Lettre Mme de Maisonfort II
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LETTRE II.  A Lisy, ce 5 avril 1696 (1).

 

Quoique je sois en visite et assez occupé, Dieu me presse, ma Fille de vous répondre. Rendez-vous bien attentive à mes réponses où j'espère que Dieu vous fera trouver tout ce qui vous est nécessaire.

Dieu vous donne la véritable et parfaite simplicité ; qu'il tempère votre activité ; qu'il vous donne une vraie action, et dans cette vraie action, un vrai et parfait repos. Dieu est là. Je suis à vous en son saint amour.

 

I. — Demande.

 

Quand j'ai dit, Monseigneur, que la simple attente du recueillement et une certaine douce attention à Dieu me disposaient mieux au recueillement que ne feraient certains efforts, je n'ai prétendu parler que pour le temps de l'oraison (2).

 

Rép. — Je ne sais ce que veut dire cette douce attention distinguée du recueillement. Quand on distingue des choses si unies ou plutôt si unes, je présume qu'on n'entend pas bien ce que l'on dit, et qu'on cherche à s'éblouir soi-même.

Il y a de certains efforts qui répugnent à un certain genre d'oraison parfaite. Il y a même un certain état d'oraison où l'on est purement passif en certains moments, sans aucune action, sans aucun effort; mais cela est momentané, et seulement pour certains temps qui ne peuvent être longs.

1 Je ne sais de quelle date étaient mes secondes demandes; elles me revinrent répondues avec la lettre qui précède, datée du 5 avril 1690. — 2 Le prélat va trouver que je m'expliquais mal; j'en conviens; mais ce que j'entendais, c'est qu'un simple retour à Dieu, une douce attention à sa présence souvent peu sensible, me disposaient à un recueillement plus marqué ; au lieu qu'il arrivait, ce qui m'arrive encore, lorsque ne me contentant pas de ce recueillement délicat et presque imperceptible, je faisais certains efforts, que loin de me procurer par là un recueillement plus sensible, je me desséchais le cœur.

 

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II. — Demande.

 

Je me sers du simple retour pour commencer mon oraison, et pour y revenir lorsque je m'aperçois de la distraction.

 

Rép._Cet acte de simple retour renfermant au moins un acte de foi et un acte d'amour, contient au fond deux actes distincts, mais qui s'unissent dans la même fin; car l'acte de foi et l'acte d'amour sont toujours très-distingués, encore que la distinction n'en soit point toujours connue.

 

III. — Demande.

 

Je fais plus encore, je multiplie pour ainsi dire ce retour, et j'interromps mon oraison pour le recommencer, ce qu'on n'approuve pas; car je le fais pour m'assurer et pour me contenter.

 

Rép. — On a raison de n'approuver pas ce qui vient du principe de se contenter et de s'assurer en autre chose qu'en Dieu.

 

IV. — Demande.

 

Saint François de Sales, dans le chapitre où il parle de la statue (a), dit en parlant d'une présence de Dieu bien sèche et bien nue, que c'est attendre si Dieu voudra nous parler, ou nous faire parler à lui, ou demeurer où il lui plaît que nous soyons, parce qu'il lui plaît que nous y soyons. Je crois donc, Monseigneur, que lorsque vous avez dit que le recueillement qui revient à la simple présence de Dieu, ne contenant ni espérance, ni désir, ni demande, ni action de grâces; que ces actes y étant supprimés, cela ne compatit pas avec l'Evangile. Vous avez prétendu dire que cela n'y compatirait pas, si l'on ne voulait jamais faire autre chose ; mais que dans l'oraison cette simple présence de Dieu peut être pratiquée.

 

Rép. — C'est en effet ce que j'ai voulu dire, pourvu qu'on n'exclue jamais l'acte d'espérance et le désir même au temps de l'oraison. Dieu peut en certains moments suspendre ces actes : ils peuvent en certains moments ne pas revenir; mais il n'y en a nul où on doive les exclure ; parce que naturellement ils sont unis à

 

(a) Traité de l'Amour de Dieu, liv. VI, chap. XI; Epitr. liv. II, ép. LI, LIII (tom. XII, pag. 88 et tom. X, pag. 351).

 

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la foi et à l'amour. Ainsi ces manières de saint François de Sales d'être en la présence de Dieu peuvent se pratiquer, mais au sens que je viens de dire, par abstraction, et non pas par exclusion.

 

V. — Demande.

 

Je n'ai jamais compris que la comparaison de la statue dût s'étendre à un autre temps que celui de l'oraison.

 

Rép. — Tant mieux; et encore faut-il ajouter qu'il est rare qu'elle convienne à tout ce temps.

