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LA voix de Catherine de Sienne : 2005 / 4 - N° 136 Déc. 2005/ Janv. 2006.

Sommaire : Edito 3 ; Une icône pour l'Europe 4 ; Un retable du Rosaire 6 ; 'Entre le boeuf et l'âne gris'. ; Et le chien? 9 ; Courriels 12 ; Faut-il guérir de tout ? 14 ; Le Christ est à la porte... 15 ; Le P. Perrin et les laïcs 16.


Éditorial :


Chers amis,

Voici le temps de Noël, que l'Eglise célèbre durant quinze jours. De l'évangile de Saint Jean (La Parole s'est faite homme), puis de Saint Luc (la Crèche), nous passons à celui de Saint Matthieu (les Mages) pour arriver à la première page de Saint Marc (le Baptême). Quatre voix pour un mystère.
Tous les saints ont mis ce mystère d'amour « en musique ». Et les sacrements nous en font vivre. Durant l'année écoulée, l'Eglise a célébré son synode sur l'eucharistie, corps du Christ livré pour nous. Au cours d'un Angélus, Benoît XVI a résumé le lien entre ce sacrement et l'amour envers Dieu et le prochain par deux mots qui, selon lui, résument toute la foi chrétienne: «Jésus, amour ». Cette expression est précisément le sceau avec lequel Catherine clôt chacune de ses lettres. Là où nous écrivons allègrement, tout à l'horizontale, « Ciao », « Bisous » et Cie, elle clôture en remontant à la source d'où elle était partie au début de sa lettre.
« Charité - en grec 'agapè', en latin 'caritas' - ne signifie pas d'abord l'acte ou le sentiment bénéfique, mais le don spirituel, l'amour de Dieu que l'Esprit saint répand dans le cœur humain et qui le pousse à se donner à son tour... », poursuit le Pape. Et comme dirait Catherine, « ô Trinité éternelle, que pourrais-tu nous donner davantage que toi-même ? » Quel incomparable cadeau !
En Belgique, les évêques ont lancé pour l'année pastorale 2005-2006, une « année de la prière ».
Notre équipe d'amis de Catherine a choisi de méditer de mois en mois, chapitre après chapitre, le 'traité de l'oraison' dans le Dialogue. Comme un guide de montagne, Catherine nous entraîne très pédagogiquement à aimer Dieu pour Dieu, en évitait bien des pièges liés à l'amour-propre, à « demeurer dans son amour » et à tenir le vase de notre âme « sous la fontaine ». C'est tonique !
A Sienne, le nouvel assistant ecclésiastique de l'Association Internationale des Caterinati, le Père Alfredo Scarciglia, o.p., a été nommé, par l'archevêque Mgr Buoncristiani, pour un mandat de trois ans. Nous nous en réjouissons beaucoup. Curé de la 'basilica cateriniana di San Domenico' et membre de la direction de l'Association, il a beaucoup écrit sur la spiritualité de Sainte Catherine et il est surtout très contagieux pour la transmettre. Nous lui souhaitons un fructueux ministère. (Photo tirée de La Patrona d'Italia e d'Europa).
 

Bonne année à vous tous,
                                    Chantal van der Plancke


- Merci pour vos très sympathiques cartes de Noël ! Et bienvenue dans ces pages pour partager ce que le témoignage de Ste Catherine vous inspire. Cela donne un caractère plus interactif et plus international à ce « bulletin de liaison » dans notre monde devenu... village. La voix de Catherine passe aussi par vous.
- Merci aussi à ceux et celles qui ont déjà spontanément renouvelé leur abonnement. Les tarifs postaux augmentant sans cesse, surtout pour l'Europe et les autres continents, nous vous suggérons 8 euros : moins ou plus selon vos possibilités. Pour l'étranger, pas de chèque s'il vous plaît. Le plus simple est de glisser un billet de 5 ou 10 euros sous enveloppe. Cela arrive sans problème.

