ASCENSION

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PROPRE DES SAINTS

L'ASCENSION DE NOTRE-SEIGNEUR.

 

Le jour s'est levé radieux, la terre qui s'émut à la naissance de l'Emmanuel (1) éprouve un tressaillement inconnu ; l'ineffable succession des mystères de l’Homme-Dieu est sur le point de recevoir son dernier complément. Mais l'allégresse de la terre est montée jusqu'aux cieux; les hiérarchies angéliques s'apprêtent à recevoir le divin chef qui leur fut promis, et leurs princes sont attentifs aux portes, prêts à les lever quand le signal de l'arrivée du triomphateur va retentir. Les âmes saintes, délivrées des limbes depuis quarante jours, planent sur Jérusalem, attendant l'heureux moment où la voie du ciel, fermée depuis quatre mille ans par le péché, s'ouvrant tout à coup, elles vont s'y précipiter à la suite de leur Rédempteur. L'heure presse, il est temps que notre divin Ressuscité se montre, et qu'il reçoive les adieux de ceux qui l'attendent d'heure en heure, et qu'il doit laisser encore dans cette vallée de larmes.

Tout à coup il apparaît au milieu du Cénacle. Le cœur de Marie a tressailli, les disciples et les saintes femmes adorent avec attendrissement celui qui se montre ici-bas pour la dernière fois. Jésus daigne prendre place à table avec eux ; il condescend jusqu'à partager un dernier repas, non plus dans le but de les rendre certains de sa résurrection ;

 

1. Psalm. XCV, XCVI, XCVII.

 

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il sait qu'ils n'en doutent plus ; mais, au moment d'aller s'asseoir à la droite du Père, il tient à leur donner cette marque si chère de sa divine familiarité. O repas ineffable, où Marie goûte une dernière fois en ce monde le charme d'être assise aux côtés de son fils, où la sainte Eglise représentée par les disciples et par les saintes femmes est encore présidée visiblement par son Chef et son Epoux !

Qui pourrait exprimer le respect, le recueillement, l'attention des convives, peindre leurs regards fixés avec tant d'amour sur le Maître tant aimé ? Ils aspirent à entendre encore une fois sa parole ; elle leur sera si chère à ce moment du départ ! Enfin Jésus ouvre la bouche ; mais son accent est plus grave que tendre. Il débute en leur rappelant l'incrédulité avec laquelle ils accueillirent la nouvelle de sa résurrection (1). Au moment de leur confier la plus imposante mission qui ait jamais été transmise à des hommes, il veut les rappeler à l'humilité. Sous peu de jours ils seront les oracles du monde, le monde devra croire sur leur parole, et croire ce qu'il n'a pas vu, ce qu'eux seuls ont vu. C'est la foi qui met les hommes en rapport avec Dieu ; et cette foi, eux-mêmes ne l'ont pas eue tout d'abord: Jésus veut recevoir d'eux une dernière réparation pour leur incrédulité passée, afin que leur apostolat soit établi sur l'humilité.

Prenant ensuite le ton d'autorité qui convient à lui seul, il leur dit : « Allez dans le monde entier, prêchez l'Evangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné (2). » Et cette mission

 

1. MARC. XVI. — 2. Ibid.

 

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de prêcher l'Evangile au monde entier, comment l'accompliront-ils ? par quel moyen réussiront-ils à accréditer leur parole? Jésus le leur indique: « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront des langues nouvelles ; ils prendront les serpents avec la main ; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur nuira pas; ils imposeront les mains sur les malades, et les malades seront guéris (1). » Il veut que le miracle soit le fondement de son Eglise, comme il l'a choisi pour être l'argument de sa mission divine. La suspension des lois de la nature annonce aux hommes que l'auteur de la nature va parler ; c'est à eux alors d'écouter et de croire humblement.

Voilà donc ces hommes inconnus au monde, dépourvus de tout moyen humain, les voilà investis de la mission de conquérir la terre et d'y faire régner Jésus-Christ. Le monde ignore jusqu'à leur existence; sur son trône impérial, Tibère, qui vit dans la frayeur des conjurations, ne soupçonne en rien cette expédition d'un nouveau genre qui va s'ouvrir, et dont l'empire romain doit être la conquête. Mais à ces guerriers il faut une armure, et une armure de trempe céleste. Jésus leur annonce qu'ils sont au moment de la recevoir. « Demeurez dans la ville, leur dit-il, jusqu'à ce que vous ayez été revêtus de la vertu d'en haut (2). » Or, quelle est cette armure? Jésus va le leur expliquer. Il leur rappelle la promesse du Père, « cette promesse, dit-il, que vous avez entendue par ma bouche. Jean a baptisé dans l'eau ; mais vous, sous peu de jours, vous serez baptisés dans le Saint-Esprit (3). »

 

1. Marc. XVI. — 2. Luc. XXIV, 49. — 3. Act. 1.

 

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Mais l'heure de la séparation est venue. Jésus se lève, et l'assistance tout entière se dispose à suivre ses pas. Cent vingt personnes se trouvaient là réunies avec la mère du divin triomphateur que le ciel réclamait. Le Cénacle était situé sur la montagne de Sion, l'une des deux collines que renfermait l'enceinte de Jérusalem. Le cortège traverse une partie de la ville, se dirigeant vers la porte orientale qui ouvre sur la vallée de Josaphat. C'est la dernière fois que Jésus parcourt les rues de la cité réprouvée. Invisible désormais aux yeux de ce peuple qui l'a renié, il s'avance à la tête des siens, comme autrefois la colonne lumineuse qui dirigeait les pas du peuple israélite. Qu'elle est belle et imposante cette marche de Marie, des disciples et des saintes femmes, à la suite de Jésus qui ne doit plus s'arrêter qu'au ciel, à la droite du Père ! La piété du moyen âge la célébrait jadis par une solennelle procession qui précédait la Messe de ce grand jour. Heureux siècles, où les chrétiens aimaient à suivre chacune des traces du Rédempteur, et ne savaient pas se contenter, comme nous, de quelques vagues notions qui ne peuvent enfanter qu'une piété vague comme elles !

