CHAPITRE II

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SAINT SACREMENT
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MERCREDI OCTAVE
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VENDREDI OCTAVE
III° DIMANCHE

CHAPITRE II. MYSTIQUE DU TEMPS APRES LA PENTECÔTE.

 

Pour bien saisir l'intention et la portée de cette saison de l'Année liturgique à laquelle nous sommes parvenus, il est nécessaire de se rendre compte de toute la série des mystères que la sainte Eglise a célébrés devant nous et avec nous. La célébration de ces mystères n'a point été un vain spectacle étalé sous nos yeux. Ils ont apporté avec eux chacun une grâce spéciale qui produisait dans nos âmes ce que signifiaient les rites de la Liturgie. A Noël, le Christ naissait en nous ; au temps de la Passion, il nous incorporait ses souffrances et ses satisfactions ; dans la Pâque, il nous communiquait sa vie glorieuse et dégagée ; dans son Ascension, il nous entraînait à sa suite jusque dans les hauteurs du ciel ; en un mot, pour nous servir de l'expression de l'Apôtre, « le Christ se formait en nous (1) ». Mais la venue de l'Esprit-Saint était nécessaire pour accroître la lumière, pour échauffer nos âmes d'un feu permanent, pour consolider et retenir en nous l'image du Christ. Ce divin Paraclet est descendu, il s'est donné à nous, et il veut résider dans nos âmes et dominer notre vie régénérée. Or, cette vie, qui doit s'écouler conforme à celle du Christ et sous la direction de son Esprit, est figurée et exprimée par la période que la sainte Liturgie

 

1. Gal. IV, 19.

 

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désigne sous le nom de Temps après la Pentecôte.

Ici, deux objets de considération se présentent à nous : la sainte Eglise, et l'âme chrétienne. Remplie du divin Esprit qui s'est répandu en elle et qui l'anime désormais, l'Epouse du Christ, la sainte Eglise, s'avance dans sa carrière militante, et elle y doit cheminer jusqu'au second avènement de son céleste Epoux. Les dons de la vérité et de la sainteté sont en elle. Munie de l'infaillibilité de la foi, de l'autorité du gouvernement, elle paît le troupeau du Christ, tantôt dans la liberté et dans la tranquillité, tantôt au milieu des persécutions et des épreuves. Son Epoux divin demeure avec elle jusqu'à la consommation des siècles par sa grâce et par l'efficacité de ses promesses ; elle est en possession de toutes les faveurs qu'il lui a départies, et l'Esprit-Saint demeure en elle et avec elle pour toujours. C'est ce qu'exprime cette partie de l'Année liturgique, où nous n'allons plus rencontrer les grands événements qui ont signale la préparation et la consommation de l'œuvre divine. En retour, la sainte Eglise y recueille les fruits de sainteté et de doctrine que ces ineffables mystères ont produits et produiront durant sa marche a travers les siècles. On voit aussi se préparer et arriver en leur temps les derniers événements qui transformeront la vie militante de notre mère en une vie triomphante dans les cieux. Telle est, pour ce qui concerne la sainte Eglise, la signification de la partie du Cycle où nous entrons.

Quant à l'âme fidèle dont la destinée est comme l'abrégé de celle de l'Eglise, sa marche durant la période qui s'ouvre pour elle après les fêtes de la Pentecôte doit être analogue à celle de notre mère commune. Elle doit vivre et agir selon le Christ qui s'est uni à elle dans la série de ses mystères,

 

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et sous l'action de l'Esprit divin qu'elle a reçu. Les sublimes épisodes qui marqueront cette nouvelle phase accroîtront en elle la lumière et la vie. Elle ramonera à l'unité ces rayons épars d'un même centre, et, s'élevant de clarté en clarté (1), elle aspirera à la consommation en Celui qu'elle connaît désormais et dont la mort la doit mettre en possession. Que si le Seigneur ne juge pas à propos de la retirer encore à lui, elle recommencera un nouveau Cycle, et repassera par les éléments qu'elle a expérimentés dans la première moitié de l'Année liturgique; après quoi elle se retrouvera encore dans la période qui s'accomplit sous la direction de l'Esprit-Saint ; enfin le Seigneur l'appellera au jour et à l'heure qu'il a marqués de toute éternité.