 


 

Une icône pour l'Europe

 

Icône écrite par un prêtre catholique à Bratislava et introduite en l'église du Sacré-Coeur à Bruxelles
 

Voici le commentaire de cette icône traduit du site slovaque http://www.ikona.sk/


Une icône pour dire la présence de Dieu dans notre histoire
 

(...) Les icônes revêtent rarement les événements historiques d'un accent politique. Pourtant, il existe une icône intitulée «Plantation de l'arbre de l'Etat Russe», une icône « Miracle de la Mère de Dieu - Signe» au combat Suzdal-Novgorod, et surtout une icône très intéressante intitulée «L'Église combattante». Celle-ci fut écrite en honneur de la victoire d'Ivan
IV à Kazan (1552). Elle est en quelque sorte un mémorial des combattants qui ont donné leur vie pour la défense de la foi. (...°). Cette icône peut être un bon exemple du fait qu'une icône peut offrir une vision claire aux chrétiens à un moment historique. L'idée de Moscou en tant que troisième Rome ou Jérusalem céleste aurait dû éveiller dans les esprits une certaine prise de conscience ou responsabilité par rapport au monde voisin.


Eglise du Sacré-Cœur, rue  Le Corrége, Quartier européen
La paroisse y accueille la communauté des chrétiens slovaques et tchèques

 

    Lorsque le Christ fonda la première communauté - Eglise, il fit de même. Il commença à expliquer aux gens qu'ils sont le sel de la terre, la lumière du monde, la lampe allumée qui ne doit pas être mise sous le boisseau.
 

    Aujourd'hui, dans les différents milieux et de divers côtés, on essaie de saper l'autorité de l'Eglise et de minimiser son importance historique et culturelle. C'est pourquoi nous avons besoin d'une icône qui nous aide à prendre conscience de notre vocation dans ce monde, nourrie de la richesse de notre histoire. Comme Moïse, nous sommes invités à ôter les sandales de notre myopie et à vivre la présence de Dieu dans l'histoire de l'Europe.
 

Un objet liturgique
 

 La mission de l'icône en tant qu'objet liturgique est d'ouvrir l'homme à la présence de Dieu. L'icône „Christ, Espérance de l'Europe" représente le Christ comme la vigne, confirmant ses paroles : „Moi, je suis la vigne, vous, les sarments., (Jn 15,5).
Cette parole de Dieu est plus tranchante qu'aucun glaive à double tranchant et divise articulations et moelle; elle nous fait comprendre d'emblée la vérité : qui est Dieu et qui nous sommes. C'est Lui qui nous porte, même si parfois nous croyons que c'est nous qui Le portons. C'est Lui la vraie vigne, nous sommes ses sarments, "ceux qui croient en son Nom,qui ne sont pas nés du sang, ni du vouloir de la chair, ni d'un vouloir humain, mais de Dieu" (Jn 1,13).
Nous sommes à Lui, nous Lui appartenons comme les sarments sont liés à la vigne. Cette heureuse conscience de notre identité ouvre nos yeux sur le Christ qui est le Chemin et la Vérité et la Vie. Avec les yeux de notre foi, nous reconnaissons les vraies valeurs ainsi que l'espérance offerte continuellement par le Christ
 

Avec ses stigmates aux pieds, aux mains et sur le côté, le Ressuscité nous approche comme les disciples d'Emmaùs pour dissiper nos doutes et nos craintes. Comme ces disciples, nous retournons en ville, c'est-à-dire dans le monde qui nous environne, non que les conditions soient changées ou meilleures, mais parce que nous avons rencontré le Seigneur.
 

En bas, les racines de l'Europe
 

La bas de l'icône représente symboliquement l'Europe où rayonnent des lieux de pèlerinage: Saint-Jacques-de-Compostelle, Lourdes, Saint-Paui à Londres, îa cathédrale de Cologne, Saint-Pierre de Rome, Mariazell (en Autriche), la Basilique de Sastin (en Slovaquie) et la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev. Il ne s'agit que d'un petit nombre de sanctuaires parmi ces lieux d'Europe connus comme centres de dévotion mariale ou de culture et de civilisation.
La surface de l'Europe, de couleur verte, symbolise un nouveau printemps et l'Esprit Saint qui est répandu dans nos coeurs et qui prépare le chemin de la Nouvelle évangélisation. Les racines profondes de la vigne nous rappellent sans cesse les racines chrétiennes de l'Europe, notre continent qui jusqu'à présent vit de son patrimoine chrétien.
 