On songeait aussi alors aux sentiments qui durent occuper le cœur de Marie durant ces derniers instants qu'elle jouissait de la présence de son fils. On se demandait qui devait l'emporter dans ce cœur maternel, de la tristesse de ne plus voir Jésus, ou du bonheur de sentir qu'il allait entrer enfin dans la gloire qui lui était due. La réponse venait promptement à la pensée de ces véritables chrétiens, et nous aussi, nous nous la ferons à nous-mêmes. Jésus n'avait-il pas dit à ses disciples : « Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m'en vais à mon Père (1) ? » Or, qui aima plus Jésus que ne l'aima Marie ? Le cœur de la mère était donc dans l'allégresse au moment de cet ineffable adieu. Marie ne pouvait songer à elle-même, quand il s'agissait du triomphe dû à son fils et à son Dieu. Après les scènes du Calvaire , pouvait-elle aspirer à autre chose qu'à voir glorifié enfin celui qu'elle connaissait pour le souverain Seigneur de toutes choses, celui qu'elle avait vu si peu de jours auparavant renié, blasphémé, expirant dans toutes les douleurs.

Le cortège sacré a traversé la vallée de Josaphat, il a passé le torrent de Cédron, et il se dirige sur la pente du mont des Oliviers. Quels souvenirs se pressent à la pensée ! Ce torrent, dont le Messie dans ses humiliations avait bu l'eau bourbeuse, est devenu aujourd'hui le chemin de la gloire pour ce même Messie. Ainsi l'avait annoncé David (2). On laisse sur la gauche le jardin qui fut témoin de la plus terrible des agonies, cette grotte où le calice de toutes les expiations du monde fut présenté à Jésus et accepté par lui. Après avoir franchi un espace que saint Luc mesure d'après celui qu'il était permis aux Juifs de parcourir le jour du Sabbat, on arrive sur le territoire de Béthanie, cet heureux village où Jésus, dans les jours de sa vie mortelle, recherchait l'hospitalité dé Lazare et de ses sœurs. De cet endroit de la montagne des Oliviers on avait la vue de Jérusalem, qui apparaissait superbe avec son temple et ses palais. Cet aspect émeut les disciples. La pairie terrestre fait encore battre le cœur de ces hommes ; un moment ils oublient la

 

1. Johan. XIV, 28. — 2. Psalm. CIX.

 

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malédiction prononcée sur l'ingrate cité de David, et semblent ne plus se souvenir que Jésus vient de les faire citoyens et conquérants du monde entier. Le rêve de la grandeur mondaine de Jérusalem les a séduits tout à coup, et ils osent adresser cette question à leur Maître : « Seigneur, est-ce à ce moment que vous rétablirez le royaume d'Israël ? »

Jésus répond avec une sorte de sévérité à cette demande indiscrète : « Il ne vous appartient pas de savoir les temps et les moments que le Père a réservés à son pouvoir. » Ces paroles n'enlevaient pas l'espoir que Jérusalem fût un jour réédifiée par Israël devenu chrétien; mais ce rétablissement de la cité de David ne devant avoir lieu que vers la fin des temps, il n'était pas à propos que le Sauveur fît connaître le secret divin. La conversion du monde païen, la fondation de l'Eglise, tels étaient les objets qui devaient préoccuper les disciples. Jésus les ramène tout aussitôt à la mission qu'il leur donnait il y a peu d'instants : « Vous allez recevoir, leur dit-il, la vertu du Saint-Esprit qui descendra sur vous, et vous serez mes témoins dans Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre (1) ».

Selon une tradition qui remonte aux premiers siècles du christianisme (2), il était l'heure de midi, l'heure à laquelle Jésus avait été élevé sur la croix, lorsque, jetant sur l'assistance un regard de tendresse qui dut s'arrêter avec une complaisance filiale sur Marie, il éleva les mains et les bénit tous. A ce moment ses pieds se détachèrent de la terre, et il s'élevait au ciel (3). Les assistants le suivaient

 

1. Act. 1, 6-8. — 2. Constit. apost. lib. V, cap. XIX. — 3. Luc. XXIV, 51

 

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du regard ; mais bientôt il entra dans une nuée qui le déroba à leurs yeux (1).

C'en était fait : la terre avait perdu son Emmanuel. Quarante siècles l'avaient attendu, et il s'était rendu enfin aux soupirs des Patriarches et aux vœux enflammés des Prophètes. Nous l'adorâmes, captif de notre amour, dans les chastes flancs de la Vierge bénie. Bientôt l'heureuse mère nous le présenta sous l'humble toit d'une étable à Bethléhem. Nous le suivîmes en la terre d'Egypte, nous l'accompagnâmes au retour, et nous vînmes nous fixer avec lui à Nazareth. Lorsqu'il partit pour exercer sa mission de trois ans dans sa patrie terrestre, nous nous attachâmes à ses pas, ravis des charmes de sa personne, écoutant ses discours et ses paraboles, assistant à ses prodiges. La malice de ses ennemis étant montée à son comble, et l'heure venue où il devait mettre le sceau à cet amour qui l'avait attiré du ciel en terre par la mort sanglante et ignominieuse de la croix, nous recueillîmes son dernier soupir et nous fûmes inondés de son sang divin. Le troisième jour, il s'échappait de son sépulcre vivant et victorieux, et nous étions là encore pour applaudir à son triomphe sur la mort, par lequel il nous assurait la gloire d'une résurrection semblable à la sienne. Durant les jours qu'il a daigné habiter encore cette terre, notre foi ne l'a pas quitté ; nous eussions voulu le conserver toujours ; et voici qu'à cette heure même il échappe à nos regards, et notre amour n'a pu le retenir ! Plus heureuses que nous, les âmes des justes qu'il avait délivrées des limbes l'ont suivi dans son vol rapide, et elles jouissent pour l'éternité des délices de sa présence.

