I° V.  ST-SACREMENT

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I° V.  ST-SACREMENT
SAINT SACREMENT
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VENDREDI OCTAVE
III° DIMANCHE

LES PREMIÈRES VÊPRES DE LA FÊTE DU TRÈS SAINT SACREMENT.

 

Nous touchons enfin au grand jour qui, depuis Lundi , tient nos âmes dans le recueillement et l'attente. La terre se dispose à reconnaître , dans l'hommage d'un solennel triomphe, le Christ pontife et roi présent dans l'Hostie. Le triste privilège qui retient, pour trois jours encore, la France à l'écart des saints transports de la catholicité, ne peut nous empêcher d'unir dès maintenant notre allégresse et nos adorations aux hommages de l'Eglise envers le divin Sacrement. Partout les pieux fidèles apportent leur concours aux préparatifs du triomphe qui attend demain l'Hostie sainte. Durant ces apprêts qu'inspirent la foi et l'amour, l'Eglise prélude dans ses temples à la grande fête par la solennité des premières Vêpres. Accordant sa lyre aux sublimes Antiennes du Docteur angélique, elle célèbre, dans un chant majestueux comme les paroles, le Pontife éternel selon l'ordre de Melchisédech, et le divin banquet réunissant comme de jeunes plants d'olivier les fils de l'Eglise autour de la table du Seigneur.

Les bornes qui s'imposent à nous dans cet ouvrage sembleraient devoir en exclure les parties de l'Office auxquelles n'assistent pas généralement les fidèles ; c'est la pratique que nous avons

 

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suivie jusqu'ici. Mais la célébrité si justement acquise à l'œuvre de saint Thomas pourrait faire regretter à plusieurs de ne la rencontrer ici que tronquée. La magnificence des Hymnes et des Psaumes, des Antiennes et des Répons, tout cet ensemble si plein de la vraie sève catholique, fournira d'ailleurs aux fidèles le meilleur thème de contemplation qui puisse éclairer leurs intelligences et échauffer leurs cœurs durant toute cette Octave. Chaque jour de cette semaine les doit voir saintement empressés aux pieds du Roi de gloire qui tiendra sa cour au milieu de son peuple, ne se dérobant à leurs yeux de chair que sous le nuage léger des espèces sacramentelles. Durant les heures fortunées qu'un industrieux amour saura dérober ainsi aux occupations ordinaires, qu'ils choisissent donc de préférence l'expression de leurs sentiments dans les formules consacrées par l'Eglise elle-même à chanter l'Epoux en son divin banquet ; non seulement ils y trouveront la poésie, la doctrine et la grâce, habituelle parure de l'Epouse en présence du Bien-Aimé, mais ils auront fait vite aussi l'heureuse expérience que, comme le mets céleste lui-même, ces formules sanctifiées se prêtent à toutes les âmes ; s'adaptant aux dispositions et degrés divers d'avancement spirituel. elles deviennent en chaque bouche l'expression la plus opportune et la plus vive des besoins et désirs de tous.

Les premières Vêpres de la fête du Très Saint Sacrement sont en tout semblables aux secondes Vêpres, à l'exception de l'Antienne de Magnificat. L'Eglise célèbre en cette Antienne la suavité du Seigneur manifestée par celle du pain eucharistique ; mais ceux-là seuls en goûtent la douceur et en recueillent les fruits de salut, qui sont conduits

 

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au divin banquet parla faim spirituelle d'un humble et ardent désir. Dans ces sentiments, avec la Vierge immaculée, glorifions le Seigneur qui exalte les humbles et confond les puissants. C'est à la plus humble des filles d'Adam que nous devons le Pain céleste : il fut façonné par l'Esprit dans ses chastes entrailles. Nous aurons occasion de le redire. Mais, dès maintenant, n'oublions plus que la fête du Corps du Seigneur nous ramène à Marie dans nos hommages reconnaissants.

 

ANTIENNE de Magnificat.

 

Qu'il est suave votre Esprit, ô Seigneur ! qui, voulant montrer votre tendresse pour vos enfants, par un pain très doux venu du ciel comblez de biens ceux qui ont faim , renvoyant vides les riches dégoûtés.

 

ORAISON.

