SERMON XI
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ONZIÈME SERMON. Du double baptême et de la nécessité de renoncer à sa propre volonté.

1. Vous savez, mes frères, car vous tenez fermement la vérité catholique, vous savez, dis-je, que le Père céleste adopte ceux qui renoncent à Satan en recevant le baptême, et les fait passer de la puissance des ténèbres dans le royaume du Fils de sa gloire. C'est ce qu'il faut entendre par cette robe première que le père de famille, les entrailles émues, ordonne à ses serviteurs d'apporter en toute hâte, sans attendre un mot de prière de la bouche de son fils, un désir de son cœur, et en prévenant même son intelligence de l'abondance de ses bénédictions. En effet, tous tant que nous sommes qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été revêtus de Jésus-Christ (Galat. III, 27). Un autre témoin, non moins fidèle que celui qui s'exprimait ainsi, nous a dit en nous parlant de lui : « Il a donné le pouvoir de devenir enfant de Dieu à tous ceux qui l'ont reçu (Joan. I, 12). » Or, ce pouvoir n'est pas mi vain et faible pouvoir, nous avons, en effet, la certitude que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les vertus, ni ce qu'il y a au plus haut des cieux ou au plus profond des abîmes, ne pourra jamais nous séparer de l'amour de Dieu qui est fondé en Jésus-Christ (Rom. VIII, 38 et 39). Remarquez combien de choses l'Apôtre énumère, car ce sont ses propres paroles que je viens de vous faire entendre, sans toutefois nous compter nous-mêmes parmi ces choses. Telle est, en effet, la liberté que le Christ nous a donnée, en nous délivrant de notre esclavage, c'est qu'il n'y a point de créature qui puisse nous séparer de Dieu, et nous faire violence. Il n'y a que nous qui puissions nous éloigner de lui, tentés par notre propre concupiscence et entraînés par notre propre volonté (Jac. I, 14), après elle, il n'en est pas d'autre a craindre pour nous. Aussi tant que nous n'avons point atteint fige où nous pouvons faire usage de notre liberté, et agir selon notre libre arbitre, quiconque a reçu la seconde naissance du baptême ne saurait être, par aucun moyen possible, séparé de la charité de Dieu, il est, eu attendant cet âge, en pleine sécurité sous la protection du Seigneur son Dieu et son avocat; il n'a rien à craindre de qui que ce soit. Mais quand arrivent les années de l'âge de discrétion, il entre en possession de lui-même et il n'a pas plus à redouter les autres créatures qu'auparavant; il n'a à se tenir en garde que contre sa propre volonté, contre cette volonté qui dort dans son sein. Le péché est peut-être à la porte de son cœur, mais la concupiscence est sous sa main (Gen. IV, 7), il est maître, s'il le veut, de ne pas lui ouvrir la porte de son cœur et de lui refuser son consentement.

2. En effet, ce ne fut ni un ours, ni un lion, mais un serpent, c'est-à-dire le plus rusé, non le plus fort des animaux, qui a trompé nos premiers parents; ce n'est pas l'homme qui a fait tomber la femme mais la femme qui a fait tomber l'homme. Oui, c'est le serpent qui t'a trompée, ô Ève, trompée, dis-je, non point contrainte ou poussée. C'est la femme qui t'a donné du fruit de l'arbre, ô Adam, mais en te l'offrant elle ne t'a point forcé de l'accepter; si tu as cédé à sa voix plutôt qu'à celle de Dieu, ce n'est point qu'elle t'ait fait violence, c'est que tu l'as bien voulu. Mais si dans son inexpérience, il n'a su se tenir sur ses gardes, pour nous, instruits par son exemple, veillons du moins sur nous. Que dis-je ? puisque nous avons eu nous aussi le malheur de succomber de même à la tentation, recherchons désormais un remède à de si grands maux. Est-ce que le fort armé qu'un plus fort que lui surprend et garrotte, a recours à la violence pour réoccuper son ancienne maison? Nullement; mais il la trouve vide et imprudemment ouverte devant lui, aussi ne fond-il pas sur elle avec sept esprits plus forts, mais il y entre tout simplement avec, sept esprits plus méchants que lui, et s'y établit sans recourir à la violence. Qui lui ouvre la porte, sinon notre propre volonté ? Il n'en est pas d'autre qui nous replace sous l'empire des puissances des ténèbres et qui nous soumet de nouveau à celui de la mort.

3. Venez, Seigneur Jésus, oui, revenez maintenant, ô bon Jésus, et chassez une seconde fois celui que nous avons eu la folie de faire rentrer chez nous, et si vous nous délivrez encore une fois nous redeviendrons libres. Nous avons renouvelé notre première alliance, nous avons péché contre vous, Seigneur, et nous nous sommes de nouveau asservis aux œuvres de Satan, nous avons replacé de nous-mêmes notre cou sous le joug de l'iniquité, et nous nous sommes recondamnés à une malheureuse servitude. Voilà pourquoi, mes frères, nous devons nous faire rebaptiser , renouveler une seconde fois alliance avec Dieu , et faire une seconde profession. Ce n'est plus assez maintenant de renoncer à Satan et à ses œuvres, il nous faut de plus renoncer au monde et à notre volonté propre; si l'un nous a réduits, l'autre (a) nous a induits dans le mal. Dans le premier baptême, alors que notre volonté propre ne notes avait point encore fait de mal, il suffisait que nous renonçassions à Satan, dont l'envie seule a fait entrer le péché dans le monde et la mort avec le péché par un seul homme, d'où ils sont ensuite passés dans tous les hommes. Mais depuis que nous avons fait une expérience décisive des charmes d'un monde trompeur, et de l'infidélité de notre volonté propre dans ce que j'appellerai, avec raison, et dans un sens parfaitement sage, le second baptême (b) de notre conversion,

a Quelques manuscrits présentent ici une variante; nous avons préféré la leçon du manuscrit des Célestins de Paris.

b Beaucoup d'anciens auteurs ont comparé la profession religieuse à un second baptême, et lui en ont même donné le nom. Saint Bernard l'appelle ainsi dans le trente-septième de ses sermons divers, n. 3, et dans son traité du précepte et de ta dispense. Voir la lettre de saint Jérôme à Paula, sur la mort de Blésilla où ce Père dit « qu'elle s'est lavée dans les eaux du second baptême de sa profession, s'il est permis de parler ainsi. »

nous devons avoir à cœur, non pas seulement de refaire notre première alliance, mais encore de la rendre plus forte en renonçant à nos propres affections. Attachons-nous donc, mes frères bien-aimés, à nous garder purs de toute souillure de ce monde, car c'est là devant Dieu la seule religion pure et immaculée (Jac. 1, 27). Tenons-nous en garde contre notre volonté propre, comme on se garde d'une vipère très-mauvaise et très-redoutable, elle seule en effet peut désormais damner notre âme.

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