Evangéliser par la sainteté
 

Des deux côtés du Christ un saint patron représente chaque nation. La sainteté est la condition fondamentale d'une évangélisation authentique qui tâche de transmettre l'espérance. Jous ceux qui croient au Christ, quelque soit leur état ou leur forme de vie, sont appelés à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité" (Vatican 11, Constitution sur l'Eglise, n8 40). Cet appel s'adresse à chacun d'entre nous, pour que nous continuions cette longue histoire de sainteté qui a traversé les différents pays d'Europe au cours de ces deux derniers millénaires.
En haut de l'icône, les saints patrons de l'Europe,
 

De gauche à droite: Ste Brigitte de Suède, Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix et Ste Catherine de Sienne. A droite, Se Christ loué par les Sts Cyrille et Méthode, et St Benoît de Nursie.
 


1 - Ste Clotilde, reine des Francs (France)
2 - St Edouard, roi des Anglo-Saxons (Angleterre)
3 - St Séverin, laïc (Autriche)
4 - St François d'Assise, religieux (Italie)
5 - Ste Catherine de Suède, moniale (Suède)
6 - St Henri dUppsala, évêque et martyr (Finlande)
7 - St André, apôtre (Grèce)
8 - Ste Ludmila, reine et martyre (République Tchèque)
9 - St. Barnabe, apôtre (Chypre)
10 - St Knud, roi et martyr (Danemark)
11 -Ste Thérèse cf Avila, religieuse (Espagne)
 

A - Ste Brigitte de Suède
B - Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix
C - Ste Catherine de Sienne
D - St Benoît de Nursie
E - St Méthode
F - St Cyrille

12 - St Gorazd, évêque (Slovaquie)
13 - Ste Walburge, moniale (Belgique)14 - St Etienne, premier martyr (Slovénie)
15 - St Etienne de Hongrie, roi (Hongrie) 16 - Ste Elisabeth, reine (Portugal)
17 - St Jean de Cronstadt, prêtre (Estonie)
18 - St Boniface, évêque (Allemagne)
19 - Ste Cunégonde, princesse (Pologne)
20 - Ste Ita, moniale (Irlande)
21 - St Paul, apôtre (Malte)
22 - St Willibrord d'Echtemach, apôtre du Luxembourg
23 - Ste Lidvine, mystique laïque (Hollande)
24 - St Meinard - évêque (Lettonie)
25 - St Casimir-roi (Lituanie)



 

 


Cette icône de plus d'1,50 m de haut fut bénite le 13 octobre 2005, lors de l'installation de la communauté des chrétiens slovaques et tchèques à Bruxelles, au cours d'une eucharistie présidée par l'archevêque de Bratislava, Mgr Sokol, en présence du commissaire Fige! et des ambassadeurs, au sein d'une assemblée fervente.

L'icône a désormais pris place, à droite du choeur, au dessus de l'autel du Saint-Sacrement
 

Au nom du cardinal Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, et de son évêque auxiliaire, Mgr De Kesel, le Chanoine Lode Vermeir a accueilli la communauté en ces termes: "Vous n'êtes pas à l'étranger, vous êtes chez nous. C'est ainsi que peut se réaliser le rêve des fondateurs de l'Europe unie, rêve que je vois vivre dans les pensées, les sentiments et l'engagement de la génération actuelle des fonctionnaires."
 


Entre le bœuf et l'âne gris ... Et le chien ?
 

« Entre le bœuf et l'âne gris,
dort, dort, dort le petit Fils.
Mille anges divins, mille séraphins,
Volent alentour
de ce grand Dieu d'amour. »


Qui n'a jamais entendu résonner autour d'une crèche, cette prière contemplative qui sert aujourd'hui de bruit de fond aux supermarchés de Noël ?

Folklore l'âne et le bœuf?

Certes, ils ne figurent pas dans les Evangiles, mais ils appartiennent au plus pur style d'Isaïe. C'est sur cet oracle retentissant que s'ouvre le livre du prophète:

« Ecoutez, deux ! Terre prête l'oreille !
C 'est le Seigneur qui parle :
'J'ai fait grandir des fils et je tes élevés,
Eux ils se sont révoltes contre moi.
Un bœuf connaît son propriétaire
et un âne la mangeoire de son maître :
Israël ne connaît pas,
mon peuple ne comprend pas (1) » (Is 1,2-3).

1. Catherine de Sienne, Le livre des dialogues, Seuil, ch. 129, pp.426-132
 

Façon biblique de dire que, dans son aveuglement spirituel, le peuple choyé par Dieu - « mon peuple » - est devenu plus bête qu'un âne ou un bœuf. Près de la mangeoire où repose l'Enfant-Dieu, l'âne et le bœuf font donc figure de grands contemplatifs.