 

1. Act. 7.

 

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Les disciples tenaient encore les yeux fixés au ciel, lorsque soudain deux Anges vêtus de blanc se présentèrent à eux et leur dirent : « Hommes de Galilée, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel? Ce Jésus qui vous a quittés pour s'élever au ciel reviendra un jour en la même manière que vous l'avez vu monter (1). » Ainsi, le Sauveur est remonté, et le juge doit un jour redescendre : toute la destinée de l'Eglise est comprise entre ces deux termes. Nous vivons donc présentement sous le régime du Sauveur ; car notre Emmanuel nous a dit que « le fils de l'homme n'est pas venu pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui (2) » ; et c'est dans ce but miséricordieux que les disciples viennent de recevoir la mission d'aller par toute la terre et de convier les hommes au salut, pendant qu'il en est temps encore.

Quelle tâche immense Jésus leur a confiée ! et au moment où il s'agit pour eux de s'y livrer, il les quitte ! Il leur faut descendre seuls cette montagne des Oliviers d'où il est parti pour le ciel. Leur cœur cependant n'est pas triste ; ils ont Marie avec eux, et la générosité de cette mère incomparable se communique à leurs âmes. Ils aiment leur Maître ; leur bonheur est désormais de penser qu'il est entré dans son repos. Les disciples rentrèrent dans Jérusalem, « remplis d'une « vive allégresse », nous dit saint Luc (3), exprimant par ce seul mot l'un des caractères de cette ineffable fête de l'Ascension, de cette fête empreinte d'une si douce mélancolie, mais qui respire en même temps plus qu'aucune autre la joie et le triomphe. Durant son Octave, nous essayerons

 

1. Act. 1. — 2. JOHAN. III, 17. — 3. LUC. XXIV, 52.

 

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d'en pénétrer les mystères et de la montrer dans toute sa magnificence ; aujourd'hui nous nous bornerons à dire que cette solennité est le complément de mus les mystères de notre divin Rédempteur, qu'elle est du nombre de celles qui ont été instituées par les Apôtres eux-mêmes (1) ; enfin qu'elle a rendu sacré pour jamais le jeudi de chaque semaine, jour rendu déjà si auguste par l'institution de la divine Eucharistie.

Nous avons parlé de la procession solennelle par laquelle on célébrait, au moyen âge, la marche de Jésus et de ses disciples vers le mont des Oliviers ; nous devons rappeler aussi qu'en ce jour on bénissait solennellement du pain et des fruits nouveaux, en mémoire du dernier repas que le Sauveur avait pris dans le Cénacle. Imitons la piété de ces temps où les chrétiens avaient à cœur de recueillir les moindres traits de la vie de l'Homme-Dieu, et de se les rendre propres, pour ainsi dire, en reproduisant dans leur manière de vivre toutes les circonstances que le saint Evangile leur révélait. Jésus-Christ était véritablement aimé et adoré dans ces temps où les hommes se souvenaient sans cesse qu'il est le souverain Seigneur,comme il est le commun Rédempteur.De nos jours,c'est l'homme qui règne,à ses risques et périls; Jésus-Christ est refoulé dans l'intime de la vie privée, lu pourtant il a droit à être notre préoccupation de tous les jours et de toutes les heures ! Les Anges dirent aux Apôtres : « En la manière que vous l'avez vu monter, ainsi un jour il descendra. » Puissions-nous l'avoir aimé et servi durant son absence avez assez d'empressement, pour oser soutenir ses regards lorsqu'il apparaîtra tout à coup !

 

1. AUGUSTIN. Epist. ad Januar.

 

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Nous ne donnons point ici l'Office des premières Vêpres de l'Ascension, parce que cette fête étant fixe au jeudi, sa Vigile ne peut jamais se rencontrer le dimanche, tandis qu'il en est autrement pour les solennités auxquelles nous avons accordé ce développement. Au reste, sauf le Verset et l'Antienne de Magnificat, les premières et les secondes Vêpres de l'Ascension sont entièrement semblables.

 

A TIERCE.

 

L'Hymne et les trois Psaumes dont se compose l'Office de Tierce , se trouvent ci-dessus , page 49.

 

Ant. Le voyant donc qui montait au ciel,  ils prononcèrent l'alleluia.

 

CAPITULE. (Act. 1.)

 

J’ai parlé dans mon premier livre, ô Théophile, de tout ce que Jésus a fait et enseigné, jusqu'au jour où il fut élevé au ciel, après avoir instruit par le Saint-Esprit les Apôtres qu'il avait choisis.

 

R/. Dieu est monté aux acclamations de la joie, * Alleluia, alleluia. Dieu est monté.

V/. Et le Seigneur s'est élevé au sondes trompettes. * Alleluia, alleluia.

Gloire au Père. Dieu est monté.

V/. Le Christ montant dans les cieux, alleluia,

R/. A emmené avec lui ceux qui furent captifs, alleluia.

 

L'Oraison est la Collecte de la Messe, page 147.

 

A LA MESSE.

 

L'Eglise romaine indique aujourd'hui pour la Station la basilique de Saint-Pierre. C'est une belle pensée de réunir en un tel jour l'assemblée des fidèles autour du glorieux tombeau d'un des principaux témoins de la triomphante Ascension de son Maître. Cette Station est toujours maintenue ; mais, depuis plusieurs siècles, le Pape se rend avec le sacré Collège des Cardinaux à la basilique du Latran, afin de terminer dans cet antique sanctuaire, dédié par Constantin au Sauveur des hommes, la série annuelle des mystères par lesquels le Fils de Dieu a opéré et consomme aujourd'hui notre salut.