 

VI. — Demande.

 

Suffit-il, Monseigneur, d'être disposée à faire des actes d'espérance, de demande, etc., quand Dieu y excitera, comme il paraît par cet endroit de saint François de Sales : « Il n'est pas besoin que vous fassiez d'actes, s'ils ne vous viennent au cœur ; fermons-nous en la simple vue du tout de Dieu, et de notre néant ; accoisons-nous dans les effets de cette sainte volonté, sans nous remuer pour produire des actes de l'entendement et de la volonté ? »

 

Rép. — Je tiendrais une oraison fort suspecte, où des actes si précieux ne viendraient jamais.

 

Ils viennent de deux manières, ou par une espèce de saint emportement dont on n'est pas maître, ou par une douce inclination ou impulsion qui veut être aidée par un simple et doux effort du libre arbitre coopérant. On peut et on doit aussi les exciter, quand Dieu laisse l’âme à elle-même ; et il faut entendre sainement cette exclusion des actes de l'entendement et de la volonté dont parle le Saint; car à la rigueur c'est chose impossible; il n'y a d'actes qu'on puisse exclure sans crainte que les inquiets et turbulents qui tourmentent l'âme.

 

VII. — Demande.

 

Quand Dieu retire son opération, n'est- ce pas s'exciter que de ramener son esprit à Dieu?

 

Rép. — Sans doute, c'est une manière de s'exciter que de ramener doucement son esprit à Dieu. Quand Dieu retire son opération, je crois que c'est le cas de se recueillir comme les autres

 

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fidèles, mais avec douceur, et surtout sans anxiété ni inquiétude, car c'est la ruine de l'oraison (1).

 

1 Il est bien certain que M. de Meaux ne demandait à ces âmes que des excitations fort simples; et il convenait après saint François de Sales, et me l'a dit, qu'une heure d'oraison serait bien employée quand on la passerait à ne faire autre chose, pendant tout ce temps, que ramener son esprit à Dieu chaque fois qu'on s'aperçoit de son égarement. Et me parlant sur les sécheresses et les distractions, il me disait que c'était alors qu'il fallait faire l'oraison de patience : et lui objectant qu'on dit communément qu'il en faut revenir à la méditation, quand on ne sent plus d'attrait, il me répondit que le bienheureux Jean de la Croix et les autres spirituels donnaient cette règle de recourir à la méditation; mais qu'il n'était pas de cet avis, et ne croyait  point que, parce que l'attrait cesse, il fallût revenir à la méditation. Et lui disant au mois de mai 1702, que je ne sentais plus cette onction que je goûtais autrefois; et que je craignais que Dieu ne m'eût ôté cet attrait, pour me punir de certaines mauvaises dispositions où j'avais été, il me répondit que cela pouvait être, mais qu'il fallait tâcher de revenir à cette onction par la simplicité. Il me la recommandait souvent.

Me plaignant en une autre occasion de mes sécheresses, il me dit, et me l'a répété bien des fois, de ne m'en point embarrasser; qu'il fallait tout perdre, et les belles dispositions comme tout le reste ; il suffisait de posséder par la foi le fond de ces dispositions.

Il m'a écrit et dit assez souvent de ne point douter de mon oraison, de ne la point changer ; qu'il fallait se présenter devant Dieu dans la détermination de consentir à tout ce qui sera bon, se livrer à lui et ne point faire d'acte pour s'assurer.

En me parlant sur Jésus-Christ, il est vrai qu'il me disait qu'il n'approuvait pas qu'on le plaçât dans les intervalles où la pure contemplation cesse, comme si c'était un objet indigne de cette pure contemplation, ni qu'on abandonnât à l'instinct de la grâce les objets que se propose la contemplation. Ce n'est pas, disait-il, que je ne veuille qu'on suive l'attrait; assurément quand il détermine, il n'y a qu'à se laisser aller à cet attrait : mais on n'est pas toujours déterminé; et pourquoi, m'ajoutait-il, ne l'étant pas, exclura-t-on Jésus-Christ? Et vous verrez ci-après qu'il convient que dans l'oraison on peut suivre l'attrait, n'occupât-il toujours que du même objet; qu'il suffit de ne point exclure. En lui disant qu'il me semblait que je n'étais point occupée de Jésus-Christ dans mou oraison, il me répondit : Vous ne l'excluez point, ce n'est que l'exclusion que je blâme; vous y pensez sans songer que vous y pensez. On en est même occupé, disait-il, dans ce qu'on appelle simple présence de Dieu, Dieu n'étant pas séparé de Jésus-Christ. Il ajoutait que, comme saint François de Sales le mandait à Madame de Chantal, chacun doit s'occuper des mystères en la manière d'oraison que Dieu lui a donnée; que la vue de Jésus-Christ opère plus d'ordinaire pour la pratique que la vue abstraite de Dieu ; que je fisse l'oraison à l'ordinaire, que je m'y occupasse de Jésus-Christ; qu'il l'entendait d'une manière simple, s'unir à l'esprit de sacrifice de Jésus-Christ; qu'il n'était point contraire au recueillement de s'unir à Jésus-Christ par des actes simples. Je lui disais de temps en temps que mon recueillement n'était presque lien; j'ai toujours mieux aimé exagérer dans ce sens : il me répondait qu'il s'en contentait. Je dis une fois à ce prélat, que j'en étais venue à savoir m'occuper de Jésus-Christ d'une manière simple. En effet j'ai éprouvé qu'on peut avoir un petit souvenir délicat de Jésus-Christ, et s'y déterminer soi-même, sans qu'en certains moments cela gêne ni nuise au recueillement. Quand on sent, me disait ce prélat, une certaine tendance à Jésus-Christ, il

