CHAPITRE III

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TRINITÉ
LUNDI - TRINITÉ
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I° V.  ST-SACREMENT
SAINT SACREMENT
VENDREDI OCTAVE
SAMEDI OCTAVE
DIMANCHE OCTAVE
LUNDI OCTAVE
MARDI OCTAVE
MERCREDI OCTAVE
JEUDI OCTAVE
VENDREDI OCTAVE
III° DIMANCHE

CHAPITRE III. PRATIQUE DU TEMPS APRES LA PENTECÔTE.

 

Le but que se propose la sainte Eglise dans l'Année liturgique est d'amener l'âme chrétienne à l'union avec le Christ par le Saint-Esprit. Ce but n'est autre que celui que Dieu lui-même s'est proposé en nous donnant son propre Fils pour être notre médiateur, notre docteur et notre rédempteur, et en nous envoyant l'Esprit-Saint pour demeurer en nous. Telle est la fin vers laquelle tend tout cet ensemble de rites et de prières que nous avons suivi, et qui n'est pas seulement la commémoration des mystères que la bonté divine a opérés pour notre salut, mais qui apporte avec lui les grâces correspondantes à chacun de ces mystères, afin de nous faire arriver, comme dit l'Apôtre, « à l'âge de la plénitude du Christ (1). »

Ainsi que nous l'avons exprimé précédemment, la communion aux mystères du Christ qui se sont succédé sur le Cycle opère dans le chrétien ce que la théologie mystique appelle la Vie illuminative, dans laquelle l'âme s'éclaire toujours plus de la Lumière du Verbe incarné qui, par ses exemples et ses enseignements, la renouvelle dans toutes ses puissances, et l'accoutume à n'avoir que le point de vue de Dieu en toutes choses. Cette préparation la dispose à s'unira Dieu, non plus seulement d'une manière imparfaite et plus ou moins fugitive, mais

 

1. Eph. IV, 13.

 

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de cette manière intime et permanente qui est appelée la Vie unitive. Cette vie est l'œuvre propre de l'Esprit-Saint qui a été envoyé à l'âme pour la maintenir en possession du Christ, et pour développer en elle l'amour par lequel elle s'unit à Dieu.

Dans cet état, l'âme est préparée pour goûter et assimiler tout ce que les nombreux épisodes dont abonde le Temps après la Pentecôte offrent de substantiel et de nourrissant. Le mystère de la Trinité, celui du Saint-Sacrement, la miséricorde et la puissance du Cœur de Jésus, les grandeurs de Marie et son action sur l'Eglise et sur les âmes, lui sont manifestés avec plus de plénitude, et produisent en elle des effets nouveaux. Elle sent plus intimement dans les fêtes des Saints, si variées et si riches en ce temps, le lien qui l'unit à eux en Jésus-Christ par le Saint-Esprit. La félicité éternelle, à laquelle cette vie d'épreuve doit faire place, se révèle à elle dans la fête de la Toussaint, et elle perçoit plus avant l'essence de ce bonheur mystérieux qui consiste dans la lumière et dans l'amour. Unie toujours plus étroitement à la sainte Eglise qui est l'Epouse de Celui auquel elle adhère, elle suit toutes les phases de son existence dans la durée des temps, elle compatit à ses souffrances, elle prend part à ses triomphes, elle voit sans faiblir ce monde pencher vers son déclin ; car elle sait que le Seigneur est proche. Pour ce qui est d'elle-même, c'est sans regret qu'elle sent sa vie corporelle s'affaisser lentement, le mur qui l'isole encore de la vue et delà possession immuable du souverain bien s'écrouler peu à peu ; car ce n'est pas en ce monde qu'elle vit, et son cœur est déjà rendu là où est son trésor (1).

 

1. MATTH. VI, 21 .

 

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Ainsi éclairée, ainsi attirée, ainsi fixée par l'incorporation des mystères dont la sainte Liturgie l'a nourrie, et par les dons que l'Esprit-Saint a répandus en elle, l'âme se livre sans effort au souffle de ce divin moteur. Le bien lui est devenu d'autant plus aisé qu'elle aspire comme d'elle-même à ce qui est plus parfait ; le sacrifice qui l'effrayait autrefois l'attire aujourd'hui ; elle use de ce monde comme n'en usant pas (1), car les véritables réalités pour elle sont hors de ce monde ; enfin elle aspire d'autant plus à la possession inamissible de ce qu'elle aime, que, dès cette vie, comme l'enseigne l'Apôtre, par cela même qu'elle adhère de cœur à Dieu, elle est déjà un seul esprit avec lui (2).

Tel est le résultat qu'est appelée à produire dans l'âme l'influence douce et sûre de la sainte Liturgie. Que si, après en avoir suivi les phases successives, il nous semble que cet état de dégagement et d'aspiration n'est pas encore le nôtre, que la vie du Christ n'a pas encore absorbé en nous la vie personnelle, gardons-nous d'en être découragés. Le Cycle de la Liturgie, avec ses rayons de lumière et les grâces qu'il répand dans les âmes, ne paraît pas une fois seulement au ciel de la sainte Eglise ; chaque année le voit se renouveler. Telle est l'intention de Celui « qui a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique (3) », de Celui « qui est venu, non pour juger le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui (4) » : intention à laquelle la sainte Eglise ne fait que se conformer, en mettant sans cesse à notre disposition, dans sa maternelle prévoyance, le plus puissant des moyens pour ramener l'homme à Dieu et

 

1. I Cor. VII, 31.— 2. Ibid. vi, 17. — 3. JOHAN. m, 16.— 4. Ibid. III, 17.

 

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pour l'unir à lui. Le chrétien que la première moitié du Cycle n'a pas encore conduit au terme que nous venons d'exposer trouvera néanmoins dans la seconde de précieux secours pour développer sa foi et pour accroître son amour. L'Esprit-Saint, qui règne plus particulièrement sur cette portion de l'année, ne manquera pas d'agir sur son intelligence et sur son cœur, et lorsqu'un nouveau Cycle s'ouvrira, l'œuvre ébauchée déjà par la grâce pourra recevoir le complément que la faiblesse humaine avait suspendu.

 

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