Dans ces deux augustes basiliques, comme dans les plus humbles églises de la chrétienté, le symbole liturgique de la fête est le Cierge pascal, que nous vîmes allumer dans la nuit de la résurrection, et qui était destiné à figurer, par sa lumière de quarante jours, la durée du séjour de notre divin Ressuscité au milieu de ceux qu'il a daigné appeler ses frères. Les regards des fidèles rassemblés s'arrêtent avec complaisance sur sa flamme scintillante, qui semble briller d'un éclat

 

147

 

plus vif, à mesure qu'approche l'instant où elle va succomber. Bénissons notre mère la sainte Eglise à qui l'Esprit-Saint a inspiré l'art de nous instruire et de nous émouvoir à l'aide de tant d'ineffables symboles, et rendons gloire au Fils de Dieu qui a daigné nous dire : « Je suis la lumière du monde (1). »

 

1. JOHAN. VIII, 12.

 

L'Introït annonce avec éclat la grande solennité qui nous rassemble. Il est formé des paroles des Anges aux Apôtres sur le mont des Oliviers. Jésus est monté aux cieux ; Jésus en doit redescendre un jour.

 

INTROÏT.

 

Hommes de Galilée, pourquoi regardez-vous au ciel avec tant d'étonnement ? alleluia ! en la manière dont vous l'avez vu monter au ciel, ainsi il reviendra, alleluia ! alleluia ! alleluia !

Ps. Peuples, battez des mains; célébrez Dieu avec transport par des chants d'allégresse. Gloire au Pore. Hommes de Galilée.

 

 

La sainte Eglise recueillant les vœux de ses enfants dans la Collecte, demande pour eux à Dieu la grâce de tenir leurs cœurs attachés au divin Rédempteur, que leurs désirs doivent désormais chercher jusqu'au ciel où il est monté le premier.

 

COLLECTE.

 

Faites-nous cette grâce, ô Dieu tout-puissant, que nous qui croyons que votre l'ils unique, notre Rédempteur, est aujourd'hui monté au ciel, nous y habitions déjà aussi nous-mêmes par l'ardeur de nos désirs. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur.

 

ÉPÎTRE.

 

Lecture des Actes des Apôtres. Chap. I.

 

J'ai parlé dans mon premier livre, ô Théophile, de tout ce que Jésus a fait et enseigné, jusqu'au jour où il fut élevé dans le ciel, après avoir instruit par le Saint-Esprit les Apôtres qu'il avait choisis ; auxquels aussi il s'était montre depuis sa Passion, et leur avait Fait voir par beaucoup de preuves qu'il était vivant, leur apparaissant durant, quarante jours, et leur parlant du Royaume de Dieu. Et prenant un repas avec eux, il leur commanda de ne pas sortir de Jérusalem, mais d'attendre la promesse du Père, que vous avez, leur dit-il, entendue de ma propre bouche ; car Jean a baptisé dans l'eau; mais vous, sous peu de jours, vous serez baptisés dans le Saint-Esprit. Alors ceux qui se trouvaient présents lui demandèrent : Seigneur, sera-ce en ce moment que vous rétablirez le royaume d'Israël ? mais il leur dit : Il ne vous appartient pas de savoir les temps et les moments que le Père a réservés à son pouvoir; mais vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui descendra sur vous, et vous serez mes témoins dans Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. Et après qu'il eut dit ces choses, ils le virent s'élever vers le ciel. et il entra dans une nuée qui le déroba à leurs yeux. Et comme ils le suivaient du regard montant au ciel, deux hommes vêtus de blanc se présentèrent tout à coup à eux. et leur dirent : « Hommes de Galilée, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus qui en vous quittant s'est élevé au ciel, viendra de la même manière que vous l'y avez vu monter. »

 

Nous venons d'assister, en suivant cet admirable récit, au départ de notre Emmanuel pour les deux. Est-il rien de plus attendrissant que ce regard des disciples fixé sur leur Maître divin qui s'élève tout à coup en les bénissant? Mais un nuage vient s'interposer entre Jésus et eux, et leurs yeux mouillés de larmes ont perdu la trace de son passage. Ils sont seuls désormais sur la montagne ; Jésus leur a enlevé sa présence visible. Dans ce monde désert, quel ne serait pas leur ennui, si sa grâce ne les soutenait, si l'Esprit divin n'était au moment de descendre sur eux et de créer en eux un nouvel être ? Ce n'est donc plus qu'au ciel qu'ils le reverront, celui qui, étant Dieu, daigna durant trois années être leur Maître, et qui, à la dernière Cène, voulut bien les appeler ses amis !

Mais le deuil n'est pas pour eux seulement. Cette terre qui recevait en frémissant de bonheur la trace des pas du Fils de Dieu, ne sera plus foulée par ses pieds sacrés. Elle a perdu cette gloire qu'elle attendit quatre mille ans, la gloire de servir d'habitation à son divin auteur. Les nations sont dans l'attente d'un Libérateur ; mais, hors de la Judée et de la Galilée, les hommes ignorent que ce Libérateur est venu et qu'il est remonté aux cieux. L'œuvre de Jésus cependant n'en demeurera pas là. Le genre humain connaîtra sa venue ; et, quant à son Ascension au ciel en ce jour, écoutez la voix de la sainte Eglise qui dans les cinq parties du monde retentit et proclame le triomphe de l'Emmanuel. Dix-huit siècles se sont écoulés depuis son départ, et nos adieux pleins de respect et d'amour s'unissent encore à ceux que lui adressèrent ses disciples, pendant qu'il s'élevait au ciel. Nous aussi nous pleurons son absence ; mais nous sommes heureux aussi de le voir glorifié, couronné, assis à la droite de son Père. Vous êtes entré dans votre repos, Seigneur; nous vous adorons sur votre trône, nous qui sommes vos rachetés, votre conquête. Bénissez-nous, attirez-nous à vous, et daignez faire que votre dernier avènement soit notre espoir et non notre crainte.

 

Les deux Versets de l'Alleluia répètent les accents de David célébrant d'avance le Christ qui monte dans sa gloire, les acclamations des Anges, les sons éclatants des trompettes célestes, le superbe trophée que le vainqueur entraîne après lui

dans  ces  heureux captifs qu'il a  délivrés de la prison des limbes.

alleluia, alleluia.

V/. Dieu est monté au ciel au milieu des cris de joie ; le Seigneur est monté au son des trompettes.

Alléluia.