Il y a donc cette différence entre là sainte Eglise et l'âme chrétienne durant l'intervalle qui s'étend depuis la descente du divin Paraclet jusqu'à la consommation, que l'Eglise ne le parcourra qu'une fois, tandis que l'âme chrétienne le retrouve chaque année en son temps. A part cette différence, l'analogie est complète. Nous devons donc bénir Dieu qui vient au secours de notre faiblesse, renouvelant en nous successivement, au moyen de la sainte Liturgie, les secours par lesquels nous sommes mis à même d'atteindre l'heureuse fin à laquelle nous avons été destinés.

La sainte Eglise a disposé la lecture des livres de la sainte Ecriture durant la période actuelle, de manière à exprimer tout ce qui s'opère en son cours, soit dans l'Eglise elle-même, soit dans l'âme chrétienne. Durant l'intervalle qui s'étend depuis le premier dimanche après la Pentecôte jusqu'à

 

1. II Cor. III, 18.

 

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l'ouverture du mois d'août, elle nous donne à lire les quatre livres des Rois. C'est l'abrégé prophétique des annales de l'Eglise. On y voit la monarchie d'Israël inaugurée par David, figure du Christ victorieux dans les combats, et par Salomon, le roi pacifique, qui élève le temple à la gloire de Jéhovah. Le mal lutte contre le bien durant cette traversée des siècles. Il y a de grands et saints rois comme Asa, Ezéchias, Josias, et des rois infidèles comme Manassès. Le schisme se déclare à Samarie, les nations infidèles réunissent leurs forces contre la Cité de Dieu. Le peuple saint, trop souvent sourd à la voix des prophètes, s'adonne au culte des faux dieux et aux vices de la gentilité, et la justice de Dieu anéantit dans une ruine commune le temple et la ville infidèle. Image de la destruction de ce monde, lorsque la foi y fera tellement défaut que le Fils de l'homme, à son second avènement, en retrouvera à peine la trace (1).

Au mois d'août, nous lisons les livres Sapientiaux. ainsi nommés parce qu'ils contiennent les enseignements de la Sagesse divine. Cette Sagesse est le Verbe de Dieu qui se manifeste aux hommes par l'enseignement de l'Eglise rendue infaillible dans la vérité, grâce à l'assistance de l'Esprit-Saint qui réside en elle d'une manière permanente.

La vérité surnaturelle produit la sainteté, qui ne pourrait ni subsister ni fructifier sans elle. Afin d'exprimer ce lien qui existe entre l'une et l'autre, l'Eglise lit dans le mois de septembre les livres appelés Hagiographes, Tobie, Judith, Esther et Job, dans lesquels on voit la Sagesse en action.

Comme l'Eglise, sur la fin de sa durée en ce monde, doit être soumise à de violents combats, on

 

1. Luc. XVIII, 8.

 

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lit dans le courant du mois d'octobre les livres des Machabées, où sont retracés le courage et la générosité des défenseurs de la loi divine qui succombent avec gloire, ainsi qu'il arrivera dans les derniers temps, lorsqu'il sera donné à la bête de faire la guerre aux saints et de les vaincre (1).

Le mois de novembre est rempli par la lecture des Prophètes annonçant les jugements de Dieu qui s'apprête à en finir avec le monde. On voit passer tour à tour : le terrible Ezéchiel ; Daniel dont l'œil, après avoir parcouru la succession des empires, plonge jusqu'à la fin des temps ; enfin, les petits Prophètes, qui la plupart annoncent les vengeances divines, et dont les derniers proclament en même temps l'avènement prochain du Fils de Dieu.

Telle est la Mystique du Temps après la Pentecôte sur le Cycle liturgique. Elle se complète par l'usage de la couleur verte pour les vêtements sacrés. Cette couleur exprime l'espérance de l'Epouse qui sait que son sort a été confié par l'Epoux à l'Esprit-Saint,sous la conduite duquel elle accomplit en sécurité son pèlerinage. Saint Jean exprime tout d'un seul trait : « L'Esprit et l'Epouse disent : Venez (2) ! »

 

1. Apoc. XIII, 7.— 2. Ibid. XXII, 17.

 

 

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