 

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VIII. —Demande.

 

On m'a conseillé, lorsque je suis dans la sécheresse et que je ne sens plus rien dans mon fond, de me servir de quelques petits actes d'amour ou autres.

 

Réf. — Le conseil est bon.

 

IX. — Demande.

 

Je ne me contente pas de quelques-uns; je les multiplie, et me jette par là dans l'agitation et le dessèchement.

 

Rép. — Tout ce qui cause cette agitation doit être évité. Je n'entends pas bien ce que vous appelez dessèchement ; je ne crois pas qu'on y tombe, ni dans l'agitation, par ces actes courts et simples, et qu'ils puissent troubler l’âme qui n'est point occupée de Dieu et sous son actuelle opération.

 

X. —Demande.

 

Ensuite je reviens à la simple présence de Dieu.

 

Rép. — Y revenir, n'est-ce pas un acte, mais doux et paisible? C'en est même plus d'un, car l'acte de foi et l'acte d'amour y interviennent toujours.

En tout cela, il faut une grande liberté d'esprit, et que l'âme ne faut pas autre chose. S'unir à Jésus-Christ qui vous est présent par la foi, à son esprit d'oraison, voilà ce que je demande non pas d'imaginer Jésus-Christ, ni de raisonner sur Jésus-Christ. Lui disant une autre fois que mon recueillement était une simple occupation de la volonté, où l'esprit n'avait point de part, il l'approuva; il me dit que dans cette sorte de recueillement, l'esprit ne laissait pas d'avoir une sorte d'attention à Dieu, quoiqu'on ne s'en aperçoive pas. Je lui dis que si je n'avais pas été occupée de Jésus-Christ dans mon oraison, ce n'était pas votre faute ; que vous m'aviez même conseillé d'essayer de m'occuper de l'enfance de Jésus-Christ.

Je lui dis un jour que mon confesseur m'avait demandé si je faisais des résolutions en finissant mon oraison. Le prélat me dit : Vous les avez en simplicité, vous en avez le fond : il y a des gens à qui elles sont nécessaires; pour vous, je ne crois pas qu'elles vous le soient, vous les avez en substance.

Il me rassurait sans cesse sur mon oraison, m'exhortant à ne point changer de manière, et me recommandait la simplicité.

Il me dit que, vous parlant un jour sur les examens et les raisonnements que font les spirituels sur leurs états et degrés d'oraison, eux qui ne parlent que simplicité, vous lui répondîtes que c'est le défaut où ils sont tombés, M. de Meaux en convenait.

 

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ne perde jamais une secrète disposition vers tout acte commandé de Dieu, quoiqu'on ne les pratique pas tous.

 

XI. — Demande.

 

Dans les temps même de sécheresse, j'ai souvent de la répugnance aux actes discursifs.

 

Rép. — Il y a une bonne sécheresse, qui consiste dans une foi si simple et si nue, qu'on n'y reçoit que l'impression et l'amour de la vérité, sans aucun accompagnement de douceur et de lumière sensible.

Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de s'efforcer à faire des actes distinctement, encore moins des actes discursifs.

 

XII. — Demande.

 

Est-il à propos, dès que l'opération divine se retire, de recourir à l'excitation?

 

Rép. — Je crois avoir satisfait à cette demande. Ce serait être inquiet, de vouloir toujours s'exciter dès qu'on sent que l'opération se retire, sans attendre si elle ne veut pas revenir bientôt.

 

XIII. — Demande.

 

Je crois qu'on pourrait se contenter des actes qui se présentent, pour s'exciter, ne fût-ce toujours que des actes d'amour ou d'abandon, et que ce ne serait pas exclure les autres.

 

Rép. — Je ne m'éloigne pas de ce sentiment, et suis persuadé que, demeurant dans la disposition de faire les actes commandés, il n'est pas possible qu'ils ne viennent à leur tour; et il faudrait les exciter, s'ils ne venaient pas. Déjà l'amour n'en exclut aucun, puisqu'il les embrasse, les anime et les produit tous.