V/. Le Seigneur du Sina est entré dans son sanctuaire; il est monté en haut, et il a emmené avec lui ceux qui furent captifs, alleluia.

 

ÉVANGILE.

 

La suite du saint Evangile selon saint Marc. Chap, XVI.

 

En ce temps-là, les onze disciples étant à table, Jésus leur apparut, et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leurs cœurs, de n'avoir pas cru à ceux qui avaient vu qu'il était ressuscite. Et il leur dit : Allez par le monde entier, prêchez l'Evangile à toute créature. Celui qui croira et qui sera baptise, sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront des langues nouvelles; ils prendront les serpents avec la main ; et s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne-leur nuira pas ; ils imposeront les mains sur les malades, et les malades seront guéris. Et après leur avoir parlé, le Seigneur Jésus fut élevé au ciel, où il est assis à la droite de Dieu. Et eux étant partis prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant leur parole par les miracles qui l'accompagnaient.

 

Le diacre ayant achevé ces paroles, un acolyte monte à l'ambon, et éteint silencieusement le Cierge mystérieux qui nous rappelait la présence de Jésus ressuscité. Ce rite expressif annonce le commencement du veuvage de la sainte Eglise, et avertit nos âmes que pour contempler désormais notre Sauveur, il nous faut aspirer au ciel où il réside. Que rapide a été son passage ici-bas ! que de générations se sont succédé, que de générations se succéderont encore jusqu'à ce qu'il se montre de nouveau !

Loin de lui, la sainte Eglise ressent les langueurs de l'exil ; elle persévère néanmoins à habiter cette vallée de larmes ; car c'est là qu'elle doit élever les enfants dont le divin Epoux l'a rendue mère par son Esprit ; mais la vue de son Jésus lui manque, et si nous sommes chrétiens, elle doit nous manquer aussi à nous-mêmes. Oh ! quand viendra le jour où de nouveau revêtus de notre chair, a nous nous élancerons dans les airs à la rencontre du Seigneur, pour demeurer avec lui à jamais (1) ! » C'est alors, et seulement alors, que nous aurons atteint la fin pour laquelle nous fûmes créés.

 

1. I Thess. IV, 16.

 

153

 

Tous les mystères du Verbe incarné que nous avons vu se dérouler jusqu'ici devaient aboutir à son Ascension ; toutes les grâces que nous recevons jour par jour doivent se terminer à la nôtre. « Ce monde n'est qu'une figure qui passe (1) » ; et nous sommes en marche pour aller rejoindre notre divin Chef. En lui est notre vie, notre félicité ; c'est en vain que nous voudrions les chercher ailleurs. Tout ce qui nous rapproche de Jésus nous est bon ; tout ce qui nous en éloigne est mauvais et funeste. Le mystère de l'Ascension est le dernier éclair que Dieu fait luire à nos regards pour nous montrer la voie. Si notre cœur aspire à retrouver Jésus, c'est qu'il vit de la vraie vie ; s'il est concentré dans les choses créées, en sorte qu'il ne ressente plus l'attraction du céleste aimant qui est Jésus, c'est qu'il serait mort.

Levons donc les yeux comme les disciples, et suivons en désir celui qui monte aujourd'hui et qui va nous préparer une place. En haut les cœurs ! Sursum corda ! c'est le cri d'adieu que nous envoient nos frères qui montent à la suite du divin Triomphateur ; c'est le cri des saints Anges accourus au-devant de l'Emmanuel, et qui nous invitent à venir renforcer leurs rangs.

Sois donc béni, ô Cierge de la Pâque, colonne lumineuse, qui nous as réjouis quarante jours par ta flamme joyeuse et brillante. Tu nous parlais de Jésus, notre flambeau dans la nuit de ce monde; maintenant ta lumière éteinte nous avertit qu'ici-bas on ne voit plus Jésus, et que pour le voir désormais, il faut s'élever au ciel. Symbole chéri que la main maternelle de la sainte Eglise avait créé pour parler à nos cœurs en attirant nos regards,

 

1. I Cor. VII, 31.

 

nous te faisons nos adieux ; mais nous conservons le souvenir des saintes émotions que ta vue nous fit ressentir dans tout le cours de cet heureux Temps pascal que tu fus chargé de nous annoncer, et qui à peine te survivra de quelques jours.

 

Pour Antienne de l'Offertoire, l'Eglise emploie les mêmes paroles de David qu'elle a fait retentir avant la lecture de l'Evangile. Elle n'a qu'une pensée: le triomphe de son Epoux, la joie du ciel qu'elle veut voir partagée par les habitante de la terre.

 

OFFERTOIRE.

 

Dieu est monté aux acclamations de la joie : le Seigneur s'est élevé au son des trompettes, alleluia.

 

Entrer à la suite de Jésus dans la vie éternelle, éviter les obstacles qui peuvent se rencontrer dans la voie, tels doivent être nos désirs en ce jour, telle est aussi la demande que la sainte Eglise adresse pour nous à Dieu dans l'oraison Secrète.

 

SECRÈTE.

 

Recevez , Seigneur , les dons que nous vous offrons en mémoire de l'Ascension glorieuse de votre Fils ; et daignez faire que nous soyons délivrés des périls de la vie présente, et que nous parvenions à la vie éternelle. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur.

 

155

 

PRÉFACE.

 

Oui, c'est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces en tout temps et en tous lieux. Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, par Jésus-Christ notre Seigneur, qui après sa résurrection apparut à ses disciples rassembles, et à leurs yeux s'éleva au ciel, afin de nous rendre participants de sa divinité. C'est pourquoi, unis aux Anges et aux Archanges, aux Trônes et aux Dominations, à la milice entière de l'armée céleste. nous chantons l'hymne de votre gloire ; et nous répétons sans fin : Saint ! Saint ! Saint !

 

Un nouveau verset de David fournit l'Antienne de la Communion. Le roi-prophète y annonce, mille ans à l'avance, que c'est à l'Orient que l'Emmanuel s'élèvera aux cieux. C'est en effet de la montagne des Oliviers située au Levant de Jérusalem que nous avons vu aujourd'hui Jésus partir pour le royaume de son Père.