Quant aux séraphins?
Ils apparaissent dans le Temple, lors de la grande vision d'Isaïe. A l'origine de sa vocation, le prophète vit le Seigneur : « Des séraphins se tenaient au-dessus de lui...
Ils se criaient l'un à l'autre :
'Saint, Saint, Saint, le Seigneur, le tout-puissant,
sa gloire remplit toute la terre' » (la 6,2-3)
Ils font retentir une acclamation qui existait déjà dans le culte. Lorsque nous chantons le Sanctus, c'est à l'unisson du ciel et de la terre que nous nous inclinons. La sainteté de Dieu entraîne et exige celle du peuple. Dans le cantique populaire, l'Amour appelle l'amour.

Et le chien ?
Dans les ruelles et aux abords des multiples portes auxquelles elle a frappé, Catherine fit souvent connaissance avec ces quadrupèdes faisant fonction de pariophones à l'entrée des logis. Charmants ou agressifs, endormis ou vigilants, bien ou mal nourris, elle semble aussi bien les connaître que le cœur de l'homme. C'est précisément de notre cœur qu'elle veut parler. Ou plutôt, c'est à ce propos que Dieu « dialogue » avec elle.

Car ce que le Créateur nous a donné de plus précieux, c'est notre détecteur intérieur pour Le reconnaître et pour débusquer l'ennemi. Vous l'avez compris : le « toutou » qui dort ou qui veille au fond de nous, c'est le gardien de notre conscience. Est-il bien nourri ?
Rien ne se détraque plus facilement qu'une boussole. Rien ne se déforme plus subtilement qu'une conscience. Et que dire d'une conscience chrétienne dont la vigueur baptismale est défraîchie ?

Le souci pastoral

Au chapitre cent vingt-neuvième du Dialogue, dans le cadre d'un enseignement sur l'oraison, Dieu fait voir à Catherine l'aveuglement des pasteurs, afin qu'elle intercède constamment pour les ministres de l'Eglise et pour le monde entier.
« Les mauvais bergers se soucient peu d'avoir un bon chien qui aboie à l'approche du loup. Ils ont un chien qui leur ressemble». Leur conscience ne voit plus le mal en eux-mêmes, ni le péril qui guette leurs brebis. Leur chien « ne saurait plus aboyer ». Il n'est « pas assez nourri ». Parfois le manque de zèle et de conscience des prêtres est tel qu' « ils n'ont pas de chien. Il est si faible en effet, qu'on peut dire qu'ils n'en ont pas. »
Il s'agit bien des ministres de l'Eglise. Et de par le monde, à côté de la grande majorité des pasteurs zélés, il ne manque pas de cas douloureux, souvent connus de Dieu seul, pour lesquels nous sommes priés d'intercéder, car il s'agit de leur vie et de leur destinée spirituelle ainsi que de la survie des agneaux et du troupeau.
Mais depuis Vatican II, nous comprenons « le souci pastoral » comme une responsabilité qui appartient non seulement aux ministres ordonnés, mais aussi à tout baptisé : les époux l'un pour l'autre, les parents pour leur famille - « petite Eglise » selon l'expression patristique -les laïcs qui ont reçu ou non un ministère et la  communauté chrétienne tout entière. Cependant, dans la culture individualiste qui est la nôtre, nous ne remarquons parfois même plus à quel point nous sommes habités par le réflexe de Caïn : « Suis-je le gardien de mon frère ? ». Cela va du drame des exclus à celui des exclus de « l'amitié avec Dieu », pour toutes sortes de raisons et de négligences, à propos desquelles il est toujours bon de nous interroger quant à notre propre « souci pastoral ».
 

'Chiens mal nourris'

Si ce titre faisait « la une » d'un magazine, il soulèverait une vague d'émotion, de compassion et d'énergie parmi les défenseurs des droits des animaux. Mais comme il fait « la une » d'un Dialogue entre Dieu et Catherine, il a de quoi soulever une vague de compassion envers nous-mêmes et envers notre prochain. Que notre âme aie « du chien »!
 