 

XIV. — Demande.

 

Quand les actes commandés ne se feraient pas dans l'oraison, ils se feraient, ce me semble, dans le cours de la vie en certaines occasions.

 

Rép. — L'occasion détermine souvent, et les objets qui se présentent.

 

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XV. — Demande.

 

Le recueillement et la quiétude n'est-elle pas un tissu d'actes très-simples et presque imperceptibles ?

 

Réf. — Cela peut être, et n'être pas : l'amour ne peut être longtemps sans espérance, ni l'espérance sans désir, ni le désir sans demande et sans action de grâces; ni ces actes ne peuvent revenir souvent sans qu’on les aperçoive, comme on aperçoit l'amour et la foi dont le recueillement est inséparable.

 

XVI. — Demande.

 

Outre l'oraison, Dieu prescrit d'autres exercices, j'en conviens, et vous l'avez dit; mais dans les différents exercices, on porte son même attrait.

 

Rép. — Le mal est d'exclure ces actes comme peu convenables à l'état ; mais quand on y est disposé, ils reviennent infailliblement en la manière qui a été dite, et ce serait une erreur de croire qu'ils fussent moins aisés que les autres, puisqu'ils viennent du même fond.

Sondez votre cœur; j'ai peur que vous n'y trouviez une certaine répugnance à désirer de voir Dieu par amour.

 

XVII. — Demande.

 

Ne suffit-il pas aux âmes attirées à cette oraison simple, de dire l'office avec recueillement et présence de Dieu?

 

Rép. — Cela suffit en effet, avec intention d'entrer dans les sentiments de David et de l'Eglise : il n'y a rien là que de simple.

 

XVIII. — Demande.

 

Je crois qu'à la messe, à la communion, cette simple oraison est une bonne disposition pour actions de grâces de la communion.

 

Rép. — Je le crois ainsi ; ce que je blâme, c'est l'exclusion des actes, à la manière qui vient d'être expliquée.

 

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XIX. — Demande.

 

Il me paraît plus facile de demeurer dans sa disposition ordinaire pendant la messe, sans attention bien positive au sacrifice.

 

Rép. — Je ne suis pas de ce sentiment, et j'y craindrais un éloignement de Jésus-Christ, que je trouverais pernicieux (1).

 

XX. — Demande.

 

On m'a dit de ne me point gêner pour les examens que prescrivent les règlements de communauté.

 

Rép. — J'approuve de ne se point gêner, et d'éloigner tout effort inquiet; mais je tiendrais votre état suspect, si vos fautes ne vous revenaient jamais, ou si elles ne revendent pas assez ordinairement. J'en dis autant du regret qui peut n'être pas sensible, mais qui ne peut pas toujours ne l'être pas, surtout quand on dit : Pardonnez-nous nos fautes.

 

XXI. — Demande.

 

Le souvenir et le regret de mes fautes revient indépendamment des temps marqués pour les examens de conscience.

 

Rép. — L'attachement aux temps précis n'est point absolument nécessaire, et il faut marcher dans une sainte liberté.

 

XXII. — Demande.

 

Le regret de mes fautes est d'ordinaire aussitôt que je les ai faites.

 

Rép. — Cela est bon, et l'impression doit être forte et durable, quoique les actes ne s'ensuivent pas toujours.

 

XXIII. — Demande.

 

Quoique vous disiez, Monseigneur, qu'il ne faut point gêner les âmes de bonne volonté sur la pratique des actes commandés, la timidité de conscience me fait craindre d'y manquer.

 

1 Je ne m'étais pas assez bien expliquée dans ce qui précède cette réponse : il sera bon de faire attention à celle qui précède, et à ce que le prélat dit ailleurs.

 

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Rép. — Le parfait amour bannit la crainte, dit saint Jean; mais il n'est pas dit de même que le parfait amour bannit l'espérance ni le désir, encore moins la foi et l'amour même. Il faut voir ses obligations sans crainte, parce que la confiance qui prédomine et la foi qui est vive, nous fait voir dans le bien-aimé un secours tout-puissant et toujours prêt.

 

XXIV. — Demande.

 

Si, pour s'assurer, il ne fallait que s'assujettir à quelque formule qui comprendrait tous les actes, et la répéter de temps en temps, je le ferais.

 

Rép. — Les formules ne sont point nécessaires ; au contraire elles pourraient mettre un obstacle en certaines âmes, et en général il est certain que l'amour prévient toutes les formules.

 

XXV. — Demande.

 

J'ai fait cette convention-ci avec Dieu, que par le simple retour de mon cœur vers lui je prétendais renouveler tous les actes de foi, d'espérance, d'amour, de contrition, de sacrifice, d'abandon, de demande, d'actions de grâces, et autres qui peuvent lui être agréables; et souvent en faisant ce simple retour, j'ai expressément cette intention : cela peut-il, Monseigneur, être compté pour quelque chose?