 

COMMUNION.

 

Chantez des hymnes au Seigneur, qui est monté vers l'Orient jusqu'au plus haut des cieux, alleluia.

 

Le peuple fidèle vient de sceller son alliance avec son divin Chef en participant à l'auguste Sacrement ; l'Eglise demande à Dieu que ce mystère, qui contient Jésus désormais invisible, opère en nous ce qu'il exprime à l'extérieur.

 

POSTCOMMUNION.

 

Daignez, ô Dieu tout-puissant et miséricordieux, nous faire ressentir les effets invisibles des Mystères auxquels nous participons visiblement. Par Jésus-Christ.

 

A SEXTE.

 

L’Hymne et les trois Psaumes dont se compose l'Office de Sexte, se trouvent ci-dessus, page 54.

 

Ant. Elevant les mains, il les bénit, et il s'enlevait au ciel, alleluia.

 

CAPITULE. (Act. I.)

 

Et prenant un repas avec eux, il leur commanda Je ne pas sortir de Jérusalem, mais d'attendre la promesse du Père, que vous avez, leur dit-il, entendue de ma propre bouche ; car Jean a baptisé dans l'eau; mais vous, sous peu de jours, vous serez baptises dans le Saint-Esprit.

 

R/. Le Christ montant dans les deux *, Alleluia, alleluia. Le Christ.

V/. A emmené avec lui ceux qui furent captifs. * Alleluia, alleluia.

Gloire au Père Le Christ.

V/. Je monte vers mon Père et votre Père, alleluia,

R/. Vers mon Dieu et votre Dieu, alleluia.

 

L'Oraison est la Collecte de la Messe, ci-dessus, page 147.

 

MIDI.

 

Une tradition descendue des premiers siècles et confirmée par les révélations des saints, nous apprend que l'heure de l'Ascension du Sauveur fut l'heure de midi. Les Carmélites de la réforme de sainte Thérèse honorent d'un culte particulier ce pieux souvenir. A l'heure où nous sommes, elles sont réunies au chœur, vaquant debout à la contemplation du dernier des mystères de Jésus, et suivant l'Emmanuel de la pensée et du cœur aussi haut que son vol divin l'emporte.

Suivons-le aussi nous-mêmes; mais avant de fixer nos regards sur le radieux midi qui éclaire son triomphe, revenons un moment par la pensée à son point de départ. C'est à minuit, au sein des ténèbres, qu'il éclata tout à coup dans Potable de Bethléhem. Cette heure nocturne et silencieuse convenait au début de sa mission. Son œuvre tout entière était devant lui, et trente-trois années devaient être employées à l'accomplir. Cette mission

 

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se déroula année par année, jour par jour, et elle allait touchant à sa fin, lorsque les hommes, dans leur malice, se saisirent de lui et l'attachèrent à une croix. On était au milieu du jour, lorsqu'il parut élevé dans les airs ; mais son Père ne voulut pas que le soleil éclairât ce qui était une humiliation et non un triomphe. D'épaisses ténèbres couvrirent la terre entière ; cette journée fut sans midi. Quand le soleil reparut, il était déjà l'heure de None. Trois jours après, il sortait du tombeau aux premiers rayons de l'aurore.

Aujourd'hui, à ce moment même, son œuvre est consommée. Jésus a payé de son sang la rançon de nos péchés, il a vaincu la mort en ressuscitant glorieux ; n'a-t-il pas le droit de choisir pour son départ l'heure où le soleil, son image, verse tous ses feux et inonde de lumière cette terre que son Rédempteur va échanger pour le ciel ? Salut donc, heure de midi deux fois sacrée, puisque tu nous redis chaque jour et la miséricorde et la victoire de notre Emmanuel ! Gloire à toi pour la double auréole que tu portes : le salut de l'homme par la croix, et rentrée de l'homme au royaume des cieux !

Mais n'êtes-vous pas aussi vous-même le Midi de nos âmes, ô Jésus, Soleil de justice ! Cette plénitude de lumière à laquelle nous aspirons, cette ardeur de l'amour éternel qui seul peut nous rendre heureux, où les trouverons-nous, sinon en vous qui êtes venu ici-bas éclairer nos ténèbres et fondre nos glaces? Dans cette espérance, nous écoutons les mélodieuses paroles de Gertrude votre fidèle épouse, et nous sollicitons la grâce de pouvoir un jour les répéter après elle : « O amour, ô Midi dont l'ardeur est si douce, vous êtes a l'heure du repos sacré, et la paix entière que

 

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l'on goûte en vous fait nos délices. O mon Bien-Aimé, élu et choisi au-dessus de toute créature, faites-moi savoir, montrez-moi le lieu où vous paissez votre troupeau, où vous prenez votre repos à l'heure de midi. Mon cœur s'enflamme à la pensée de vos doux loisirs à ce moment. Oh ! s'il m'était donné d'approcher de vous assez près pour n'être plus seulement près de vous, mais en vous! Par votre influence, ô Soleil de justice, toutes les fleurs des vertus sortiraient de moi qui ne suis que cendre et poussière. Fécondée par vos rayons, ô mon Maître et mon Epoux, mon âme produirait les nobles fruits de toute perfection. Enlevée de cette vallée de misère, admise à contempler vos traits si désirés, mon bonheur éternel serait de a penser que vous n'avez pas dédaigné, ô miroir sans tache, de vous unir à une pécheresse telle que moi (1). »

 

1. Exercitia S. Gertrudis. Die V.

 

A NONE.

 

L’Hymne et les Psaumes, ci-dessus, page 59.

 

Ant. Comme ils le considéraient , il s’éleva, et une nuée le reçut pour le porter jusqu'au ciel, alleluia.

 

CAPITULE. (Act. 1.)

 

HOMMES de Galilée, pourquoi vous arrêtez-vous  à regarder au ciel ? Ce Jésus qui en vous quittant s'est élevé au ciel, viendra de la même manière que vous l'y avez vu monter.