Rendez-vous à 'Bethléem', la 'Maison du Pain'

En ce temps de fine gastronomie, soignons donc avec amour notre « toutou » intérieur. « La nourriture qu'il lui faut est la chair de l'Agneau, mon Fils. Dès que la mémoire, véritable écuelle de l'âme, est remplie du sang, la conscience s'en nourrit. » C'est en faisant mémoire de la miséricorde de Dieu envers nous et en se nourrissant de l'Eucharistie que l'âme se réveille et s'enhardit. En route pour Bethléem avec nos « toutous ». Que Dieu les bénisse et nous aussi. Faufilons-nous parmi les bergers qui se sont se sont hâtés, avec leurs agneaux et leurs cabots. Ce sont des anges qui les ont réveillés. Catherine n'est-elle pas pour nous un de ces anges ? ( Ch. v. d. P.)


 

Courrier

du Canada

3 novembre 2005
Bonjour Chantal!
Merci de tes envois de La Voix... Je les lis toujours avec beaucoup d'intérêt. Ton article paru dans le dernier numéro, 135, est bien intéressant. Comme tu la connais cette Catherine ! Merci de cela.

Nos activités catheriniennes se poursuivent. Nous aurons un colloque au Collège universitaire dominicain d'Ottawa le 9-10 mars sur Femme de Parole. Catherine de Sienne. On m'a invitée à donner la conférence d'ouverture qui sera suivie d'ateliers le lendemain matin, en français et en anglais. Nous en prévoyons un sur l'introduction à la lecture du Dialogue, un autre sur la cellule intérieure et un troisième sur Catherine et le rapport au corps. Un des aspects intéressants du projet c'est que nous le préparons ensemble. Ainsi le 12 novembre, je vais exposer ma façon de présenter le Dialogue et les membres du groupe d'étude vont réagir. Nous aurons aussi une présentation en anglais, par Maxime Allard, o.p. Je te reparlerai de tout cela lorsque tout sera bien défini.
Je ne sais pas si tu as connu le dominicain D. Mongillo, de l'Angelicum qui nous a donné de bien beaux cours sur Catherine à la Faculté des Dominicains ici à Ottawa. Il a fait une étude sur les Oraisons dans le livre que j'ai dirigé «Ne dormons plus...» Notre groupe d'étude a bien bénéficié de son expertise et de son expérience du groupe d'étude interdisciplinaire sur Catherine dont-il faisait partie à Rome. À notre profond chagrin, il est décédé au printemps dernier. Avec amitié,
 

Elisabeth Lacelle
elisalac@sympatico.ca

de Belgique
 

Je viens de recevoir "La voix de Catherine ", un tout grand merci, il n'y avait pas de petit "papier" à l'intérieur,
mais ce n'était rien, parce que j'y ai découvert beaucoup de "papiers", page 3, notamment,  c'était, une réponse à ce que je vis pour le moment.
Pas comme Ste Catherine avec l'exécrable Palmérina, mais quand même avec une personne qui me fait souffrir. Je prie pour elle depuis à peu près 8 ans, je vais donc persévérer.
Merci Chantal, merci Ste Catherine.,
Y.
 

le 10 décembre 2005
Chère Chantal,
Il y a deux mois, notre fille a décidé de vivre une année dans la communauté Marie-Jeunesse à Ciney. Ce matin, je lis leur revue juste sortie de presse et dans un des articles « témoignage », je lis l'extrait suivant que je te transmets:
".....Une de mes prières préférées est
celle que l'on adresse à Jésus :
'Ô Jésus, doux et humble de coeur,
rends mon coeur semblable au tien !'
Avoir un coeur semblable au sien,
c'est l'idéal de vie de tout chrétien!
Toutefois, aurions-nous oublié ce qu'on a fait
à son coeur lors de son crucifiement?
Oui, on l'a transpercé
et de son coeur ont jailli l'eau et le sang,
prémices de notre baptême, prémices de
la vie de Dieu que nous allions recevoir.
Un coeur transpercé, c'est la plus sûre disposition pour
accueillir l'amour et le redonner en vérité.
Avec un coeur ouvert,
c'est la démesure de l'amour de Dieu
qu'il m'est donné d'accueillir
et que je peux laisser rejaillir sur tous mes frères.
Voici ce qu'a vécu Catherine de Sienne
suite à une prière qu'elle avait adressée à Jésus.
Catherine ne cessait de demander à notre Seigneur la
perfection de la charité:
'Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu' (Ps 50,12).
Il lui sembla alors voir le Seigneur en personne
s'approcher d'elle, lui ouvrir le côté,
enlever et emporter son coeur.
Deux jours plus tard, il revient à elle,
tenant dans sa main un coeur vermeil
d'où sortaient des rayons lumineux.
A nouveau, il lui ouvrit le côté
pour y placer ce coeur: 'Ma fille, lui dit-il, l'autre jour, je
fai enlevé ton coeur; aujourd'hui je te donne le mien.
Par lui, désormais tu vivras'.