 

Rép. — Si cette intention est actuelle, on fait tous les actes qu'on a intention de faire. Si non-seulement elle ne l'était pas, mais encore qu'on répugnât à la rendre telle, ou qu'on ne le fit jamais, ce serait une illusion manifeste de dire qu'on a cette intention.

 

XXVI. — Demande.

 

Je crois que souvent dans le cours de la vie, on fait des actes sans qu'on s'en aperçoive.

 

Rép. — Il est impossible qu'on fasse souvent des actes, sans qu'il arrive aussi très-souvent qu'on s'en aperçoive; et alors, sans s'y arrêter comme à un appui, on en doit suivre et on en suit la douce impression.

 

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XXVII. — Demande.

 

Je vous ai déjà dit, Monseigneur, que la crainte me fait multiplier les actes, et me jette dans l'agitation.

 

Rép. — Il faut apprendre à séparer les actes du cœur d'avec l'agitation et la crainte, et cette séparation se fait par l'exercice du parfait et sincère amour.

 

XXVIII. — Demande.

 

Je sais qu'il est difficile de dire précisément le temps où les actes commandés sont d'obligation.

 

Rép. — Ces temps convenables ne sont pas les mêmes pour tout le monde, et cela dépend des circonstances particulières; mais si l'on en conclut que ces actes ne sont pas d'obligation parce qu'où n'en peut marquer les temps précis, on en dira autant de la foi et de l'amour même, et même du simple retour. Il faut toujours conserver la disposition et la volonté de les faire; alors on peut s'assurer que Dieu les fera faire quand il faut, quoique non pas toujours de la même manière.

 

XXIX. — Demande.

 

Un mot, s'il vous plait, Monseigneur, sur ces doux efforts que vous dites que la foi et l'amour inspirent.

 

Rép. — Ces doux efforts ne sont autre chose que ceux que fait le libre arbitre pour exercer son acte, lorsqu'un chaste amour le possède. David faisait de ces doux efforts, quand il disait : Mon âme, bénis le Seigneur, etc.

 

XXX. — Demande.

 

J'ai, ce me semble, bien compris ce que vous m'avez dit sur la contrition, et je n'aurais rien à objecter, si après être convenu de ce que m'avait dit l'homme que je vous ai cité, vous ne m'aviez dit de ne plus faire certains efforts que je fais dans le sacrement même, mais de faire ceux que je vous marquais que je faisais avant la confession.

 

Rép. — Il faut exclure en tout temps les efforts inquiets et

 

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d'agitation, autant que l'on peut. Quand je vous attache à ceux que vous faites avant la confession, c'est en supposant avec vous que ceux-là vous sont plus faciles.

 

XXXI. — Demande.

 

Je ne me contente pas de ce prosternement devant Dieu en esprit de foi, et de repentance de l'avoir offensé, comme parle saint François de Sales: je cherche encore ordinairement d'autres assurances que ma contrition est telle qu'elle doit être.

 

Rép. — Le prosternement en esprit d'humilité et de repentance est très-suffisant: mais quelque sincère que soit cette disposition, ce n'est pas en elle, mais en Dieu seul qui la donne, qu'il faut chercher son assurance. Cessez donc de vous agiter, et reposez-vous en Dieu.

 

XXXII. — Demande.

 

Je sens d'ordinaire un certain désir de me confesser dans le dessein, après avoir été lavée dans le sacrement, de commencer à mener une vie nouvelle.

 

Rép. — Tout cela est bon, mais il ne faut pas mettre son appui dans ces dispositions; il le faut mettre, comme on vient de dire, en Dieu qui les donne.

 

XXXIII. — Demande.

 

D'autres fois que je suis dans le trouble, je me confesse je ne sais comment.

 

Rép. — Il ne faut pas s'embarrasser de ce trouble, mais faire ce qu'on peut et s'abandonner à Dieu, sans tant de retours sur soi-même.

 

XXXIV. — Demande.

 

Quoique vous m'ayez mandé, Monseigneur, qu'une douce conformité à la volonté de Dieu est le remède aux troubles, et non pas le discours, c'est pourtant alors que je me jette dans l'activité.

 

Rép. — Je vous le dis encore, et ce n'est pas mon intention de vous obliger à des actes discursifs.

 

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XXXV. — Demande.