 

R/. br. Je monte vers mon Père et votre Père,* Alleluia, alleluia. Je monte.

V/. Vers mon Dieu et votre Dieu. * Alleluia, alleluia.

Gloire au Père. Je monte.

V/. Au ciel, le Seigneur, alleluia,

R/. A préparé son trône, alleluia.

 

L'Oraison, page 147.

 

A VÊPRES.

 

Le Seigneur Jésus a disparu de la terre ; mais son souvenir et ses promesses sont demeurés au fond du cœur de la sainte Eglise. Elle suit par la pensée le triomphe si splendide de son Epoux, triomphe si mérité après l'œuvre accomplie du salut des hommes. Elle ressent son veuvage; mais elle attend d'une foi ferme le Consolateur promis. Cependant les heures s'écoulent, le soir approche ; elle rassemble alors ses enfants, et dans l'Office des Vêpres, elle repasse avec eux le profond mystère de ce grand jour.

Les Antiennes des Psaumes reproduisent le récit de l'événement qui s'est accompli à l'heure de midi ; elles sont mélodieuses, mais non sans une expression triste comme il convient au jour des adieux.

 

 

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1. Ant. Hommes de Galilée, pourquoi regardez-vous au ciel ? Ce Jésus qui en vous quittant s'est élevé au ciel, viendra de la même manière, alleluia.

 

Psaume CIX. Dixit Dominus, page 65.

2. Ant. Le voyant donc qui montait au ciel, ils prononcèrent l'alleluia.

 

Psaume CX. Confitebor, page 66.

3. Ant. Elevant les mains, il les bénit, et il s'enlevait au ciel, alleluia.

 

Psaume CXI. Beatus vir, page 67.

4. Ant Célébrez avec transport le Roi des rois, et chantez une hymne à Dieu, alleluia.

 

Psaume CXII. Laudate, pueri, page 68.

5. Ant. Comme ils le considéraient, il s'éleva, et une nuée le reçut pour le porter jusqu'au ciel, alleluia.

 

PSAUME CXVI.

 

Toutes les nations, louez le Seigneur; tous les peuples,proclamez sa gloire. Car sa miséricorde s'est affermie sur nous, et la vérité du Seigneur demeure éternellement.

 

CAPITULE. (Act. I.)

 

J'ai parlé dans mon premier livre, ô Théophile, de tout ce que Jésus a t'ait et enseigné, jusqu'au jour où il fut élevé au ciel, après avoir instruit par le Saint-Esprit les Apôtres qu'il avait choisis.

 

L'Hymne, pleine de suavité, a pour auteur saint Ambroise; mais elle a été retouchée plus ou moins heureusement au XVII° siècle.

 

HYMNE.

 

Auteur du salut de l'homme, ô Jésus, amour des cœurs,créateur de ce monde que vous avez racheté, chaste lumière de ceux qui vous aiment.

Vaincu par votre clémence, vous vous étiez chargé de nos crimes; innocent, vous souffrîtes la mort, afin de nous arracher nous-mêmes au trépas.

Votre bras a brisé les portes des enfers, vous avez fait tomber les chaînes des captifs; après votre victoire vous avez obtenu le plus noble triomphe, et vous êtes venu vous asseoir à la droite du Père.

Laissez-vous fléchir par votre bonté, daignez réparer nos malheurs nouveaux ; montrez-nous votre visage divin, donnez-nous le bonheur au sein de la lumière qui rend heureuses les âmes.

Vous êtes notre guide et notre sentier jusqu'aux cieux; soyez aussi le but que désirent nos cœurs ; soyez La joie de nos larmes et la douce récompense d'une vie consacrée à vous. Amen.

 

V/. Au ciel, le Seigneur, * alleluia,

R/. A préparé son trône, alleluia.

 

L'Antienne qui accompagne le cantique de Marie est une invitation à Jésus  de se souvenir de sa promesse, et de ne pas tarder à consoler son Epouse par l'envoi du divin Esprit. La sainte Eglise la répétera chaque jour, jusqu’à l’arrivée du don céleste.

 

ANTIENNE DE Magnificat.

 

O Roi de gloire, Seigneur des armées, qui aujourd'hui êtes monté triomphant au-dessus de tous les cieux, ne nous laissez pas orphelins ; mais envoyez-nous l'Esprit de vérité, selon la promesse du Père, alleluia.

 

ORAISON.

 

Faites, nous vous en prions, Dieu tout-puissant, que, croyant fermement que votre Fils unique, notre Rédempteur, est aujourd'hui monté au ciel, nous v habitions aussi nous-mêmes en esprit par l'ardeur de nos désirs. Nous vous en prions par Jésus-Christ notre Seigneur.

 

Nous entendrons, dans tout le cours de l'Octave, le concert des antiques Eglises de la chrétienté, célébrant sur des modes divers, mais dans un même sentiment, le médiateur de Dieu et des hommes qui s'élève aux cieux par sa propre vertu. Donnons aujourd'hui la parole à l'Eglise grecque qui, dans son génie pompeux, cherche à rendre les magnificences du mystère. C'est l'Hymne de l'Office du soir.

 

IN ASSUMPTIONE DOMINI, AD VESPERAS.

 

Lorsque tu fus arrivé, ô Christ, sur le mont des Oliviers, afin d'accomplir la volonté du Père, les Anges célestes furent dans l'étonnement, et les esprits infernaux frémirent. Les disciples éprouvaient un sentiment de bonheur mêlé de crainte, tandis que tu leur parlais. En face, à l'Orient, un nuage apparaissait semblable à un trône prépare ; le ciel dont les portes étaient ouvertes se montrait dans toute sa beauté ; et la terre allait apprendre comment Adam, après sa chute, pourra remonter encore. Mais tout à coup tes pieds s'élèvent dans les airs, comme si une main les soutenait, ô Christ ! ta bouche répète des bénédictions aussi longtemps que ses accents se font entendre; le nuage te reçoit, et bientôt le ciel lui-même. Telle est l'œuvre sublime que tu as opérée, Seigneur, pour accomplir le salut de nos âmes.