Frères et soeurs, osons tout demander à Dieu comme l'a fait sainte Catherine: 'Seigneur, blesse mon cœur! Que ton amour soit mon amour! De ma chair, ôte te coeur de pierre et donne-moi ton propre coeur!' AMEN!"

Patrick Simard, fmj, 29 ans, Sherbrooke
Avec tous nos voeux pour 2006!
Carine
 


A lire

Faut-il guérir de tout ?
Dépasser l'idéologie thérapeutique


« Si l'on désire un amour qui protège l'âme contre les blessures, il faut aimer autre chose que Dieu.» Simone Weil
« Peut-il y avoir des remèdes humains pour ceux qui sont malades du feu divin ? Qui sait jusqu'où va la profondeur de cette
blessure ? » Thérèse d'Avila
« Déchirez votre cœur et non vos vêtements.» Joël 2,13
« Je salue celui que j'aime avec le sang de mon cœur. » Hadewijck d'Anvers
« J'ai voulu que vous voyiez le secret de mon cœur, en vous le montrant ouvert, afin que vous voyiez que je vous aimais plus que ne pouvait le montrer la souffrance finie.»
Catherine de Sienne
 

« Tous les humains ne sont peut-être pas appelés à une quête héroïque, à une élévation mystique ; du moins doivent-ils mériter ce qualificatif d'humanité qui est bienveillance, bonté, accueil. Or, en allant vers l'autre, en l'écoutant, on risque d'être ému, bouleversé. C'est pourquoi beaucoup préféreront revêtir une carapace d'indifférence ou de froideur qui, croient-ils, les protégera. Mais en fait elle montrera leur peur et leur carence d'humanité.
Il y a une folle illusion à se vouloir à l'abri de tout, illusion soigneusement entretenue par notre société. De qui, de quoi peut-on se garder? (...) Supprimer la souffrance, l'inquiétude, au bénéfice du seul épanouissement de soi, qui est bonheur, bien-être. C'est un enfermement redoutable et un rêve chimérique. »
Ainsi s'exprime Jacqueline Kelen dans un admirable livre, « Divine blessure » (Paris. Albin Michel 2005. 302 pp.. 19.50 € 2 ). En passant par les mythes antiques, les récite bibliques (Le combat de Jacob, le drame de Job, la quête amoureuse du Cantique des Cantiques, le Christ crucifié...), les Pères de l'Eglises, les saints, les mystiques chrétiens et soufis et les héros de ia littérature - « des passeurs de liberté, d'amour et de noblesse » - l'auteur tente de sauver la vocation spirituelle de l'homme, à laquelle nul ne peut accéder dans le confort et la facilité.
Le chemin vers la rencontre absolue passe par la vulnérabilité. La fragilité librement consentie nous fait accéder à une autre grandeur. « Guérir, se sentir 'bien dans sa peau', refermer toutes nos failles et se débarrasser de tous nos maux pour accéder au but suprême de la quiétude et du bonheur, telles sont les obsessions du jour. Nous vivons désormais sous le règne d'une idéologie thérapeutique, régressive, consumériste, qui nous infantilise en cherchant à nous détourner de tout risque. »
Loin de tout dolorisme - ce qui nous blesse ici, c'est l'Amour, la Beauté, la Sagesse - ce parcours nous renvoie aux limites de notre condition mortelle, à une déchirure, une béance, pour nous ouvrir à une liberté, à une joie qui nous relie à la Source. « On peut aborder de trois façons la blessure que l'on ressent : soit on cherche à ia refermer, et on se situe au niveau thérapeutique ; soit on fait un travail de transformation, à la façon dont ia perle naît d'une écharde dans la chair de l'huître, et c'est un chemin initiatique ; soit on ia garde vive, et c'est la voie mystique. Dans cette troisième démarche, l'être se sait inconsolable parce que touché, appelé par l'infini. » (p. 19.) Ce livre vaut vraiment le détour !
 

