans cette vie présente rien n'est stable, que tout change sans cesse, jusqu'à ce que son but soit atteint, je règle ce qui convient à chaque chose et à chaque instant" (Cfr p. 469).

La Providence de Dieu pourvoit à toute chose, et elle agira ainsi jusqu'à la fin. Cette providence générale regarde toute créature raisonnable, dès qu'elle veut en accepter les dons. Sa Providence règle aussi tout en particulier, la vie, la mort, de quelque manière qu'elfes viennent; la faim, la soif, les pertes de fortune, la nudité, le froid, la chaleur, les injures, les abaissements et les affronts, etc... Toutes ces choses arrivent sans que Dieu soit la cause de la volonté perverse qui engendre ces maux, car  Il donne à l'homme "l'être et le temps" non pour qu'il l'offense et offense son prochain mais pour que, selon le premier commandement, il aime Dieu au-dessus de tout et son prochain comme lui-même.

Si Dieu permet le mal, c'est pour exercer la patience de l'âme qui souffre et l'aider à se connaître humblement. C'est ainsi que le juste peut être combattu par le monde entier et ce jusqu'à sa mort qui causera l'étonnement. Cela est incompréhensible et injuste pour celui qui n'a pas la lumière de la foi. Il juge Dieu en ramenant ses desseins divins à son entendement humain. Mais celui qui met sa confiance en Dieu reconnaît que la Providence dispose tout avec tendresse pour son salut: il reçoit tout avec respect, ne se scandalise de rien, ni en lui, ni dans ses œuvres ni dans le prochain.

Ce qui nous empêche de goûter la Providence

Dieu nous supporte avec une grande patience. C'est le signe de l'amour qu'il nous porte. C'était avec le même amour que se répandaient sur chacun les épreuves et les consolations. Dieu dit : "Ma paternelle sollicitude apparaît dans toutes les créatures, et son unique but était le salut éternel des hommes, la preuve évidente était dans ce Sang versé avec une si ardente charité".

Les hommes se plaignent de Dieu. Au lieu d'espérer en Lui, ils espèrent en eux et tombent dans les ténèbres. Dieu dit à Ste Catherine : "Ils méconnaissent et détestent ce qu'ils devraient recevoir avec le plus grand respect. Dans leur orgueil, ils veulent scruter les jugements secrets de Dieu qui sont tous droits et justes. Mais ils veulent, avec l'imperfection de leurs sens, distinguer la beauté et les défauts des choses extérieures... ils ne se confient pas à moi pour avoir la vraie Lumière, la souveraine Sagesse et la source de leur vie spirituelle et corporelle, puisque sans moi ils ne peuvent rien avoir ni rien faire. S'ils reçoivent quelques services d'une créature, c'est moi qui ai dirigé cette créature, et tout dispose pour qu'elle voulût et qu'elle pût leur être utile".

Les insensés veulent tout comprendre par leurs sens. " Ils veulent voir les choses en les touchant, mais leur main se trompe souvent parce qu'elle ne sait pas reconnaître les couleurs. Le goût se trompe aussi parce qu'il n'est pas capable de distinguer ce qui lui sert d'aliment. L'oreille est séduite par la douceur des sons; mais elle ne voit pas celui qui chante et qui cache, si l'on n'y prend garde, des coups mortels sous cette mélodie" (Cr p. 473).

C'est ainsi que nous procédons très souvent, aveuglés par nos sens. Nous considérons les choses uniquement du point de vue du monde. Nous sommes souvent séduits et trompés. Nous voulons posséder les plaisirs que nous croyons bons, mais nous ne percevons pas d'emblée qu'ils sont entourés de beaucoup d'épines, de misères, d'angoisses. Le coeur qui veut les posséder sans Dieu y trouve un poids insupportable.

 Conclusion

Prions Dieu pour que sa grâce nous donne de nous détourner de nous-mêmes et de nous tourner vers Lui avec une grande reconnaissance pour Sa Providence. C'est en lui faisant chaque fois confiance que nous pouvons adhérer à sa Volonté qui veut notre vrai bonheur et pas n'importe lequel. Ce bonheur, dont nous sommes si assoiffés, consiste à aimer Dieu, à le connaître et à être avec Lui toute l'éternité. C'est ce que nous avons à découvrir par la Providence de Dieu qui nous aide à chaque instant de notre vie terrestre, si nous le voulons bien.

Si nous reconnaissons que nous ne sommes rien sans Dieu et que c'est Lui qui est tout, nous allons chaque jour davantage Le connaître en nous et nous connaître en Lui. C'est par l'engagement de notre volonté dans les situations quotidiennes que nous pouvons expérimenter la Providence. Dieu seul peut nous la révéler aux moments opportuns et au fur et à mesure de notre adhésion à sa volonté. Comme nous prions chaque jour: "Notre Père, que ta volonté soit faite", nos désirs rencontrent le plan d'amour de Dieu sur nous.

C'est cet extraordinaire échange avec Dieu, à expérimenter par tout un chacun, qui se fait par la prière en nous permettant de comprendre l'oeuvre de la Providence pour nous et pour le monde.

Monica Znamierowska

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