 

Quand je vous ai dit (a), Monseigneur, que je ne suis pas assez livrée à la grâce, c'est qu'on m'a décidé que je devais suivre certains mouvements qui me portent à faire ou à dire certaines choses innocentes qui me mortifieraient beaucoup, comme certaines simplicités, certaines manières de parler, en un mot des riens, mais dont la seule prévoyance me fait une espèce de peur ; ce qui m'a fait vous dire que je ne suis pas livrée à la grâce comme il faudrait. Au reste, Monseigneur, en me conseillant de me livrer à ces petits sacrifices, on m'a prescrit les bornes qu'ils doivent avoir, comme de ne rien faire contre l'édification, à plus forte raison contre la charité, le secret. ; de ne pas même suivre certains instincts qui pourraient aller à des choses trop fortes, et qui iraient à me faire croire insensée ; que Dieu ménage trop ma faiblesse pour rien exiger de semblable de moi ; et qu'enfin l'obéissance me mettrait à couvert de tout ce qui irait au-delà de certaines simplicités qui ne peuvent jamais aller à l'éclat, ni me rendre inutile à l'œuvre de ma vocation.

On m'a dit de plus, lorsque je ne discerne pas bien si c'est une simple pensée de l'esprit, ou un mouvement de grâce qui me porte à ces petits sacrifices, de décider dans le doute en ma faveur, et de supposer que tout ce qui me vient avec inquiétude et par réflexion, vient de mon scrupule, et point de l'esprit de Dieu. Ainsi clans la pratique je trouve que Dieu me demande peu de ces sacrifices ; mais j'en prévois beaucoup, je les crains ; il me semble que dans l'occasion je serais infidèle, et c'est encore une fois ce qui m'a fait dire que je ne suis point assez livrée à Dieu.

 

Réf. — Tout cet article précédent est très-bon en c'e sens. Ne soyez point enfant en sentiments, mais soyez enfant en malice, c'est-à-dire en bannissant toute disposition maligne, ou même trop humaine, par une sainte simplicité

 

(a) Voyez ci-dessus, pag. 327.

1 Je vais transcrire ici de suite ce qu'il m'a dit dans d'autres lettres sur ces petits sacrifices.

Dans une lettre du 15 juin 1696 : «Ne vous arrêtez point à ces petits sacrifices, qui vous viennent par un instinct particulier qui vous paraît divin. Mettez à la

 

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Ne craignez rien, humiliez-vous sous la puissante main de Dieu. Cessez pourtant plutôt ces sacrifices, que de vous laisser jeter dans l'inquiétude et le scrupule.

 

XXXVI. — Demande.

 

Outre une convention dont j'ai parlé, j'ai encore fait celle-ci avec Dieu : que mon intention est de le prier pour toutes les personnes et pour toutes les choses pour lesquelles j'ai et pourrai avoir dans la suite quelque engagement de le faire. Je l'ai prié de faire, du bien qu'il m'a fait et me fera pratiquer, l'application qui lui sera la plus agréable, ne voulant obtenir, satisfaire et même mériter que pour les fins qui lui seront les plus glorieuses.

 

Rép. — Cette convention est bonne, et il n'est point nécessaire qu'elle soit réduite en formule. [ Il suffit ] qu'elle soit dans le fond du cœur, où Dieu seul la voie, et nous la fasse voir clairement ou confusément, quand il lui plaira.

 

place les humbles petitesses des observances religieuses, qui sont certainement de l'ordre de Dieu. Pour ces sacrifices distincts particuliers, pour bonnes raisons, laissez-les là, si ce n'est que vous sentissiez un certain remords vif et profond, et encore qui revînt souvent; faites-les alors avec discrétion, et pour peu qu'il y ait de doute, dans l'ordre de l'obéissance, c'est-à-dire par l'ordre des supérieurs ou confesseurs. »

Autre lettre du 24 septembre 1699 : « Loin d'improuver l'attention à certains mouvements de la grâce, et la fidélité à les suivre, entendez bien, ma Fille, que je n'ai voulu ôter de ces impulsions secrètes et particulières que l'anxiété et le trouble. »

Depuis toutes ces lettres, disant à ce prélat que la décision dont je m'étais le mieux trouvée, par rapport à ces sacrifices distincts, était celle-ci : « Pour bonnes raisons, laissez-les là;» il me répondit : «Je vous le répète encore. » Et lui objectant ce qu'il m'avait mandé dans le dernier article que je viens de citer, qu'il ne désapprouvait que l'inquiétude, et point la fidélité à ces sacrifices, et que mon trouble à cet égard n'était qu'un trouble d'amour-propre, il me répondit : « N'importe d'où il vienne.

A quelque temps de là, lui disant quelques petites vues que j'avais sur la pauvreté il me répondit : « En général, il est bon de faire ces petites choses, parce qu’on obtient par là la grâce d'en faire de plus grandes ; mais dès que cela vient avec trouble, il est mieux de laisser cela. »

« Ce sont, ajouta-t-il, des suites de ces petits sacrifices dont vous m'avez parlé : vous n'avez qu'à suivre les règles que je vous ai données. Ordinairement la paix accompagne ces sortes de vues, quand elles viennent de la grâce; et l’on peut présumer quand elles sont accompagnées de trouble, que Dieu ne demande pas qu'on les suive. Enfin la paix est préférable à ces petits sacrifices, qui se peuvent faire ou laisser. »

Depuis ce temps-là, j'ai été assez en paix sur ces sortes de sacrifices.