Le Christ est à la porte de notre cœur


Dans un livre d'entretiens avec Sofia Strii-Rever, Sœur Emmanuelle s'exprime sur la relation avec Dieu qui nourrit son action humanitaire. Pour exprimer ce coeur à cœur qu'est l'expérience spirituelle, ce trésor d'amour caché au plus intime, elle s'inspire du témoignage et des méditations de quelques « sentinelles de l'invisible » : Thérèse d'Avila, Catherine de Sienne, Thérèse de Lisieux, Etty Hillesum, Simone Weil, Mère Teresa... En voici quelques extraits (1).
« Je crois en Dieu qui nous a créés libres et a décidé de ne pas forcer notre volonté. Dieu n 'est pas un dieu de pouvoir, comme les dieux de l'Antiquité qui jouent avec le bonheur ou le malheur des hommes. Il est amour et l'amour ne s'impose pas. La liberté de chacun est la condition pour chercher, connaître et aimer Dieu, comme Dieu nous a aimés. Catherine de Sienne, mystique du XIVe siècle (...) a ressenti elle aussi la présence du Christ à la porte de son âme. Elle a vu en Marie, la mère de Jésus, l'exemple même du consentement total à l'amour de Dieu ».
 

Voici la servante du Seigneur !
 

Nous voyons encore aujourd'hui en vous, ô Marie, la force et la liberté de l'homme. Avant de descendre en votre sein, le Fils de Dieu s'adresse à votre liberté ; il attend à la porte de votre volonté, il vous soumet le désir qu'il a d'habiter en vous, et il n'y serait jamais entré, si vous ne lui aviez dit : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole. » N'est-ce pas là une grande preuve de la force et de la liberté de la volonté ? Rien de bien ou de mal ne peut se faire sans elle. Le démon ni aucune créature ne la forcent au mal, si elle ne devient pas leur complice ; et personne ne peut la contraindre au bien, si elle veut résister. La volonté de l'homme est donc libre.
Catherine de Sienne
 

« Ressentir la présence du Christ est une expérience commune aux mystiques. Mère Teresa, dans son Testament spirituel, reprend, comme Catherine de Sienne, l'image de Dieu qui se tient à la porte de notre cœur. (...) Les mystiques et ceux qui vivent d'une foi profonde disent qu'il faut toujours faire silence. Cela nous manque. Aujourd'hui, qui fait encore silence ? » « N'aie pas peur, Dieu traverse ton être tout entier. Il te connaît jusqu'au plus profond, au plus intime... Si Dieu me connaît ainsi, je puis très facilement entrer en relation avec lui. D'autant plus facilement qu'il est là, il frappe à ma porte. Dès l'instant où je pense à lui, il demande à enter dans mon cœur. Dieu m'aime à un tel point, qui que je sois. Je suis tellement aimée qu 'il insiste : 'Je t'aime, je suis là, ouvre-moi et j 'entrerai ' ».
 

« - 'Plus pauvre parmi les plus pauvres', cette expression qui revient souvent dans les écrits et les discours de mère Teresa, est-elle inspirée de la mission du Christ ?
- Oui, et cette expression est très parlante à Calcutta, où l'on meurt sur les trottoirs de la ville. Mère Teresa est allée vers ces personnes qui sont à l'image du Christ, né parmi les plus pauvres. De tout petits bébés couchés sur des tas de chiffons, j'en ai vu de mes yeux en Egypte, dans les bidonvilles. Ils me faisaient penser souvent à l'enfant Jésus né dans le dénuement total. Je me remémorais cette prière de Catherine de Sienne :

'Ô Père tout puissant, Dieu éternel,
douce et ineffable Charité,
vous êtes le Dieu éternel et incompréhensible, qui,
poussé par votre seul amour et votre miséricordieuse bonté,
nous avez envoyé notre Seigneur Jésus-Christ, votre fus unique,
revêtu de notre chair mortelle.
Vous avez voulu qu 'il vienne,
non pas dans les jouissances et les grandeurs de ce siècle périssable,
mais dans ! 'abaissement, la pauvreté et la douleur. (2) »
 

1. Sofia Stril-Rever. La folie d'amour. Entretiens avec Sœur Emmanuelle, Paris, Flammarion, sept. 2005,288 pp, 18 Euros ; pp. 41 et ss.
2. p. 187 et Note 22, p 285 : « Prière faite à Gênes, au moment où le Pape Grégoire XI voulait retourner à Avignon. Cette prière fut recueillie pendant l'extase de la sainte par Thomas Pétra, sténographe de Grégoire XI. puis secrétaire du pape Urbain VI. Citée dans Lettres et Dialogues, éd. Téqui. 1985 ».
 


