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SERMON LV. Comment on peut, par la vraie pénitence, éviter le jugement de Dieu.

1. « Mon bien-aimé est semblable à un chevreuil, et à un faon de biche (Cant. II,19). » Cela dépend du verset précédent, car l'Épouse compare maintenant à un chevreuil, et à un faon de biche, celui qu'elle nous avait montré sautant et se hâtant. La comparaison est évidemment bien choisie, car ce genre d'animaux est rapide à la course et agile à sauter. Or elle parle de l'Époux, et l'Époux est lui-même la parole éternelle. Aussi le Prophète en parlant de Dieu, dit-il que « sa parole court avec vitesse (Psal. CXLVII, 15). » Ce qui se rapporte fort bien à notre texte, où l'Époux, qui est la parole de Dieu est décrit sautant et traversant les montagnes, et par conséquent semblable aux chevreuils, et aux faons de biche. C'est même là la comparaison de l'Epouse. Ajoutez encore, afin qu'elle vous paraisse plus juste, que le chevreuil n'excelle pas seulement par la vitesse de sa course, mais aussi par la pénétration de sa vue. Ce qui regarde proprement cette partie du discours de l'Épouse, où l'Époux est dépeint sautant, et passant pardessus les collines, car s'il n'avait la vue très-subtile, il ne pourrait pas, sautant et courant, discerner ceux en qui il doit sauter, et ceux qu'il doit passer. Autrement elle aurait pu se contenter pour marquer la réserve de l’Époux se hâtait, de le comparer seulement au faon de biche. Car on sait que cet animal court extrêmement vite. Mais parce que l'Époux, quoique l'ardeur de son amour semble l'emporter avec une vitesse incroyable, pour jouir des chastes embrassements de sa bien-aimée, ne laisse pas pourtant de diriger ses pas, ou plutôt ses bonds, avec beaucoup de prudence et de circonspection, et de prendre bien garde où il doit mettre le pied, il a fallu sans doute joindre, aussi la comparaison du chevreuil, à celle du faon de biche, afin que l'une exprimât le désir ardent qui le fait ainsi sauter, et l'autre le discernement avec lequel il choisit l'endroit où il doit sauter. Car Jésus-Christ est juste et miséricordieux, il est Sauveur et juge, (Tim. II, 4) : parce qu'il aime, il veut que tous les hommes soient sauvés, et acquièrent la connaissance, de la vérité; et parce qu'il juge, il connaît ceux qui sont à lui, et sait ceux qu'il a choisis dès le commencement (Joan. XIII, 18).

2. Reconnaissons donc que ces deux biens de l'Époux, la miséricorde et la justice, nous sont représentés par le Saint-Esprit, sous la figure de ces deux animaux, afin qu'en témoignage de l'intégrité et de la perfection de notre foi, nous imitions le Prophète (Psal. C, 1), et célébrions avec lui la miséricorde et la justice du Seigneur. Quant à moi, je ne doute point. que ceux qui sont curieux et instruits de ces choses, ne puissent encore indiquer d’autres propriétés de la nature de ces animaux, qu'on pourrait utilement et raisonnablement, rapporter à l'Époux. Mais je pense que celles-ci peuvent servir pour rendre raison de la comparaison de l'Époux. C'est encore avec beaucoup de sagesse que le Saint-Esprit ne compare pas l'Époux au cerf, mais au faon de biche, en quoi il fait mention des patriarches, dont Jésus-Christ descend selon la chair, et de l'enfance du Sauveur. Car ce petit enfant qui nous est né (Isa. IX, 6), a paru comme un faon de biche. Mais vous, qui désirez l’avènement du Sauveur, appréhendez l'examen rigoureux de ce juge, appréhendez sas yeux de chèvre, craignez celui qui dit par un Prophète : « Et en ce jour-là j'examinerai Jérusalem à la clarté des flambeaux (Sopho. I, 12). » Il a la vue perçante, ses yeux ne laisseront rien échapper à leurs regards. Il sondera les reins et les cœurs, et toutes les pensées des hommes seront à nu devant lui. (Psal. VII, 10). Qu'y aura-t-il de sûr dans Babylone, si Jérusalem même doit subir l'épreuve d'un si rude examen? Car je pense qu'en cet endroit le Prophète a voulu désigner par cette ville, ceux qui mènent nue vie religieuse ici-bas, qui imitent autant qu'ils peuvent, par leur conduite honnête et réglée, les mœurs de cette Jérusalem céleste, et ne ressemblent pas à ceux qui sont de Babylone, et dont la vie est toute pleine de désordres et de crimes. Car leurs péchés manifestes sont déjà, jugés, et ils n'ont point besoin d'examen, mais de supplice. Mais pour moi, qui parais religieux et habitant de, Jérusalem, mes péchés sont cachés et comme couverts sous le nom et sous l'habit religieux. Voilà pourquoi il sera nécessaire d'en faire une recherche et une discussion exacte, et de les tirer des ténèbres, peur les produire au jour, en y approchant la lumière et le flambeau.