 

O Dieu, qui nous avez laissé sous un Sacrement admirable le mémorial de votre passion, daignez nous accorder la grâce de vénérer comme nous le devons les sacrés Mystères de votre Corps et de votre Sang, afin que nous puissions ressentir en nous constamment le fruit de votre rédemption. Vous qui vivez et régnez.

 

L'Octave du Très Saint Sacrement ne le cède, en privilèges, qu'à celles de l'Epiphanie, de Pâques et de la Pentecôte. Elle n'admet pas de fêtes transférées au-dessous du rite double de première ou de seconde classe ; et les fêtes semi-doubles, qui se rencontrent au Calendrier durant ces huit jours, n'obtiennent qu'une simple mémoire. Dans les fêtes doubles elles-mêmes, qu'on y célèbre à leurs jours, on n'omet jamais, quel qu'en soit le degré, la mémoire du Très Saint Sacrement à la Messe, à Laudes et à Vêpres ; et la solennité du Corps du Seigneur ne laisse pas de marquer aussi son empreinte à toutes les Hymnes dont la mesure le permet, par la doxologie suivante, qui est celle de Compiles et des Petites Heures dans l'Office de demain.

 

O Jésus, qui êtes né de la Vierge, gloire à vous, avec le Père et l'Esprit divin, dans les siècles éternels ! Amen.

 

Touchant hommage rendu à la Vierge-mère que cette exaltation réitérée de sa fécondité virginale en la fête de l'Eucharistie ! L'Eglise s'est souvenue que « le premier blasphème contre la vérité du sacrement de l'autel consistait à nier que le corps eucharistique du Seigneur fût le corps né de Marie (1). » Et voyant comment, depuis, les adversaires du Fils dans son Mystère d'amour ont toujours aussi méconnu la Mère, elle les unit comme le firent les Ignace et les Irénée, vaillants témoins de la foi primitive, dans une même formule de confession et de louange en face de l'Hostie sainte. Il a pris chair de la chair de Marie, dit saint Augustin; et c'est cette chair, devenue la sienne,

 

1. CARDINAL PIE. Homélie du 8 sept. 1869, à Issoudun.

 

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qu'il nous donne à manger comme l'aliment du salut, et que nous adorons auparavant comme l’escabeau de ses pieds dans le psaume (1). »

La couleur blanche employée par l'Eglise en cette Octave demeure, dans tout le cours de l'année, la couleur propre au divin Sacrement. Elle rappelle elle-même les doux rapports des mystères de Noël et de l'Eucharistie, non moins que la divine pureté du froment des élus qui donne à l'homme le pain des Anges (2), et fait ici-bas germer les vierges (3).

 

A cette heure où déjà l'Eglise acclame le divin Sacrement, saluons dans ces pensées l'Hostie qui bientôt va paraître. La formule suivante, usitée depuis le XIV° siècle dans les Eglises de France et d'Allemagne, terminera dignement cette journée comme l'annonce prochaine du glorieux Mystère. Elle se chantait dans l'origine au moment de l'élévation, et s'alliait au trisagion qu'elle complétait, comme l'indiquent ces mots in excelsis, les derniers du Sanctus, qui la terminent sur les meilleurs manuscrits. C'était ce genre de compositions appelées Tropes, qui furent chères à la piété du moyen âge, et d'où sont dérivées nos Proses ou Séquences.

 

1. Enarrat. in Psalm. XCVIII, 5. — 2. Sap. XVI, 20. — 3. Zach. IX, 17.

 

IN ELEVATIONE CORPORIS CHRISTI.

 

Ave verum Corpus natum de Maria virgine :

Vere passum, immolatum in cruce pro homine:

 

Cuius latus perforatum fluxit aqua et sanguine.

 

Esto nobis praegustatum mortis in examine,

O Jesu dulcis !

O Jesu pie !

O Jesu Fili Mariae !

 

Salut, vrai Corps né de la Vierge Marie,

 

Vraiment passé par la souffrance, immolé sur la croix pour l'homme.

 

Dont le côté ouvert a répandu le sang et l'eau :

 

Soyez pour nous l'avant-goût du ciel aux approches de la terrible mort,

O doux Jésus !

O bon Jésus !

O Jésus, Fils de Marie !

 

 

 

 

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