 

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Prenez garde seulement que cette convention ne soit une imitation recherchée de Madame de Chantal.

 

XXXVII. — Demande.

 

Je sais bien qu'on ne peut mériter que pour soi-même ; mais je m'entends bien par cette expression.

 

Rép. — La sainte société des enfants de Dieu, et l'unité des membres de Jésus-Christ, fait, que tout ce qui se fait dans l'un profite à l'autre.

 

XXXVIII. — Demande.

 

On m'a dit que ma convention suffit pour toutes les prières qu'on me demande ; qu'elle renferme tout ; qu'il ne faut pas me distraire de mon oraison pour recommander à Dieu les personnes pour lesquelles je me souviens d'avoir promis de prier, ou pour qui mes constitutions me recommandent de le faire.

 

Rép. — Cela est vrai, pourvu qu'on ait cette intention bien simplement dans le cœur.

 

XXXIX. — Demande.

 

En conséquence de ma convention, par laquelle j'ai abandonné à Dieu tout le bien que sa grâce me fera faire, je n'ose promettre de faire certaines bonnes œuvres qu'on me demande pour les intentions qu'on souhaite.

 

Rép. — Promettez simplement ce qu'on vous demande ; Dieu sait bien comment il vous le fera appliquer et exécuter.

 

XL. — Demande.

 

J'ai été surprise, Monseigneur, que vous ayez paru désapprouver un article de mes premières demandes, où je mettais au rang des réflexions qu'il faut retrancher celles qui interrompaient la vue de Dieu dans la quiétude, puisque je n'ai prétendu dire autre chose par là sinon qu'il ne faut point interrompre l'opération de Dieu, pour faire des réflexions ou actes discursifs.

Rép. — Il faudrait me marquer mes propres paroles, car certainement je n'ai eu nulle intention de rien dire d'opposé à ce que vous avez mis dans cet article.

 

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XLI. — Demande.

 

A l'égard des réflexions qui ne viennent point d'impression de grâce, comme toutes celles qui sont bonnes en viennent, je crois que ce serait une bonne pratique, dans quelque voie qu'on soit, de laisser tomber toutes les autres réflexions ; c'est ainsi que j'ai entendu ces deux sortes de réflexions.

Rép. — Tout cela est bon, pourvu qu'on entende bien ce que c'est qu'impression de grâce. On pourrait se tromper, en prenant l'impression de la grâce pour quelque chose qui soit toujours passif.

 

XLII. — Demande.

 

M. de Maupas (a) dit que la voie de Madame de Chantal était d'être toujours passive, et autre part, que Dieu lui retirait quelquefois son opération. Cela me fait voir que, quand on dit quelquefois que certaines âmes sont tout à fait passives, il ne faut pas prendre cela au pied de la lettre, et qu'on veut dire seulement par là que leur oraison est une oraison passive.

 

Rép. — Cela est comme vous le dites.

 

XLIII. — Demande.

 

Peut-être encore que ces âmes pures et attentives à Dieu, ne manquant point dans l'occasion d'être excitées à faire les actes nécessaires, peuvent attendre, pour faire ces actes, une certaine disposition ou attrait qui vient de l'habitude de leur oraison.

 

Rép. — Elles ne manquent ni d'être excitées ni de s'exciter elles-mêmes activement, mais doucement et paisiblement.

 

XLIV. — Demande.

 

A l'égard de l'acte de simple retour vers Dieu, je crois que ces âmes doivent le faire dès qu'elles s'aperçoivent de la distraction. C'était le sens que j'avais donné à cette expression de saint François

(a) Henri Cauchon de Maupas du Tour, né en 1600, occupa le siège épiscopal du Puy en 1041 et celui d'Evreux en 1661 ; il résigna ce dernier siège et mourut en 1681. Envoyé à Rome pour solliciter au nom du roi et du clergé de France la canonisation de l'évêque de Genève, il écrivit la vie de saint François de Sales et celle de la bienheureuse Mère de Chantal.

 

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de Sales : Soyez active, etc.; mais de vous-même, ne sortez point de votre place. Car il semblait que c'est ne point sortir soi-même de sa place, que de n'agir que lorsqu'on a ce mouvement de grâce, et que c'est cependant être actif, puisque ensuite on s'excite soi-même, on se fait effort pour continuer avec la grâce ce qu'elle a commencé.

 

Rép. — J'ai satisfait à cet article.

 

XLV. — Demande.

 

La fin de la lettre où sont ces mots : Soyez active, etc., semble favoriser le sentiment de ceux qui, ne doutant point que le mouvement de la grâce ne se fasse sentir à ces âmes pures dans les occasions, croient qu'elles doivent l'attendre.