3. Nous pouvons encore citer quelques paroles du Psalmiste pour confirmer ce qui est dit de cet examen de Jérusalem. Il dit en effet, parlant au nom du Seigneur : « Lorsque le temps sera veau, je jugerai les justices même (Psal. LXXIV, 3).» Par, où, si je ne me trompe, il veut dire qu'il discutera et examinera la conduite et les actions des justes. Nous avons grand sujet de craindre que, devant un examen si rigoureux, plusieurs de nos actions que nous croyons vertueuses, ne paraissent vicieuses. Il y a pourtant un remède à cela, c'est que si nous nous jugeons, nous-mêmes, nous ne serons point jugés (II Cor. XI, 31). Certes ce jugement-là m'est bien avantageux, puisqu'il me dérobe et rue cache à cet autre jugement de Dieu, qui doit être si sévère. Je tremble de frayeur de tomber entre les mains du Dieu vivant. Je veux être présenté devant sa face irritée, déjà jugé, non point pour être jugé. L'homme spirituel juge toutes choses, et n'est jugé de personne (I Cor. II, 15). Je jugerai donc le mal qui est en moi, je jugerai même le bien. Je tâcherai de corriger le mal par de meilleures actions, de l'effacer par des larmes, de le punir par des jeûnes, et par les autres travaux d'une sainte discipline. Dans le bien, j'aurai un humble, sentiment de moi-même, et selon le précepte du Seigneur, je m’estimerai un serviteur inutile qui n'a fait que ce qu'il devait faire. Je prendrai garde de ne lui pas offrir de l'ivraie pour du froment, ou des pailles pour des grains. Je sonderai mes voies et ma conduite, afin que celui qui doit examiner Jérusalem à la lumière des flambeaux (Sopho, I, 12) ne trouve rien en moi qui ne soit examiné et discuté. Car il ne jugera pas deux fois une même chose.

4. Qui me fera la grâce de si bien examiner et corriger mes péchés, que rien ne me fasse appréhender les yeux si clairvoyants de la chèvre, ni rougir à la lumière des lampes? Maintenant, je suis vu, mais je ne vois pas. Cet œil auquel toutes choses paraissent à découvert, est présent, bien que lui-même ne paraisse pas. Il viendra un temps où je connaîtrai comme je suis connu. Mais, à cette heure, je ne connais encore qu'en partie, bien que je ne sois pas connu seulement en partie, mais en entier. Je redoute la vue de ce divin examinateur qui se tient derrière la muraille. Car c'est ce que l'Écriture ajoute touchant celui qu'elle a comparé à un chevreuil, à cause de la pénétration de sa vue. Le voilà, dit-elle, « qui est debout derrière la muraille, et qui regarde par les fenêtres et par les treillis (Cant. II, 9). » Mais nous expliquerons cela en son lieu. Je redoute donc ce juge caché, qui examine les choses cachées. L'Épouse ne craint rien. En effet, que pourrait craindre cette bien-aimée, cette colombe, cette belle? Aussi lisez-vous ensuite : « Voici mon bien-aimé qui me parle. » Il parle, et c'est pourquoi je redoute sa vue, parce qu'il ne me rend pas témoignage comme à l'Épouse. Mais Vous, ô Épouse, qu'entendez-vous? Que vous dit votre bien-aimée? Levez-vous, dit-il, hâtez-vous, ma bien-aimée, ma colombe, ma belle. Mais il faut aussi remettre cela à une autre fois, afin de ne pas trop restreindre ce qu'il faut traiter avec plus d'étendue, de peur que je ne sois encore trouvé coupable en ce point, si je manquais à vous donner des instructions nécessaires pour la connaissance et l'amour de l'époux de l'Eglise, Jésus-Christ, Notre-Seigneur, qui étant Dieu est élevé au dessus de toutes choses, et béni dans tous les siècles. Ainsi soit-il.

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