La nature d'Adam qui était tombée jusque dans les profondeurs de la terre, cette nature que tu as renouvelée, ô Dieu, tu l'élevés aujourd'hui avec toi au-dessus des Principautés et des Puissances. Dans ton amour pour elle, tu l'établis là même où tu résides; dans ta compassion, tu te l'étais unie, tu avais souffert en elle, toi qui es impassible : et à cause de ses souffrances que tu as partagées, tu l'associes aujourd'hui à ta gloire. Les esprits célestes se sont écriés : « Quel est cet homme éclatant de beauté, et qui n'est pas seulement un homme, mais un Dieu-homme, ayant les deux natures ? » Cependant, d'autres Anges au vol rapide et vêtus de longues tuniques, descendaient vers les disciples et leur disaient : « Hommes de Galilée, Jésus, homme-Dieu, qui vient de vous quitter, reviendra Dieu-homme, pour juger les vivants et les morts, et pour faire part à ceux qui croient en lui du pardon et de sa grande miséricorde. »

Lorsque tu fus enlevé dans la gloire aux regards de tes disciples, ô Christ Dieu, un nuage reçut ton humanité. les portes du ciel s'élevèrent, le chœur des Anges tressaillit d'allégresse et les Vertus célestes criaient avec transport: « Princes, élevez vos portes, et le Roi de gloire entrera. » Cependant, tes disciples dans la stupeur disaient : « Ne vous séparez pas de nous, ô bon Pasteur, mais envoyez-nous votre Esprit très saint, pour diriger et affermir nos âmes. »

Après avoir accompli dans ta bonté, Seigneur, le mystère qui avait été caché aux siècles et aux générations, tu es venu sur le mont des Oliviers avec tes disciples, ayant avec toi celle qui t'a enfanté, ô créateur et auteur de toutes choses! Il était juste que celle qui, dans ta Passion, avait souffert plus que tout autre dans son cœur maternel, fût appelée à jouir aussi plus que tout autre du triomphe de ton humanité. Nous donc qui entions en participation de sa joie dans ton Ascension, Seigneur, nous glorifions ta grande miséricorde envers nous.

 

Terminons la journée par cette belle prière du Bréviaire mozarabe.

 

ORATIO.

 

Fils unique de Dieu, ô vous qui, vainqueur de la mort, avez passé de la terre au ciel ; Fils de l'Homme dans votre nature extérieure, éblouissant d'éclat sur votre trône, objet continuel des louanges de toutes les milices célestes, ne permettez pas que nous nous laissions enchaîner par les liens coupables de ce monde, nous qui, dans les transports de notre foi, célébrons votre Ascension vers le Père. Faites que l'œil de notre cœur soit à jamais fixe là où vous êtes monté plein de gloire, après avoir été blessé ici-bas. Amen.

 

O notre Emmanuel ! vous êtes donc enfin par-parvenu au terme de votre œuvre, et c'est aujourd'hui même que nous vous voyons entrer dans votre repos. Au commencement du monde, vous aviez employé six jours pour disposer toutes les parties de cet univers créé par votre puissance ; après quoi vous rentrâtes dans votre repos. Plus tard, lorsque vous eûtes résolu de relever votre œuvre tombée par la malice de l'ange rebelle, votre amour vous fit passer, durant le cours de trente-trois années, par une succession sublime d'actes à l'aide desquels s'opéraient notre rédemption et notre rétablissement au degré de sainteté et de gloire dont nous étions déchus. Vous n'avez rien oublié, ô Jésus, de ce qui avait été arrêté éternellement dans les conseils de la glorieuse Trinité, de ce que les Prophètes avaient annoncé de vous. Votre triomphante Ascension met le sceau à la mission que vous avez daigné accomplir dans votre miséricorde. Pour la seconde fois vous entrez dans votre repos ; mais vous y entrez avec la nature humaine appelée désormais aux honneurs divins. Déjà les justes de notre race que vous avez retirés des limbes prennent rang dans les chœurs angéliques, et en partant vous nous avez dit à nous-mêmes : « Je vais vous préparer une place (1). »

Confiants dans votre parole, ô Emmanuel, résolus à vous suivre dans tous vos mystères qui n'ont été accomplis que pour nous, à vous accompagner dans l'humilité de votre Bethléhem, dans la participation aux douleurs de votre Calvaire, dans la résurrection de votre Pâque, nous aspirons à imiter aussi, quand l'heure sera venue, votre triomphante Ascension. En attendant, nous nous unissons aux chœurs des saints Apôtres qui saluent votre arrivée, à nos Pères dont l'heureuse multitude vous accompagne et vous suit. Tenez vos regards divins fixés sur nous, ô divin Pasteur ! le moment de la réunion n'est pas arrivé encore. Gardez vos brebis, et veillez à ce que pas une ne s'égare et ne manque au rendez-vous. Instruits désormais de la fin qui nous attend, fermes dans l'amour et la méditation des mystères qui nous ont conduits à celui d'aujourd'hui, nous l'adoptons en ce jour comme l'objet de notre attente, comme le terme de nos désirs. C'est le but que vous vous êtes proposé en venant en ce monde, descendant jusqu'à notre bassesse, pour nous enlever ensuite jusqu'à vos grandeurs, vous faisant homme afin de faire de nous des dieux. Mais jusqu'au moment qui nous réunira à vous, que ferions-nous ici-bas, si la Vertu du Très-Haut que vous nous avez promise ne descendait bientôt sur nous, si elle ne nous apportait la patience dans l'exil, la fidélité dans l'absence, l'amour seul capable de soutenir un cœur qui soupire après la possession ? Venez donc, ô divin Esprit ! Ne nous laissez pas languir, afin que notre œil demeure fixé au ciel où Jésus règne et nous attend, et ne permettez pas que cet œil mortel soit tenté, dans sa lassitude, de s'abaisser sur un monde terrestre où Jésus ne se laissera plus voir.

 

1. JOHAN. XIV, 2.

 

 

 

 

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