 

Rép. — Il faut quelquefois attendre et quelquefois s'exciter, tout cela par moment ; et il est rare que l'un et l'autre tournent en habitude, et impossible que l'un et l'autre soient perpétuels.

 

XLVI. — Demande.

 

Le Saint continue ainsi : « Vous êtes la sage statue que le maître a posée dans la niche; n'en sortez point que lui-même ne vous en retire (a). »

 

Rép. — Dans le temps de l'opération, cela est vrai, mais non pas toujours quand il la retire, car c'est alors le temps d'agir; ce qui pourtant n'exclut pas toute attente, car l'époux en se retirant vous fait quelquefois sentir qu'il va revenir.

Une sainte liberté doit toujours accompagner l'oraison. Toute inquiétude volontaire doit être bannie.

 

XLVII. — Demande.

 

Il paraît par la lettre que je viens de citer, qu'il ne s'agissait pas seulement du temps de l'oraison, et que Madame de Chantal avait demandé au saint évêque si son union simple ne suffisait pas à tous les actes, même dans les temps de sécheresse.

 

Rép. — Dans les temps de sécheresse, le Saint dit toujours que

 

(a) Voyez ci-dessus, pag. 354.

 

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les actes se font, quoique sèchement; ce qui n'est pas un obstacle à leur vérité et intégrité.

 

XLVIII. — Demande.

 

Je sais bien que Madame de Chantal ne réduisait pas tout à cette simple union, et que Dieu fait pratiquer les actes dans les occasions.

 

Rép. — Dieu les fait pratiquer, et une des manières de les faire pratiquer, c'est de vouloir qu'on s'y excite doucement et sans anxiété.

 

XLIX. — Demande.

 

Je crois que l'inspiration et l'impulsion qu'attendent ces âmes pour ne point agir avec empressement, n'est point une inspiration miraculeuse.

 

Rép. — Je connais un auteur qui parle ainsi : l'erreur est à rappeler l'oraison passive aux principes communs de la grâce chrétienne. Tout le monde n'est pas dans la voie passive ; et cet auteur, pour n'avoir pas assez démêlé en quoi les spirituels ont mis la passiveté, assurément a confondu ce qu'il fallait distinguer.

 

L. — Demande.

 

Vous m'avez dit vous-même, Monseigneur, sur ce que je vous citais que la Mère de Chantal faisait des actes, quand Dieu lui témoignait le vouloir par le mouvement de sa grâce, que ce témoignage de Dieu n'est pas toujours une opération qui mette l’âme en passiveté ; que Dieu témoigne suffisamment qu'il veut une chose, quand il y incline doucement, en sorte néanmoins qu’après l’âme achève ce qu'il a commencé, en s'excitant elle-même. Cette inclination douce, n'est-ce pas l'inspiration dont je viens de parler ?

 

Rép. — Si c'est là ce que veut dire l'auteur que j'ai dans l'esprit, il a raison; mais il poussait plus loin la chose. Je crois qu'il en peut être revenu, ou en tout cas qu'il en reviendra.

 

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LI. — Demande.

 

Serait-ce une expression trop forte, en parlant généralement de tous les actes que ces âmes font dans le cours de la vie par ce mouvement de la grâce ordinaire, après avoir dit qu'elles les font sans empressement, d'ajouter que c'est ce que les mystiques appellent coopérer avec Dieu sans activité propre ?

 

Rép. — L'activité ainsi définie ne diffère pas de l'empressement ; mais les nouveaux mystiques poussent plus loin.

Vous voyez bien par mes réponses, que je n'approuve pas l'empressement dans les âmes.

 

LII. — Demande.

 

Je crois entendre ces mots d'une de vos réponses : « On se simplifie activement, on est quelquefois passivement simplifié ; » mais je n'en suis pas sûre.

 

Rép. — Les actes même excités se terminent à la simplification du cœur, et quelquefois Dieu nous simplifie, sans que nous soyons à certains moments obligés à nous exciter. J'aurais de la peine à m'expliquer plus clairement et plus simplement.

Retenez bien que l'erreur des nouveaux mystiques consiste en deux points: l'un, de supprimer certains actes commandés; l'autre, dans ceux qu'ils permettent, d'en ôter trop la propre excitation.

Parmi les actes supprimés, il faut compter l'espérance, le désir d'être avec Dieu et d'en jouir, les actes distincts de foi de la Trinité, de l'Incarnation, des attributs sous prétexte de s'absorber dans l'essence.

Sondez votre cœur, et si vous y sentez quelque répugnance secrète à ces actes, défiez-vous de votre oraison. Surtout consultez les œuvres, mais sous les ordres d'un bon directeur ; car vous ne devez vous juger vous-même absolument ni en bien ni en mal.

Je vous souhaite une vraie simplicité.

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