Signes

Un apôtre de la sainteté des laïcs
 

Beaucoup d'entre vous ont sans doute lu le livre du Père Perrin (1), o.p. Catherine de Sienne, contemplative dans l'action (Téqui, 1961), réédité le 29 avril 1999. C'est pour éclairer les premiers pas de Caritas Christi2 que le P. Perrin (co-fondateur de cet institut avec Juliette Molland), écrivit en 1938 un petit ouvrage intitulé Sous l'égide de Sainte Catherine de Sienne. Cet opuscule est à la base du livre actuel.

1905-2005

Le Père Perrin, figure marquante de l'Eglise de Marseille, est né il y a 100 ans. Il mourut en 2002 à presque 97 ans. Ayant sentit très jeune l'appel à devenir prêtre, c'est grâce à une intervention de Pie XI, qu'il put être ordonné, en 1929, malgré sa cécité. Il entra dans l'ordre des Prêcheurs par amour de saint Dominique dont il admirait la transparence, la joie et le zèle : « un vrai fils de lumière ». Sa vie fut marquée par son amitié avec la célèbre philosophe Simone Weil (1909-1943), qui lui confia la charge de publier ses écrits. Il publia lui-même une trentaine de livres. Ecrivain matinal, père spirituel, prédicateur de retraites, sa spiritualité est habitée par la parole de Jésus : « Comme le Père m'aime, moi aussi je vous aime. Demeurez dans mon amour » (Jn 15,9). Il y a là une invitation à « repartir du Christ » (Jean-Paul II). Pour le P. Perrin, le sens de notre vie est d'abord une réponse à l'Amour. Cette réponse s'exprime dans une manière de vivre l'amour fraternel et de répandre l'amour du Christ dans le monde : « ...Les saints aiment pour de bon et veulent du réel. Catherine le vivait dès ici bas, regardant Dieu comme celui qui ne veut pas des paroles mais des œuvres (même celles du cœur et surtout l'infini de l'amour).

« Demeurez dans mon amour »
 

Cette spiritualité est une manière de communier à la miséricorde de Dieu envers nous, envers l'Eglise et envers le monde. Avec Ste Catherine, le P. Perrin pensait que c'est «parle moyen de ses serviteurs », c'est-à-dire à travers nous, que <r Dieu veut faire miséricorde au monde ».
Mgr Benoît Rivière, évêque auxiliaire de Marseille a connu le P. Perrin en 1980. Très marqué par 'le chemin tout simple' du « demeurer dans l'amour du Christ », il poursuit cette annonce dans son ministère d'évêque. Dans son livre, Prier 15 jours avec Le père Joseph-Marie Perrin (3), il consacre un petit chapitre à « l'actualité de Catherine de Sienne » selon le fondateur de Caritas Christi. « La sainteté apostolique dans le monde ! (...) La vie dans le monde n'est-elle pas un obstacle insurmontable à cette perfection ? La multitude des pensées ne va-t-elle pas distraire le pauvre esprit humain ? Mille soucis ne vont-ils pas diviser son cœur ? Danger d'inconstance et de dispersion, voilà le monde et surtout le monde moderne. Catherine ne le perd point de vue ; l'amour qui l'a séduite est plus fort que le monde ; puisque tout vient de l'amour tout doit servir à l'amour : 'Si vous me dites, disait la sainte à une de ses amies .je ne voudrais pas être absorbée parles choses temporelles, je vous répondrai que c'est nous qui les rendons temporelles, car tout procède de la bonté suprême, tout par conséquent est bon et parfait.' C'est là le secret de la sainteté laïque : aimer, faire aimer et profiter de tout pour développer l'amour et le rayonner » (op. cit. p.97).
 

1. Photo et infos tirées du reportage paru dans Familles chrétiennes, N° 1457, déc. 2005.
2. Institut séculier, fondé en 1937, pour les femmes voulant se consacrer à Dieu tout en restant dans le monde. Plus tard, ce groupe comprendra aussi l'association sacerdotale, pour les prêtres diocésains voulant vivre de cette spiritualité de l'amour du Christ, et une fraternité laïque ouverte aux hommes et aux femmes mariés ou non. Caritas Christi compte aujourd'hui environ 1300 membres dans le monde.
3. Nouvelle cité, 2005, pp. 96-102.

 

 

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